~ Sous la lune ~ ( PV Kure" )

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<<Le ciel et l'enfer sont deux grands poèmes
qui formulent les deux seuls points sur lesquels
tourne notre existence, la joie et la douleur .>>

Un ange avait quitté les montagnes, plusieurs jours n'eurent éreinté son astre brillant que si combat il y avait eu. Mais Eden et Tenshi marchaient droits et libres côte à côte, le long des chemins sinueux de la forêt qu'ils avaient traversé en plus d'une longue journée. Dans un élan d'amour alors que l'ange avait de la fièvre, son loup couleur pureté s'était enroulé autour de lui, en cette nuit fraîche. Entre les pattes de l'animal le jeune homme trouva apaisement et guérison. D'un geste habile il s'était levé d'un bond ... et les voici une lune plus tard, atteignant la plaine, sortant de la forêt sombre et solitaire pour trouver accueil et réconfort sous le ciel étoilé. L'herbe semi haute se couchait parfois sous la légère brise provenant du nord. Le regard glacé d'Eden balaya la plaine et son herbe fraîche et douce, Tenshi se roula à ses pieds. Rien n'eut semblé pouvoir arrêter ce moment de quiétude où les deux protagonistes se trouvaient sous un cerisier en fleur. L'homme et le loup goûtaient à un repos bien mérité et priaient pour que le monde ne soit que trop semblable à ce lieux exutoire et emplissant de sa sève tous les êtres y cherchant refuge.

Une pétale blanche passa devant le regard du jeune homme et alla se poser sur le museau de l'animal qui la chassa doucement d'un mouvement de tête. Le regard tourné vers l'immensité astrale, la nuit et la lune se reflétaient dans les yeux marrons glacés du jeune homme, ainsi que dans les prunelles bleu angélique de Tenshi. La brise portait leur parfums au loin, facilement repérables mais pourquoi se cacher ? Le jeune homme avait soudainement ressenti une présence non loin d'eux. L'aura était forte, très forte et la puissance certainement tout aussi importante. Si ils étaient tombés sur une injure au bonheur dès le départ de leur périple ils n'auraient pas eu de chance. Mais peu importait, si il fallait verser son sang sur cette plaine si belle il le ferait. Mais ceci n'était que spéculation, la douceur de cette nuit éveillait bien des sens et des pensées, peut-être que la malchance s'éloignerait du même vent. Le jeune homme se retourna, cherchant calmement la présence du regard. Il se sentait épié mais pas vraiment méchamment.

Tenshi bien campé sur ses pattes à côté des longues jambes de son "maître" humait l'air. Rapidement il décela la présence et avança pour s'élancer vers elle. D'un simple claquement de doigt, le loup revint se placer aux pieds de son ami qui cherchait toujours du regard l'apparition qui ne saurait tarder. Une de ses mèches bleutées passa devant ses yeux, barrant son visage si fin. Calmement, Il laissa le vent la dégager sans esquisser un seul geste. Quelle était donc cette présence ... néanmoins, il cru y voir une aura féminine, mais peut être se trompait-il.

Dans chaque endroit où Kurenai posait le pied, des souvenirs jaillissaient...Il n'y avait pas un seul lieu qui ne fasse ressurgir en elle des souvenirs de personnes oubliées, passées qu'elle souhaiterait revoir. La plaine...Elle s'était perdue dans ses méandres à discuter habilement beauté du paysage, contraintes des races et que sais-je encore avec un fantôme, un fantôme...Tous étaient des fantômes désormais. Des enfants du temps qui avaient foulé ces terres et qui peut-être ne les longeraient plus. Le sort aurait pu être le même pour l'ombre si elle l'avait voulu, autrefois cela aurait été une belle fin pour elle, coulant avec le Yin et le Yang sans ne plus répondre rien, ne devoir de comptes à personnes mais hélas, son récent désir de vivre avait tout chamboulé. Elle s'était accrochée à la vie, elle avait réussi là où peut-être d'autres s'étaient perdus. Elle était bel et bien vivante et fière de son exploit. Evidemment, une cicatrice venait barrer son coeur, son fidèle compagnon, son éternel ami dans toutes ses galères n'était plus là. Reiko comme il se nommait sous sa forme animale, Daikirai lorsque la passeuse lui avait offert forme humaine, chose qui l'avait hanté, lui détestant tellement cette condition, il devait reposer en paix et avoir peut-être retrouvé sa famille. Il avait en tout et pour tout était la seule hélas de la demoiselle et ça ne changerait probablement pas. Elle avait ses parents bien qu'après avoir glissé cette corde autour de son cou et s'être laissée emporter par la mort, elle n'était plus jamais retournée chez elle. Peut-être que ses parents et ses frères vivaient encore ? Elle donnerait tout l'or du monde pour revoir son aîné qui la charriait encore sur son éternel célibat et ses goûts de garçons manqués. C'est qu'elle avait bien changé, elle était certes féminine, mais n'avait pas envie de ressembler aux autres de son village, voulant vivre et non se contraindre dans une maison avec femme et enfant et s'obliger à coudre, préparer le repas pour un mari bien trop absent pour qu'elle puisse en profiter. Sérieusement, vous voyez notre Gardienne du Sceau mener une telle vie ? Loin de ses fidèles précieuses, loin de celles qui l'ont enfin aidé à se découvrir et à vivre une nouvelle fois après la mort de son défunt époux ? Vous croyez réellement que cela serait bénéfique en un sens ? Certainement pas, elle était ce qu'elle était et ça, plus personne ne pouvait rien y faire. On a beau dire que se complaire dans les ténèbres, donner la mort à beaucoup de personnes en chuchotant simplement quelques mots de sa voix suave est un pêché, elle préférait vivre en pêchant mais vivre. Elle avait toujours été quelqu'un de bien, peut-être un peu décalé certes mais une personne aimante et active autrefois et tout ça pour quoi ? Pour qu'on fasse d'elle une veuve. Ayant enfin appris à aimer, elle se retrouvait bien plus triste que jamais alors, si se suicider, son corps se balançant au bout d'une corde était un crime, elle l'assumait et pouvait affirmer être heureuse que les ombres l'ai recueilli, elle à qui plus rien ne souriait.

Touchant de sa main glacée l'herbe fraîche, elle foulait le sol d'un air satisfait. Cet endroit semblait revivre, tout comme elle, elle espérait qu'il reste toujours ainsi, aussi beau et aussi accueillant, point de mal ou de bien ici, simplement une plaine où chacun pouvait chasser ses pleurs ou exprimer sa joie...Un simple lieu paisible. Un vrai paradoxe que d'être cette ombre qui peut paraître si mauvaise aux yeux du monde mais qui pourrait vous faire croire que son histoire est la plus heureuse qu'il soit. Ne venant en aide qu'aux quelques personnes qu'elle estime, on ne sait jamais sur quel pied danser. Elle surprend et peut vous en apprendre, comme en apprendre des autres, c'est une surprise, une personne comme l'on en rencontre peu et pourtant tellement banale. Certes, elle s'était frayée un chemin en règnant pendant un temps sur les terres défuntes du Yin et du Yang mais aujourd'hui elle vivait, elle pouvait enfin se concentrer sans soucis aucuns à ses premières tâches qui lui incombent, à ce qu'on lui a confié après son suicide. Punition divine, elle ne pense pas, car récolter des âmes est bien plus un jeu qu'autre chose, c'est devenu une satisfaction à chaque fois qu'elle clame des psaumes pour tenter d'inviter un homme ou une femme, ne touchant jamais aux enfants, les seuls êtres innocents sur cette terre, les invitant à entrer dans la danse pour ne plus jamais en réchapper. Le passage vers l'autre monde ne fait pas mal c'est s'y risquer qui fait surtout le plus peur, elle l'avait fait et en retirait une immense joie alors pourquoi pas quelqu'un d'autre aussi ? Il faut, pour certaines choses, savoir être réaliste. Contrairement à d'autres choses, elle savait et connaissait son sujet par coeur, elle pouvait vous chanter les louanges de la vie d'ombre admirablement bien qu'au début ce soit un terrible fardeau que de revivre sa mort sans cesse, chaque nuit, inlassablement. Elle l'avait pourtant surmonté, preuve que n'importe qui avec un peu de caractère le pouvait, il faut juste savoir ce que l'on veut dans la vie et ne pas tergiverser, auquel cas, on s'y perd forcément, c'est ça la nature humaine, elle finit toujours par vous rattraper si on n'y pose pas de conditions. Et oui, elle était là à marcher, aussi innocemment qu'une simple humaine et pourtant, qui sait ce qui se cache derrière cette femme ? Vêtue d'une simple robe noire, enroulée dans une cape, les cheveux lâchés au vent, l'air rassénéré après avoir dormi, elle avait juste envie de profiter de l'éclat de la Lune qui se reflétait tout autour...

