Ce qui a de plus froid qu'une pierre [ Fragment Trouvé]

" Le vent glacial de la vallée n'est rien comparé à l'aridité gelée d'un coeur de femme bafouée et la détermination d'une âme vengeresse "

Encapitonnée dans un épais manteau de fourure blanche, une haute silhouette semblait marcher à pas de loup dans les étendues blanches de la vallée. Tout était figé en ce lieu, tout semblait inerte et prisonnier du temps. La glace était dans la capacité de faire tellement de ravage lorsque l'on y réfléchissait. Il vous privait de toute sensation tactile, il vous brise la circulation, vous empèse... Pour mener une escapade dans ces lieux, il fallait se préparer au pire. C'était déjà un défi de pouvoir s'y promener avec aisance lorsque l'on était point un maître de la magie de Glace. Néanmoins, le temps semblait clément. Il n'y avait aucun souffle qui venait s'immicer sous les vêtements, l'humidité n'était pas très forte et le ciel était dégagé, sans nuage annonciateur de neige. La prividence? Peut-être pas pour longtemps.

Lentement, la silhouette se décomposa, on pouvait percevoir un nuage blanc sortir de sous la capuche. Cette personne soupirait et lentement, des mains gantés vinrent ôté ce qui camoufflait son visage. Là, un visage qui aurait pu appartenir à la célèbre légende de la Reine des Neiges apparut, celui de Callisto. Ses joues étaient délicatement rosies par le froid, colorant alors ses pommettes dans une belle teinte, lui accordant presque une certaine innocence mutine, tout comme son petit nez. Ces lèvres n'étaient pas gercées mais couvertes d'un baume protégeant sa bouche. Sa peau semblait de nacre grâve à ce blanc qui l'entourait, lui conférant un teint de procelaine, parfait et pur. Le paysage la faisait gagner en beauté et semblait se giger aussi comme les alentours.

Lorsque le tissu de sa capuche descendit totalement, ses longs cheveux noirs furent libérer. Ils étaient l'opposé à la neige, d'un sombre si profond et d'ébène. Callisto semblait si impérieuse à ce moment là dans son manteau de fourure, comme si elle était prête à affronter ciel et terre. Néanmoins, il semblait manquer quelque chose malgré tout cela, son compagnon Abel n'était pas présent. Avec regret, l'ange déchue avait préféré se séparer de son ami le temps de l'aventure car elle estimait que la quête était bien trop dangereuse pour lui. Le froid aurait aisément raison d'un corbeau sachant que c'était une pierre magique qui était l'objet des recherches de la demoiselle.

Aussi curieux que cela paraisse, c'était bien la première fois que l'idée lui vint de partir à la conquête de plus de pouvoir, elle se surprit d'ailleurs de ne pas avoir eu l'envie plutôt, de quérir l'un des fragments légendaires de l'Exilé. Cela pouvait fortement servir ses desseins et ses ambitions vengeresses. Elancée et sure d'elle, la jeune femme emboita alors subitement le pas après quelques minutes de pause, sa grande faux à la main qui lui servait d'appui pour avancer. Au loin, il y avait une colline de glace à l'étrange aspect, d'où émanait une forte puissance. De plus, c'était l'unique endroit qui paraissait hostile et qui était entouré de brume blanche. L'intuition de Callisto lui disait qu'elle devrait commencer ses difficiles recherches par là, et que le danger serait omniprésent une fois là bas.

Silencieuse, la Faucheuse marchait, marchait sans prendre le temps de s'arrêter, et la distance semblait si pénible alors. La colline ne paraissait presque point accessible et que les kilomètres s'agrandissaient au lieu de s'écourter. Cependant, ce n'était qu'un simple effet, une impression. Réellement, c'était le frois qui ralentissait la marche. Parvenir jusqu'à là bas était déjà en soit une épreuve.

Maintenant, vous vous demandez pourquoi Callisto ne prenait pas la peine de voler, elle qui était une illustre ange déchue? Encore une fois, l'explication était toute bête : la glace. Elle aurait rapidement raison de ses belles ailes obsidiennes, les engourdissant et gelant ses plumes. Cela aurait pour effet de causer une chute mortelle pour la dame à la faux. Bien qu'en un sens cela pourrait écourter le temps à parcourir, cela précipiterait aussi sa mort. Nul besoin de se jeter imprévisiblement dans la gueule du loup, si les fragments de l'Exilé étaient aussi simple à trouver, tout le monde aurait bien fait de les obtenir depuis déjà longtemps.

Au bout de quelques minutes, la jeune femme stoppa ses pas. Immobile, ses yeux semblaient scrupter alertement l'horizon, elle pressentait quelque chose. Le sol se mettait étrangement à trembloter, et la glace se fendait à l'horizon, droit devant elle. Il y avait quelque chose qui approchait à grande vitesse.

" Préparez-vous à l'affrontement, quelque chose d'imposant va bientôt surgir de sous terres. Et veuillez à ne pas faire dans l'esbrouffe. Montrons-nous principalement efficace. Inutile de perdre notre temps à geler ici. "

Callisto se munit alors subitement de sa faux, et se mit en position défensive. Elle attendait patiemment que la chose qu'elle était dans l'incapacité de distinguer, pointe le bout de son nez en premier. Tant que l'on ne percevait point directement l'ennemi, il était impossible de mener l'oppostion sagement. Mais... la plus grande question était : à qui s'adressait-elle alors? Qui était son compagnon de voyage? Qui fut assez fou ou intéressé par un voyage en la compagnie d'une femme aussi mystérieuse que l'ange déchue?

* Approche créature... approche... tu viens à ta perte en venant vers moi.... *

Les mains de la jeune femme se ressèrent presque avec angoisse sur le manche de son arme, mais il ne fallait pas confondre ses sentiments alors. Ce n'était pas de la peur qui l'animait alors, mais de l'excitation. Au bout du chemin, un fragment de pouvoir l'attendait... et lorsqu'elle le possèderait, alors....

Invité

L’océan de glace s’étendait sous les pieds des deux voyageurs, seuls et perdus, attaqués par les bourrasques violentes de vent qui s’engouffraient dans les habits et mordaient la peau sans pitié. Cette contrée n’avait vraiment rien d’hospitalière. Juste de la glace épaisse, recouverte d’une couche de neige au moins aussi épaisse. Pas un seul arbre. Pas un seul coin de verdure ni même une quelconque trace d’animaux. Ce désert de glace respirait la mort et l’inhumanité, comme une antichambre de l’enfer. Qui sait ? Peut-être que l’enfer n’était pas si chaud qu’on le prétendait. En tout cas, si quelque chose devait y ressembler, ça ne pouvait être que cet endroit. Rien à des kilomètres à la ronde. Difficile d’imaginer qu’autrefois cet océan d’eaux vives avait abrité une faune nombreuse et une végétation des profondeurs au moins aussi développée que celle d’une forêt tropicale.

Tout ça avait disparu depuis par la faute des hommes et des autres créatures de Dieu. Ce dernier avait dû abandonner ses fils et filles à leur tragique destin. Seuls quelques rares survivants avaient été épargné après le réveil des éléments qui s’étaient alors abattu sur la civilisation. Typhons. Raz-de-marée. Tremblements de terre. Irruptions volcaniques. Et encore bon nombre d’autres catastrophes comme celles-ci. Tout ça avait plongé le monde dans un chaos dont chacun commençait à se remettre, petit à petit. Chaque survivant recommençait à vivre comme il le pouvait. Et chacun voyait l’anéantissement du monde de son point de vu. Punition. Nouvelle chance. Cela dépendait de la personnalité et du passé de l’homme ou de la femme.

Et quelque chose disait au voyageur, emmitouflé dans un épais manteau de fourrure blanche, que sa compagne aussi avait été touché de près ou de loin par les évènements récents et anciens. Elle avait un lourd passé, il l’avait tout de suite compris. Peut-être que cela venait de son instinct animal ou de quelque chose dans ce genre. Quoiqu’il en soit, il pressentait quelque chose en elle. Une détermination sans borne à trouver ce qu’elle cherchait dans l’océan de glace. Et c’était plus pour répondre à cette question que pour véritablement participer à la quête de la jeune femme qu’il était là.

Ils s’étaient rencontrés une semaine auparavant, alors qu’elle était sur le chemin, quelque part entre les montagnes et la côte. Elle était venue du ciel, ses grandes ailes noires déployées, et avait atterri dans une petite clairière au cœur de la forêt. Neko l’avait remarqué immédiatement et avait repris sa forme humaine. Le métamorphe vivait dans les bois depuis quelques temps déjà. Depuis la catastrophe en fait. Dieu seul savait ce qu’il y faisait et pourquoi il avait fais le choix de quitter le monde des hommes. Quoiqu’il en soit, il avait pris la venue de l’ange damnée comme un signe du destin, un signe qu’il devait sortir de sa torpeur. Quelque chose, c’est vrai, l’avait immédiatement attirée chez cette fille, cette Callisto, comme elle s’appelait. Une souffrance authentique mêlée de colère et de haine. Une personnalité torturée terriblement puissante. Il aurait pu risquer la mort en approchant de cet être mais elle l’avait accueillit sans le tuer, avec froideur, certes, mais sans le tuer. Peut-être avait-elle, elle aussi, sentit… quelque chose.

Il avait décidé ensuite de l’accompagner dans son voyage, en ne sachant que le minimum. Elle l’avait prise pour un fou. Et maintenant, les deux inconnus pour l’un et pour l’autre avançaient côte à côte comme une équipe soudée. Bâton en main, il testait la glace sous leurs pieds, et elle tenait sa faux entre ses doigts, prête à affronter la moindre menace. Elle n’avait pas du connaître beaucoup de bonheur dans sa vie, et céleste, et mortelle. Mais l’apprenti psychologue fut interrompu dans son analyse par une légère secousse qui fit légèrement trembler le sol. Quelque chose approchait.

" Préparez-vous à l'affrontement, quelque chose d'imposant va bientôt surgir de sous terres. Et veuillez à ne pas faire dans l'esbrouffe. Montrons-nous principalement efficace. Inutile de perdre notre temps à geler ici. "

Neko sourit à ces paroles, sans l‘ombre d‘une inquiétude en ce qui concernait le danger imminent.

« Ne vous inquiétez pas, mademoiselle. Nous verrons bien assez tôt ce dont il s’agit. Et puis de toute façon, j’ai neuf vies alors… »

Sa tentative d’humour fut accueillit par un froid. Soudain, le sol se secoua avec une violence terrible. La chose arrivait !

Un fragment d'exilé, voilà ce qui avait guidé les pas de l'ange dans la vallée. Aussi incroyable qu'il n'y paraissait, son soudaine engouement pour la mierre précieuse l'avait animé d'une profonde détermination. Rien ne pourrait l'arrêter présentement, que cela soit une vilaine créature, un attroupement d'hommes menaçants, une tempête. Si il y avait bien quelque chose que l'on pouvait admirer chez cette femme là, était son entêtement. Non pas parce qu'il pouvait être démeusuré, mais inébranlable. Quoiqu'il en soit, la belle déchue se voyait face maintenant à un énorme problème, bien que, cela ne la dérangeait point plus que cela. L'avantage de sa nouvelle mission obsessionnelle était qu'elle se voyait accompagner par sans doute, le plus improbable des individus avec qui on pouvait la voir.

Cet homme n'était autre qu'un métamorphe, un dénommé Neko. Il n'y avait pas plus simple comme prénom, d'autant plus que ce n'était pas sans rappeler sa nature féline. Après tout, un prénom pouvait en dire bien long sur une personne, bien plus qu'un regard. Il suffisait simplement de regarder celui que porter notre Faucheuse. Callisto. C'était le nom d'une ancienne princesse qui dû prendre la fuite, tout cela parce que son débauché de père osa offenser les Dieux. Mais la Princesse fut gagné en affection par Zeus lui-même, mais son épouse la transforma en ourse. Plus tard, elle deviendra la constellation du même nom. Et vous savez quoi? La signification de Callisto veut modestement dire : grande beauté. La nature faisait bien les choses, heureusement pour elle.

Néanmoins, le plus surprenant n'était pas de voir la jeune femme en compagnie d'un métamorphe. Ce n'était pas spécialement surprenant, car autrefois, elle eut une briève aventure avec un homme de cet espèce, un vaillant soldat qui lui sauva la vie dans les montagnes enneigées. Non, le plus étrange était de la voir en compagnie de quelqu'un qui, au premier abord, semblait assez craintif ou plutôt un luron peu sérieux. Quoique... Callisto avait toujours l'art de surprendre.

Cependant, l'ange déchue avait accepté que ce garçon là l'accompagne car une main de plus, était toujours bonne à prendre. De plus, il n'avait point l'air d'être un jeune homme veinal ou intéressé par un surplus de pouvoir. L'ayant rapidement jaugé quand elle le vit, elle savait aussi qu'elle n'aurait point de mal à se débarrasser de lui, sauf peut-être dans l'éventualité d'un rêlachement d'attention de sa part ou un coup fourré et bien préparé. Hooo! Mais nul inquiétude, Callisto n'était point perfide, elle était simplement du genre à parfaitement planifier les choses pour ne point avoir de surprise. Elle ne porterait nullement la main sur son compagnon, tant que celui-ci ne jouait pas avec le feu, ni n'entrâvait ses objectifs.

Alors que présentement les deux jeunes gens faisaient face à une créature venant des profondeurs de la vallée, Neko ne manqua pas de faire un peu d'humour, chose qui ne fit pas sourire la demoiselle. Non pas qu'elle en manquait mais, la situation ne l'enchantait pas à vrai dire. Elle préféra garder la bouche fermée et ne pas faire de commentaire supplémentaire quand...

Brutalement, Callisto ouvrit grandement ses ailes noires. Elles étaient si immenses et majestueuses, d'un noir si profond, en contradiction parfaite avec le paysage d'un blanc pur. D'un bond, la damnée s'envola à grande allure, et à ce même instant, la bête surgit. Cela ressemblait à un gigantesque ver, ayant pour seule orifice une bouche béante à la dentition acérée. Son corps puissant et longitudinal était poilu, un pelage grisonnant par ailleurs. On ne distinguait pas ses yeux, car sans nul doute, il n'en possédait pas.

" Monsieur Neko! Il vous faudra vous montrer alerte, car cette bête voit grâce à des ondes, à l'image des chauve-souris. Vous ne pourrez facilement la surprendre en attaque frontale directe.... "

Voilà les sages paroles que Callisto cria à son compagnon d'armes. La créature semblait alors foncer directement sur l'ami métamorphe, glissant alors sur la glace avec aisance, présentant sa bouche comme une grotte, prêt à l'avaler d'une traite. Néanmoins, ce n'était sans comtper sur l'appui de l'ange déchu.

Brusquement, le ver géant se stoppa et se contorsionna dans tous les sens, comme un aliéné. Il criait des hurlements stridents à en briser la glace qui leur servait de terre. Les yeux rosés de l'ange venaient de changer, et s'illuminait d'un rouge sang. C'était souvent ainsi quand elle puisait dans ses ressources magiques, ou qu'elle était en colère. Que venait-elle d'utiliser? C'était bien simple... et elle ne tarda pas à l'expliquer à son camarade, lui qui alors, ne se trouvait à quelques mètres de la créatures.

" Neko.... profitez de cette ouverture pour l'attaquer... Je suis en train d'enprisonner la bête dans une illusion... mais cela ne durera pas une éternité, cela brouille pour quelques instants aussi sa concentration et la perception qu'elle se fait de vous... "

Callisto aurait pu tout aussi bien utiliser la magie noire et se débarrasser avec bien plus de facilité de la créature. Cependant, cela aurait nécessité qu'elle emploie beaucoup plus d'énergie, et elle préférait se réserver pour quand elle se retrouverait devant le fragment de l'exilé. D'ailleurs, c'était l'occasion rêvé de tester les capacités de cet homme qui avait souhaité docilement de l'accompagner...

Invité

Les doigts de Neko se resserrèrent sur son bâton, un simple bout de bois à l’apparence tout à fais inoffensive. A quoi aurait bien pu servir cette arme face à un monstre qui fonçait droit sur lui et sa compagne ? Il pouvait tout au plus assommer un bandit ou un voyou, quelqu’un dénué de pouvoirs ou trop faible pour les utiliser correctement et efficacement. En fait, ce bâton anodin avait pu, autrefois, canaliser la puissance de son possesseur et ainsi créer des attaques extrêmement efficaces. Mais aujourd’hui, alors qu’il avait passé de longs mois dans la nature sauvage, sous sa forme féline, Neko semblait avoir perdu ce pouvoir. Il possédait en lui, il le savait, une once de magie blanche. Mais cette dernière semblait s’être éteinte à force de ne pas s’en être utiliser.

Lorsque la bête apparut, le jeune métamorphe eut un tressaillement, presque imperceptible. Il ne montrait jamais ses émotions d’habitude, mais là, la chose était vraiment effrayante et… puissante. Un ver avait surgi des glaces, sa bouche emplies de dents acérées fonçant droit sur lui et l’ange déchue, prête à les dévorer. Enfin, Callisto n’était plus vraiment aux côtés de Neko. Elle avait déplié ses ailes noires quelques secondes avant l’arrivée du ver et s’était envolée. L’abandonnait-elle face au monstre pour poursuivre son chemin sans gaspiller ses forces ? Bien sûr que non. Le froid aurait tôt fais de la faire chuter. Elle n’était pas assez stupide pour faire une chose pareille.

