Viens faire joujou avec Tonton Az <3

Il n'y avait qu'une seule chose dont Aramazd était sûr à présent, une seule et unique chose pour laquelle il n'avait aucun doute et qui ne lui paraissait pas perdu dans le flou de ses pensées embrumées: il avait abusé du calumet. Cette euphorie lointaine le reprenait par moments, en périodes variables qui l'entraînaient à chanter ou à rire tout seul. Quelquefois, il parlait aux objets, et sa démarche en zigzags l'emmenait à travers la ville sans qu'il se soucie trop de sa destination. Il lui semblait être perdu dans un abîme rose et fleuri, où chacun était beau et gentil, où les animaux gambadaient gaiement, et où la clarté des étoiles éclairait son chemin. A d'autres moments, des frayeurs l'agitaient tant et si bien qu'il se mettait à courir pour se réfugier dans un endroit plus calme, bien qu'à cette heure-là il n'y eut pas grand monde dans les rues.

Le génie avait l'air d'un gamin enthousiaste, tantôt à courir dans tous les sens, tantôt à marcher en s'extasiant devant un arbre, un banc, une maison. Il ne se souvenait pas appartenir à quelqu'un, et Galwyn avait été complètement écrasé dans ses souvenirs comme un vieux biscuit sous une paire de chaussures. La drogue avait aussi effacé sa boîte, Délia qui parvenait habituellement à occuper un coin de son esprit, ses origines et tout ce qui n'avait pas grande importance dans l'instant présent. Il n'existait plus rien.C'était tout juste s'il se souvenait être un génie. Ah, quoique, dans son entrain, il avait dû proposer des voeux à bon nombre de ceux qu'il avait croisé.

Et puis quelque chose l'accosta. Une silhouette sombre, qui ne ressemblait à personne de connu, si ce n'était éventuellement l'image que le damoiseau se faisait d'un meurtrier timide, encapuchonné dans une cape plus noire que la nuit. Lui, tout de blanc vêtu comme à son habitude, insousciant et peut-être presque complètement naïf, ne se méfiait pas. Peu de créatures en cette ville pouvaient en vouloir à un génie en goguette qui n'avait fait de mal à personne. Malheureusement, il semblait qu'il était tombé sur le seul et unique malfaisant qui avait envie de le traumatiser, tout joyeux et innocent qu'il était.
Aramazd plissa les yeux et s'approcha pour essayer de voir ce qui se cachait sous ce mystérieux vêtement. Mais la chose recula vivement. Allons bon, avait-on affaire à un admirateur timoré? L'éclat d'une lame luisit dans l'ombre, sans que ne la vît l'irrécupérable génie. Dévoré par la curiosité, il s'approcha vivement pour essayer de distinguer son visage. La chose, effarouchée, recula encore, de quelques mètres cette fois, en pointant dans sa direction un poignard affuté. Pas un instant le silence n'avait été troublé, si ce n'était par les exclamations de dépit de Az qui cherchait toujours à démasquer le visiteur nocturne.

-...comment tu t'appeeeeelles?

Sa voix musicale résonna seule contre les murs de la ruelle. Epouvanté, la silhouette agitait toujours son arme en guise d'avertissement -au passage sans grand effet. Et puis, comme le génie se préparait à lui sauter dessus tel un chaton joueur, la chose n'en supporta pas davantage: elle tourna les talons et se mit à courir.

Cela était comme un encouragement pour lui. Le fait de filer à l'anglaise de cette façon revenait à lui murmurer d'une voix charmeuse: attrape moi, Aramazd!

Alors, sans perdre une seule précieuse seconde en dilemme intérieur, il se rua à sa poursuite en riant comme un enfant tout heureux à qui on propose un jeu. Cela se présentait un peu comme le chat et la souris, sauf que la souris terrorisée tenait une dague, alors que le chat aussi innofensif qu'une chaussette somnolente lui galopait après en y prenant un plaisir immense. Plus il courait, plus il avait envie de savoir ce que cachait la cape couleur de suie. Ainsi pouvait durer ce petit manège jusqu'à ce que la chose se lasse.

Quelle galàre! Comment une si ravissante génie ne pouvait elle pas fermer l'oeil de la nuit? Pourtant, ma journée avait été remplie de gaffes, de mépris, de maitres ne sachant que demander et de faire valoir qui voulaient tout avoir...même la lune.