Mais c'était sans compter le vent du soir et les informations qu'il emmène. Elle put ressentir une âme, ne sachant pas précisément donner de nom ou de genre à cette personne, elle sentit tout de même qu'on l'observait. Un petit rire vint égailler sa voix d'erain, cet homme ou cette femme pensait-il s'attaquer à elle ? Sérieusement ? Elle ne cherchait pas les hostilités, alors à quoi bon ? Pour seul signe, elle abaissa le capuchon qui découvrait son visage et observa de son regard sang droit dans la direction d'où provenait les bruits de respiration, ils ne devaient être qu'à un mètre l'un de l'autre, elle pouvait distinguer les contours de son visage et de sa silhouette. Seulement, si elle avançait, penserait-il à une attaque ? Elle ne savait pas, elle n'avait pas envie de se battre ce soir, pas maintenant par pitié, c'était exécrable et peu amusant surtout qu'il l'avait repéré, encore l'aurait-elle traqué mais là...

- Bonsoir...Ami ou ennemi ? Je n'ai nul l'intention de tâcher ma robe ce soir à moins que vous en jugiez la nécessité ?

Kurenai offrit un de ses rares sourires à cet inconnu, cette fois, une expression ironique sur son visage suivant les mouvements de l'homme au cas où il viendrait à vouloir se battre.

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Une silhouette approcha, féminine encapuchonnée qui plus est. Mais une main gracieuse retira le tissus découvrant son visage au reflet scintillant de la lune d'argent. Eden se trouvait à "contre jour " dos à la lune alors que l'inconnue était face à l'astre et se trouvait donc baignée dans sa lumière. Les yeux se croisèrent et s'implantèrent les uns dans les autres. Les fines lèvres de la jeune femme s'entrouvrirent et une voix entre la douceur et la mélancolie enchanta la plaine.

- Bonsoir...Ami ou ennemi ? Je n'ai nul l'intention de tâcher ma robe ce soir à moins que vous en jugiez la nécessité ?

Tenshi renifla la main de son maître. Le jeune homme lui caressa le bout du museau, et le loup d'un pas tranquille alla s'étendre sur le sol, au pied de l'arbre dont les branches ployaient sous les nombreuses fleurs blanches et rosées. Eden fit un pas de côté, puis deux, puis trois et finit par se mettre de profil vers la lune, tourné vers la jeune femme. Ainsi ils se verraient mutuellement, c'était déjà plus pratique ne serait-ce que pour communiquer. Le regard marron glacé planté dans celui sanguin de la jeune femme, il ne chercha même pas à comprendre cet être. Le mal, elle incarnait le mal. Mais une grande souffrance était restée marquée sur son visage et dans son regard, aussi beau soit-il. L'ange n'avait pas la possibilité de lire dans les pensées, mais ce qu'elle venait de dire lui avait paru sincère. Le visage toujours impassible malgré le sourire qu'elle lui avait offert, il lui répondit à son tour. Sa voix était calme et posée, comme son état d'esprit l'était d'ailleurs.

- Ne souillons pas cette terre de recueillement avec le sang de l'un de nos corps.

Il n'y aurait donc pas de sang en cette nuit. Une nouvelle brise vint soulever les cheveux du jeune homme ainsi que ceux de l'inconnue. Eden fit un pas vers la jeune femme, par respect mais aussi pour mieux la voir. Légèrement plus petite que lui, il la regarda sans prononcer mot d'abord, cela se passait de mot. Mais il hésitait à lui poser des questions car ce qu'elle faisait ici ne le regardait pas ... alors que faire ... tan pis, il essaya tout de même, passant outre l'ironie du ton qu'elle avait employé précédemment, il garda le sien calme et posé.

- Vous semblez connaître ces lieux ... y seriez vous attachée ?

Tenshi remua la queue, une pétale de cerisier collée au bout du museau, il essayait de la dégager à l'aide de coups de patte.

Il avait raison, admirablement raison. Il aurait pu s'enfuir, partir même. Maintenant qu'elle le discernait mieux, il ne pouvait s'agir que d'une de ces créatures à plumes, d'un de ces volatiles qui polluent le monde pour chanter joie et allégresse. Autrefois, elle en aurait vu un près d'elle, elle se serait empressée de retirer plus que des plumes sur sa carcasse mais ce temps était révolu. Elle ne prenait les armes que s'il le fallait, elle n'insufflait la mort que si l'envie lui prenait ou si le danger se faisait imminent. Elle n'était pas inconsciente, elle réfléchissait et presque à chaque fois correctement. Elle aurait pu dégainer ses shurikens, ou dans la douce nuit dérouler ses fils invisibles et tendre ses doigts vers cet ennemi pour l'encercler et faire jaillir son sang, laisser à la terre une bien triste vision d'elle. Non, ce n'était pas son but, elle ne cherchait que quiétude et non affrontement, point de problèmes ni querelles, juste douceur et peut-être discussion ce soir. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas parlé à quelqu'un, devenant ainsi à l'image d'une bête sauvage, un animal, quelqu'un d'associal et de complètement abstrait, elle s'était perdue pendant un bon moment et retrouvée aujourd'hui, comme quoi tout change et tout est fait pour aller dans une direction quelconque qui offre plusieurs opportunités. Elle n'avait vraiment pas envie de cela, rien que le ton calme de sa voix la rassura mais l'intrigua quelque peu. Il avait dû deviner son appartenance, cela se voit immédiatement, il devait savoir et pourtant, il ne la jugeait pas, il allait presque jusqu'à parler normalement avec elle ? La considérer comme un être vivant commun...Peu avaient fait ça. On lui avait toujours donné des responsabilités ou assimilée au mal...Le mal, qu'est-ce au fond ? Un simple fondement, une notion dérisoire, il n'y a ni bien ni mal, seuls des êtres et leur façon de penser. Etait-ce trop demander de ne pas se faire la guerre rien qu'un instant et de partager ses avis ? Elle était curieuse, curieuse de tout depuis son retour ou plutôt depuis qu'elle avait échappé à cette déferlance de la part des éléments.

- Vous avez raison, vos plumes risqueraient de faire mauvaise fortune avec les ténèbres de la nuit.