Tandis que la bête sans yeux avançaient à vive allure, la jeune femme lui conseilla de ne pas attaquer frontalement. Ca lui faisait une belle jambe. Il n’avait pas quitté sa forêt depuis des lustres et était rouillé au combat, surtout sous sa forme humaine. Qu’il attaque frontalement ou d’une autre manière, cela ne changera guère beaucoup de chose dans son destin. Il allait finir en steak de chat pour ver géant, ça ne faisait plus l’ombre d’un doute. Déjà Neko voyait la gueule béante de la créature à quelques mètres de lui et la chaleur malsaine de son haleine caressait maintenant sa peau. Advienne que pourra, il allait devoir sauver sa peau comme il le pourrait. Mais comment ? Neko tenta en quelques secondes de mobiliser son intellect pour venir à bout de cette situation. Il lui fallait de la concentration. Il devait réussir à se transformer, et en autre chose qu’en chat, sa forme habituelle. Et pour ça, il ne lui restait qu’un instant à peine.

Soudain, l’attaque fut brutalement freinée. Un coup d’œil dans le ciel fit comprendre au métamorphe que son alliée s’était décidé à agir. La bête se tordait de douleur sur la glace et poussait des cris stridents, qui ne semblèrent pas affecter les deux combattants. En un instant, Neko retrouva son sang froid habituel et lâcha son bâton.

" Neko.... profitez de cette ouverture pour l'attaquer... Je suis en train d'emprisonner la bête dans une illusion... mais cela ne durera pas une éternité, cela brouille pour quelques instants aussi sa concentration et la perception qu'elle se fait de vous... "

Dans une illusion ? Intéressant pouvoir. Ces quelques mots prononcés par Callisto, les yeux rouges sang et illuminés, dû sans doute à l’utilisation de son pouvoir, l’éclairèrent sur l’action à mener. Il ne lui restait plus que quelques minutes pour attaquer la bête; il n’avait pas une seconde à perdre. Fermant les yeux, le métamorphe joignit les mains et respira à fond avant d’expirer. Il répéta l’exercice trois fois, puis quatre. Le temps pressait. Déjà la bête recouvrait de sa puissance. Ses cris se faisaient moins violents et s’éteignaient peu à peu. Encore quelques secondes et il se réveillerait de son cauchemar pour attaquer et dévorer son adversaire, à un centimètre de lui.

C’est alors que survint le phénomène. La métamorphose. La peau de Neko se mit à blanchir et sa gueule à s’allonger. Ses muscles gonflèrent petit à petit et des poils blancs recouvrirent en même temps son corps. Ses vêtements, qu’il avait ôté précipitamment gisaient désormais dans la neige. Il était nu et maintenant recouvert de pelage. Peu à peu, alors que le ver se remettait de l’attaque psychique, Neko se transforma. Enfin, la transformation aboutit. Un ours blanc se dressait face au ver, toute griffes dehors, et la gueule béante qui dévoilait des crocs acérés. Le seul problème était l’absence de queue sur l’arrière train. Mais c’était des choses qui arrivaient à un métamorphe un peu rouillé.

Dans un cri bestial, l’ours se rua sur le ver. Ses griffes s’enfoncèrent violemment dans le pelage de la bête qui couina de douleur et se mit à ruer. Sur le dos du ver, l’ours restait à l’abri de sa gueule et lui assénait des coups, faisant gicler un sang noirâtre et visqueux. Après un coup d’une brusquerie étonnante, le ver parvint néanmoins, non pas à le désarçonner, mais à se redresser, dévoilant son ventre recouvert de poils. C’est alors qu’un craquement se fit entendre. La glace. La glace était en train de craquer sous le poids de la bête !

Si il y avait quelque chose qui n'était inconnu à l'étrange Callisto, c'était bien le combat. Qui aurait pu le dire en la regardant? La jeune femme ressemblait tantôt à une courtisane, tantôt à une femme de haute lignée. Elle n'avait pas dans l'apparence quelque chose qui laissait à supposer qu'elle est une valkyrie surprenante. Pourtant, elle avait déjà bien des années derrière elle, des années où elle mena plusieurs bataille, des combats en son nom, d'autres pour des causes plus ou moins nobles, sa dévotion aussi pour la mort des anges... Le sang avait mainte fois couler de ses mains blanches, sa faux avait coupé de nombreuses têtes. Mais rappelons-nous que l'on lui avait donné le simple sobriquet de "Faucheuse", rappelant par mimétisme la Mort elle-même qui vient... Autrefois, c'était la peine qui avait nourri la force de son bras, un chagrin inébranlable, puis le temps laissa place à la colère, envenimant son coeur comme du poison, puis la rage... Maintenant elle était parvenue à atteindre une certaine forme de sérénité sans pour autant être soulagée. C'était pour cela qu'elle se battait encore, lui permettant alors de libérer sa fureur par le biais de combat sanglant. Courageuse ou inconsciente, la déchue n'avait jamais reculé face à ses adversaires, quelque soit leur taille ou leur puissance, car elle savait, elle savait que, qu'importe l'issue, elle serait toujours victorieuse, même si elle y perdait la vie. Pourquoi? Parce que l'on aurait jamais son âme, on ne l'aurait jamais fait pliée... Non, sa volonté était forgée dans le plus solide des matériaux.

La jeune femme volait alors au dessus du ver des Glaces, coinçant alors l'animal dans une illusion qui l'amenait à croire qu'il était en plus grand danger que celui de ses deux petits adversaires. Seulement, aussi primitif soit l'esprit d'un animal, leur instinct de survie était plus grand que les hommes, plus difficile à briser. Le sort de la belle ne durerait qu'un temps, quelques minutes qui lui permettrait de trouver un plan quelconque pour se sortir de là, elle et son compagnon de voyage.

Neko profita alors de l'ouverture créer par la jeune femme pour laisser libre court à sa magie métamorphique, se transformant en un ours polaire à la force inégalée. C'était un bon choix... mais, même si l'agilité du ver était de l'ordre de zéro, son poid et son gabari aurait raison des deux protagonistes, d'autant plus que l'air glacial engourdissait peu à peu les ailes de Callisto.

Mais alors que l'illusion jetée s'estompait peu à peu, voilà que la glace commençait à se rompre sous le poid de la bête. Alertée, la déchue observa de son perchoir les fissures qui commençaient à serpenter sur le sol, se craquelant au moindre mouvement de la ver. L'animal se tenait maintenant droit comme un piquet, et faisait pression sur le plancher gelé. Callisto savait pertinament que cela n'aurait aucune conséquence pour leur adversaire, étant donné qu'il se déplaçait dans ses milieux sombres.... Mais pour ce qu'il en était de Neko et d'elle-même... voilà une toute autre histoire. Cependant, la jeune femme ne manquait certainement pas de ressources.

Soupirante, elle se résigna soudainement à faire appel à la magie noire. C'était la seule façon de gagner du temps et de partir prendre refuge dans la vallée montagneuse. Soit... si c'était ce que le destin voulait, alors cette action était inéluctable. Volant à tir d'ailes, la Faucheuse s'écarta au possible de la bête, lui portant un regard si noir qu'il en était angoissant. D'une voix sèche et froide, elle pria soudainement son camarade de prendre le plus de recul possible.

" Neko. Ecarte-toi rapidement si tu ne souhaites pas périr. Cet animal m'a mis très en colère, nul autre choix que d'user des grands moyens. Prend garde, car le sol s'effondrera certainement sous toi.... j'espère que tu sais nager... "

La tonalité qu'elle prit ne laissa pas entrevoir la pointe d'ironie dans ses derniers propos, elle semblait relativement mécontente, mais pourrait-on lui en tenir rigueur? Un ver qui venait ombrager ses projets, ce n'était pas vraiment ce qu'elle avait prévu. Cependant, quelque soit la situation sa détermination était plus forte.

Posant alors pied à terre sur une glace fissurée, une brume noire commença à danser tout autour d'elle, obscurcissant alors l'aurau de la jeune femme, bien plus que l'on aurait pu croire. On sentait aisément l'aspect prédateur et dangereux qui se dégageait de sa personnne, le côté maléfique de son esprit. Cela planait comme un parfum de mort, une mort qui se dissimulait derrière le regard sanglant de Callisto.

La déchue leva subitement ses bras en avant, les mains mimant des serres, ses cheveux noirs dansaient autour d'elle comme des serpents. La glace se fissurait toujours un peu plus, et le ver commençait à faire preuve d'agressivité, il allait attaquer. Il était relativement énervé par les coups d'attaques de Neko, son sang coulant sur le blanc pure de la neige qui fondait petit à petit. Seulement, à ce même moment, la damnée susurait des mots étranges dont le son s'amplifiait peu à peu, cela ressemblait à des échos de mumures, les mots se chevauchaient dans une mélodie mystérieuse.

" Euq el dnarg tnepres sed semîba ednopér a nom leppa
Eriolg a as essnassiup te as étsejam
Iom not elbmuh essertêrp erolpmi not edia "

Dans son flot de parole, la nuée noire se faufila dans les fissures de la glace pour disparaître dans le sous sol. Là, le ver fonça directement sur Callisto, balayant peut-être Neko de son corps longitudinale. La jeune femme ne put voir alors le sort réserver à son compagnon car elle était imminémennt concentrée sur ses actions. Son visage était placide et elle était sure d'elle. La Faucheuse, aux allures soudainement suicidaires, ne bougea pas d'un centimètre alors que la créature n'allait pas tarder à lui arriver de plein fouet.... mais alors que l'instant fatidique s'annonçait.... un hurlement abyssal, sourd et vombrissant retentit. Cela semblait venir des profondeurs...

Crac!!!!

La glace se rompit brutalement mais point sous le poid du ver géant, mais l'arrivée d'une autre créature. Elle avait l'allure d'un dragon, mais le corps d'un serpent, une peau proche des anguilles mais une musculature bien plus imposante. Plus fin que son adversaire et une mâchoire plus acérée, la créature, qui n'était autre que Léviathan, invocation de Callisto, s'enroula alors autour de la bête gênante. Le serpent des glaces entraîna alors le ver dans les profondeurs avec si peu d'effort que c'était déconcertant. On se demandait pourquoi la grande dame aux ailes noires n'y avait pas fait appel plutôt. Puis le calme disparut... ou presque.

Léviathan, grâce à son intervention, emporta avec lui le problème majeur des deux jeunes gens mais pour leur en laisser un autre tout aussi grand. Callisto ne possédait absolument pas le pouvoir de la Glace, elle était incapable de rétablir de la stabilité au sol qui s'effondrait sous ses pieds. Ne pouvant déployer ses ailes, subitement, la Faucheuse se trouva entraîner par la gravité... il y avait sans doute un lac gelé en dessous.

Tentant de se rattraper tant bien que mal à un bloc, ses mains glissèrent. Le plus étonnant était que la jeune femme ne chercha pas à appeler à l'aide, ne criant pas, ne cherchant pas à alerter Neko qui devait se trouver à quelques pas de là.... Elle se laissa subitement couler. L'eau était si froide, si froide que son sang s'engourdissait, elle sentait que son coeur allait voir ses battements ralentir au fur et à mesure si elle se refusait à se secouer... Mais pensez-vous vraiment qu'elle se soit laisser aller si facilement? Elle sentait quelque chose....

Invité

[Très beau poste

]

" Neko. Écarte-toi rapidement si tu ne souhaites pas périr. Cet animal m'a mis très en colère, nul autre choix que d'user des grands moyens. Prend garde, car le sol s'effondrera certainement sous toi.... j'espère que tu sais nager... "

Neko, juché sur le ver de terre géant et poilu, tilta aux dernières paroles prononcées par l’ange déchue. Est-ce qu’il savait nager ? Bonne question. Cela faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas mis un orteil dans l’eau d’un bassin qu’il serait difficile de faire quelques pronostics quant à sa capacité à ne pas mourir noyer ou geler dans l’eau qui s’étendait sous la couche de glace. Couche de glace, qui, rappelons-le, était en train de se rompre, créant une faille qui aurait raison du métamorphe. Les lois de la gravité s’appliquait pour le ver mais aussi pour lui, c’était ce qu’il ne tarderait pas à expérimenter, il le sentait.

A s’imaginer en train de se noyer, Neko en avait oublier que Callisto avait un plan. Quel était ce plan, d’ailleurs ? Quelque chose disait au métamorphe que ça ne devait pas être très amical et sensiblement destructeur. L’ange déchue avait pris de la hauteur et s’élevait à une bonne centaine de mètres dans les airs. Ses magnifiques ailes noires étaient déployées et même de là où il était, Neko pouvait percevoir son regard noir et glacial et sentir sa colère. Une colère qui alimentait un pouvoir destructeur sans aucun doute. Elle était puissante, Neko l’avait bien compris, et ce dés qu’il l’avait rencontré. Même si une souffrance certaine étreignait son âme, l’empêchant de se libérer totalement de ses émotions, et donc l’empêchant de se maîtriser efficacement, Callisto respirait la force brute de ces créatures bannies du Paradis. Elle devait être l’un de ces êtres les plus puissants. Et cela n’était pas pour rassurer son compagnon, toujours sous sa forme animale et toujours juché sur le ver, griffes enfoncées dans sa peau croûteuse.

Callisto se posa alors sur un banc de glace plus loin. Cramponné à la bête féroce, Neko vit une brume sombre et sinueuse se dégager de son corps svelte, semblant soudain d’une puissance déconcertante. Neko ne s’était pas trompé sur son potentiel de destruction qu’il allait pouvoir tester en direct, sur le terrain. Peut-être en mourait-il, d’ailleurs. Ce qui serait un peu dommage, disons le clairement, pour le métamorphe. Il aurait voulu revoir quelques vieux amis avant le grand saut dans le néant et puis rencontrer des gens intéressants. Callisto faisait parti des rares personnes qui l’avait intéressé au cours de son existence. Ce type de personne qui décelait quelque chose d’extraordinaire qui l’attirait inexorablement et le fascinait. Elle l’avait tiré de son animalité en titillant sa curiosité. En soit, c’était un exploit. Mais en pratique, cela se révélerait sûrement fatal pour lui. Tant pis.

A présent, les cheveux de jais de la belle ange déchue dansaient autour de son visage fermé. Ses bras s’étendaient au dessus de la glace, devinant le prémisse d’une attaque. Ce fut le moment que choisi le ver pour ruer de plus belle. Il était vraiment énervé, c’était visible. Il couinait, et tentait d’atteindre l’ours polaire sur son dos avec ses dents. Ayant le privilège d’appartenir au rang des invertébrés, il avait de bonnes chances de parvenir à ses fins.

D’un côté, Neko risquait de mourir de la bouche carnassière de la bête, de l’autre, de l’attaque de Callisto, sensée les sauver tout les deux. Ou plutôt elle. Après tout, elle était en train d’user de la magie noire, ce qui révélait son état d’esprit un peu désordonné. Neko ne croyait pas en ces notions manichéennes de Bien ou de Mal. Ces notions étaient dictées par l’émotion et non par une force ancestrale divine. Même Dieu n’échappait pas à cette règle. Et Callisto avait choisi une voie destructrice car son âme n’était pas tranquille. Elle avait vécue des choses horribles qui l’avait modelé et forcé à devenir ce qu’elle était devenue. Un tas de facteurs externes en avait décidé ainsi, ce qui empêchait Neko de la juger.

Occupé à éviter les attaques du ver, Neko n’entendit pas la formule magique prononcée par Callisto et ne réalisa qu’elle avait lancé son sort que lorsque la glace se rompit brutalement sous le ver et qu’une sorte de dragon immense surgit des profondeurs. Houla. Les choses se compliquaient. Callisto venait d’invoquer cette créature marine et légendaire pour se débarrasser du ver. Mais elle risquait de tuer son compagnon par la même occasion ! Une fois sorti de cette galère, Neko aurait deux mots à lui dire. Enfin, pour l’heure, ses chances de s’en sortir étaient plus que réduites.

Lorsque que le dragon attaqua, Neko sut qu’il devrait se jeter à l’eau. Dans le sens véritable du terme. Se dégageant du dos du ver, l’ours plongea. Dans l’eau, s’était le chaos. Les eaux bouillonnaient sous les impulsions des deux créatures. Le corps d’anguille du dragon frôla l’ours qui fut alors projeté contre la glace. Le remous crée par la bête était d’une force extraordinaire et Neko y résista quelques minutes, avant d’être entraîné dans le fond lorsque le dragon captura le ver et disparut dans les profondeurs. Aveuglé par les courant bouillonnants, Neko ne savait pas où il se trouvait et où se trouvait la surface. Malgré son pelage, il ressentait les morsures du froid et commençait à manquer d’air. Se transformer en poisson lui demanderait trop d’efforts et il s’évanouirait avant d’avoir réussit à redevenir humain. C’était impossible. Ne lui restait plus qu’à regagner la surface ou à prier.

C’est alors qu’il repéra une forme à quelques mètres d’où il se trouvait. Le calme revenait peu à peu et la brume aqueuse se dissipait. Usant de ses pattes pour nager, l’ours se dirigea vers la forme qui coulait à pique. Il ne tarda pas à comprendre qu’il s’agissait de Callisto en découvrant ses ailes noires. L’invocation l’avait épuisée et elle n’avait sans doute plus eu la force de rester dans les airs. A présent, elle était entraîné dans les profondeurs. Elle ne se débattait pas.