Eh oui! Je me nomme Dianka Jeni et je me trouvais seule à seule assise sur l'un des toits, contemplant les étoiles et profitant de ce grand silence que la nuit pouvait nous offrir. Contrairement au jour, l'atmosphère y était plus relaxant. Aucun soleil pour y faire forcer mes pauvres petits yeux! Aucune chaleur accablante pour irriter ma douce et langoureuse peau! Tout ce qu'il y avait était qu'une douce brise entrant et sortant de mes manches de robe, rafraichissant mon petit corps souffrant d'insomnie.

*Que c'est étrange la nuit! Tout est pourtant si différent! Personne pour vous gacher la vie, ni personne pour vous critiquer. Serais-je devenue une créature nocturne ne désirant plus voir personne?*

Tout en réfléchissant à ses mots, je ricana silencieusement, lancant un rire étouffé. Franchement! Comment Dianka pouvait elle se priver des gens? Ceux ci étaient la source de son amusement, de ses moments de bonheurs. Elle aimait tant améliorer les personnes à sa facon et rien d'autre! Si une fille lui demandait une vie meilleure, Dianka, tout aussi superficielle, lui fassait apparaitre les vêtements les plus modernes et les plus séducteurs, tout cela ajoutant une petite chirurgie plastique à certains atouts féminins, permettant à la pauvre victime de profiter d'une belle vie, selon l'oeil de Dianka Jeni.

Enfin bref, c'était tête accotée sur un des toits en pente que je regardais les étoiles filantes se faire la course dans le ciel. Tout ce spectacle était majestueux, jusqu'à ce qu'un bruit étrange vint déranger le confort de la génie.

- Ah mince! Qui est le crétin qui fait tout ce bruit?

J'entendais une voix masculine se promener entre les rues des habitations aménagées pour les nombreux voyageurs. Cette voix se promenait de recoin en recoin, accompagnés par des bruits de pas rapides. Mais que se passait il, en bas? Étais-je en train de rater un beau spectacle?

Je me leva de mon petit coin, me permettant de jeter un oeil. C'est alors que j'apercus un homme à la poursuite d'une autre personne. Certes, le poursuivant semblait quelque peu étrange. De la facon dont il courrait, je pouvais suposer deux hypothèses : Soit qu'il ne savait pas courir, soit qu'il n'était pas ajunt.

- Ah mince! Un saoulon! Les pires de tous!

Jadis, Dianka Jeni avait déja eu l'expérience d'avoir un maitre saoulon. D'ailleurs, l'alcool n'avait pas du tout tourné en sa faveur. La maitresse lui avait demandé des trucs tout aussi étranges les uns des autres que Dianka s'était promise de ne plus jamais offrir ses services à de telles erreurs de la nature.

Cependant, cette histoire de poursuite donnait la puce à l'oreille de notre jeune génie. Étais-ce un vol? Une aggression? Une dispute? Aucun indice ne pouvait aider à régler ces petites questions intérieurs.

*Dianka! Pourquoi ne pas demander au plouc?*

Mince! Bonne idée! Pourquoi ne pas s'en mêler? Bien entendu, la situation était quelque peu étrange. Par contre, il ne suffissait que de garder ses distances.

Dianka claqua aussitôt des doigts, faisant apparaitre une cage autour de la proie voilée d'un capuchon et d'une cape. Pour ce qui était du poursuivant alcoolique, une méthode plus comique l'attendait. Aussitôt un collier s'attacha autour de son cou, le laissant prisonnier d'une chaine solidement coincé dans un mur tout près.

Puisque la chaine était déja raide, cela causa aussitôt l'arrêt de la course de ce petit personnage, l'entrainant vers l'arrière pour terminer sa chute sur le sol sablonneux de ce milieu.

En un instant, j'apparus entre ces deux personnes, désormais sous ma merci. Comme toutes les fois, il était de ma nature d'y faire une de ces entrées remarquées. De ma robe de génie bleue, j'apparus grâce à mon légendaire petit nuage bleuté. Je me trouvait devant cet ivrogne désormais ar terre, ne prenant pas attention à l'autre inconnu emprisonné dans une cage d'acier.