Avait-il compris ? Peut-être ou pas...S'il fallait qu'elle défende sa vie, elle le ferait et y mettrait corps et âme bien que ce ne soit pas son voeu. Capable du pire comme du meilleur, elle n'était pas à prendre à la légère bien que quelque peu inoffensive en les temps qui courent. Et c'est là qu'il posa sa question. Connaissait-elle les lieux ? Quel endroit ne connaissait pas Kurenai ? Quel lieu n'avait jamais eu droit à la visite de la Gardienne du Sceau ? Peut-être aucun. D'autres plus que certains, c'était indéniable. Ame furtive et errante, elle avait au début parcouru maintes lieux et contrées pour se faire un nom et se forger son caractère, ce qu'elle avait plutôt bien réussi. Au début simple ombre banale et peu avantageuse, elle s'était créée un chemin, avait réussi là où d'autres avaient échoué, était parvenue à beaucoup en peu de temps. Passant de simple ombre à apprenti shinigami puis rencontrant la passeuse de niveau. Cette femme sans nom qu'elle pensait exécrable, qui lui avait ôté son ami, qui avait fait de sa vie un Enfer, qui lui avait d'ailleurs ôté le semblant de vie qu'elle insufflait encore. L'envoyant dans l'au-delà où elle avait failli rester si Daikirai n'était pas venu à son secours, lui chuchotant les mots justes pour la ramener. Etait-ce de la simple fidélité sans bornes ou autre chose ? Dans les dernières rencontres qu'ils avaient eu, elle avait cru ressentir un tout autre sentiment naissant chez son ami mais elle se trompait certainement. Elle avait eu son niveau trois, avait rencontré maintes personnes, s'était même laissée attendrir par un vampire ô combien séduisant qui lui conta monts et merveilles pour au final disparaître puis revenir. Première fois où elle baissa sa garde, cela devait-il continuer ? Elle ne savait pas, elle ne savait vraiment plus et pourtant, elle était certaine que cela recommencerait, comme à chaque fois, elle ne pouvait guère s'en empêcher, c'était dans sa nature que voulez-vous. Elle avait laissé le souvenir de Takeshi s'envoler loin d'elle, d'ailleurs, elle jeta un bref regard à la Lune ce soir-là, adressant des prières clémentes à celle-ci. Elle se souvenait encore ses mots, elle pouvait voir son reflet se dessiner dans le contour de la lune lorsque tout irait mal mais tout allait bien...Elle détailla les ailes blanches du jeune homme, un blanc immaculé, tout comme le teint de peau de la demoiselle, ses yeux venant certainement tout gâcher pour en faire une bonne bénéfique.

- J'ai...Non, plutôt je suis attachée à cette terre, aux anciennes terres ayant donné naissance à celles-ci. Je fus Reine Noire pendant un temps, beaucoup trop de responsabilités, j'aurai peut-être dû périr dans ce cataclysme, après tout, c'est ce que méritent les âmes damnées non ? Mais j'y ai réchappé, encore un coup du destin certainement.

Elle planta son regard dans celui de l'ange.

- Alors oui, nous pouvons dire que je suis attachée à ce lieu comme à tous les autres. Mais vous...N'avez-vous pas peur de voyager ainsi seul avec les âmes errantes telles que moi ?

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La question était pertinente pour qui pensait ou plutôt ne pensait pas. L'ange n'eut même pas besoin de réfléchir pour sortir une réponse adéquate à la question et à la situation. Les mots fusèrent autant que les astres filants dans le ciel, certes pas avec autant de brillance et d'énergie fugace que ceux-ci mais avec le même éclat et la même ambition.

- Devrais-je m'inquiéter de ce que vous pensez de vous, à savoir votre dangerosité ou de vos actes qui pour l'instant ne sont que neutres ... en d'autres mots, êtes vous dangereuse, ou , vous pensez vous dangereuse ...

Il haussa les épaules, instinctivement, ses ailes se rétractèrent jusqu'à disparaître à l'intérieur de son dos. Plutôt gênant si on considérait les mouvements simples de la vie, il avait appris à les sortir au bon moment et à les laisser reposer aux bons aussi. Le danger n'était pas présent, il n'aurait nullement besoin de s'envoler pour esquiver une quelconque attaque de la part de la jeune femme. La brise soufflait très agréablement sur les environs. Calmant les souffrances, embaumant les coeurs et les pensées de chacun. En cette nuit de printemps, Eden aurait voulu la présence de sa soeur à ses côtés. Et à sa place se trouvait une ancienne reine noire. Elle ne l'était plus et pour cause les responsabilité selon elle étaient trop chargées pour ses frêles épaules. L'herbe dansante chatouilleuse atteint le museau de Tenshi qui éternua dans un couinement aigu. D'un geste fluide, Eden se dirigea vers son ami et lui gratta affectueusement le museau. Le loup posa sa patte sur le genou du jeune homme. Il tournait le dos à la jeune femme et se releva en se retournant par respect. Hésitant, le loup lui mordilla le poignet. Lui touchant l'arrière des oreilles, l'animal saisit le message et s'approcha de la nouvelle arrivante. Elle avait accepté son ami, alors Tenshi s'arrêta à ses pieds et s'assit attendant simplement une caresse ... un mot ... une acceptation quelconque.

L'ange ne prononça pas le moindre mot. La jeune femme ne faisait plus réellement parti des ténèbres, il ne craignait pas la violence de sa part, elle ne lui faisait pas peur. Et cette lune protectrice garantissait en quelque part une sécurité pour toutes les personnes présentes ce soir là, en cette plaine. La précédente phrase du jeune homme avait visé le coeur de la jeune femme, directement sans chercher d'autre chemin pourtant possibles. Parfois percer l'autre le mettait en confiance, peut-être avait-il voulu faire cela. La bonté inconsciente de cet être angélique s'étendait bien au delà d'une simple parole, et pourtant elle pouvait déjà toucher plus qu'il ne l'était nécessaire. Il se demanda presque si il n'avait pas parlé pour rien dire, ce qui était possible aussi. L'erreur est permise.

~ Les mots sont parfois inutiles, seul le geste marque la vérité ~

Il énonçait là une des vérités fondamentales de cet univers. Le fait de croire et d'être. Après tout, des philosophes avaient soulevé des points bien plus qu'important à l'être humain, faut-il être ou ne pas être...? Etait-elle dangereuse ou non ? Se qualifier de tel, en avait-elle le droit ou quand bien même la prestance ? Un tel état révélait de la folie pour certains et de simples alliages de différents gênes pour d'autres. Ni sa mère ni son père n'étaient ainsi. Le bien incarné, des personnes aimables et aimantes, de vrais modèles pour leurs enfants. Mais elle, cette ombre fuyante, cette danseuse de la nuit qui s'était trop souvent fourvoyé, qui avait trop souvent vécu dans la pénombre, prétextant son chagrin, égoïste et sourde à toute cette beauté avoisinante. Elle avait suivi le chant de la nuit pour ne plus s'en détacher. Etait-ce mal ? Etait-ce un mauvais chemin que celui-ci ? Quand il avait décédé, elle n'avait trouvé de rédemption que dans son suicide, elle n'avait pu mettre de mot à sa souffrance qu'en agissant de la sorte, qu'en soufflant en espérant une meilleure fin que celle fixée par l'erreur divine lui ayant arraché son propre souffle de vie. Vive de ses sentiments, perdues de ses actes, il touchait un point important. Il était bien singulier, les seuls anges qu'elle avait rencontré était Mickael, le frère de Nemesis, autant de bonté d'un côté que de mal ou plutôt de franchise de l'autre car l'archange noir n'était pas mauvais, il était simplement...lui-même, du moins c'est ce qu'elle pensait. Elle avait côtoyé le destin de tant de gens, tant de personnes différentes qu'elle ne saurait le dire à présent. Se pensait-elle méchante ? Dangereuse pour la créature aux ailes immaculées ? Pas en cette nuit, certainement pas ce soir. Elle ne souillerait pas ce sol, elle ne ferait pas de tort, elle ne commettrait aucune faute irréparable en cette douce et belle nuit. Tel l'astre scintillant déployant ses rayons à l'image d'ailes pour bercer ses enfants de sa lumière, elle était en paix...Elle savait même. C'était simple, point de tensions, point de conflit entre son esprit et elle, elle n'était qu'eau limpide et glace liquéfiée ce soir. Guère de béton, de protection ou encore de garde, des chaînes ne protégeaient pas ses idées puisqu'Elle était...Simplement...Ombre de la nuit, rédemptrice de tout tourment, infligeant à certains l'obligation de choisir, après tout, elle ne poussait pas les gens au suicide, elle ne les aidait qu'à assumer leur choix...S'ils n'étaient pas assez forts pour vivre, ils ne sont alors que coquilles vides qui ne servent pas à grand chose.