Tout se passa alors très vite. L’ours attrapa l’ange déchue par ses habits et localisa une faille dans la glace, d’où surgissait une clarté qui lui indiquait la sortie. L’air lui manquait mais il savait qu’il ne pouvait abandonner Callisto. Il éprouvait pour elle une vraie fascination et voulait apprendre à la connaître d’avantage, sonder son cœur et la comprendre. Pour une fois, il interviendrait sur le cours d’une vie et sortirait de sa neutralité habituelle. Neko n’était ni gouverné par le Bien ou par le Mal. Seule la nature était sa maîtresse. Et il ne voyait pas en Callisto une créature du Mal mais une personne en danger. Il ne l’abandonnerait pas.

Par de puissants coups de pattes, Neko parvint à atteindre la surface. Il était temps. L’air lui manquait et sa transformation venait à terme, il le sentait. Nageant jusqu’à une bande de glace solide, il hissa sa compagne et la rejoignit ensuite. Elle était inconsciente et trempée. Il ne restait à Neko que la force de retrouver sa forme humaine. Épuisé et nu, le jeune métamorphe semblait d’une fragilité déconcertante. Tout comme Callisto à ce moment là. Mais Neko savait qu’il devait les mettre tout deux à l’abri. Des montagnes se dessinaient au loin et il décida de porter l’ange déchue jusque là, bravant le froid et sa fatigue.

A mi-chemin pourtant, Neko ne put poursuivre et tomba à genoux sur la glace. Il finit par s’évanouir et tomba, face contre neige.

[Merci beaucoup! J'adore ton poste également! Contente de rp avec toi! ^^]

Tout semblait si calme, si apaisant et si sombre à la fois. Le corps de Callisto semblait se laisser attraper par les griffes du froid et des eaux glacées. Sa peau lui donnait l'impression de ne plus rien ressentir, les sensations la quittaient pourtant... elle ne sommeillait pas comme elle le laissait paraître. Comment une femme de son tempérament et de son niveau le pourrait-il? Ho, bien entendu, elle n'était pas immortelle, et c'était bien souvent des choses insignifiantes qui emportaient dans la mort les grands esprits. Elle avait les paupières closes, elle avait l'allure d'une jeune femme évanouie et en une façon, peut-être était-ce le cas. Cependant, elle était concentrée, dans une transe obscure qui lui donnait le masque de la Mort. Son esprit était éloigné de son corps et celui-ci se faisait mordre par les basses températures. Callisto prenait des risques inconsidérés cet temps-ci, peut-être cherchait-elle à se prouver quelque chose?

L'ange déchue sombrait encore et encore. Son léviathan semblait avoir disparu dans la noirceur du fond, tout comme le ver qui avait causé tant de mal aux deux compagnons de voyage. Au moins, c'était une bonne chose de faite. Même si la méthode avait été féroce et dangereuse, on ne pourrait alors dire que cela n'était point efficace.
Tout devenait noir autour d'elle, seule sa peau pâle dessinait sa silhouette, ses ailes alourdissaient son poids, n'ayant pas pris la peine de les retirer, elle s'enfonçait inexorablement. Mais la magie était autour d'elle, plus forte que jamais alors que ses pensées étaient éloignées... mais quelque chose semblait se saisir d'elle. C'était Neko.

Le métamorphe semblait lui aussi être tombé dans les eaux, et sous sa forme d'ours, usant alors de la puissance et la force de cet animal, il attrapa Callisto par ses vêtements, prenant garde à ne pas la blesser. Energiquement, il l'amenait vers la surface, là où l'air pourrait enfin remplir leur poumon. Pendant un instant, ce camarade d'infortune faillit lui même abandonner, mais sa détermination semblait sans faille. Si l'ange déchue avait été consciente, sans nul doute l'aurait-elle féliciter de sa dextérité. Contrairement à ce que l'on pouvait penser, même sur les voies du mal, elle savait reconnaître la valeur des individus, bon, mauvais ou neutre. Il n'y avait que les anges aux ailes blanches où sa raison se refusait à être justement raisonnable. Un grand paradoxe.

Bientôt, après quelques longues minutes pénibles, le corps de Callisto gagnait la terre, comme le corps nu de son compagnon de voyage. Il était vrai que sa transformation lui causa le tord de le dévêtir. Voilà bien un don de la nature qui avait ses désavantages. Toujours évanouie, Neko traîna la jeune femme sur le sol dangereusement fragile de la vallée, souhaitant atteindre un abri dans les montagnes. Néanmoins, son épuisement était trop grand, sa résistance lui faisait défaut, ce fut à son tour que l'épuisement l'emporta dans le pays de Morphée.

Pendant ce temps là, Callisto se voyait allongée près de lui, inerte, les paupières toujours fermées mais en mouvement comme si elle rêvassait. Elle ressemblait alors à une belle au bois dormant aux allures sombres et de poupée. Quand brusquement, elle se réveilla dans un grand essoufflement, comme si elle respirait enfin. L'ange déchue se redressa violemment, tout en restant assise, portant une main fébrile à son front. Ses yeux rosés étaient écarquillées mais un sourire dément se dessinait sur ses lèvres.

Puis, quelques secondes plus tard, il s'envola. Cette douce esquisse joviale n'était plus, laissant place alors à une forme d'inquiétude. Ses cheveux trempées lui tombèrent un peu sur le visage, lui collant que les joues. Le froid était toujours aussi mordant et l'humidité de ses vêtements renforçait cette sensation de gelure. Tournant la tête dans tous les sens, Callisto se rendit compte qu'elle n'était plus aux mêmes endroits, elle avait été éloignée du lac... et à ces côtés gisaient alors Neko, nu et évanoui.

La jeune femme lâcha alors un soupir, il semblait si paisible dans son immobilité. Cependant, l'abandonner comme cela serait assurée sa mort. Elle ne le souhaitait pas... mais maintenant, elle savait où était l'objet de sa convoitise donc le moral était au beau fixe. Pour s'assurer de cela, elle faillit bien laisser sa vie dans les eaux glacées mais qu'importe. Le jeu en valait la chandelle. Se redressant alors sur ses deux jambes comme si de rien était, elle s'approcha du jeune homme, retirant quelques mèches de cheveux collés à ses joues rougies par le froid.

" La chevalerie et la galanterie semblent être encore de ce monde. J'ai bien fait d'avoir accepté ta présence. Maintenant, je vais te rendre la pareille. "

Elle savait qu'aujourd'hui elle ne pourrait pas récupérer le fragment. Son corps et celui de Neko devaient retrouver de leur énergie, il fallait donc faire une halte pour se réchauffer. Ce fut donc avec cette pensée qu'elle ne rechigna pas à user de la magie noire à nouveau, mais point à des buts de destructions massives. Le plus grand de ses talents était l'invocation de créatures splendides, encore une fois, elle avait besoin d'elle.

Bien moins impressionnants que l'appel du Léviathan mais avec un rituel presque identique, Callisto pointa son doigt vers le ciel, et un faisceau blanc semblait en sortir. Là, un cri d'oiseau rententit, un cri de rapace et quel rapace. C'était un oiseau de feu, un oiseau qui se nommait Belphor. Il était d'une taille grandiose, assez large pour porter deux hommes.

Ce fut lourdement que la créature se posa alors sur la terre ferme, qui fondit alors rapidement sur ses pas. Il n'était point sur la zone du lac, donc rien à craindre. Il regarda l'ange déchue avec ses yeux rouges perçants, avant de prendre la parole, télépathiquement.

* Grande dame Callisto, tu m'as fait appelé? Est-ce pour manger cet homme? *

" Non l'ami. Et je m'en excuse si cela te fait envie. J'ai besoin d'un moyen de transport sûr dans cette vallée de glace, et de la chaleur de ton feu divin. "

* Quel déception d'être utilisé à cette fin, mais si tel est ta volonté... Je n'ai pas mon mot à dire. Où souhaites-tu te rendre? *

" Pardonne moi encore Belphor, mais je n'avais pas d'autre choix. Mais ne t'inquiète pas, je me rattraperais, je me ferais excuser de cette tâche ingrate. Tu mérites bien plus que cela. Je te laisserais avec plaisir manger les chairs des anges que j'aurais tué.... montre-toi seulement patient. "

* Cela me ravit car je sais que tu n'as qu'une parole.*

Redevenant alors tous deux silencieux, Callisto se saisit de son ami Neko, déployant le temps de quelques secondes ses ailes pour monter sur le dos de l'oiseau de flammes. Le froid n'avait pas d'emprise sur Belphor, c'était une chance et l'ange déchue était trop épuisée pour parcourir la distance en vol, d'autant plus qu'elle aurait cédé face à l'engourdissement du gel. Le plus étonnant était que les flammes du corps de l'oiseau extraordinaire ne dégagea aucune chaleur, ni brûlure quand les deux jeunes gens le montèrent. Les flammes ne blessent que ce qui sont visés.

Rapidement, Belphor mena la petite bande dans la vallée, trouvant un semblant de grotte dans laquelle lui même pouvait pénétré avec sa grande taille. Là, Callisto déposa le corps de Neko qui n'avait pas encore recouvré sa conscience. Elle le couvrit naturellement de son manteau qui fut rapidement sécher par l'oiseau de feu. Celui-ci, étendit simplement ses ailes, apportant à la fois lumière et chaleur, comme un immense feu de joie, ayant un contrôle sur l'intensité de la chose. Sans nul doute que la vue de cet animal sera un choc pour le métamorphe quand il se réveillerait, mais l'ange déchue gèrerait la chose. En attendant, elle se reposa à son tour un peu, méditant sur la façon de récupérer le fragment.... Celui-ci était au fond du lac gelé...

Invité

[Merci à toi 105

]

Terrassé par l’épuisement et le froid qui dévorait son corps nu, Neko sombra dans l’inconscience. Cette fois-ci, il n’avait plus la force de lutter contre la langueur qui gagner ses membres et l’étourdissement qui gagnait son cerveau. Il ne pouvait continuer à porter et sa vu se brouillait sans qu’il ne puisse tenter quoique ce soit. Le vent laissa alors place au silence et le désert blanc à un noir des plus vide. Le jeune métamorphe n’entendait ni ne voyait plus rien. Il ne ressentait plus ni la douleur, ni la fatigue. Il s’en allait au loin, vers d’autres latitudes. Cette fois il était bien parti pour le grand voyage et il espérait juste que sa compagne ait survécu à la noyade. Neko n’avait pas trop à s’en faire pour ça, il le savait. Callisto était une ange déchue extrêmement puissante, capable, peut-être de ressusciter les morts, qui sait ? Bon, il ne fallait tout de même pas charrier. Enfin, Neko préférait penser à cette possibilité réconfortante avant le grand plongeon dans la mort.

Les méandres de son inconscient psychique conduisirent l’esprit de Neko vers une autre réalité, qui lui sembla soudain bien réelle. Comme paralysé par son état, mais conscient de tout ce qu’il se passait, il subissait un étrange « rêve ». A vrai dire, ça n’était pas un rêve car Neko comprenait maintenant que se déroulait sous ses yeux appartenait à son passé. Il se trouvait dans un village, au creux des montagnes. Son village. C’était la nuit et il neigeait à gros flocons. Les toits étaient recouverts d’une épaisse couche de neige et les rues, balayées par les flots glacés qui se déposés sur la terre gelée. Bizarrement, Neko ne ressentait pas le froid qui devait régner dans ces lieux. Tout semblait calme et il assistait à ce décor vide d’habitants comme on regarde une pièce de théâtre, en simple spectateur, comme assis sur un siège invisible et vissé dessus sans pouvoir le quitter. Qu’est-ce que ça voulait dire ?

C’est alors qu’un bruit rompit le silence glacial. Neko se retourna - enfin eu la sensation d’être retourné par une force obscure - et aperçut, venant de la forêt vallonnée, l’ombre d’un tigre. Que faisait cette bête si loin de sa tanière ? Le plus étrange était qu’elle s’aventure jusqu’ici, au cœur d’un village peuplé d’humains. Elle risquait sa peau, et c’était le cas de le dire, à chaque pas qui la conduirait plus en avant dans son expédition. Mais le tigre semblait serein. Arrivé à quelques mètres de Neko, celui-ci eu l’occasion de le détailler. D’un volume important, la bête devait peser dans les cent kilos. Elle était recouverte d’une fourrure blanche, rayée de noir, comme ces tigres qu’on rencontre dans les contrées lointaines et froides du Nord. Ses babines dévoilaient également une série de dents aiguisée et ses pattes monstrueusement grosses étaient dotées de griffes acérées. Un bel attirail pour se défendre d’un ennemi. Mais ce qui surpris le plus Neko fut le regard que lui lança l’animal. Ses yeux bleus scrutaient son visage et exprimait un magnétisme déroutant. Une conscience régnait dans cet être. Et une grande intelligence aussi.

Le tigre poursuivit son chemin, passant sous le nez du métamorphe. C’est alors qu’il remarqua l’enfant. C’était un petit garçon de trois ans à peine. Il suivait l’animal qui jetait, parfois, des coups d’œil derrière lui pour le surveiller. Neko remarqua aussi que le pelage du tigre était parsemé de tâches rouges. Il était blessé ! Suivant cette étrange équipe des yeux, Neko fut alors transporté en un éclair jusque devant une maisonnée, quelques mètres plus loin. Neko reconnut immédiatement l’endroit. C’était sa maison. C’était ici qu’il avait grandi, ici qu’il avait vécu, entouré de ses parents adoptifs. Le tigre et l’enfant ne tardèrent pas à le rejoindre. Neko commençait à comprendre…

Le tigre se retourna vers l’enfant et le saisit doucement par la gueule. Les canines aussi pointues que des dagues frôlèrent la peau blanche du garçonnet qui riait tranquillement, comme si de rien était. Puis la bête le déposa devant la porte. Neko observa le petit bout d’homme, assis sur la neige, s’amusant de son doigt à tracer des dessins sur le sol. Occupé à le regarder, le métamorphe s’aperçu que le tigre avait disparu. Et il ressentit un pincement au cœur.

Des voix, elles bien humaines, immergèrent de la maison où brillait une lumière. La porte ne tarda pas à s’ouvrir et un homme à la peau matte et à la barbe brune sortit sur le seuil. Baigné dans une clarté douce, le petit s’agrippa à son pantalon. L’homme rit et l’attrapa dans ses bras. Puis la porte se referma.

Neko avait reconnu son père adoptif. Et le tigre n’était autre que sa mère, blessée à mort, cherchant à sauver son petit. C’était à l’époque où les métamorphes étaient poursuivis et massacrés. Comme les sorcières, on les poursuivait car on les croyaient maléfiques et on les présentait comme des bêtes humaines, rien de plus. Son père et sa mère n’avait échappé à ce sinistre destin d’être tué. Il l’avait compris. Lui qui avait tant souhaité les retrouver comprenait maintenant qu’ils étaient partis, et pour de bon.

Alors qu’il fermait les yeux, Neko sentit une étrange chaleur l’envahir et une série de picotements agiter ses membres endoloris. Son crâne le faisait souffrir et ses muscles criaient leur douleur. Entrouvrant les yeux, Neko crut apercevoir un visage humain. Son regard était trouble mais il discerna les traits de sa compagne de route, Callisto. Sa beauté semblait aussi éclatante qu’irréelle. Était-ce encore une illusion que lui jouait son cerveau, comme le coup de la scène d’enfance, lorsque son père adoptif l’avait trouvé sur le seuil de sa porte ?

Puis ses yeux aperçurent lorsqu’il tourna légèrement la tête une drôle de bête, une sorte d’oiseau de feu, rien que ça. Sursautant légèrement, Neko se redressa et resta quelques instants à contempler la bête, alors que sa tête lui tournait. Se frottant le crâne, il s’exclama :

« Whoo ! C’est quel pokémon, celui-là ? »

Dieu seul savait ce qu’était un pokémon… Neko reporta son attention sur Callisto. Elle avait quitté son manteau qui se trouvait maintenant… aux pieds du métamorphe. Dans sa précipitation à se relever, il avait laissé choir la fourrure et se retrouvait nu une nouvelle fois. Ça allait presque devenir une habitude. Neko sourit bêtement, gêné de se retrouver dans cette position délicate, et se recouvrit du manteau en se frottant la tête.

« Je vois que… que vous êtes en pleine fo-forme… Callisto. »

Neko grelottait encore du froid dont il avait souffert mais sentait son corps revivre peu à peu.

« J’ai eu un peu-peu peur pour vous, je dois l’avou-vouer. Mais vous avez l’air… euh… super alors… tant mieux ! Aaaatchaa ! Oups... A mes souhaits. »

Neko avait attrapé un bon rhume, vous l'aurez compris.

A ces instants, Callisto était plus que pensive, réfléchissant de long en large à comment pouvoir atteindre le fragment qui était noyé sous les eaux glacées. Cela compliquait fortement les choses, d'autant plus qu'elle ne possédait aucun pouvoir aquatique, mais elle pourrait se servir de bien d'autres intermédiaires. Sans doute que le plus simple serait de demander à Neko lui-même, étant métamorphe, il n'aurait point de mal à prendre l'apparence d'un puissant poisson, ne serait-ce que pour au moins connaître la position exacte de l'objet convoité. Pourquoi ne pourrait-il pas le dégager lui-même? Car elle avait comprit que le jeune homme n'était au sommet de sa puissance et que les métamorphoses semblaient lui prendre beaucoup d'énergie. Lui en demander plus serait sans doute demander sa mort par la même occasion, et l'ange déchue n'avait pas besoin d'un tel poids sur la conscience. D'ailleurs, elle avait présentement une forme de dette envers lui, car femme de parole, elle n'oubliait pas qu'il lui avait en un sens sauvé la vie.

