Une rencontre improbable [Orion ]

Où suis-je?

Voici la première pensée qu'Ayamé Botsuraku ait eu arrivant dans cet endroit lugubre. Devant elle se trouvait une tour qui n'était que ruine où il régnait une atmosphère pesante due à la souffrance et à la magie oppressante et maléfique qu'elle pouvait ressentir à chaque instant, à chaque souffle, et ce, dans toutes les parcelles de son corps. Shiroi, le tigre blanc qui se trouvait toujours à ses côtés, le regarda d'un air troublé. Pour la première fois depuis qu'il l'avait rejoint dans son exil, il la voyait être sous l'emprise de ses émotions. Effectivement, Ayamé ne pouvait détacher son regard de cette tour, qui fut autrefois la tour du Diable. Comment savait-elle cela, elle l'ignorait. Cependant, elle savait ce que cette tour représentait avant le grand cataclysme. Cette immense tour était le vestige des esprits maléfiques qui avait la main mise de cet endroit. Dans ce lieu, aucune lueur d'espoir ne pouvait survivre. Malgré tout, Ayamé ne se sentait pas désarçonnée par toute cette aura. Son regard ne cessait de revenir au même endroit : le point le plus haut de cette ancienne tour du diable. Au bout d'un certain temps, sa curiosité lui dicta de s'envoler vers ce lieu. Elle s'approcha de son ami, s'accroupit à ses côtés, et lui murmura doucement près de son oreille :

Mon tout petit, je vais devoir te laisser quelques instants. Ne m'en veut pas mais ma curiosité à un énorme pouvoir sur moi tu le sais n'est-ce pas. Ne t'inquiètes pas, je ne tarderais pas trop.

Sur ce, Ayamé s'éloigna de lui, sans même lui accorder un regard. Après quelques pas, elle déploya ses ailes d'un noir profond, d'un blanc si pur lors de son enfance, montrant ainsi sa propre perversion dans ce bas monde. Avec une grâce et une élégance à toute épreuve, elle commença à s'envoler. Tout d'abord, ses pieds s'éloignèrent doucement du sol, puis très vite, la distance la séparant de son ami et de la pseudo sécurité du sol s'accentua dans des proportions hallucinantes. En quelques secondes, elle arriva à ce lieu le plus haut de la tour du Diable, surplombant tous les alentours. C'est à cet instant qu'elle remarqua la noirceur de ce paysage.
Effectivement, l'endroit était tellement néfaste, que cette atmosphère maléfique à affectée l'environnement. Le ciel était si sombre qu'on ne pouvait voir à plus d'une centaine de pas, et ce manque de luminosité a empêché toute végétation de vivre suffisamment longtemps pour leur permettent de se propager. De plus, depuis le jour du grand cataclysme, il se répand sur cette terre, des rivières de lave qui doivent se frayer un chemin parmi toute cette désolation. Ayamé, du haut de son perchoir se demanda quelle pouvait être la raison de sa présence en ce lieu car même si elle représentait le mal, elle appréciait énormément la beauté indomptable de la nature et ce qu'elle voyait ne lui plaisait pas.

Elle décida donc de partir et de retourner auprès de son compagnon lorsqu'elle perçut au plus profond d'elle même une puissance qui, contrairement à ce qu'elle aurait pu penser, ne possédait pas la moindre parcelle de perversion ou autre signe de cet aura maléfique. Bien au contraire, ce qu'elle percevait n'était que pureté et ceci la répugna.

Qui, ou quoi, possédant une telle aura bénéfique, pourrait s'aventurer jusqu'à cette tour? Pensa-t-elle. Tout être vivant devrait être dans la capacité de ressentir la déchéance de ce lieu obscur., alors pourquoi je perçoit cette aura. Se pourrait-il que je me trompe? Non, ceci n'est pas envisageable.

Sa haute estime d'elle même l'empêcha de quitter son promontoire. Elle resta donc là, debout, sans bouger, à contempler l'horizon. On aurait même pu croire qu'elle avait arrêté de respirer tant qu'elle était impatiente de pouvoir enfin connaître la nature de ce qui se rapprochait inexorablement d'elle. Au bout de quelques instant qui parut incroyablement long pour elle, Ayamé aperçut enfin ce qui s'approchait.
Au long, un point lumineux avançait dans le ciel comme si de rien n'était. Au fur et à mesure que le temps passait, Ayamé comprit que cette lumière associée à cette aura bénéfique, ne pouvait provenir que d'un ange aussi pur que de la neige. Et effectivement, elle avait raison. La lumière de cet être contrastant avec la noirceur du ciel permettait d'apercevoir nettement le contour de ses ailes. Curieuse de ce que cette rencontre pouvait lui apporter dans ce nouveau monde, Ayamé décida d'attendre la venue de l'ange qui ne pouvait que venir à sa rencontre . . .