- Je n'ai jamais voulu de cette vie. Ma seule ambition était de mourir, d'être enfin libre, on a fait ce choix pour moi et aujourd'hui, je l'assume à la place d'un autre.

Elle devait sembler bien pathétique aux yeux du jeune homme mais c'était ainsi. Kurenai n'est pas un être conventionnel, on ne peut la comprendre au premier regard, il faut beaucoup de temps pour approfondir cette science qu'elle dégage...Prenez un être comme Alicia, être incarnant le mal, ne vivant qu'à travers lui, ne tolérant aucune bévue et regardez la Gardienne du Sceau à côté...On lui avait accordé le rang de gardienne du mot Fora, la plus sage mais aussi la plus dangereuse, celle qui voit tout. Y avait-il une raison ? Elle ne le savait elle-même, elle n'était guère capable de faire ses propres choix et elle pouvait voir ceux des autres à travers des visions encore trop floues. Elle redressa la tête, ses onduleux cheveux ayant eux aussi baissé leur garde pendant cette brève discussion muette avec elle-même. Ses yeux aussi glacés que la nuit se plantèrent dans ceux de l'individu lui posant des questions auxquelles elle ne savait répondre, elle n'avait pas besoin de répondre...Il prenait la chose comme il le voulait, après tout, pour certains elle était un ange et pour d'autre, un démon...Satan l'aurait voulu à ses côtés et Dieu lui pardonnerait peut-être ses fautes. Ne voyez aucune ironie là-dedans, rien que de la perplexité.

Guidé par son maître ou peut-être la volonté de celui-ci, elle ne savait guère, elle découvrit bien vite ce loup, cette créature ô combien majestueuse et détentrice de beaucoup de droits inexploités, il se trouvait là, devant elle. Les animaux...Source de chaleur et d'amitié...Elle en connaissait quelque chose. Le regard paisible et doux de la bête lui rappela les yeux d'un autre loup qu'elle avait bien connu. Chassant ses pensées mélancoliques d'un battement de cil, elle laissa ses fins doigts glisser le long des oreilles de l'animal dans un geste sincère tandis que son regard ne quittait son maître. Redevenir pour une fois quelqu'un de normal, pouvoir parler sincèrement, le pouvait-elle ? Elle se promit d'essayer...Point de pression.

- Je fais une bien mauvaise interlocutrice. Je me nomme Kurenai, Yuuhi Kurenai et je suis une ombre. Puis-je connaître l'indentité de mon hôte ici, dans cette plaine sous les astres ?

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Le loup retourna sagement sous l'arbre, heureux de sa nouvelle rencontre il s'étendit sous la nue. Le jeune Ange s'approcha de la jeune femme à une distance plus adaptée à la discussion, oui crier de loin n'était guère convenant dans ce genre de situation. Il ne pouvait pas imposer le cri et l'énervement à la jeune femme qui paraissait déjà sensible mentalement, bien qu'elle fasse office de femme forte dont le coeur n'était justement qu'une place forte, il ignora ce détail et se planta tranquillement devant elle, qui lui donnait son prénom en s'excusant maladroitement. Kurenai, prénom assez courant chez les anges, que faisait-il donc chez une ancienne reine noire ? Le destin était si étroitement tissé par qui le voulait bien, oui ... qui le voulait bien, car Eden ne pensa pas à dieu, il ne voulait imposer ses croyances à personne et surtout pas à quelqu'un qui ne devait certainement pas les partager.

* la politesse Eden *

Ah oui évidement parfois même un ange pouvait oublier les politesses, mais sa conscience le rappelait quasiment toujours à l'ordre. Le jeune homme prit délicatement la main de la demoiselle et la frôla à peine et gracieusement de ses lèvres, avant de lever le regard vers la jeune femme et de se présenter à son tour, tout en lâchant doucement la main fraîche de la jeune fille, politesse oblige.

- Permettez moi de me présenter, je suis Eden Taramel, un simple ange en compagnie de Tenshi son loup et ami.

Les présentations étaient faites. Il repensa brièvement à ce qu'elle venait de dire ... non elle ne pouvait pas avoir voulu mourir, si elle savait ... tellement de choses à savoir sur ce sujet. Même le plus altruiste et érudit des hommes en ignorait une grande partie ... Le regard d'Eden se leva vers les cieux. Sa tête légèrement penchée sur le côté, il regardait les étoiles se reflettant dans ses yeux marrons glacés, au dessus de l'épaule de la jeune femme. D'une voix douce et calme il s'exprima de nouveau, réfléchissant à peine à ses mots si instinctifs ...

J'ai l'air d'avoir les pieds sur terre
Mais chaque nuit, je m'envole en solitaire
Vers le pays secret des fées
Là, je cueille les fruits de l'enfance
Je vole en toute insouciance
Je patauge dans des mares de rêves
Je patine sur des lacs gelés miroitant
Je goûte à l'amour vrai, celui qui n'existera jamais
Je partage avec des anges fantastiques
Des pensées, des images et des idées
Je traverse les contrées de l'imagination
Je gambade sur des arcs-en-ciel et des nuages
J'admire les feux d'artifices majestueux
Je me réchauffe devant des flammes de bonheur
Je me réveille frétillant de couleurs
Des papillons et des étoiles plein le coeur
Tout est parfait, mais chaque matin
L'on me ferme la porte au nez
Et on oublie de me donner la clé
Je dois donc retourner sur Terre
Là tout semble amer et éphémère
J'aimerais tant qu'on me prenne par la main
Et qu'on m'emmène au loin
Là où je peux m'envoler en plein jour
Et rêver toujours...

Eden...N'était-ce pas ce paradis que certains cherchaient ? Un autre patronyme à ce lieu que beaucoup connaissent en rêve, mais que peu savent hélas situer. L'incertitude, les doutes peut-être font qu'on n'est jamais certain de quelque chose. La vie n'est rien d'autre qu'un jeu, on vient au monde pour vivre et finir par s'éteindre à part si, comme l'élégante ombre on vient à mettre fin à ses jours, là, on se retrouve maudit pour l'éternité. Certains le supportent, d'autres pas, ainsi va le cours de la vie...Impétueux et las, intransigeant pour d'autres. Enfin, ce ne devait pas être du ressort des anges ça. Eux toujours tous blancs, eux parfaits, qui ne possèdent aucun défaut, qu'on prend pour les yeux, la clarté, la bonté de ce monde. Ils sont beaux les préjugés et bels et biens présents. Etrangement, celui-ci ne semblait pas la juger, il ne mettait pas de mots sur ses actes et ne contestait pas ses paroles. Cela l'intriguait sincérement. Il était différent, peut-être sa vie n'avait pas été de toute beauté ? Et de ce fait il pouvait "comprendre", ne se servant pas d'idées préconçues pour se fourvoyer et défendre comme toujours les idéaux des bons...Paix sur l'humanité, bonté dans ce monde, beauté, ne pas souiller les terres...Elle ne souillerait rien s'il n'y avait aucune âme corrompue qu'elle pouvait entraîner dans sa déchéance au final.