- Eh crétin! Vous savez l'heure qu'il est? Vous voulez réveiller toutle monde ou quoi?

Eh non! Dianka n'avait pas changé pour ce qui était de son avis sur les hommes. Elle les trouvaient toujours aussi horribles et aussi détestables. Pourquoi? Seul Dianka en savait la raison. Elle s'avanca de quelques pas, reniflant l'homme qui se trouvait devant elle.

- BIURK! dit elle se pincant le nez et évaporant l'air de son autre main. Quelle haleine de fou! Vous permettez?

Sans attendre une réponse de la part de ce chacal, elle fit apparaitre une bouteille qui versa un rince bouche dans la gueule de l'homme.

Tout se passait à merveille. Cette folle poursuite l'amusait beaucoup, et ses éclats de rire musical résonnaient contre les murs endormis de la ville. Mais tout à coup, quelque chose stoppa sa course de manière fort brutale et inconvenante: il fut violement étranglé et tiré en arrière, pour finir étalé par terre comme une vieille chaussette. S'étouffant à moitié, il lutta pour reprendre son souffle, ses mains essayant de desserrer le collier.

Et puis vint l'apparition: dans un éclat de volutes bleues débarqua une espèce de jeune femme qui semblait être à l'origine de tout cela. Elle était pourvue d'un tour de poitrine phénoménal, et d'une crinière bleue à faire pâlir le ciel de jalousie. C'était elle qui avait passé cette laisse autour de son cou?
Et puis elle se mit à le réprimander. Aramazd, tout en massant son cou endolori, la regarda d'un air flegmatique, et se mit à bougonner contre la trouble-fête.

-Roh, ça va, quelle grincheuse celle-là.

Mais où était donc passé le mystérieux assassin? Cette cage en métal n'était pas là auparavant... La nouvelle venue avait apparemment profité de la situation pour y mettre son grain de sel. Alors qu'il cherchait un moyen d'atteindre la silhouette sombre, elle lui enfourna une bouteille dans la bouche sans qu'il ait rien demandé à personne.
Mais qu'avait-il fait pour qu'elle lui en veuille à ce point? Comme il ne s'y attendait pas, il recracha immédiatement le liquide au goût étrange à moitié sur la génie. Il se souvint alors qu'elle avait prononcé le mot “haleine”. Ah, ce devait être l'odeur du calumet qui ne lui plaisait pas? Pourtant, il préparait sa drogue lui-même avec amour, et séléctionnait soigneusement chaque herbe et chaque aromate. En théorie, ça devait donner des fragrances délicates et charmeuses; nullement désagréables. D'ailleurs, il semblait se rappeler qu'un sorcier de sa connaissance y était quelque peu sensible.

Mais comme il était de bonne humeur, Az décida de ne pas lui en vouloir. Après tout, il débordait de bonheur et comptait bien le faire partager aux pauvres personnes malheureuses dans ce monde, qui ne trouvaient rien de mieux que de persécuter leur prochain pour s'occuper. Alors il prit un ton jovial, fendit son adorable visage d'un grand sourire et déclara:

-Vous voulez jouer avec nous? Moi c'est le chat, et lui c'est la souris. Vous pouvez faire la souris aussi et comme ça je dois vous attraper tous les deux <3

Ses grands yeux avaient pris aujourd'hui la teinte rosée, et ils fixaient Dianka d'un air joueur comme un chaton enthousiaste. Avec cette chaîne autour du cou, il ressemblait vraiment à délicieux petit animal de compagnie. Sa tignasse blanche était toute ébourriffée, et son masque lui donnait des airs de félin sauvage, à la fois curieux et effarouché.
Et puis, pour montrer qu'il était décidé à faire bonne figure, il ajouta d'une façon ingénue:

-Vous voulez un voeu? :3

Il n'avait pas vraiment remarqué que son interlocutrice pouvait être elle-même un génie, et de plus d'un niveau largement supérieur. Mais bon, ce soir c'était peace and love, il s'en fichait! Il lui prenait maintenant l'envie de faire des câlins à quiconque croiserait son chemin, pour dispenser son amour débordant au monde entier. Cela venait sûrement inconsciemment du fait que les seules personnes qu'il aimait lui refusaient leur affection, par impossibilité, ou par simple rejet mal assumé. Et puis bon, la nuit avait été inventée pour faire la fête, alors autant en profiter!