Alors qu'il sommeillait encore, les yeux rosés de la jeune femme se perdait dans le lointain, et la nuit commença à gagner le ciel. Les étoiles apparaissaient petit à petit, et elle s'aperçut que celle dont elle portait le nom brillait, comme un signe du destin. Cela rendait un peu Callisto nostalgique, mais sa nostalgie était mauvaise. Chassant cela de sa tête, elle fut surprise par le sursaut de Neko.

Elle le regarda alors avec un air étrange car elle ne comprenait pas son comportement et encore moins l'appellation qu'il donna à Belphor. Par contre, l'oiseau de feu n'apprécia pas ce curieux sobriquet, et ses flammes reprirent de plus belle sur son corps. Là, son regard perçant suivit l'allure du gringalet, silencieusement avant que Callisto ne lui fasse un signe négatif de la tête, montrant sa désapprobation. On pouvait aisément se douter ce à quoi il désirait.

La Faucheuse fut à l'image de son compagnon de volatile géant, muette. Son visage resta placide même à l'instant où elle put avoir une belle vue sur le corps dénudé de son ami de voyage, préférant ne pas faire de commentaire sur le sujet. Cependant, elle remercia le jeune convenablement car elle n'était point ingrate.

" Je te remercie Neko de ton aide. Tu m'as sauvé la vie et j'ai maintenant une dette envers toi. Mais le risque que j'ai pris en me laissant emporter dans les eaux, nous a révélé une information importante : la pierre que je désire réside au fond du lac gelé. Néanmoins, pour l'instant nous ne pouvons que nous reposer, alors assied toi et reprend des forces. "

Il était vrai qu'elle fut assez rigide dans ses paroles, mais ce n'était que des conseils et non des ordres, contrairement aux apparences. Elle semblait plutôt bienveillante, et agissait comme une mère qui priait à son enfant d'aller se recoucher alors que celui-ci était malade et entêté.
Ce fut alors qu'elle se rendit compte qu'elle n'avait pas encore fait les présentations avec l'oiseau mythique, et se rattrapa de sa faute.

" Neko. Je ne t'ai pas présenté notre ami. Il se nomme Belphor et comme tu le vois, c'est lui qui nous protège du froid et qui nous a transporté ici. Alors soit respectueux à son égard car je ne pourrais pas l'empêcher de te manger si tu venais à le froisser. Par contre, soit rassuré, son feu ne te brûlera pas, il n'émettra pour toi que de la chaleur. N'es point peur de te rapprocher de lui. "

Il était clair que dans l'immédiat, l'ange déchue n'était point réconfortante mais que voulez-vous, elle n'était pas là pour cela. De plus, elle n'était pas loin de la vérité dans ses paroles, car chaque créature qu'elle était capable d'invoquer avec leur propre libre arbitre, bien qu'ils obéissaient tous en priorité à Callisto. Cette complexe magie noire consistait à faire un pacte avec eux, un pacte où elle se sacrifiait en échange de leur puissance. La plupart du temps, c'était son énergie qu'elle remettait entre leur main, une énergie dont ils se nourrissaient. Mais d'autres créatures ne demandaient pas quelque chose d'aussi simple... parfois, elle se vit dans l'obligation de céder une part de son humanité ou de son âme. Mais à ses yeux, cela en valait la chandelle.

Ce fut alors que Belphot vint à briser le silence, et il s'adressa directement à Neko par le biais de la télépathie, seul moyen de communication qu'il possédait. Cependant, cela parut bien peu amical sur les premiers rebords.

* Toi, le métamorphe... Ne me prend pas pour un animal stupide, je préfère te prévenir. Mon ouïe est fine et je suis apte à lire dans les pensées si tel est mon désir. Je comprend parfaitement ton langage bien qu'il ne soit pas le mien. Cependant, je tiens à te remercier d'avoir sauvé la vie de Dame Callisto... *

Vous ne rêviez pas. Belphor venait en personne remercier le jeune homme. Pourquoi? Parce que sa relation avec la jeune femme était complexe, mais il fallait poser la question pour en savoir plus. En tout cas, l'animal ne s'adressa qu'à Neko, seul, Callisto étant à l'abri de ses émissions de paroles. Il semblerait qu'il ne voulait pas faire preuve de sentimentalisme directement avec elle.

En attendant, la Faucheuse semblait alors l'esprit ailleurs... sans doute cherchait-elle à trouver un moyen malicieux pour arriver à ses fins.

[excuse moi du retard!! Je travaillais et j'ai des horaires pas pratique, j'avais pas le temps de faire un poste convenable! J'espère que celui là t'ira en attendant.]

Invité

[No soucis ^^]

La réaction de l’oiseau de feu au sobriquet que lui avait affublé Neko fut immédiate et les flammes qui recouvraient son corps semblèrent crépiter avec plus d’intensité et vinrent même lécher le corps recouvert de fourrure du métamorphe qui crut bon de ne rien ajouter. La bête, qui n’en était pas vraiment une car pourvue d’une intelligence certaine, le fixa d’un regard noir qui ne laissa pas de place à un nouvel élan d’humour de la part de Neko qui préféra lui lancer un léger sourire voulant dire qu’il s’excusait ou quelque chose dans ce genre. Mais l’oiseau à l’air féroce continua de l’observer du coin de l’œil, prêt à lui ôter la vie au moindre faux pas. Callisto l’en dissuada d’un signe de tête. Elle le contrôlait télépathiquement ou quelque chose dans ces eaux là ? Le lien qui les unissait tout deux ressemblait plutôt à une sorte d’alliance ou d’entente mutuelle. Un donnant donnant. Presque une amitié entre les deux êtres puissants. Peut-être même étaient-ils liés par un sombre pacte.

Quoiqu’il en soit, Neko préféra ne pas attiser encore un peu plus les flammes de l’oiseau et tourna la tête vers Callisto, qui avait repris son habituelle froideur, après avoir été légèrement surprise par le réveil brutal de Neko. Se doutait-elle du rêve qui avait occupé son cerveau pendant son sommeil ? Ce même rêve avait fais naître en lui une mélancolie profonde et un malaise qui expliquait peut-être sa réaction en se réveillant. Il avait revu sa mère à l’époque où elle l’avait laissé aux soins de sa famille adoptive, deux braves gens d’un village montagnard. Ce souvenir si vivace demeurait encore dans son esprit et il revoyait le corps puissant et élancé de la forme animale de sa mère, blessée. Il avait immédiatement su qu’il ne la reverrait plus, que c’était comme une sorte de dernier sursaut de vie de sa mère qui apparaissait alors qu’il était lui-même sur le point de quitter la vie. Comme pour lui dire que son heure n’était pas encore venue, qu’il avait une mission sur cette Terre. Son interprétation était peut-être exagérée quant à sa mission mais il avait senti en revoyant cette scène de son enfance qu’il devrait continuer à se battre pour vivre. Il ne comprenait pas encore parfaitement quel était le rôle de ce rêve dans son existence mais il l’avait pris comme un signal comme quoi il devait continuer de vivre.

Son regard croisa alors celui de Callisto. Elle le regardait comme une mère regarde un enfant fragile. Ce pourrait-il que… ? Le rêve avait mis en scène sa mère et Callisto partageait avec elle ce même regard familier. Cette sorte de pureté maternelle qui émane des êtres qui nous sont chers. Hypnotisé par ce regard, Neko écouta évasivement ses paroles :

" Je te remercie Neko de ton aide. Tu m'as sauvé la vie et j'ai maintenant une dette envers toi. Mais le risque que j'ai pris en me laissant emporter dans les eaux, nous a révélé une information importante : la pierre que je désire réside au fond du lac gelé. Néanmoins, pour l'instant nous ne pouvons que nous reposer, alors assied toi et reprend des forces. "

Ainsi elle avait vu ou sentit la pierre qu’elle cherchait dans les eaux troubles et profondes du lac sous la glace. Callisto semblait vouloir ce fragment de pierre plus que tout au monde. Pourquoi ? Neko ne le savait pas et il était tenté de l’interroger là-dessus. Il voulait en savoir plus sur cette ange déchue qui l’avait touché en plein cœur par ses actions et son regard rosé. Peu importait à quel camp elle appartenait. Ca n’avait aucune importance pour le jeune métamorphe. Il ne croyait pas au Bien et au Mal. Pour lui, les êtres vivants étaient des créatures mues par leurs émotions et non pas par une mission divine ou ce genre de chose. Même Dieu n’échappait pas à la règle, il le savait. Les gens le voyaient comme un être puissant et sage mais il n’en était rien. Comme tout le monde, il avait fais des erreurs et des choix. Il n’était pas un Dieu d’amour. Ni un véritable Dieu d’ailleurs. Aussi Neko ne portait aucun jugement sur sa compagne, bien au contraire.

Alors qu’il la contemplait, Neko fut interrompu par les mots que Callisto prononça.

" Neko. Je ne t'ai pas présenté notre ami. Il se nomme Belphor et comme tu le vois, c'est lui qui nous protège du froid et qui nous a transporté ici. Alors soit respectueux à son égard car je ne pourrais pas l'empêcher de te manger si tu venais à le froisser. Par contre, soit rassuré, son feu ne te brûlera pas, il n'émettra pour toi que de la chaleur. N'es point peur de te rapprocher de lui. "

La proposition de se rapprocher du dénommé Belphor fut accueillit par un froid de la part du métamorphe. Il sourit à son interlocutrice en se grattant la tête, se qui signifiait un « sans façon » mimétique. C’est alors que l’oiseau de feu s’adressa directement à Neko, par langage télépathique. L’échange fut assez brutal et montrait que Belphor ne plaisantait pas et qu’il était une créature irascible. Néanmoins, il termina sa phrase sur une note d’apaisement en le remerciant d’avoir sauvé la vie de Callisto. Cette dernière entendait-elle ce qu’il disait ? Apparemment non puisqu’elle semblait regarder ailleurs, plongée dans ses pensées. Neko en profita pour répondre à Belphor.

* Excuse-moi si je t’ai froissé. Et c’est moi qui te remercie pour nous avoir aidé tout deux, même si je suppose que ta loyauté va principalement à dame Callisto. Sache que je ne lui veut aucun mal. Bien au contraire. Je… Comment dire… Je sens quelque chose en elle qui me rappelle une personne qui m’était proche et qui est aujourd’hui décédée. C’est sûrement ça qui me pousse à l’aider dans sa quête. *

Cette étrange confession faite à l’oiseau de feu s’interrompit du chef de la bête et Neko reporta son attention sur la belle ange déchue.

« Vous semblez dans vos pensées. Écoutez, si je peux vous aider à retrouver votre caillou, je le ferrai. Dite-moi, pourquoi le recherchez-vous ? Qu'est-ce que ça représente pour vous ? Je veux dire… Au delà du pouvoir, vous visez un autre but ? »

Neko espérait secrètement qu’elle était motivée par d’autres objectifs que le pouvoir. Il se rapprocha d’elle pour écouter sa réponse.

Callisto était toujours vraisemblablement absorbée par ses pensées, les yeux dirigés vers le ciel. En réalité, la jeune femme était en train de penser à tout ce qu'elle avait pu accomplir à ce jour, à tout ce qu'elle avait enduré et perdu. Elle et son compagnon absent, Abel, son oiseau d'infortune, avaient vécu plus de chose que l'on ne pourrait le croire. Ils étaient des rescapés de la vie dans tous les sens du terme. Rejetés, désaimés pour leur nature, ils avaient survécu aux catastrophes qui inondèrent l'île sur laquelle ils s'étaient tout deux trouver. Le corbeau y perdit un oeil, et l'ange déchue y gagna une douleur lancinante dans la jambe, qui, parfois, lui causait une démarche un peu penchante. Une immense cicatrice s'élançait sur sa cuisse, une marque indélébile. Elle était ange, c'est vrai, mais elle ne possédait aucun don de guérison. Une malédiction sans doute pour ses fautes, ou était-ce le destin qui lui jouait un mauvais tour. La jeune femme n'avait jamais compris pourquoi un être aurait-il certains pouvoirs et pas d'autres, la seule explication qu'elle y trouva était que cela devait se jouer sur l'âme et sur les actes, ou quelque chose d'égal. Pendant un temps, elle chercha à comprendre pourquoi le destin lui avait offert le don de magie noire, son insensibilité à la magie d'autrui, mais aussi le pouvoir des illusions. La noirceur, la froideur, et le paraître. Peut-être était-ce en cela que l'on pourrait la résumer? Non... Callisto était bien plus, mais elle ne le voyait pas elle-même.

Alors que son esprit était empreint de nostalgie et de conflit, Belphor détourna son regard enflamma en direction de Neko qui semblait faire preuve d'humilité à son égard. Cela lui plaisait bien mieux ainsi, car même oiseau magique qu'il était, il n'en était pas moins muni de sentiment. Froisser un animal mythique était une bien mauvaise chose à faire. Ce fut alors qu'il lui répondit avec simplicité.

* Il est vrai. Je ne fais allégeance qu'à seule Dame Callisto. Néanmoins, si ce que tu dis es vrai, alors je te serais reconnaissant de veiller sur elle. Dans les apparences, je ne suis liée à elle que par seul un pacte magique, mais je crois que j'aurais pu aisément lui venir en aide sans cette formalité. Cette femme possède un magnétisme étrange, elle nous attire sans le savoir, et sans le vouloir. Elle est capable d'incarner le visage de toutes les femmes. Néanmoins, je ne suis qu'un oiseau, je crains fort de ne point vraiment me connaître sur le sujet. *

Ce fut alors que Belphor s'enferma dans son mutisme de départ. Il ne souhaitait rien ajouter, peut-être en avait-il déjà trop dit. Cependant, la curiosité de Neko l'interpella et ses yeux s'embrasèrent. Peut-être avait-il un sentiment curieux, à trouver que le comportement du métamorphe était déplacé. Mais, Callisto n'en semblait point choqué. Ce fut lentement qu'elle tourna son visage ferme vers son interlocuteur, mais ses yeux n'inspiraient étrangement que de la douceur. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres rosées, et calmement elle annonçait alors :

" Je suppose que tu es en droit de savoir, étant donné que tu m'apportes ton aide... et j'aurais sans doute besoin de tes talents de métamorphe. "

Là, elle se tut quelques instants, le regardant toujours avec une pointe d'affection étrange et ce sourire indescriptible. Puis, finalement, elle répondit avec simplicité, comme si les questions demandées étaient banales.

" Mmmm... il est vrai que je ne vise pas le pouvoir en tant que tel, mais cette pierre, ce fragment, incarne un atout et un outil qui pourrait m'amener à l'avènement de mes objectifs. J'en ai besoin pour en faire une force supplémentaire. Peut-être que gagner un pouvoir de plus me donnerait encore plus confiance? Je ne saurais le dire, mais le posséder m'est subitement apparu comme une évidence. Pour ce qui est de ce que je cherche à atteindre, il n'est autre que renvoyer la monnaie de ceux qui sont responsables de mes malheurs. "

Ce qu'elle ne disait pas, c'était qu'elle visait haut, car c'était tout un peuple dont elle souhaitait mort, et ce n'était autre que ses anciens compatriotes, les anges eux-mêmes. Mensonges, hypocrisies, voilà ce qu'elle leur reprochait mais bien plus encore, car ils firent de sa vie celle d'une martyr à ses yeux. Rien que l'évocation de ses souvenirs la mettait en colère, d'autant plus que cela ranimait ses peines.

Puis ce fut alors qu'elle fixa Neko de ses yeux rosés.

" Est-ce que mes réponses satisfassent ta curiosité? Souhaites-tu savoir quelque chose d'autres? Je suis disposée à te répondre, alors profites-en... cela ne sera pas toujours ainsi. De plus, cela remplira une partie de ma dette. "

Callisto était une femme qui estimait qu'elle n'avait rien à cacher, et cela était vrai. Elle n'avait pas honte de ses actes, bien que cela lui valait quelques douleurs inconscientes. Cependant, parfois certain sujet lui était douloureux, mais exceptionnellement, elle pourrait en conter un peu à ce jeune voyageur et ami de fortune. De toute façon, ils étaient coincés dans cette grotte pour la nuit....

Invité

Les excuses adressées à Belphor firent mouche. L’oiseau de feu, animal mythique issu d’un passé sans doute lointain, qui ajoutait une noblesse certaine à sa puissance, répondit au métamorphe avec simplicité, lui expliquant le lien qui l’unissait à Callisto. Comme il s’en était douté, une sorte de pacte magique avait été scellé entre eux deux. Sans doute une magie obscure et ténébreuse entourait l’alliance de ces deux êtres, faite de concessions, d’échanges et de sacrifices plus ou moins importants. En tout cas, Belphor avait sans doute reçu des compensations de la part de Callisto pour acquérir sa fidélité et son aide, précieuses en toutes circonstance.

Mais quelque chose d’autre, doué d’une profondeur bien plus certaine que l’apparence d’un pacte uniquement de nature magique, unissait cette fois-ci les deux âmes. Quelle ne fut pas sa surprise pour Neko de retrouver chez un animal puissant et fier comme Belphor ce même sentiment qu’il éprouvait pour Callisto, cette attirance pour une femme qui magnétisait ses interlocuteurs et ses compagnons, comme nul autre être n’en était capable. Bien que la modestie soudaine de l’animal mythique lui fasse dire qu’il était ignorant dans le domaine humain de percevoir les sentiments des autres, Neko sut qu’il possédait un savoir bien réel quant aux affres de l’humanité et qu’il cachait bien plus de connaissances qu’il ne voulait le laisser paraître. Belphor avait vu juste quant à l’attirance que chacun ressentait pour Callisto. C’était réel et cela avait ravivait la curiosité naturelle du métamorphe.