Kurenai n'opposa aucune résistance au contact entre un ange et une ombre. Elle aurait pu se sentir sali, vouloir que cette créature ne dépose son venin sur elle mais elle l'admirait quelque part. Il ne faisait que lui rendre la part des choses belles, il ne lui posait aucune question supplémentaire et se suffisait de ce qu'elle avait déjà prononcé comme phrase. Elle aurait cru le contact plus froid et insensible mais hélas, il n'était que doux et non amer...Un être généreux, un être bon, à quoi s'attendait-elle ? Elle ne pourrait en dire plus. Si elle avait effleuré le jeune ange ne serait-ce que de ses doigts, il aurait sentir la froideur, la sensation glacée sur sa peau. La seule et unique personne avec qui elle était parvenue à se réchauffer était ce vampire...Cet être oublié de son coeur, cet être avec qui elle avait partagé bien plus qu'une nuit, un songe, un désir à deux...Un sentiment ressenti par deux êtres. On pourrait trouver la chose vulgaire et pourtant, elle avait été si belle, si tendre...Plus jamais elle ne s'y laisserait prendre, baisser sa garde, perdre ses armes. Beaucoup s'y étaient risqués bien qu'il faille perdre ses ailes pour tenter de percer le secret Yuuhi et son jugement elle acceptait peu de personnes, très peu...Si peu qu'elle ne comptait presque aucun ami, les ennemis, ils se comptaient. Tout ce qui se dit bénéfique peut l'être puisque pour eux, les compréhensifs des ténèbres, l'enfant repêchée alors qu'elle sombrait par ses amies qui présentes murmuraient tout autour d'elle, ses amies les ombres...Douce et fragile compagnie. Incertaine au fond... La demoiselle détailla non sans politesse le jeune étranger. Une silhouette agréable, des traits admirablement dessinés, il devait ravir plus d'une donzelle ou même damoiseau, elle ne connaissait les moeurs de l'homme. C'est amusant, on aurait presque pu le prendre pour quelqu'un de banal à discuter ainsi avec la Gardienne mais tous les deux savaient qu'ils ne se fondaient pas toujours dans la masse, d'un côté comme de l'autre.

- J'aurai cru les anges plus rustres au contact d'une ombre. Après tout, je sème ce que vous appelez le chaos cela ne suffit pas pour faire de moi une personne méprisable à tes yeux ?

Se mettant à rire de cet éclat de voix si particulier qui était le sien, tellement tendre et doux qu'on aurait pu la prendre pour une femme attentive et ô combien charmante. Elle n'entrait pas dans la peau de la méchante conventionnelle car elle ne se définissait pas comme telle...Elle était un simple instrument du destin, un simple toupie dont on se servait pour répandre haine et chaos sur les terres, pour apaiser les armes tourmentées et leur offrir la rédemption, elle n'était qu'une marchande de rêves illusoires et quand vient le présent rattrape tout, elle passe pour une criminelle...Une tête à abattre, si seulement quelqu'un pouvait s'en charger, elle serait peut-être enfin tranquille.

Les mots de l'ange résonnaient dans sa tête. Il était perdu ? Triste...Il ne savait peut-être pas, elle comprenait mais...Non, il désirait rêver ? Il ne devait certainement pas comprendre l'étrangeté de la jeune demoiselle. Il avait fait quelque chose pour elle en ne la jugeant pas, elle allait faire quelque chose pour lui, quelque chose qui l'aiderait peut-être ou pas...

- Vous désirez partir Messire l'inconscient ? Les rêves ne sont que les mensonges de la réalité.

L'ombre affichait un regard brûlé par les méandres du passé, il pouvait s'estimer heureux. Ce qu'elle aurait aimé naître ange et ne pas connaître cet amour qui l'avait consumé, ne pas avoir eu à fouler des sentiers qui avaient fait d'elle cela aujourd'hui. Kurenai effleura de ses maigres doigts la paume de la main de l'ange et le glissa dans un cauchemar mais un cauchemar qui était le sien. Eternellement encore et encore, elle revivait cette scène. Elle le voyait lui, heureux, filant des jours plaisants en sa compagnie et le lendemain, la maladie l'emportait. Elle allait à son enterrement, elle pleurait, elle ne souriait ni ne riait plus. Et puis, l'image d'une femme suspendue au bout d'une corde fit son apparition, son corps glacé flottait désormais dans l'eau, devenant trop lourd pour la branche d'arbre. Son fidèle compagnon récupérant sa dépouille. Elle brisa le cauchemar et, fugitive et agressive dans son regard prononça quelques mots.

- Tes rêves sont agréables faces aux miens. Tu as la chance de posséder des choses que je n'ai plus désormais. Ton regard n'est pas brouillé par le mal hélas tu dis que je ne suis pas dangereuse, je te montrerai des choses, des hommes que j'ai poussé à la folie et que j'ai corrompu, laissant des familles sans pères, des enfants sans mères aussi...J'ai une question. Qu'est-ce que l'on ressent de voler libre avec des ailes ? Je ressens toujours un poids sur mes épaules, le ciel n'est jamais dégagé pour une ombre.

Pourquoi de telles confessions ? Car ses mots à lui en était une, en quelque sorte.

Invité

Il avait déposé sa litanie comme un cheveu sur la soupe, comment avait-il pu oser dire ce genre de chose devant un être n'étant qu'anciennes et récentes souffrances. Oui il avait eu peur de la blesser mais Kurenai ne sembla pas l'être outre mesure. Elle continua à le regarder de ses yeux brûlants d'une flamme que nulle eau, même la plus froide ne pourrait éteindre avant une éternité. La flamme éternelle était donc celle de la douleur ... Elle lui posa une nouvelle question, fort intéressante à vrai dire ... est-ce qu'une personne ne semant que le chaos méritait le statut de démon et de personnes inapte à avoir une vie sociale, dans l'esprit d'un ange, être bon et droit. Le jeune homme garda ses yeux rivés sur les étoiles quelques instants. Jusqu'à ce qu'une pétale de cerisier vienne se poser sur son épaule. D'un geste rapide mais doux, il saisit la pétale et la fit jouer entre ses doigts. Ferme et fraîche, mais douce et souple à la fois ... peut-être ce subtil mélange régnait-il en maître dans les méandres de l'esprit de la jeune femme. Redressant son regard vers celui de l'ancienne reine noire, il répondit à sa question sans plus tarder, et d'ailleurs, il l'avait déjà faite attendre.

- Non, cela ne suffit pas. Semer le chaos ne veut pas dire ne pas en être la victime ...

Et dans le cas de Kurenai, il était certain qu'elle s'y tait piégée elle même, et s'en mordait les doigts dans le présent. Douleurs et souffrances que même une lune d'argent ne pouvait pas apaiser. Des lunes, des mois, des années peut-être, il ignorait combien de temps elle avait souffert et ne désirait pas lui poser la question. La jeune femme était totalement libre de ses paroles, elle parlerait si elle le désirait, et non si on lui imposait une question, même rhétorique. Elle usa d'un ton un peu plus ironique en l'appelant inconscient ... il ne releva pas et passa outre la remarque, il se contenta de répondre calmement d'un fin sourire.

- Je ne veux pas partir seul ... c'est simple. La vérité est plus douce à affronter lorsque nous ne sommes pas seul ...