Ce vieux débri, démuni de sa liberté était couché devant moi, l'air décourageant et sans la moindre trace de présence d'esprit. Étais-ce sa vraie nature ou le fait qu'il avait consommé quelque chose? Pour le moment, le seul indice que je possédais n'était que son haleine ainsi que la couleur de ses yeux : rouges! Oh lala! Étais-je devant un de ces drogués de la vie qui gachaient leur vie à se fier à tout stupéfiants pour les aider à passer au travers d'une journée?

La suite ne fit que confirmer mes craintes. Je recus, sans même m'y attendre, tout le contenu de la bouche de ce malautru. Sur cela, une odeur terrible de menthe attaqua mes narines, me retrouvant totalement trempée. Que dire de plus? Ma coiffure était foutue? Et que dire de ma robe? Je savais que les composantes d'un rince bouche efficace se résumait souvent à une faible teneur en alcool et un arome artificiel afin d'y rehaussr le gout. Malheureusement, tout en y pensant, cela venait de détruire ma sublime robe. Qu'allait-il arriver au tissu? Était-il foutu? Ce gredin allait devoir payer pour tout ces actes.

Toute trempée et empestant la menthe, je rétorqua, soufflant sur une de mes mèches mouillés, trainant sur mon visage furieux:

- MAIS CA VA PAS LA TËTE?!? On dirait qu'un éléphant m'a arrosé de sa trompe!!!! Vous en avez de ces manières vous!

Folle de rage, je détourna le regard, ne me concentra que pour essorer mes cheveux ainsi que mes manches. Après quelques secondes de torsion et de labeur, je voyais bien que cela ne servait à rien. Il fallait que je retourne chez moi et me refaire une beauté. Il était hors de question que je me jettes un sort ici afin de me changer. Qui sait? Ce petit nabot pourrait me demander mes services, sur quoi, je n'aurais pas eu trop le choix. Il fallait donc jouer le role de l'humaine ordinaire...qui n'était pas génie.

Je me préparais à retourner à tourner le dos vers Aramazd quand celui-ci se mit à me faire des propositions?

- Quoi? Devenir vos proies? Vous êtes quoi vous? Un obsédé? Allons! Ces chaines vous vont à ravir! Restez donc ici pendant la nuit. Cela vous permettra de réfléchir à ce que vous avez fait.

Non mais... quel borné celui-là! Voulait-il me séduire? Me faire une de ces danses de l'amour? Berk.... si c'était le cas. Il pouvait bien garder ses énergies. Je n'en voulais guère.

Je m'apprétais à retourner à mon activité principale, soit le retour à la maison quand ce drogué, attaché par le cou, ouvrit encore une fois sa bouche fumigène. Ce qu'il dit me perturba légèrement, voire même à me faire ricaner.

Je me retourna, souhaitant que cela allait être la dernière fois, et je m'exclama ironiquement:

- Hihi! Vous faites quoi là? Vous vous prenez pour un génie? Hihi! Franchement! Si vous êtes si doué que vous le dites, enlevez moi ces vêtements et donnez m'en des plus séduisants et des plus secs. Et oh! Pendant que vous êtes là, monsieur le "génie", dis je en mimant les guilemettes grâces à mes doigts, si vous êtes si puissant, le jour ou vous réussissez à me transformer en femme fatale dans une comédie musicale!
Je pivota sur mon talon, m'éloignant lentement du type, réfléchissant à ces mots :

*Pfff! Pauvre taré!*

[attention: première personne du passé simple, terminaison en AI, pas en A ^^ je rétorqua = je rétorquai]

Rah, pourquoi se mettait-elle à crier de cette manière? C'était uniquement de sa faute si elle venait de se faire asperger -d'ailleurs, Az ne semblait pas se rendre bien compte que c'était sur elle qu'il venait de cracher tout le liquide à la menthe. Il n'écouta pas trop ses vitupérations, car il venait de tomber en émerveillement devant un de ses bracelets aux perles chamarrées, dont quelques unes brillaient aux reflets de la lune.
Et puis elle continua ses grands discours. Au bout d'un moment, l'androgyne finit par relever la tête:

-Z'êtes sacrément grincheuse, vous.