Callisto l’avait comme tiré d’une transe méditative au cœur de la forêt. Il vivait alors sous la forme animale qu’il affectionnait le plus : le chat. Dans cet état étrange depuis le cataclysme qui avait frappé les terres du Yin et du Yang, il avait perçu la présence d’une âme d’une puissance destructrice. Lui qui croyait avoir perdu toute forme humaine et tout sentiment humain, s’était vu comme inexorablement attiré par une sorte d’appel muet que seul son âme avait été en mesure d’entendre. Il l’avait alors découverte dans une petite clairière, un endroit où aucun être humain ne vivait ou ne pouvait la voir. La curiosité avait alors laissé place à la fascination pour cet être qu’il savait tourmenté. Elle avait vécu des moments horribles, cela s’était vu sur ses traits et dans ses yeux d’une couleur peu commune.

Et maintenant, Neko avait crut reconnaître en elle les derniers souvenirs de sa mère. C’était vraiment étrange qu’elle ait provoqué chez le métamorphe un trouble pareil. Un trouble qui perturbait sa neutralité habituelle et lui indiquait une marche à suivre peu commune. Peut être que Neko avait perçu la véritable Callisto, voilée par une enveloppe de souffrance et de colère envers ceux qui l’avaient éprouvé ? Parmi toutes les Callisto qui nichaient dans un seul et même être, sa forme la plus pure subsistait et tentait de résister au flot de haine qui motivait chacun de ses pas.

C’était une analyse intéressante et c’était peut-être cette « vraie » Callisto qui lui rappelait tant sa mère. L’aider à canaliser sa haine serait un projet intéressant à long terme, Neko n’en doutait pas. Mais pour l’heure, seule la pierre magique avait de l’importance aux yeux de Callisto. L’ange déchue expliqua calmement et avec une douceur non feinte que le fragment serait un outil indispensable pour acquérir d’autres pouvoirs et améliorer ses dons et sa puissance, déjà destructrice. Acquérir la pierre était devenu un objectif qui lui avait sauté aux yeux. Une motivation qui n’était autre que la vengeance, Neko s’en était douté. Le métamorphe avait d’ailleurs senti la tonalité haineuse de Callisto dans sa voix. Elle avait souffert atrocement à cause de ces gens. Et c’était tout à fais légitime pour un être tourmenté comme elle de vouloir réparation. Sans doute Neko aurait fais de même si il avait connu l’identité des assassins de ses parents. Mais jamais il n’avait pensé exterminer toute la race humaine pour autant.

Quoiqu’il en soit, il ne jugerait pas Callisto et se contenterait de l’aider. Peut-être un jour pourrait-il lui apporter plus qu’une simple aide pour trouver un caillou au fond d’un lac gelé.

" Est-ce que mes réponses satisfassent ta curiosité? Souhaites-tu savoir quelque chose d'autres? Je suis disposée à te répondre, alors profites-en... cela ne sera pas toujours ainsi. De plus, cela remplira une partie de ma dette. "

Callisto laissait à son compagnon l’avantage de la question. Peut-être avait-elle envie de parler de son passé et du pourquoi qui l’avait amené à vouloir se venger. Une sorte d’aveu guérisseur pour son âme tourmentée.

« Bien. Si vous me le proposez c’est que vous vous sentez prête à aborder des sujets qui vous font sans doute souffrir. Bien sûr, vous avez parfaitement le droit de ne pas me répondre, hein. Je ne vais pas vous forcez et je ne vois pas vraiment comment je le pourrai, d’ailleurs. »

Neko lança un regard en biais à Belphor qui irradiait la petite grotte d’une chaleur bienfaisante. Aucun doute que malgré leur conversation télépathique, il n’hésiterait pas une seconde à exécuter le métamorphe si Callisto en donnait l’ordre. Neko n’aurait aucun moyen de se prémunir d’une telle créature surpuissante. Par le moindre caprice de la part de la belle, il pourrait finir en charpies et en nourriture pour ver de glace ou oiseau de feu. Mais Callisto était une jeune femme intelligente. Elle avait encore besoin de Neko et quelque chose en elle lui inspirait confiance.

« Qui sont les gens dont vous voulez vous venger et… Pourquoi ? »

C’était sans doute la question qui fâchait et Neko avait décidé de rentrer dans le vif du sujet.

L'ange déchue semblait avoir titillé l'intérêt de son camarade de voyage, voilà qu'il désirait en savoir un peu plus sur son compte. Bien qu'en règle générale la jeune femme ne perdait pas son temps à raconter son histoire, pour cette nuit, elle le pourrait aisément. Malgré sa puissance, lorsqu'elle avait été dans ce lac gelé à l'abandon de ses pensées et sa concentration, Neko n'avait pas hésité une seule seconde à la secourir, sans rien demander en retour jusque là. D'ailleurs, il n'avait pas l'air de désirer quoique se soit pour son altruisme, une chose appréciable car bien des misérables profiteraient de la situation face à une femme de parole. Et comme elle ne cessait le dire depuis le début, elle lui devait une dette... et puis, étonnamment elle commençait à l'apprécier le petit bonhomme. Oui, petit bonhomme car sans nul doute que leur âge les séparait grandement, Callisto était une ange dont le temps ne faisait que la frôler, sans doute centenaire, même elle n'en avait aucune idée... Neko, jeune métamorphe fringuant, sorti sans doute de l'adolescente depuis peu pour devenir un homme vaillant.

Alors que le jeune voyageur prenait ses précautions dans son désir de savoir, Callisto lui sourit. C'était assez aimable de sa part de se préoccuper des peines que cela pourrait lui causer. Une attention délicate que ne négligerait pas l'ange déchue. Cependant, elle lui avait permis de poser les questions qu'il désirait, quelle qu'elle soit. Ce fut avec douceur et gentillesse qu'elle le rassura alors.

" Ne t'inquiète pas pour la souffrance que cela peut me causer. J'ai appris à détourner le mal pour en faire une force. Mes douleurs me permettent de ne pas oublier mes objectifs, et paradoxalement, me rappelle que je suis toujours en vie. Et tant que je vis, j'irais jusqu'au bout. "

L'esquisse qu'elle avait sur son visage laiteux semblait soudainement plus triste, plus affectée jusqu'à ce qu'elle reprenne du poil de la bête. Là, Neko se montra direct et posa sa question sans hésitation. Belphor avait craint que cela soit ce sujet, et il pointa ses yeux sur le jeune homme avec une certaine colère, mais Callisto répondit alors avec simplicité.

" Et bien, les gens que je méprise sont les anges mon jeune ami. Et pourquoi, pour cela je vais devoir te conter l'histoire d'une pauvre naïve. "

L'oiseau de feu se détourna alors vers son invocatrice, avec une expression étrangement triste. C'était vraiment étrange sur le faciès d'un oiseau, mais lui savait déjà... et c'était pour cela qu'il avait notamment accepter de se lier à elle et de partager sa douleur et sa force.

Callisto s'assit alors plus confortablement, car elle savait que cela serait un peu complexe et long. De plus, elle avait toute l'attention de Neko, ce qui était une bonne chose car elle ne se répèterait certainement pas. Et là, comme une mère, elle raconta l'histoire qu'elle avait annoncé.

" Il était une fois, un archange qui désira un enfant, un enfant qui serait de son essence et de celle de son épouse. Il naquit de leur union une jeune fille, une fille aurait le nom d'une étoile. Mais son image était bien à l'opposé de sa pureté angélique, elle avait les cheveux noirs et des yeux au couleur de rose. Ce fut interprété comme un signe de mauvais augures par certains, notamment par la mère. Car vois-tu, peu de temps après, l'archange père mourut, sans jamais avoir eu l'occasion de s'occuper de l'enfant qu'il avait si ardemment désiré. Seulement, il n'avait pas pris en compte que sa compagne angélique n'avait désiré sa progéniture que pour le seul bonheur de son époux, mais puisqu'il n'était plus là.... On apprend aux anges qu'ils doivent aimer sans concession n'importe quel être, de façon égale et altruiste, aimer son prochain quelque soit ses fautes. Mais la réalité est bien différente, car cette mère ne réussit jamais à aimer cet enfant au physique de démone. Pourtant n'était-elle pas un ange? N'avait-elle pas des devoirs? Ceci la rendit folle, car non seulement elle savait qu'elle défaillait à ses attributions, mais sa fille ressemblait à son père par certains aspects, c'était ce qu'elle disait du moins. La mère n'osait pas porter son regard sur son enfant, elle n'osait pas la toucher, elle ne l'a jamais pris dans ses bras ni montrer une forme d'affection quelconque. Ce fut donc d'autres anges qui s'occupèrent d'elle, jusqu'à ce que la déraison prennent totalement possession de son esprit. Alors que la fillette était en âge de comprendre, ce fut elle qui se résolut à faire ce que cette mère n'eut jamais le courage de faire. Avec peine et humilité, la fillette demanda aux archanges de lui faire oublier qu'un jour elle eut une fille. Et vois-tu? De cela, la mère fut apaisée et reprit une vie normale. Parfois elle croisait sa fille sans la reconnaître, elle souriait mais passait son chemin..."

Callisto marqua alors soudainement une pause, elle expliquait donc le point de départ, l'élément déclencheur qui faisait que le doute avait commencé à inspirer ce qu'elle était autrefois, s'immisçant dans son cœur. Callisto était une ange née des anges, elle était pure à sa naissance, et elle démontrait qu'elle avait failli à cause de sa propre race, que sa pureté avait été entaché par son propre peuple.

" Plus tard, quand cette séparation ne torturait plus l'esprit de la fillette, elle devint adolescente, puis femme. Elle était réputée pour ses talents artistiques, pour son intelligence et également son dévouement. Elle était même prête à descendre sur terre pour sauver les Hommes. Mais elle en comprit jamais pourquoi on la persuadait qu'elle n'était pas encore prête. La raison? Le doute qui était dans le coeur des autres anges à son sujet... la mort de son père, la folie de sa mère... beaucoup ne pouvait se résoudre à penser que ce n'était pas une coïncidence car tout avait été déclenché depuis la naissance de l'enfant. Mais vois-tu, dans l'histoire il y avait un autre ange qui avait fauté... Il faut savoir que dans le monde angélique, seuls les anges y sont admis et personne d'autre, sous peine de l'exil ou de la tombée de la foudre divine. Mais un archange fauta car il fit entrer dans le royaume de dieu, un répouvé. Ce réprouvé ne savait pas lui même qu'il en était un, il avait tout d'un ange, bien plus à l'image de cela que la fillette maudite. Il était blond, il était beau et un regard azur. Son père était respecté, il avait tout pour lui. Mais il se trouva que le destin eut bon de rassembler ses deux êtres, l'ange maudite et le réprouvé. Ils s'aimèrent, O oui ils s'aimèrent d'un amour que l'on ne pourrait définir. Mais un jour, on dévoila la nature du répouvé, on le condamna à l'exil avec l'interdiction de revenir aux cieux. Cela demandait aux amants d'être séparé... Ho, elle aurait pu bien partir, mais les anges lui firent bien comprendre que cela serait indigne de sa fonction, qu'elle ne devait pas se montrer égoïste et que si son amour était pur, elle devait quitter l'homme qu'elle aimait, car vois-tu Neko. Cette femme portait en elle la vie, l'enfant de cette amour que l'on lui arracha. Elle n'informa pas son amant de cet heureux évènement, car si il avait su, il aurait défié le ciel et serait mort, quant à elle, elle avait les mains liées par son engagement angélique. Et puis, elle le quitta avec regret, lui cachant la vérité, lui laissant croire qu'elle ne le désirait plus. Plus tard, quelques jours plus tard... on vint lui apporter une nouvelle qui l'ébranla : son amant était mort, dans un combat contre son père archange. On ressusciter le père et lui effacèrent la mémoire.... Sa peine fut inconsolable, le chagrin était si puissant en son coeur, mais elle portait une partie de lui en son ventre... Mais ce bébé là, avait du sang souillé par le réprouvé, ce qui signifiait qu'il était déjà prévu qu'il n'est pas sa place. La jeune femme ne pensait pas que ses confrères pourraient lui faire cela, non... ils firent bien pire encore. "

Callisto racontait ce passage de l'histoire avec beaucoup d'émotion, car sa douleur était encore vive. Ce bébé, cette partie d'elle-même, tout ce qu'elle eut connu... cela ne guérirait jamais, même avec le temps, ce déchirement était toujours aussi vivace, comme si elle le revivait éternellement. Mais elle parvenait à contrôler la colère qui lui montait au nez.

" Elle finit donc par mettre au monde ce bébé. Mais n'eut-elle pas le temps de l'apercevoir, de le prendre dans ses bras, de savoir si c'était une fille ou un garçon, qu'on lui ôta de sa vue. Elle ne sut jamais ce qu'il en fut. Etait-il en vie? L'avait-on fait adopter par un couple terrien? Jamais, jamais on ne lui dit quoique se soit à ce sujet, on avait profité de sa faiblesse lors de l'accouchement, on lui raconta parmi ses larmes que c'était pour son bien, que moins elle en savait, plus rapidement elle reprendrait le chemin de la rédemption. Car oui, ils osèrent lui dire qu'elle avait besoin de se repentir pour avoir trop aimer et souiller le paradis. Sais-tu qui lui enleva son enfant et lui tint ce discours? Un archange... un archange qui venait d'être grand-père mais qui ne le savait pas. Là, ce fut autour de cette femme de perdre la raison, la douleur était trop forte et dans un geste ultime, scellant son destin, voulant enfin se libérer de ses chaînes qui la contraignait à faire partir d'un univers qui ne la souhaitait pas de toute façon, elle tua l'archange. Elle perdit à tout jamais sa pureté, elle perdit ses ailes et elle chut du ciel. Voilà le passé de cette femme, voilà pourquoi elle déteste les anges. Le plus ironique est de savoir que le mensonge de son ancien peuple ne s'était pas arrêté là, car lors d'une bataille qui la confronter aux gens qui se disaient de bien, elle se trouva face à ce qu'elle croyait la plus mauvaise des illusions, un mage prenait l'apparence de son amour perdu, de son amant... dans sa folie, elle ne put se résoudre à ce que l'on se moque d'elle ainsi, à ce que l'on prenne un plaisir sadique à ce jouer de ses sentiments, mais quand elle enfonça son arme dans la chair de ce méprisable.... elle se rendit compte que ce n'était pas une illusion. C'était lui... il n'était pas mort. Elle avait tué celui qu'elle avait tant aimé.... Elle a porté sa main sur lui, et est incapable de se le pardonner. Les anges avaient bien fait les choses.... jusqu'au bout, sa malédiction la poursuivrait, elle, l'ange pure qui avait été désiré puis rejeté. "

A partir de cet instant, Callisto se tut, le visage grave. Elle retenait sa rage, les poings serrés. Il y avait d'ailleurs une autre vérité derrière tout cela, c'était que son amant n'était toujours pas mort car les réprouvés étaient doués de résurrection, des individus qu'ils étaient difficile de se rappeler. Cependant, à l'époque, l'ange avait été naïve et ne se doutait pas de tel pouvoir... maintenant, elle le savait. Il était quelque part sur Cassilmena, quelque part loin d'elle... mais pourrait-elle obtenir son pardon? Si elle ne pouvait l'avoir, cela la tuerait sans doute et là, son humanité disparaîtrait à tout jamais.... alors elle fait le sacrifice de ne pas chercher encore à le retrouver, tant qu'elle ne possédait pas la force de l'affronter. Mais peut-être qu'un jour....un jour...

Invité

Lorsque Neko aborda le sujet frontalement, il sentit le regard pesant de Belphor s’abattre sur lui comme la foudre sur un arbre. Apparemment, il était loin d’apprécier les confidences de sa maîtresse et amie à celui qui n’était rien d’autre qu’un jeune voyageur bizarroïde et curieux, métamorphe de surcroît. Qui était-il pour questionner ainsi un créature si noble, comme un vulgaire journaliste sportif ? Callisto était d’une autre classe que ce métamorphe aux allures félines, trop poli pour être parfaitement honnête. Comme les chats, Neko devait avoir des idées derrière la tête et avoir son donnant au bout du compte dans cette quête qui, à première vue, ne concernait que la belle ange déchue. Il était apparu comme un cheveu sur la soupe, sauvant la vie de Callisto et maintenant, attirant ses confidences. Oui, Neko était plus louche qu’il ne le laissait croire. Et Belphor se demandait quand la jeune femme allait s’en rendre compte. Enfin, pour le moment, il était obligé de faire confiance au métamorphe car Callisto avait une dette envers lui et commençait à l’apprécier. Enfin, Neko se doutait que c’était dans les grandes lignes ce que pensait Belphor. Et ça ne pouvait être foncièrement faux. Un chat avait toujours un intérêt à aider certaines personnes ou bien à tuer certaines autres…

Mais pour l’heure, Neko était tout ouie, prêt à écouter l’histoire de Callisto. Une histoire qui ranimerait des blessures profondes, Neko s’en doutait. Mais sa curiosité le poussait à en connaître un peu plus sur le passé de sa compagne et sur ses répercutions sur son comportement et sa personnalité. Car Neko était finalement un chaton très freudien. Alors que Callisto lui souriait tendrement, Neko plongea son regard dans ses beaux yeux rosés et si hypnotisant. D’une beauté rare, Callisto prenait des allures de mère conteuse, comme si elle s’apprêta à lire une histoire à son bambin pour qu’il s’endorme. Touchant.