Le silence s'installa, pesant, morne et plat. Les regards se défiaient dans une joute douce et lente, calme et voluptueuse, comme cette nuit de printemps. Deux personnalités totalement opposées s'étaient rencontrées cette nuit là, et les étoiles ayant observé la scène s'en souviennent encore. Soudain, La jeune femme parla de nouveau, d'un seul trait. Une brève tirade qui fut bue comme une eau claire par le jeune homme. Elle aimait ses rêves, les enviait même peut-être. Elle lui promit de lui montrer des horreurs probablement commises par elle même et ses anciens acolytes, avant de lui demander ce que cela faisait de voler libre avec des ailes ... L'ange fit le plus beau sourire qu'il eut fait depuis des lunes, et ce à l'adresse de la jeune femme. Ses paroles le méritaient amplement.

- Tu veux me montrer la désolation ... Alors laisse moi te montrer le bonheur ...

Instantanément, les ailes de l'ange réapparurent dans son dos. Déployant ses grandes ailes blanches et immaculées, il décolla rapidement, attrapant d'un bras les jambes de la jeune femme et tenant son dos de l'autre. Ils s'élevèrent dans les cieux, à une cinquantaine de mètres du sol déjà ... le vent fouettait doucement leur visages, et la chevelure bleutée d'Eden voletait autour de son fin visage. l'ange n'attendit pas plus longtemps, la situation était déjà propice à sa nouvelle remarque ... Un fin sourire dessiné sur son visage, il baissa le regard vers celui de Kurenai qu'il tenait entre ses bras.

- Alors ... comment te sens tu , volant presque librement avec des ailes ...

C'était une chose rare qu'il lui offrait. Voler dans les bras d'un ange n'était pas une chose commune, mais sa question l'avait touché. Tout ce qu'il espérait, c'est que cela aidat la jeune femme à se sentir mieux ... même l'espace d'un instant.

Elle l'écouta répondre à ses questions ou ses semblants de phrases, elle se perdait elle-même dans ses paroles c'est pour dire. Parfois, elle pouvait être vraiment très vague et plonger son interlocuteur dans une perplexité et une incompréhension sans bornes mais c'était elle, et sans cela, on ne pourrait hélas pas converser avec l'être répondant au nom de Kurenai. Mauvaise sous sa forme la plus profonde, il était peut-être là son plus grand défaut, ne pas se confier, ne pas assez parler et ainsi laisser seules amies en sa conscience les ténèbres l'entouraient et la baigner de leur aura protectrice. Elle n'était que chagrin et misère, elle n'incarnait que souffrance et maux divers, elle ne s'en excusait pas, elle l'avait mérité et avait choisi son destin. Elle aurait pu sombrer dans l'au-delà pour ne jamais revenir, mais elle était revenue, on l'avait aidé certes mais ce n'était pas comme si son désir ardent de vivre n'existait pas. Tel l'éclat de ses yeux et la douceur de sa voix, elle avait envie de connaître et de voir, elle était curieuse, enquise de ce nouveau monde, de ce nouveau peuple, de ces nouvelles personnes à connaître...Etait-ce un tort que de vouloir savoir ? Comprendre...Et peut-être à nouveau vivre comme auparavant, en ombre suave et adulée, en personne responsable, non pas en instrument mais en maître incontesté ? Les anciennes terres ne l'avaient pas emportée, il devait y avoir une raison, elle la trouverait. Peut-être n'avait-elle pas pu encore accomplir son dessein, la tâche qui lui incombait, mais alors quelque chose soit cette tâche, elle était curieuse de l'entendre, ô combien elle serait amusée de savoir ce que lui avait confié le destin, ce que ce Dieu des plus fous avait décidé pour elle à qui il avait tout pris. Ce ne serait que satisfaction de faire échouer ses plans, elle se réjouissait à l'avance de tromper le divin, de pouvoir ainsi réaliser sa vengeance, elle en voulait à la mort mais peut-être n'était ce pas elle, elle l'avait soutenu en lui offrant une seconde vie mais cet être que tout le monde clame et prie. Lorsqu'elle adressait une prière, elle ne l'adressait pas à lui mais à eux, eux sa famille sur qui elle avait pu compter et qu'elle chérissait plus que tout au monde.

- Ne t'égare pas...Je suis autant le chaos qu'une victime, comme tous.

Il ne devait pas s'attendrir sur son sort, ce n'était pas le genre de personne vers qui il fallait éprouver des remords, des sentiments de sympathie, elle n'était qu'un catalyseur de traîtrise et viendrait un jour où l'autre à le lui prouver, il suffisait d'un homme ou de quiconque passant par là pour qu'elle lui montre l'étendue de sa fourberie et de ses premières aspirations. Oui il était plaisant de discuter avec lui, il était doux de sentir enfin un regard amical et qui ne vous juge pas mais il n'est en aucun cas possible de changer...Et ça, s'il l'espérait, il fallait qu'il change d'idées. Ce n'était qu'un soir...Un beau soir baigné par la Lune, elle devait bien l'avouer mais cela s'arrêtait là. Elle n'était pas une créature du bien, elle ne serait pas aussi intéressante à ce moment-là...Certainement, que peuvent se raconter des êtres bénéfiques entre eux après tout ? Elle n'avait jamais eu de conversations de ce genre.

Ah...Les aléas de la vie à eux, elle y connaissait quelque chose et son regard s'embua un instant pensant à toutes ces choses qu'elle avait perdu. Elle faisait cavalier solitaire depuis longtemps maintenant n'ayant connu que la chaleur d'un corps et les épaules d'autres, que pouvait-on rajouter de plus à part un silence profond ? Un respect apporté à cette personne qui énonçait si bien les quelques bassesses et choses dont personne ne peut aller à l'encontre dans ce monde ? Les fondements mêmes...

- Le bonheur n'est qu'un pêché de plus, voila tout.

Et pourtant, il avait raison, cela la répugnait de donner la bonne main à un ange, mais elle ne pouvait réfuter le contraire. C'est sans s'y attendre qu'il exécuta ses paroles, la liberté...Voila le seul goût sucré qui revenait à son sens. Elle se sentait bien, légère. Outre ses bras et sa présence, il y avait quelque chose de majestueux à se faire ainsi porter, elle se serait presque laissée aller dans ses bras, bercée par la caresse du vent, mordue par celui-ci aussi qui, piquant et agréable réveillait agréablement. Il n'était pas rustre dans ses gestes mais doux et attentionnés, elle reconnaissait bien là la nature première des anges mais hélas, ce spectacle n'était pas fait pour durer car chacun le sait, on ne mélange pas les torchons et les serviettes. Il lui faisait juste profiter, il lui offrait un cadeau et elle l'en remerciait, un merci vocal aurait été bien ? Non...Il n'y avait guère de morts pour refléter sa gratitude, l'ange venait de lui démontrer quelque chose, il existait encore des bénéfiques non corrompus dans ce monde, des êtres dont le sourire ne lui faisait pas mal et c'était déjà beaucoup à son sens.

- Comment peux-tu rester impassible face à tout cela ? Comment peux-tu parler aussi impunément avec moi...Je pourrais très bien faire ça...

A la lueur de la lune, un shuriken se refléta dans sa main, sorti de sa botte, il signifiait beaucoup et peu à la fois, elle lança celui-ci au loin, plaçant cette soirée sous le signe de la neutralité.

- C'est exactement ce que je ressens lorsque je récupère des âmes, je me sens libre comme à cet instant, c'est une bien vilaine pensée dans la bouche d'une jeune femme mais le monde a connu bien pire je pense.