Un long soupir franchit ses lèvres pâles, sans paraître le moins du monde gêné d'être ainsi attaché tel un cabot désobéissant. Qu'est-ce qu'elle était ennuyeuse. Vivement qu'il puisse retourner jouer avec l'autre, capuche-man.

S'il avait su qu'elle se demandait s'il la courtisait... il aurait été pris d'un grand fou-rire. Grosse poitrine, certes; mais niveau caractère il ne fallait pas aller bien loin pour trouver plus aimable. Et puis bon, ce qu'il cherchait devait être un peu plus masculin que toutes ces minauderies précieuses. Un peu de virilité, que diable.

Et puis elle commença à rire. Apparemment, c'était lui qui l'amusait, ou ce qu'il venait de lui proposer. Un voeu? Bah, au moins, elle avait l'air un peu plus heureuse qu'avant. Aramazd voulait distribuer le bonheur autour de lui -à noter qu'il n'est absolument pas dans son état normal- alors il était content, et il allait lui montrer qu'il était capable de quelques tours. Maladroits, certainement, mais des tours quand même!

Alors qu'elle s'éloignait, le jeune homme assis par terre qu'il était se mit à rapetisser. Sa taille diminua tant et si bien qu'il put enlever le collier passé autour de son cou, à présent grand comme une ceinture face à sa minusculisation. De nouveau libre, il fit quelques pas avant de reprendre son aspect initial. Il se mit à courir pour la rattraper, et se planta en face d'elle, arborant à présent une moue songeuse, tout en examinant de haut en bas la demoiselle bleue.

Elle avait bien dit “enlevez-moi ces vêtements”? Désirait-elle qu'il s'occupe lui-même de la déshabiller? Et après, c'était lui le pervers... Cette perspective d'offense à la pudeur l'empêcha de s'approcher de trop près. Hm, elle semblait bien faite en tous points, vraiment. Quelle idée de se montrer aussi désagréable.

Il agita un peu les mains sans avoir l'air décidé. Elle voulait quelque chose de séduisant? Qu'est-ce qui était séduisant? Des sous-vêtements en dentelle? Il avait la curieuse intuition qu'il allait encore se faire crier dessus s'il innovait dans ce domaine.

-Je suis pas très puissant, hein.

Mieux valait prévenir. Néanmoins, il avait un très bon sens de l'esthétique -à son goût- et pourrait faire partager son art à cette perruche. Aussi, il se concentra, ferma les yeux, et appliqua sa dextérité au tissu qui ne tarderait pas à faire d'elle la plus séduisante de toutes les perruches de la ville.
La robe bleue s'évanouit dans les airs, laissant quelques instants la demoiselle en très simple appareil au milieu de la rue. Néanmoins personne n'était là pour profiter de ses charmes ravageurs. En pleine réflexion, Az fit au prix d'un grand effort apparaître quelque chose sur son dos. Il ouvrit un oeil: c'était... une carapace. Naon, pas assez sexy. Il se replongea en méditation transcendantale, et tout à coup, l'inspiration vint.

Un tourbillon de plumes sorties de nulle part s'enroulèrent autour de la génie, et recouvrirent ses sous-vêtements pour former un buste multicolore de duvet délicat. Quelques plumes rougeoyantes s'assemblèrent autour de ses hanches en une jupe très courte. La cambrure de son dos et son nombril étaient découverts, on pouvait également profiter d'un décolleté ravageur. Toutes ces couleurs faisaient rutiler la jeune femme comme un joyau devant mille faisceaux lumineux. On pouvait dire qu'elle était soit éblouissante comme un oiseau des îles, soit qu'elle avait simplement l'air d'une perruche.

Satisfait de son oeuvre et plutôt fatigué par cette entreprise, le génie laissa échapper un gloussement enthousiaste.

-Tadaaa <3

Je croyais bien entendu m'être débarassé d'un tel trouble fête. En effet, le voir là, se prenant pour un génie me répugnait de plus en plus. Étais-ce parce qu'il avait trop abusé des substances peu recommandables? Surement! Il fallait se mettre à l'évidence : ce type n'était certainement qu'un frimeur, un sale garnement de la pire espèce. Heureusement qu'il possédait désormais ce collier autour du cou. Grâce à cette disposition, il n'allait plus embêter personne.