" Et bien, les gens que je méprise sont les anges mon jeune ami. Et pourquoi, pour cela je vais devoir te conter l'histoire d'une pauvre naïve. "

Les anges, bien sûr. Qui d’autres pouvaient être derrière les peines d’une ange déchue ? Neko ne connaissait ces êtres que de noms. Dans sa vie, jamais il n’en avait rencontré. A vrai dire, à part des montagnards et d’autres créatures un peu plus sophistiqués qu’il avait croisé dans les bas-fonds de la capitale, Neko n’avait jamais eu l’occasion de voir de ses yeux vu une quelconque créature extraordinaire. Tomber sur Callisto avait été une chance rare qu’il exploiterait à fond. Une personne si puissante et si meurtrie à la fois. Un cas vraiment très intéressant. Vraiment freudien, ce Neko.

Enfin, Callisto débuta son récit. Neko ne quitta pas une seule seconde sa bouche du regard et ses lèvres murmurer une histoire grave et d’une tristesse réelle. Elle était la fille de deux anges, il s’en doutait. Mais le soucis avait été que dans ce monde en blanc et blanc, les anges un tantinet sortant du moule ne pouvait avoir leur place au paradis sans compromettre l’équilibre des cieux. Cette vision des choses très conformiste et mettant en avant une soi disant « pureté » de la race, avait entraîné la jeune ange déchue sur la pente infernale de la destruction. Son père était mort et sa mère, devenue folle parce qu’elle n’aimait pas sa fille. C’était quelque chose de contre nature chez un ange et bien sûr, c’était Callisto qui en avait payé le prix.

Finalement, Callisto demanda aux autres anges de faire oublier à sa mère l’existence de sa fille, pour lui permettre de retrouver un équilibre. Ce qui se passa ensuite fut des plus éprouvant, et Neko le sentit au léger tressaillement de la jeune femme lorsqu’elle marqua une pause. Toujours écartées par les autres anges qui voyait en elle une créature de malheur, Callisto vécut recluse et crainte en secret de ses frères et sœurs. Sa mère était devenue folle. Son père était mort. Ce n’était pas des coïncidences. Pas au pays des anges où rien ne devait entacher la vitrine. Un monde d’apparence, finalement. Et des créatures bien imparfaites. Dieu était un vrai bricoleur, songea Neko pour lui-même, tandis que Callisto évoquait la rencontre qui allait bouleverser sa vie.

En effet, Callisto était tombée amoureuse d’un réprouvé, une créature issue d’un ange et d’un démon. Un amour véritable unit les deux êtres pendant quelques temps. Un lien indestructible. Paradoxalement, un amour plus pur que tout ces anges auto-proclamés maîtres de l’univers et garant du Bien. Le Bien, mais à quel prix ? Callisto avait subit les foudres de cette conception idiote du Bien et son amoureux avait été éjecté du Paradis sans passage par la case départ. Et le résultat fut que Callisto sombra encore un peu plus dans la dépression et le drame. Puis encore un peu plus lorsqu’elle appris que son amant était mort face à son propre père. Comme il était apparemment de coutume dans cette île aux enfants là, version épuration ethnique, le vieux eut la mémoire effacé et il reprit le cours de son existence tranquillement, comme si de rien n’était. Et pour finir, ce fut cet ange là qui lui arracha le fruit de son union avec son fiston : on priva la jeune mère de son bébé. Excédée, Callisto avait tué l’archange et était devenue une déchue. Fin de l’histoire.

« Donc vous avez été éliminé, et même pas par les téléspectateurs. C’est souvent les choix des autres candidats qui sont les plus durs. Dans ce monde sous-surveillance, c’est normal que vous ayez pété votre câble, si je puis dire. »

Callisto ne s’arrêta pas cependant là et reprit en évoquant une nouvelle de poids : son amant n’était pas mort ! Les anges lui avaient mentis. Pas des chouettes types, ceux-là. De vraies ordures, pensa Neko qui serait les poings, comme partageant la colère bouillonnante de la déchue. Mais le pire dans la tragédie qui composait la vie de Callisto, ce fut qu’elle tua son réprouvé car elle ne pouvait croire en sa survie. Triste, vous dites vous.

« Mazette… Ils n’y ont pas été de main morte, les bougres. Je suis vraiment navré pour votre… ami. Je comprend votre colère. Et j’irai jusqu’à dire que vous avez raison. »

Finalement, Neko avait eut la réponse à sa question. Sa curiosité était satisfaite. Mais Callisto l’intéressait encore d’avantage, maintenant qu’il savait ces détails. Jamais quelqu’un ne l’avait autant passionné depuis bien longtemps.

« Je vais vous aider du mieux que je le pourrais. »

Neko avait lâché ces quelques mots et frôlant la main de sa compagne et en ne la quittant pas des yeux. Il semblait respirer la sincérité et ne semblait rien vouloir en échange de son aide. Semblait, seulement…

Callisto pointa alors lentement ses yeux dans la direction du métamorphe, calmement, sereinement. Il semblerait que sa tension soit descendu, sa colère venait d'être de se voir atténuer pour un temps. Mais combien? Belphor lui-même, que l'on pourrait qualifier comme l'une des rares créatures proches de la jeune femme, savait qu'elle était comme les vagues. Parfois, elle s'échouait sur les rivages délicatement, et d'autres fois, elle fouettait la terre avec rage. On ne pourrait réellement dire que l'ange déchue était changeante, cependant, avec le temps, elle était devenue moins prompte à se laisser dominer par ses sentiments. Est-ce que cela signifiait que son coeur s'était endurci ? Oui, sans doute, après toutes les épreuves auxquelles elle dut faire face, mais en réalité, il y avait aussi derrière cela le revers de la médaille de sa recherche de pouvoir, tous ces pactes qu'elle avait fait avec maintes créatures du même genre que Belphor. Et il y en avait un grand nombre... car Callisto était passée maîtresse dans l'art de l'invocation. Et comme ses monstres mythiques n'appartenaient plus à ce monde, les faire venir et leur demander leur puissance, demandait beaucoup de sacrifices.

Quoiqu'il en soit, la réaction compatissante de son compagnon de voyage l'amusait assez. Ho, cela n'était peut-être pas ce genre de réaction que l'on pourrait attendre de la part de la jeune femme, mais elle ne pouvait s'empêcher de voir quelque chose d'enfantin derrière le masque de Neko, mais aussi bien plus, quelque chose qu'elle n'expliquait pas encore. Seul le temps pourrait avoir levé le voile sur cet impression.

Un léger sourire se dessina sur les lèvres de Callisto quand il utilisa l'expression "péter un câble" . Voilà bien un terme de jeune inconnu dans le vocabulaire de la demoiselle. Il semblait comprendre disait-il... et bien, si c'était ainsi qu'il voyait la chose. Mais quoiqu'il en aurait été, elle ne lui aurait jamais demandé de comprendre car il était extérieur à ce combat. Pouvait-elle le mener seule? Bien sûr que non, car c'était une mission suicidaire. Cependant, elle ferait en sorte que de rallier des gens qui partage ses convictions, voire peut-être ce qui se cherchait une cause ou un but...

Et là, le métamorphe lui offrit son aide une nouvelle fois, peut-être maintenant avec plus de conviction qu'à leur première rencontre. Les mots de la jeune femme se firent alors doux et aimable, empli de gratitude.

" Je te remercie Neko. Cela est bien noble de ta part, mais sache que m'aider n'est pas sans risque comme tu as pu le remarquer. Bien... il nous faut dormir un peu, demain une pénible journée nous attend. "

Là, sans dire un mot de plus, l'ange déchue s'allongea alors, comme une belle au bois dormant qui s'enfonçait dans un sommeil profond. Ses cheveux d'ébène lui tombèrent alors sur ses paupières closes, et plus rien ne sortit de sa bouche jusqu'au lendemain matin.

Là, à côté de ses deux jeunes gens, Belphor était toujours présent et le sommeil ne le prendrait pas, car il jouerait les sentinelles et les gardiens pour cette nuit. Là, l'oiseau de feu tourna les yeux vers Neko.

* Ma maïtresse t'a prié de dormir. Il serait sage que tu l'écoutes. Elle aura besoin de toi demain et de tes talents de métamorphe. Alors dors.... *

L'animal préféra alors soudainement détourner la tête de l'individu, préférant poser ses yeux sur la silhouette endormie de Callisto. Elle avait usé de bien de ses forces aujourd'hui...

Le lendemain matin....

Callisto n'était plus là, Belphor non plus. On pouvait sentir alors le froid s'immiscer dans la grotte, son vent glacial s'y engouffrer. On se rendait compte alors de l'utilité de l'oiseau de flamme. Mais si on portait son regard vers l'entrée, on pouvait discerner une silhouette féminine se dessiner. Ce n'était autre que Callisto dont le regard rosé était pointée vers le lac gelé.

" Nous avons une pierre à récupérer... "

Il semblerait que le temps se soit calmé, que le vent ne soufflait plus. Là, l'ange déchue déploya ses ailes noires immenses, un oeil vers l'arrière, puis elle semblait atteindre...

Invité

" Je te remercie Neko. Cela est bien noble de ta part, mais sache que m'aider n'est pas sans risque comme tu as pu le remarquer. Bien... il nous faut dormir un peu, demain une pénible journée nous attend. "

La voix douce et hypnotique de l’ange déchue caressa les oreilles du métamorphe et résonnèrent quelques secondes contre les parois de son crâne. Son regard posé sur son visage respiré la sérénité et le calme maintenant qu’elle avait terminé son récit, comme si une vague invisible avait effacé toute trace de souffrance de son visage et emporté le passé. Son histoire était sinistrement logique et sa descente aux enfers n’en avait été que plus dur. Jamais les anges, ses anciens frères, ne l’avaient à un seul moment arrêté de la juger, pour ne voir en elle que le rejeton qui avait conduit ses parents vers la mort et la folie. Une ange qui sortait du moule et qui devait donc être écarté, voir détruite. Neko ne considérait pas ces êtres comme des supérieurs ou quoique ce soit d’autres. Ils étaient des créatures imparfaites, le peuple de Dieu, aux règles strictes et arbitraires. Rien à voir avec un Paradis, en somme. Neko n’aurait jamais aimé vivre dans un tel endroit, c’était certain.

Callisto venait aussi parler du risque qu’il encourait si il l’aidait. La malédiction planait sur elle, ne l’oublions pas. Bien qu’il ne soit pas superstitieux, il est vrai que Neko admettait la malchance chronique de l’ange déchue, tout cela orchestré, presque involontairement par ses anciens comparses, les anges. Ces gaillards là devaient être vraiment irresponsables ou carrément manipulateurs et donc, mauvais. Des créatures soi-disant bénéfiques qui n’hésitaient pas à répudier l’un des leurs sur des critères peu rationnels, mais basé sur l’émotion. Ici, la peur de la différence. Mais bien que Callisto mena une vie dangereuse, de par son statut ainsi que sa volonté de vengeance, cela n’effrayait pas vraiment Neko. A vrai dire, le drôle de métamorphe ne craignait pas la mort, persuadé qu’il avait neuf vies. Comme quoi, à force d’être un chat, il avait un peu perdu les pédales.

Laissant là ses croyances, Neko acquiesça lorsque Callisto proposa de dormir. C’était la meilleure chose à faire et ils devaient récupérer de leurs efforts face au ver mangeur de chats et d’à peu prêt toute forme d’existence. Aussitôt dis, aussitôt fais, Callisto s’allongea et ferma les yeux. Elle ressemblait à une princesse si fragile et innocente, ses cheveux de jais inondant son visage pâle. Sans un mot, elle s’était endormie, alors que Belphor irradiait la caverne de sa chaleur bienveillante. La créature mythique ne tarda pas à conseiller à Neko de faire de même. Il en avait bien besoin, il est vrai, après ses escapades dans le lac gelé et face au ver de glace. Aussi s’allongea-t-il lui aussi, au côtés de Callisto, en veillant à ne pas déranger son sommeil. Puis il sombra dans les bras de Morphée, exténué et éprouvé par la journée.

Le lendemain matin....

Le vent froid et cinglant réveilla Neko, le tirant d’un sommeil sans rêves. La tête en compotes, il avait encore sommeil, mais le froid lui dicta d’ouvrir les yeux et de se lever, et au trot. La pièce était sombre, Belphor avait disparu. Callisto manquait également à l’appel, alors qu’elle avait passé la nuit près de lui. Il ne l’avait pas senti bouger ni se lever, trop fatigué pour se réveiller, plongé dans un sommeil de bûche. Belphor n’étant plus là, la caverne était maintenant exposée aux rigueurs du climats et au vent glacial issu de l’entrée. S’enserrant dans le manteau de Callisto, qui lui servait de seul habit, Neko se leva et se dirigea vers la sortie. C’est alors qu’il vit une silhouette se dessiner à quelques pas de lui, obstruant le passage de son corps fin et délicat. C’était Callisto.

" Nous avons une pierre à récupérer... "

Elle prononça ces mots en jetant un coup d’œil en arrière. Le jeune métamorphe hocha la tête avec un sourire naïf, comme si les deux compagnons s’apprêtaient à aller à la pêche. C’était certes une sorte de chasse, mais la proie n’était pas un brochet ou un saumon, ce qui n’aurait pas déplut à Neko, mais une pierre aux propriétés puissantes. Et Une pierre terriblement difficile à attraper, enfouie dans les profondeurs du lac. Pas une partie de plaisir. Et la question était : Est-ce que Neko aurait la capacité de se transformer en poisson ou autre animal pouvant respirer sous l’eau ? Et si oui, qu’est-ce qu’il découvrirait sous la mer ? Un gang de requins ? Ou peut-être bien pire, comme le laissait présager le ver tueur.

« D’accodac, mademoiselle Callisto. Je vous pêche ça et on pourra quitter cet endroit grave horrible. Après ça, que diriez-vous d’un bon chocolat chaud ? Je connais une auberge en bord de mer qui fais des chocolats exquis. Et des grillades de saumon fumé qui déchirent, à vous damner pour l’éternité ! »

Neko sourit de nouveau, s’enserrant dans sa fourrure.

« Ah euh au fait… Comment je récupère mes vêtements, moi ? »

Nouveau sourire, cette fois-ci gêné. C’était une question cruciale.

L'ange déchue se détourna alors lentement vers son camarade de voyage quand elle le sentit réveiller, élevant sa douce voix pour le prévenir qu'elle était déjà d'attaque pour trouver son fragment, car pour elle, elle le possédait déjà, et il était sien. Cela faisait déjà un petit moment que la jeune femme était réveillée, mais elle avait préféré laisser le jeune métamorphe dans les bras de Morphée encore pour un petit moment. Pourquoi? Parce qu'elle savait que Neko n'était pas au sommet de sa puissance en tant qu'être métamorphe, et elle savait d'autant plus qu'une transformation devait l'épuiser grandement. Cela incluait donc il avait besoin de bien plus de repos qu'elle. Mais avec le temps et l'expérience, le damoiseau finirait par rester frais et pimpant quelque soit la forme qu'il prendrait, ou tout du moins, c'était ce que pensait la jeune femme.

Mais alors que l'aventure n'était pas terminée, Neko pensait déjà aux projets futurs, comme celui de partager chaleur et boisson dans une auberge aux côtés de l'ange aux ailes noirs. Cela lui arracha alors un vague sourire. Il était bien rare de voir des jeunes gens qui souhaitaient continuer à entretenir une "amitié" avec une demoiselle de son tempérament et de sa réputation. Généralement, cela signifiait que l'individu avait des idées derrière la tête, il ne restait alors plus qu'à savoir qu'elle était les intentions du métamorphe à ce sujet. D'ailleurs, avant que Belphor ne disparaisse, celui-ci avait eu une discussion avec sa maîtresse et sur ses appréhensions à l'égard du jeune homme. Mais ce qu'ils échangèrent resta secret.

" Et bien mon jeune ami, nous verrons cela une fois que toute cette histoire prendra fin. En attendant.... "

A cet instant, Neko expliqua alors qu'il y avait un léger soucis, un problème avec sa nudité apparente. Callisto ne semblait pas le moins embêtée, peut-être parce que ce n'était pas elle qui se trouvait dans ses simples apparats? Non, simplement qu'elle n'était pas pudique. Elle avait déjà combattu nue comme un vers après un affrontement avec une créature de l'ombre, avec un vaillant humain du nom de Kumiko Akira. D'ailleurs, elle se rappelait avoir fait la rencontre de son fils bien après... elle espérait qu'il allait bien...

Ce fut alors que Callisto tendit les bras vers l'homme chat, comme une invitation à le prendre dans les bras. Cependant, il ne fallait pas y voir quoique se soit d'impudique, car l'explication allait être bien simple.

" Etant donné que tu vas devoir à nouveau te métamorphoser, je crois que dans l'immédiat des vêtements te serais superflus. Mais ne t'inquiète pas, je t'en fournirais une fois ta mission accomplie. Alors viens, je vais te porter jusqu'au lac. Là, tu plongeras dans les eaux. Je ne te demanderais que de me trouver le fragment dans ces profondeurs, si tu n'en possèdes pas la force, je ne souhaite pas que tu prennes la pierre. Je sais que tes transformations te demandent déjà beaucoup d'énergie. Une fois que tu l'auras topographiquement bien repéré, je ferais appel à ma magie pour aller le récupérer sans danger. "

Sans au final véritablement attendre une quelconque réponse de la part de son camarade, Callisto se saisit de lui, et l'enserra dans ses bras frêles, et ce fut avec étonnamment de facilité qu'elle le porta ainsi. Déployant ses ailes à nouveau, elle sauta du haut de la grotte pour plonger dans le vide. L'air était si frais qu'il flagellait littéralement les joues de la jeune femme, leur faisant alors prendre une coloration rosée. Ses cheveux se voyaient balayés par les courrants et le vent sifflait à travers ses plumes obsidiennes. Si il y avait bien quelque chose d'agréable dans le monde, c'était bien voler.