Invité

Kurenai avait simplement sortit un shuriken de sa botte et l'avait lancé au loin. La neutralité de cette soirée se renforçait par cet acte, cela suffisait à contenter l'ange qui battait gracieusement des ailes. Survolant la vallée, les herbes couchées par le vent et les fleurs frissonnantes créaient un par terre majestueux, une véritable fontaine de jouvence. Le geste de la jeune femme n'avait porté à réelle conséquence que si quelqu'un ou quelque chose se fut trouvé sur le passage du shuriken perdu, mais cela était sans compter la douceur de cette soirée, qui aurait certainement épargné le ou la malheureuse, chose ou non. Eden tenait cette jeune femme fermement, ainsi dit-elle, elle se sentait libre à cet instant, comme lorsqu'elle récupérait des âmes. L'ange redressa son regard devant lui, un plateau tellement fleuri qu'on ne voyait pas la terre ferme se dressait face à eux. Il accéléra resserrant quelque peu et surtout doucement son étreinte pour ne pas perdre sa passagère de fortune.

- Ce n'est pas une vilaine pensée ... C'est ce que tu es, et personne n'a le droit de juger cela. Tu sais Kurenai, je n'ai pas vu que des choses merveilleuses dans ma vie, je suis sensé être quelqu'un de bon et d'honorable, et pourtant, au fond ... Je sens comme une force qui créera un jour ma déchéance, le jour ou quelque chose me fera changer, alors aucun retour en arrière ne sera possible. Et pourtant ... quelque part ... Je resterai quelqu'un de bon.

Passant au dessus du plateau fleuri, il vola au raz du sol, soulevant sur leur passage des millions de pétales et de fleurs. Ils glissèrent sur une centaine de mètre de cette façon, libres de choisir entre le ciel et la terre, entre la liberté et l'emprisonnement. Mais parfois, être enfermé dans un endroit comme ce monde relevait du miracle. Fuir dans le ciel, se couper de toute rencontre et de toute autre personnalité que la sienne n'était en rien une bonne chose. C'était pour cela qu'Eden était parvenu jusqu'ici, quittant le paradis pour peupler d'une présence de plus, cette terre qui un jour tournerait mal, il le savait parfaitement. Même le plus pur des archanges n'avait pas la force de sauver cette terre, malgré son bon vouloir, et ce n'était pas un ange de bas étage, connaissant au préalable sa déchéance qui arriverait à accomplir l'acte tant attendu.

- Et voilà ...

D'un seul coup, il lui fit partager ce qu'il aimait faire avec Tenshi lorsqu'il le portait sur quelques lieux ... Il lâcha simplement les jambes de la demoiselle qui traversèrent les fleurs et touchèrent le sol. L'arrêtant violemment dans sa course, ils n'eurent pas le temps de freiner l'élan et Eden se laissa rouler dans les fleurs fraîches et colorées, sous le regard de cette éternelle Lune d'argent ...

- C'est aussi ça la liberté.

Allongé sur le dos, une mèche lui barrant le visage, il ferma les yeux, laissant ainsi à Kurenai le choix de partir si elle le voulait, au fond, peut-être n'avait elle pas apprécié son acte, peut-être aurait-il du la laisser dans la plaine et répondre oralement à sa question précédente ... Il s'en souciait peu et beaucoup à la fois.Kurenai était pleine de tourments. Lui aussi en quelque sorte, comme tout être normalement constitué il se posait une infinité de question et ne connaissait pas toutes les unités du vivant que présentait ce nouveau monde. Mais l'appréhension de cette soirée avait disparu, comme ses peurs et ses angoisses, comme à chaque fois que son naturel d'ange revenait au galop, il avait vécu quelques instants dans le seul et unique but de faire ressentir quelque chose à quelqu'un. Eden faisait parti de ces personnes, qui donnent tout ce qu'elles peuvent donner, sans rien attendre en retour. La quiétude et le sourire étaient parfois ses remerciements, et il s'en délectait sans avoir besoin de quelque chose de plus significatif. Parfois les mots ne font pas le bonheur, mais les actes peuvent le procurer, c'est ce qu'il avait essayé de faire avec la jeune femme.

Abîmer la terre avec ses idioties, elle n'y avait guère pensé. Elle espérait que la charmante demoiselle offrant son sol pour des pieds diverses ne se fâcherait pas et ne se verrait pas offensée de cet affront. L'ombre filante en cet instant ne voulait guère cela. Elle se laissait porter, animée par la caresse du vent, cet élément qu'on pouvait notamment comparer à un astre par sa clarté et sa douce beauté, sa passion enivrante lorsqu'il vous prend et ne vous laisse plus, les parfums qu'il dégage...Bien sûr, les étoiles n'embaument pas, ce sont seulement des sensations qui les trahissent, des parfums d'orient, de mets sucrés et délicats, un raffinement sans bornes...Sans limites, sans égales, oui, la possédait des couleurs même dans l'obscurité la plus totale. Elle fermait les yeux et elle se retrouvait transportée par delà les montagnes, par delà les terres interdites, celles détruites, celles que l'on avait le droit de fouler, celles qui, même dans vos rêves les plus secrets ne peuvent être franchies et bien là, à l'aide de ce simple être à plumes, elle voyageait plus loin que l'infinie lui-même. Rouvrant les yeux, elle voyait des fleurs, elle était là, dans ce paradis que beaucoup appellent et que peu ne se souviennent, il suffisait de ce sol, de ces jardins élégamment dessinés, de cette vue, de cette Lune baignant tout cela de son exquise lumière et elle était tout simplement, elle pénétrait dans ce décor, elle se fondait idéalement dans la masse et par tous les pêchés de la Terre ce que cela pouvait être relaxant et posséder un effet relaxant, elle aurait aimé ne jamais quitter ce ciel, ne jamais reposer pied sur le sol et s'endormir, là dans les bras de cet inconnu pour ne plus jamais rouvrir l'oeil, rêver éternellement, était-ce possible ? Les obligations la ramenaient hélas sur terre.

Elle l'écoutait parler, sa voix douce guidant ses sens, ils traversèrent une beauté enivrante de la nature, ce tapis de fleur comme il le qualifiait, ce bassin merveilleux et ô combien enchanteur. Elle se sentait vivre et libre, elle était elle et ce que cela pouvait paraître bête mais avait le don de lui redonner le sourire, peu de personnes arrivaient à ce sacrilège, la faire sourire, elle qui s'était interdite toute forme de bonheur pur depuis sa mort, elle était belle sa promesse, elle faisait office de traîtresse à ses propres principes mais qui n'avoue pas changer de temps en temps pour ensuite renfiler son costume et reprendre les rennes de sa vie aussi admirablement qu'auparavant ? Que répondre à ses mots ? Le silence est parfois de mise. Il y avait un peu de mauvais dans chacun comme du bon, à sa manière, on peut être généreux avec les personnes qu'on aime tout en restant maléfique, elle le savait pertinemment.

Elle se retrouva bien vite baignée dans un parquet de sol, ses jambes raflant ses demoiselles imprudentes qui s'éparpillaient de ci et de là. Elle ne voulait déranger cette flore mais y était bien obligée puisque le jeune ange la tenait prisonnière entre ses bras, la tenant légèrement mais fermement, elle appréciait ce geste d'ailleurs de sa part, elle pouvait se laisser aller sans se soucier de tomber puisqu'il ne la lâcherait pas. Elle l'avait bien compris, ce n'était guère son intention, bien au contraire, il souhaitait certainement lui faire voir un bout du pays sous une toute autre dimension, chose qu'elle venait à apprécier fortement, ne voulant presque plus redescendre mais lorsqu'il stoppa leur dédale incessant, elle fut un instant enquise à la surprise, voulait-il réellement au fond se débarasser d'elle ? Mettre un terme à ses jours ? Elle ne pensait pas, il n'était certes pas ainsi bien qu'on ne peut jamais prévoir, elle était une énigme vivante alors peut-être était-ce pareil pour Eden...