Mais ceci fut coupé rapidement, car ayant des ailes aussi grandes, l'ange déchue pouvait parcourir de longues distances rapidement. Là, avec délicatesse, elle déposa alors Neko, nu comme un ver, n'ayant sur le dos que seul le manteau qu'elle lui avait cédé. Le laissait reprendre ses esprits sereinement, sans crier gare, Callisto fit apparaître sa faux dans sa main et aussi mystérieusement que cette venue, la jeune femme donna un coup violent sur le sol de glace, la craquelant assez pour laisser place à une orifice, qu'elle agrandit à l'aide de multiples coups enragés de sa faux. Cependant, la damnée ne faisait pas cela sans faire preuve de réflexion, d'autant plus qu'elle savait la glace fragile, et capable de céder sous ses pieds à tout moment.

Une fois l'entreprise finie, elle se tourna vers Neko et lui sourit gentiment, lui faisant alors un signe de main en direction du trou d'eau gelée.

" Pardonne moi ma précipitation, mais nous n'avons nul temps à perdre encore. La vallée ne tardera pas à se montrer hostile si nous restons encore dans les parages. Maintenant, c'est à ton tour de rentrer en scène, montre moi tes talents et la justesse de tes propos d'hier, toi qui m'a assuré de vouloir m'aider jusqu'au bout. Va mais prendre garde. Je ne pourrais te secourir une fois immerger. "

Une terrible vérité. Sa nature angélique en faisait une piètre nageuse bien que, de temps à autre, elle semblait une sirène lorsqu'elle prenait des bains dans des lacs. Cependant, les profondeurs infinies n'étaient pas recommandées pour les êtres volants comme elle. Là, elle s'écarta alors quelque peu, laissant place à Neko. Et bien, il semblerait qu'elle allait pouvoir le jauger présentement... Jusqu'où serait-il près à aller?

Invité

Le problème vestimentaire de notre chat préféré fut vite réglé avec la promesse de la part de la donzelle aux cheveux de jais et aux ailes noires de lui fournir des vêtements secs une fois le boulot achevé. On s’aurait presque crut dans une mission commando. Ou un braquage de banque. Neko devait « voler » la pierre pour Callisto en plongeant dans « la banque » qui se trouvait être un lac gelé. Une chose qui n’était pas une mince affaire puisque des « chiens de gardes » ressemblant à des vers gluants et horriblement horribles étaient en embuscade pour lui bouffer une jambe par ci et un bras par là. Sans compter qu’il y aurait sans doute le lot de surprises une fois sur place. En se creusant l’esprit, on pouvait imaginer, allez soyons fou, un dragon mutant , Hum. Non, trop prévisible. Une carpe mangeuse d’hommes ? Pas assez crédible. Un singe avec une bouteille de plongée ? Non, trop risqué pour la pauvre bête qui finirait en glaçon avant d’avoir dis ouf. Bigre, Neko pouvait s’attendre à tout, il le savait.

Heureusement, Callisto précisait qu’il n’aurait pas à récupérer le bout de rocher si il ne pouvait pas. Tant qu’à faire, autant descendre la dessous pour rien, histoire de voir un peu ce qui se passe et d’y laisser quelques membres au passage. Chouette idée, vraiment. Bien sûr, Neko garda son cynisme de plus en plus habituel chez lui pour lui et acquiesça. Il acquiesça encore plus lorsque Callisto l’invita à le rejoindre auprès d’elle. Une invitation ? Le jeune métamorphe vérifia son haleine et se passa une main dans les cheveux. Mais ses espoirs furent vite déçus puisque ce n’était autre que pour voler qu’elle l’accueillait ainsi. En effet, une fois contre elle, Neko se sentit quitter la terre ferme avant d’avoir put dire quoique ce se soit. En quelques secondes, le vent lui fouettait le visage mais il resta agrippé fermement à l’ange déchue. Le voyage ne fut pas désagréable puisqu’il se sentait étrangement bien auprès de sa compagne de labeur. Une force rayonnante émanait de sa personne et l’irradiait comme un soleil. Drôle de métaphore lorsqu’on parlait d’une ange déchue.

Finalement, ils atterrirent sur la glace, à quelques mètres de l’endroit où ils avaient combattus la veille. Le contact avec le sol fut glaçant et Neko sentit monter en lui une sorte d’appréhension. Il n’aimait pas l’eau. Comme un chat, il craignait cet élément plus instable que lui. Déjà qu’il avait failli y rester quelques temps auparavant. Retenter l’expérience ne lui disait rien qui vaille. Vraiment rien. Mais il avait promis, un peu trop précipitamment d’ailleurs, à Callisto de l’aider jusqu’au bout. Ce serait un bon test de loyauté. Et Dieu savait que Neko avait besoin de la protection d’un être aussi puissant que Callisto. Cette sorte de nouvelle mère au pouvoir immense.

Abandonnant sa fourrure, dévoilant son dos nu à l’ange déchue, Neko fixa le trou béant dans la glace. Ca y est, se dit-il. Il allait devoir y aller, se lancer comme un nageur olympique visant la médaille d’or. Sauf qu’il n’y avait, au bout du compte, qu’une seule place qui comptait, les autres équivalant à la mort…

" Pardonne moi ma précipitation, mais nous n'avons nul temps à perdre encore. La vallée ne tardera pas à se montrer hostile si nous restons encore dans les parages. Maintenant, c'est à ton tour de rentrer en scène, montre moi tes talents et la justesse de tes propos d'hier, toi qui m'a assuré de vouloir m'aider jusqu'au bout. Va mais prendre garde. Je ne pourrais te secourir une fois immerger. "

Et bien. Au moins il savait à quoi s’attendre. Autant jouer à la roulette russe, ça irait plus vite et ça serait sûrement moins douloureux que de se transformer en iceberg ou bien de devenir de la nourriture pour poisson carnivore. Quoiqu’il en soit, Neko ne pouvait plus reculer désormais. Maintenant, s’imposait la question du changement de forme, à savoir le plus difficile. Car Neko n’avait pas osé avouer à sa compagne qu’il n’avait jamais tenté l’expérience de se changer en poiscaille auparavant. Se métamorphoser en chat était une chose, en poisson, c’en était une autre, bien plus ardue et dangereuse. Vraiment très dangereuse. Mais Neko n’avait pas le choix et il tenterait de faire comme il pourrait. Il avait réussit à nager en ours. Il pouvait peut-être retenter l’expérience ? Non. La métamorphose en une si grosse bête ne se faisait pas d’un claquement de doigt et il fallait une parfaite forme physique, là où Neko était courbaturé et épuisé par le combat précédent, malgré une bonne nuit de repos.

« Bon. Comme dirait un philosophe dont le nom m’échappe, quand faut y aller, faut y aller. »

Prenant sa respiration, Neko plongea dans l’eau glacée. Au contact de l’eau, ses muscles se crispèrent et sa peau brûla, comme si on l’avait frappé à coup de fouet. Impossible de se transformer en poisson, bien sûr. Ni en ours. Il n’avait que ses jambes et son temps limité de survie avant de mourir noyé. Ne perdant pas de temps, Neko commença à nager en direction du fond marin, guidé par la lumière du jour qui pointait à la surface. Mais les mouvements rapides de ses jambes s’amollirent peu à peu. Au fur et à mesure qu’il avançait, Neko sentait sa tête lui tournait et un martèlement horrible ébranlait sa boîte crânienne, comme si on le cognait à coups de marteau. Bing. Bing. Ça faisait vraiment mal. Mais le métamorphe devait faire preuve de courage et d’obstination. Il devait trouver la pierre.

Alors que la surface n’était plus qu’un point loin au dessus de lui, le regard de Neko se troubla. Ce qu’il distinguait avec discernement se voilà et apparut alors une étrange lumière, juste en dessous de lui. Il n’y voyait plus grand chose et ses bronches réclamaient de l’air qui n’arrivait pas. Vraisemblablement, il ne tiendrait guère plus que quelques secondes à cette température et sous l’eau. Oui, le métamorphe sentait son heure arrivée, plus vite que prévue. Bah, c’étaient les risques du métier. Un être meurt, un autre vit. C’est dans l’ordre des choses.

Non.
Il devait se ressaisir. Il devait réussir. Pourquoi ? Parce que son instinct lui dictait de survivre. De grandes choses allaient se passer et il devait vivre pour les voir. Et pour y participer. Neko ne croyait en rien, si ce n’est au destin et au hasard. La chance gouvernait la vie d’un être. Et Neko se devait d’écouter sa propre chance, comme l’écho de son âme. Aussi devait-il vivre, c’était un devoir que lui imposait cette loi en laquelle il croyait. Bien sûr, il n’y avait là aucune rationalité. Ce n’était qu’une décision prise selon un vague instinct primaire. Mais Neko était comme ça. Et tenter de le comprendre dans ses actes serait impossible. Peut-être était-il fou finalement ? Après tout, il avait suivi Callisto par instinct et risquait sa vie sur une intuition dont il ne connaissait absolument pas les conséquences. Neko était un joueur et il flambait.

Et son jeu de carte comportait un joker. Son pouvoir. Peut-être ne pouvait-il pas se transformer en poisson, mais il devait être capable de pouvoir respirer comme un poisson. Malgré qu’il manque d’air, malgré son aveuglement, Neko se concentra, serrant les dents et les poings. Il devait voir en lui-même la créature qu’il allait devenir. Avoir foi en sa propre capacité biologique. Il devait ouvrir les portes de son âme et puisait à l’intérieur de lui-même la force nécessaire pour parvenir à ses fins. Une minute suffit pour savoir si il avait réussit où pas.

Ce ne fut que lorsqu’il recouvra la vu qu’il sut qu’il n’avait pas échouer. Enfin pas en totalité. Il respirait laborieusement et sa gorge lui faisait atrocement souffrir, comme si on y avait enfoncé un pic. La souffrance le faisait même pleurer mais les larmes se diluèrent dans l’immensité aqueuse. Il devait faire abstraction de sa douleur pour se projeter en avant sur sa mission. Ne penser qu’à ça. Qu’à son « casse ».

Le cristal scintillait. Il voyait exactement où se trouvait la pierre désormais. Ne restait plus qu’à remonter à la surface car sa mission était accomplie. Maintenant qu’il avait topographie le terrain, il ne devait pas tarder à rentrer au bercail. Se mouvant comme il le pouvait, Neko nagea vers la surface, laissant derrière lui sa trouvaille et priant pour ne plus jamais avoir à retourner dans ce genre d‘endroit à l’avenir. Chaque battement de jambe le rapprochait peu à peu de la sortie, de son salut. Finalement, il allait peut-être s’en sortir, et sans trop de dommages collatéraux.

Enfin c’était vite dis. Car alors qu’il nageait jusqu’à la surface, Neko sentit quelque chose le frôler. A croire qu’on tournait ici une scène d’un remake des dents de la mer. Peut-être un navet indien ou pakistanais. Et Neko en était l’acteur principal. Un honneur dont il aurait préféré se passer. Ne voyant absolument pas ce qui se passait, le jeune métamorphe commençait à angoisser et à s’imaginer en repas pour bestiole du fond des mers.

Mu par son instinct, Neko arrêta de bouger, espérant un peu naïvement qu’en arrêtant tout mouvement, cela chasserait la bête à sa poursuite.

Contre toute attente, cela marcha. C’était un peu gros, digne d’un navet indien ou pakistanais, mais du moment que Neko s’en sortait, il s’en fichait pas mal. Il parlerait au réalisateur plus tard et démissionnerait par la même occasion. Cette fois-ci, il put regagner la surface sans crainte, ses branchies disparaissant lorsque sa tête fit irruption et brisa la surface lisse que formait l’eau. Haletant comme un chien qu’on vient de sauver de la noyade, Neko se traîna jusqu’aux pieds de Callisto, sortant son corps meurtri et gelé du piège glacé. Il avait réussi par un miracle insoupçonné. Lorsqu’il se releva devant l’ange déchue, il fut étonné qu’elle ne réagisse pas à son retour miraculeux. Elle serait si peu touchée qu’il soit en vie ? Il avait fais ça pour elle quand même. Un peu de gratitude aurait été la bienvenue. Soupirant, Neko dit tout haut :

« Et bien surtout, ne montrez pas votre joie de me voir sain et sauf. Ça me ferrait de la peine. »

A peine eut-il prononcé sa phrase que l’ange déchue sursauta. Elle tourna la tête, chercha autour d’elle la source de la voix.

« Mais qu’est-ce que vous faîtes, miss ? Je suis quand même pas invisible, non ? »

Neko baissa les yeux pour se prouver qu’il était bien là en chair et en os mais découvrit avec effroi qu’il avait disparu ! Sans doute son pouvoir de se rendre invisible s’était-il activé comme une auto-défense biologique face au prédateur des fonds marins.

« On va avoir un petit problème, là. Quoiqu’il en soit, je sais où se trouve votre pierre alors trifouillez dans ma tête et récupérez là au plus vite. Et si vous pouviez me rendre mon corps, ce serait pas un mal. »

Il fit à Callisto un sourire invisible et attrapa sa fourrure, histoire que l’ange déchue puisse le localiser.

La nuit avait été plus douce que prévue, sans doute que la chaleur de Belphor l'oiseau de feu y était pour quelque chose, apportant une impression rassurante dans une atmosphère qui se voulait glaciale. Généralement, la seule compagnie qu'avait Callisto était son compagnon Abel, absent pour cette fois là, car elle avait estimé que le danger était trop grand pour un volatile comme lui, soit ses invocations, bien qu'elle ne venait que rarement à de pareilles extrémités. Après tout, elle ne cherchait pas spécialement la compagnie de qui que se soit, c'était son destin qui avait scellé la solitude qui était la sienne. Elle avait sans doute encore quelques frayeurs de perdre des êtres auxquels elle pourrait tenir plus que tout... elle en avait été et est toujours meurtrie dans son coeur... elle ne supporterait sans doute pas encore que la vie de gens qu'elle apprécie se voit gâcher.

Néanmoins, l'ange déchue avait l'esprit clair et posé, tout comme ses membres qui ne lui causaient plus aucune douleur. Peut-être que le froid en atténuait aussi l'effet? Elle ne saurait le dire mais elle était confiance car elle ne pouvait échouer, c'était inconcevable. Elle désirait ce fragment, elle obtiendrait donc, un point c'est tout. Entêtée, elle avait toujours été aussi loin que l'on put la connaître et comme sa détermination était aussi grande que sa volonté...

Après avoir donc effectivement creuser un passage dans la glace, permettant alors au métamorphe de jouer de ses arts de transformation, elle se détourna vers lui, peut-être avec un peu de sévérité dans son sérieux, mais cela démontrait qu'elle ne plaisantait pas. C'était important pour elle, et Neko le savait. Il lui avait fait une promesse, il ne manquait plus qu'il la tienne simplement. Cependant, même si cet ami d'infortune devait échouer, certe, sa déception serait grande, mais elle ne lui en tiendrait pas rigueur. Pourquoi? Parce qu'il se verrait lui même ronger par une promesse non tenue, et puis, sachant parfaitement les capacités du jeune homme, Callisto savait que le fait qu'il essaye de son plein gré était déjà énorme. Bien peu de personne ferait preuve d'autant de générosité et d'altruisme envers son prochain, car Neko savait qu'il n'avait vraiment rien à gagner dans l'histoire et pourtant.... il tentant l'impossible.

D'ailleurs, celui-ci tenta de se donner du courage sur une pointe d'humour qui ne défrisa pas une seule secondes le visage impassible de la Faucheuse. N'allez pas croire qu'elle n'avait pas d'humour, bien au contraire, elle savait aisément user de sarcasme de d'un bon répondant mais l'affaire était beaucoup trop important. Peut-être qu'une fois qu'elle aurait la pierre en main, elle se détendrait... Muette, elle suivit la silhouette juvénile et dénudé de son camarade, et ses paupières se fermèrent au même instant où il disparut dans les eaux glacées...

Ce fut donc là que le temps s'écoula, semblant si infini et interminable...

L'ange déchue avait son regard perdu sur l'immensité blanche de la vallée, celle-ci semblait apaisé et ne crachait pas son souffle froid de la même intensité que la journée précédente. Il n'y avait aucun animal à l'horizon, le néant, un désert de glace. C'était dans des lieux comme celui-ci où l'on comprenant le sens même de la solitude et du rien, pourtant, un sentiment de liberté et de sérénité envahissait la jeune femme. Puis elle repensa alors à ce que lui raconta Belphor lorsqu'elle s'était réveillée et qu'il reparte pour son univers enflammé.