- Ceci est ta liberté. La mienne est ailleurs hélas...La vie est ainsi malfaite, on ne peut retourner en arrière une fois passé de l'autre côté de la barrière. Je ne m'en plains pas, ma vie est douce certes amère mais j'ai été recueilli par une nouvelle famille, je ne me soucis plus de mon image, je suis et peu importe mes actes, cette famille, ces amies l'acceptent. Les ombres de la nuit ont fait de moi l'une des leurs et j'en suis heureuse.

Un sourire sincère naquît sur son visage. Elle avait les paupières clauses depuis quelques instants profitant de cette chute, de cet arrêt brutal comme d'un jeu et d'un repos bien mérité. Il était là, étendu près d'elle, repliant ses jambes, elle s'agenouilla dans l'herbe, n'ayant aucune honte à salir sa robe avec l'herbe grasse et au contraire serait heureuse de porter les marques de cette nature nouvelle qui allait bientôt devenir le bûcher de nouvelles guerres...payantes cette fois-ci ? Elle l'espérait en tout cas. Tout n'avait été que jeu auparavant mais nous entrons dans une nouvelle ère. Elle observa la silhouette du jeune ange, il ne connaissait certainement rien à cela, elle ne devrait pas lui compter les horreurs du monde pour le mettre en garde, au lieu de ça, elle se contenta d'un simple mot.

- Merci.

Invité

Un simple merci, et voilà qu'il souriait les yeux toujours clos. Une fleur qui bougeait au rythme des brises caressait son visage. Il se redressa, enivré de la sensation douce lorsqu'il était allongé, et qu'il devait malheureusement quitter. Il redressa ses jambes puis se leva léger et libre, les tourbillons venteux faisant palpiter ses cheveux et ses vêtements. Il regarda la jeune femme de ses yeux marrons glacés, couleur chaude mais froide à la fois, yeux dans lesquels passaient des milliers d'émotions à la seconde, indescriptible et pourtant, tellement facile à comprendre. Il parla de nouveau, de sa voix si douce et posée, tel un nuage ne passant jamais à l'orage, sauf qu'Eden lui connaissait la rage, la haine, la colère, oui il connaissait ça mieux que certaines personnes même. A la mort de sa soeur, des sentiments inconnus s'étaient éveillés en lui. En même temps qu'une puissance probablement insoupçonnable lorsqu'on le regardait.

- Il n'y a pas de quoi ... Mais tu sais, depuis le paradis j'ai vu tant d'horreurs ... et j'en suis même certain, certaines que tu ne soupçonne même pas.

Sortant d'un massif de fleurs, Tenshi avança vers lui. Eden lui caressa affectueusement la tête, l'animal renifla ses mains, enduites du parfum de la jeune femme. Le loup regarda tour à tout l'ancienne reine noire et l'ange, ayant loupé un épisode, il ne se posa néanmoins pas de question, puisque son maître allait bien et semblait ravi, il le serait aussi. L'ange regarda une dernière fois le plateau fleuri, il battit ses immenses ailes immaculées, couchant les fleurs se trouvant sous celles-ci. Chaque ange possède sa propre histoire et ses propres ambitions, celles du jeune homme n'étaient pas totalement claires, comme pour beaucoup d'autres d'ailleurs. Il n'était qu'un ange rien de plus. Mais faire ressentir le bonheur à une personne baignant dans le chaos n'était pas donné à tout le monde, et rien que pour cela il avait bénéficié d'une place spéciale au creux des bras de cette nuit.

- J'ai été heureux de te rencontrer Kurenai ... je ne vois pas ce que nous pourrions nous dire de plus. Je connaissais déjà le malheur et le chaos, par contre toi cela faisait trop longtemps que tu n'avais pas goûté au bonheur et à la liberté.

Il avança de quelques pas vers le bord du précipice. Tenshi le suivit, frétillant de la queue, non il n'avait pas envie de voler, mais plutôt de faire comme ils faisaient souvent ensemble, glisser sur la terre meuble avec l'eau de son maître et ami. L'ange l'avait bien compris, son loup était d'humeur joueuse cette nuit là. S'arrêtant au bord de la pente, il tourna son fin visage vers celui de l'ancienne reine noire, toujours ce joli sourire sur les lèvres. Sourire loin d'être innocent, mais loin d'être mauvais également. En tout cas, il était incroyablement sincère.

- Si nos chemins se croisent de nouveaux et que nous devons verser notre sang l'un contre l'autre ... évidement ce ne serait pas désirable ... mais si cela doit arriver, cela arrivera.

Se retournant, il sauta sur le bord de la pente déjà bien humide. Tenshi fit de même, cheveux aux vent, ils dévalaient l'immense colline en glissant, joyeux et libres.

L'ombre ne broyait plus de noir, au contraire, elle se sentait incroyablement libre et légère. Peut-être l'effet de l'ange, on dit qu'ils sont donneurs de merveilles et d'apaisement, ce devait être le cas de celui-là, elle ne savait pas. Quoi qu'il en soit, il parla et elle l'écouta, comme elle l'avait fait si assiduement depuis le début de leur rencontre. Elle n'osait mettre mot sur ces paroles, s'abreuvant simplement de leur contenu. Nul besoin d'en dire plus, d'en rajouter, elle savait pertinemment qu'il comprenait. Un simple regard suffisait dans certaines occasions et nous en avions une à l'instant présent. Elle aurait pu l'apparenter à un enfant insouciant qui libre de ses faits et gestes vivait, jouant avec son compagnon, était aimable avec les demoiselles et les autres vivants. Point de mot, point de son, juste une compréhension. Elle connaissait déjà cela avec certains êtres mais elle n'aurait jamais cru cette sensation possible avec un ange. Les guerres, les martyres sans équivoque, elle connaissait comme beaucoup de choses mais ils observaient de là, elle en était certaine. On lui avait déjà parlé des choses que l'on pouvait entrapercevoir et elle se doutait que ce ne devait pas être les monts et merveilles qu'on pouvait faire croire à quelques personnes. A quoi bon, elle n'était qu'un pion sur cet échiquier qu'était les terres de Cassilmena mais elle savait s'en accomoder, point de plaintes ni de regrets, elle vivait, elle allait et traçait son chemin, ce n'était qu'une ombre silencieuse, une adoratrice de la nuit, un souffle de vie perfide menant à la perte beaucoup trop de personnes ne l'ayant pas prévu mais qu'importe, puisque tout se vit, la mort aussi doit se vivre...Du moins, elle le pensait. Il s'éloignait, bien...Si leur chemin venait à se recroiser, elle pourrait sans conteste se remémorer ces moments mais ne pas y prêter attention, il serait assez intelligent pour ne pas suivre son exemple et ne pas gâcher sa vie, oui, assurément. Elle était fière tout de même de ce qu'elle avait accompli et de ce qu'elle était devenue, sans conteste, elle pouvait dire avoir une certaine expérience ce que certains nouveaux ne pouvaient pas. C'est dans une tiède nuit auréolée par la douceur des reflets de la Lune, des étoiles brillantes dansant dans le ciel baigné d'un noir sidérant qu'il s'éloigna et qu'elle, reprenant son expression dure et neutre observa son voyage loin d'ici reprenant à son tour sa course, perdant consistance, préférant se fondre dans la masse de ces formes qui font peur à tout enfant qu'il existe...

Invité

[ Fin du sujet

Merci pour ce Rp , j'ai bien aimé ^^ ]

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