* Ma chère... tu sais que ma loyauté à ton égard va plus loin que le pacte qui nous lie. Tu as su par ta détermination gagner mon respect et quelque soit ta cause, j'en donnerais ma vie, bien qu'elle soit immortelle et donc possède peu de poids. Mais je me méfie de ton voyageur. Il est jeune, et d'une race changeante.... leur nature est sauvage et il pourrait aisément se retourner contre toi si tu venais à ne pas être trop prudente, bien que je ne me fasse guère de soucis sur cela... mais on ne sait jamais comment agisse les Hommes. Reste sur tes gardes... bien que je sais qu'il existe des êtres que l'on dit infiniment bon, il y a en tout être une part perfide. Cette volonté qui l'a eu de te suivre et de risquer ainsi sa vie pour toi sans te connaître.. je trouve cela suspect. *

* Ton attention à mon égard t'honore mon ami. Je me montrerais digne de l'affection que tu me portes. Je me tiendrais sur mes gardes. La prudence est mère de sûreté... je serais donc méfiante comme au premier jour. Lorsque je l'aurais sondé, je m'aviserais sur son cas... *

Voilà ce qu'elle avait échangé avec son invocation avant qu'il ne s'évanouisse. Et peut-être que le fait d'envoyer le jeune homme dans les profondeurs, lui confiant une mission à risque était sa façon de le tester. Mais alors qu'elle perdait patience ou pressentait une chose mauvaise, brutalement, son attention fut retenu par le trou dans la glace. Il n'y avait pas de vent et pourtant l'eau était troublée, cela signifiait que Neko remontait mais.... personne. il n'y avait personne. L'affaire se corsait.

Là, soudainement, une arme apparut sur ses avant bras, deux gants munies de griffes acérées, digne des plus grands félins ou rapaces, dont on pouvait aisément deviner la puissance d'attaque. L'idée de voir sa chair déchirer par ses mains là était assez effrayant... Prudence donc.

Puis ce fut alors qu'elle eut droit à une remarque de Neko mais c'était incompréhensible, il n'était pas là! Elle ne le voyait nul part. Usait-il d'une illusion? Est-ce que les mots de Belphor prenait alors tout leur sens? Non... Callisto était aussi passée maîtresse dans l'art de montrer ce qu'elle désirait, si on venait à lui renvoyer un sort et faire en sorte que cela porte une incidence sur son esprit, il fallait être d'un niveau égal ou plus élevé que le sien, car elle en connaissait toutes les ficelles.... Elle savait que Neko n'était pas de ce registre... donc c'était forcément autre chose.

La voix du jeune homme revint et les yeux de Callisto balayait les environs, cherchant alors la source du son. Elle avait une vague idée d'où il pouvait se tenir, bien que.... tout ce qu'elle pouvait vraiment affirmer, c'était qu'il était à ses côtés. Quand elle comprit qu'en réalité tout cela était la manifestation d'un nouveau pouvoir du jeune homme, la tension retomba rapidement, et les armes qu'elle avait en main disparurent comme par enchantement, ce qui n'était pas loin de la vérité. Là, elle poussa un long soupir et sereinement, elle se détourna vers son... manteau. C'était étrange de le voir flotter ainsi.

" Je tiens à rectifier... tu as un problème. Il semblerait que tu possèdes le pouvoir d'invisibilité... Je suppose que tu n'as même pas pris conscience de ce qu'il en était lorsque tu étais sous l'eau? Cela doit être un réactif d'auto-défense de ton inconscient... les pouvoirs apparaissent toujours sous le coup de l'émotion la première fois... je sais de quoi je parle.... Mmmmm.... il faut que tu te concentres et que tu es assez de volonté pour désirer réapparaître. Tu n'as plus rien à craindre maintenant que tu es prêt de moi. Et je te remercie d'avoir accompli ta mission. "

Callisto trouva le moyen de sonder l'esprit de son ami alors qu'il était en train de se sécher dans le manteau de la belle. Elle usait encore d'un pouvoir peu évident de la magie noire qui lui permettait de voir à travers les yeux de Neko, ou tout du moins, ce qu'il avait vu, comme si elle revivait la chose à travers ses souvenirs. C'était une magie qu'elle ne pouvait pas utiliser de nombreuse fois et qui avait ses risques, comme tout ce qui touchait à la magie noire.

" Bien. J'ai vu... je sais où elle est. Je l'a fait mienne dès cet instant. Pendant ce temps, essaye de te concentrer et retrouve ton apparence normale.... il ne me faut que quelques minutes pour la sortir des eaux. "

Dans un mouvement où elle tourna le dos à son camarade, la jeune femme balança ses cheveux en arrière qui donnait l'impression de danser dans un ballet où volait des fils de soies noires. Puis l'ange s'avança près du trou creuser et elle ferma les yeux. Dans un rituel énigmatique, elle tendit alors ses mains au dessus de celui-ci, et une aura obscur commença à s'échapper de son corps, un peu de la même manière quand elle invoqua le Léviathan la journée précédente, mais c'était tout autre chose.

Une nuée danse et noire sortit des paumes de ses mains, prenant alors une forme serpentine nuageuse, puis violemment s'enfonça dans les eaux, tout en restant accrocher à Callisto comme des cordes à tête chercheuse. La jeune femme était immensément concentrée sur ce qu'elle faisait, elle ne pouvait pas se laisser déraper... elle sentait l'énergie de la pierre de plus en plus forte, elle sentait sa magie, sa puissance même si ce n'était qu'un maigre fragment.

" Là ! "

Elle venait de la trouver. Et comme si des mains soigneuses se saisissaient d'un objet précieux et fragiles, les serpents de brumes qui s'étaient enfoncés dans les abîmes l'entourèrent. Ainsi enveloppée, le fragment se vit entraîner en direction de la surface, on pouvait voir une petite lumière briller dans la noirceur du nuage qui surnaturellement se déplaçait dans les eaux. Puis en quelques secondes, il apparut aux yeux de tous, devant Callisto, le fragment, la pierre, le pouvoir!!!

Là, sa magie d'ange déchue disparut et d'un mouvement rapide, sa main se resserra alors sur la pierre. Un sourire satisfait se dessina alors sur ses lèvres rosées. Elle l'avait enfin en sa possession, enfin...

" Neko... je l'ai enfin... tout est fini. Nous allons pouvoir repartir... "

La Faucheuse affichait alors un sourire encore plus grand, elle était aussi soulagée que tout soit fini, car mine de rien, tout était éprouvant. Ce fut calmement alors qu'elle rangea la pierre comme si de rien était dans son corsage. Oui, oui... son corsage. Personne ne viendrait la récupérer à cet endroit, et si un audacieux ce le permettait, il serait aussitôt amputé d'une main. Mais maintenant qu'une chose venait d'être finie, un nouveau problème se présenta... sauf que cette fois, c'était pour le métamoprhe.

Invité

" Je tiens à rectifier... tu as un problème. Il semblerait que tu possèdes le pouvoir d'invisibilité... Je suppose que tu n'as même pas pris conscience de ce qu'il en était lorsque tu étais sous l'eau? Cela doit être un réactif d'auto-défense de ton inconscient... les pouvoirs apparaissent toujours sous le coup de l'émotion la première fois... je sais de quoi je parle.... Mmmmm.... il faut que tu te concentres et que tu es assez de volonté pour désirer réapparaître. Tu n'as plus rien à craindre maintenant que tu es prêt de moi. Et je te remercie d'avoir accompli ta mission. "

Il avait un problème ? Sans blague. Franchement, il n’avait rien remarqué. Oh, il lui manquait juste son corps, évanoui dans les eaux troubles et froides du lac gelé, mais à part ça, notre métamorphe ne voyait pas où était le problème. Le pouvoir d’invisibilité ? Ca expliquerait qu’il soit devenu… invisible. C’était logique et une telle perspicacité de la part de sa compagne le toucha énormément. C’est bien. Au moins elle avait le sens de l’observation et avait compris ce qui lui arrivait sans trop de réflexion. Une vraie Sherlock Holmes en puissance, c’était bon à savoir. Il aurait pu tomber sur pire que ça. Un débile profond qui serait parti sans comprendre quoique ce soit à la situation. Ou un sadique qui l’aurait abandonné dans la froideur cinglante du désert de glace, en sachant pertinemment ce qui lui arrivait. Un réactif d’auto-défense ? Oui, c’était normal après avoir failli terminer dans l’estomac d’une bestiole des profondeurs, une pieuvre géante ou un autre monstre marin de cette espèce là. Enfin un gros machin qui en le frôlant, avait déclencher, sans qu’il en ait véritablement conscience, un mécanisme biologique, lui permettant d’échapper à son prédateur en devenant invisible. Enfin, si cette situation était permanente, il aurait deux mots à dire à son système d’auto-défense à la noix.

Quoique. En étant invisible, beaucoup de possibilités s’offraient à lui. Par exemple, visiter un vestiaire de joueuses de volley-ball après l’entraînement. Ou un collège pour jeunes filles. Il imaginait déjà leurs têtes en croyant qu’un fantôme hantait leur établissement scolaire. Et puis si il y avait aussi des professeurs sexy, le bénéfice était double. Et puis il pouvait aussi s’introduire chez les gens pour piquer de la nourriture et autres objets utiles à ses besoins. Et qu’il pourrait revendre à un prix d’or à des gens peu recommandables, bien sûr. Il avait connaissance de certains endroits où vivaient des privilégiés. Il n’aurait qu’à pénétrer dans leurs villas, vider les coffre-forts et quitter les lieux discrètement. Après tout, ce n’était qu’un juste retour des choses pour une population bien nourrie et nageant dans la richesse. Il serait ainsi une sorte de Robin des bois, pas vrai ? Voler aux riches pour donner à… un pauvre métamorphe dans la détresse. En tout cas, c’étaient des bons plans à retenir. Une fois qu’il aurait un crayon entre ses doigts gelés -si on ne l’avait pas amputé avant, bien sûr-, il les noterait sur papier, histoire de s’en rappeler.

Lorsque Callisto lui affirma que retrouver sa forme normale, c’est à dire visible, ne s’opérerait qu’une fois qu’il en aurait décidé et se serait concentre pour, Neko crut rêver. Il avait plongé dans une marre où grouillaient des bestioles mangeuses d’êtres un temps soit peu vivantes, avait failli mourir noyé, s’était retrouvé invisible en échappant au pire, et tout ça pour un morceau de caillou que voulait l’ange déchue, et c’était à lui de régler le problème ? La demoiselle était capable de dégommer un ver géant, de faire appel à une entité mystique, mais faire retrouver à Neko sa forme originelle ne semblait pas dans ses projets. C’était bon à savoir. Et qu’elle ne raconte pas qu’elle n’en avait pas le pouvoir, ce serait se moquer de la tronche du monde.

Bon. Okay, Neko devait se calmer. Callisto ne lui avait rien fais et ce n’était pas directement de sa faute si il s’était retrouvé dans la boue jusqu’au cou, et même plus haut d’ailleurs. Et puis, elle le remerciait du service rendu, ce qui n’était pas un mal. Au moins avait-elle la décence de ne pas le considérer comme un idiot qui avait failli perdre la vie pour elle, un troufion comme on en trouve partout en somme.

« Je vais essayer de maîtriser ce foutu pouvoir mais je ne vous promet rien. Mince alors, je m’étais jamais douté que c’était dans mes cordes de devenir invisible. Bon, faut se concentrer, c’est ça ? »

Mais Callisto ne l’écoutait déjà plus. Elle devait récupérer sa pierre à la noix et cela demandait une concentration monstre. Elle avait vu en Neko sans qu’il s’en rende compte et c’est là qu’il comprenait à quel point Callisto débordait de puissance. C’était intéressant, une alliée pareille. Une aura obscure quitta son corps, rappelant au métamorphe les rituels bizarres de la veille, lorsqu’elle avait invoqué le dragon mystique.

Neko se détourna pour ne pas la déranger plus longtemps et se concentra à son tour, pour faire réapparaître son corps. Mais c’était une chose facile à dire. Visiblement, Neko n’avait guère l’expérience pour apprivoiser ce pouvoir qui venait d’apparaître pour la première fois de son existence. Ce n’était pas comme la métamorphose. Il avait l’habitude de se transformer en chat depuis l’enfance, métamorphose qu’il maîtrisait parfaitement, ce qui lui permettait une vie bien plus simple que celle des autres mortels. Il pouvait, lorsque cela lui chantait, retrouver sa forme animale et s’introduire chez les gens, se faire adopter par des jeunes filles naïves qu’il pouvait contempler dans toute leur splendeur en chat qu’il était, sans risquer d’être chasser à coup de pied dans le derrière. Bon, certaines personnes n’appréciaient pas les chats, c’était sûr. Il en avait déjà fais l’expérience il y a un certain temps…

Préférant arrêter là ses pensées de peur que Callisto y lise quoique ce soit de suspect, Neko tenta une nouvelle fois de se concentrer. Mais encore une fois sans succès. Il avait beau serrer les poings à s’en couper la circulation et souffler comme un taureau qui venait de se faire émasculer, ça ne marchait pas. Et puis on ne pouvait pas dire qu’il soit en forme après ce qu’il venait de vivre. Non, il était certain qu’il devait attendre d’être de nouveau au mieux de sa forme avant de pouvoir espérer inverser le processus d’invisibilité.

Lorsque Callisto se tourna vers lui et le manteau qui le recouvrait, elle avait un franc sourire. Dans ses mains, la pierre tant recherchée. Elle la fourra immédiatement dans son sac en posant un regard bienveillant sur son compagnon invisible.

« Euh, Miss… Je crois que je n’y arriverais pas. En tout cas pas aujourd’hui. Il faut que je me repose pour… revoir autre chose que le vide en baissant la tête. Sinon… Le repas tient toujours ? Maintenant que vous avez votre pierre précieuse, vous pouvez vous accorder un peu de bon temps, non ? »

Neko fit un sourire invisible à sa compagne et se prépara à quitter cet endroit sordide, ce qui lui mettait un peu de baume au cœur, malgré ses ennuis… visibles.

[HJ : Fin de poste ? C'est que j'ai envie de manger un morceau avec toi, moi XD]

Maintenant, Callisto avait enfin obtenu un fragment du cristal maître et celui-ci allait lui offrir un nouveau pouvoir sans aucun doute, car c'était ce qu'elle avait entendu à leur sujet. C'était cela qui l'avait poussé à aller à la recherche de l'une d'elle. Pour acquérir encore plus de puissance et enfin pouvoir défier les anges avec encore plus d'énergie qu'auparavant, car elle n'avait pas perdu d'un fil ses objectifs. Non, elle était incapable de leur pardonner, elle ne le pourrait sans doute jamais. D'ailleurs, n'avait-elle pas rencontré l'un d'entre eux alors qu'elle était en pleine faiblesse aux bords de la cité il y a plusieurs mois maintenant? Même si celui-ci aurait pu la tuer et qu'elle en savait parfaitement l'issue, sa rage lui avait donné la force de vouloir l'affronter mais son corps n'avait pas suivi la détermination de son esprit. Et aussi curieux que cela paraisse, ce même ange n'avait point profité de ces instants pour faire tomber sur elle une épée de Damoclès et mettre fins à ses jours. Non, l'aveugle, car il était ainsi, avait eu le culot de poser la main sur elle et de la soigner, avant de disparaître comme un voleur. En tant normal, elle aurait aisément pu avoir de la gratitude à son encontre, mais il était tout ce qu'elle haïssait en ce monde : un ange. Et sa raison n'était plus quand elle se trouvait face à eux, seul le mal l'emportait dans son coeur meurtri.

Mais maintenant, elle avait un fragment. Elle aurait tout le temps de l'étudier et de l'apprivoiser afin d'en extirper l'essence magique, de voir ce qu'il pourrait lui offrir. C'était également un soulagement que de se dire qu'elle pourrait quitter les lieux de la vallée des glaces. Elle pourrait aussi retrouver son compagnon Abel, car elle se rendait compte que cet oiseau de malheur lui manquait. Le soulagement était plus grand que ce qu'elle aurait pu croire.

Puis ce fut alors que souriante maintenant, elle se tourna vers son compagnon de voyage qui n'avait toujours pas changer d'un poil, invisible et sarcastique. Elle rangea silencieusement son fragment puis soupira. Il n'y arrivait pas? Et bien soit. De toute façon, elle ne pourrait pas lui rendre son apparence, cela n'appartenait qu'à lui et son subconscient, c'était le message qu'elle avait tenté de lui faire comprendre mais bon... sans doute fallait-il lui expliquer les choses autrement?

" Tout pouvoir repose sur les mêmes bases Neko. Comment fais-tu lorsque tu désires prendre une forme animale? Tu dois imaginer la même chose sauf que c'est ton corps à toi que tu dois chercher à transformer. Si tu n'y arrives pas présentement, c'est parce que tu fais un blocage. Tu es encore paniqué... tant que tu ne retrouveras pas ton calme, que tu ne refuses pas ce pouvoir, tu ne retrouveras jamais ton corps consistants et visibles. Ne vois pas la chose comme une contrainte mais une bénédiction. Enfin... nous verrons ce problème plus tard... Je commence à avoir un peu faim également. "

Callisto esquissa à nouveau un sourire, bien qu'elle était incapable d'imaginer la tête que pouvait faire son camarade. Mais cela lui importait peu, non ,elle était heureuse d'avoir ce qu'elle voulait, plus rien d'avait d'importance en cette journée. Bien que, elle compatissait au soucis du métamorphe.

" Tu m'as dit Neko connaître un endroit parfait pour nous requinquer? Maintenant, ce sera toi le guide. Je te prie de me montrer le chemin.... et en attendant, pense à mes paroles. Mais je suppose qu'une fois que tu auras retrouvé toute tes forces et que tu seras apaisé, tu retrouveras rapidement ton apparence. Allez jeune métamorphe.... allons-y... "

Le froid ne semblait plus mordre la peau de l'ange déchue, l'aura noire qui l'avait jadis entouré avait disparu rapidement. C'était une femme calme et optimiste qui se tenait maintenant là. Puis, toujours sereine, elle entreprit le voyage inverse, quittant les terres gelées qu'elle avait foulé, accompagnée de son nouveau camarade...

[ :: CLOS :: ]

» un air de pierre
» La pierre des montagnes