Je m'éloigna lentement du lieu, croyant en avoir terminé avec ce guignol, quand des bruits de pas rapides se mirent à me rattraper. Bon, quoi encore? Allais-je avoir affaire à un nouveau crétin? C'est à ma grande surprise qe je découvris que non! C'était toujours le même. Je n'en croyais pas mes yeux. Comment avait-il fait? Avait il brisé les chaines? Je me retourna pour remarquer que le collier ainsi que la laisse étaient pourtant intacts. Étrange!

Ce qui était en train de se passer était quelque peu perturbant. Disait il vrai finalement ou continuait il de frimer? Je savais qu'il existait des personnes ayant la capacité de passer au travers de la matière solide. Donc, la possibilité qu'il ne me raconte que des bobards était toujours de mise.

D'un air découragé et complètement peu jovial en même temps, je fixai ce pauvre type, ayant pris cette possition de concentration. Mince! Comme il s'y croyait! C'en était presque convainquant!

Soudain, les quelques mots vinrent interrompre son petit moment de concentration.

-Je suis pas très puissant, hein.

Mais à quoi jouait-il? Voulait il réellement aller jusqu'au bout? Il fallait le sortir de son nuage sur le champ:

- Hé ho, petit diablotin! Arrêtes moi ces... ARGHH!!!!

Avant même que je n'ai terminé mon avertissement, un léger courant d'air me traversa le corps, faisant évaporer cette robe toute trempée que je voulais tant remplacer. Par pure réflexe, je me mis à cacher tout ce qui avait été mis en évidence, ce qui veut dire mon soutien gorge ainsi que ma culotte bleue.

Comment osait il? Cet événement venait de me faire réaliser que ce crétin n'avait pas tord. Il s'agissait certainement d'un génie. Qui d'autre que cette race pouvait faire de tels trucs? Personne d'autre!

*un ... un autre génie?*

Je n'avais pas osé réagir face à cette nudité très courte que cet homme m'avait offert. Certes, il n'y avait personne dans les parrages et de plus, ce mec avait les yeux fermés. C'est alors qu'une carapace vint cacher le tout. Me regardant sur une flaque d'eau, je ne comprenais pas vraiment ou voulait en venir l'homme en question. Voulait-il me transformer en tortue? Si celui-ci osait, il allait certes passer un mauvais quart d'heure. Cependant, je fus rassurée quand il secoua la tête, démonrant qu'il ne voulait pas cela. Fiou! Quel soulagement!

Le costume changea de nouveau, laissant disparaitre la carapace qui me laissa paraitre mes sous vêtements à nouveau.

*Mince! Ce type aime me déshabiller...*

C'est alors qu'une pluie de plumes apparurent dans le ciel, tournoyant autour de moi. Qu'avait il en tête? J'allais très bientot le savoir. Et hop! Certaines plumes multicolores vinrent cacher mon grand et large bustier. de plus, une petite jupe aux plumes rouges vinrent protéger mes hanches de cette petite fraiche de la nuit.

Une fois la métamorphose terminée, je regarda à nouveau mon reflet sur cette flaque d'eau désormais famillière. Ce que j'y vis me fit réagir.

*Mince! J'ai l'air d'une femme oiseau!*

Je n'eus qu'un réflexe. Sans prévenir, je frappa d'un crochet du droit le pauvre génie qui m'avait transformé.

- MAIS C'EST QUOI CE COSTUME ABOMINABLE?!? JE RESSEMBLE À UN PERROQUET LÀ DEDANS!!!

Certes, j'étais troublée. Que dire d'autre? Comment auriez-vous réagi si l'on vous forcait de porter un tel costume de mascotte? C'était évident!

Je finis par me clmer, prenant quelques respirations lentes avant de continuer. Ce qui était fait avait été fait. On ne pouvait désormais plus revenir en arrière. Selon ce que je voyais, ce petit génie n'avait pas bien traduit le souhait que je lui avait lancé. Là était sa propre faiblesse. Cependant, je devais admettre qu'il avait de l'imagination pour un drogué.

D'une voix clame, je me mis à lui expliquer certaines choses:

- Ce... ce costume est très particulier! Mais je crois que tu n'as pas réalisé le souhait dont je t'avais fait part! ëtre une vedette dans une comédie musicale, ca ne ressemble pas du tout à ca.... à moins que ce soit un rôle de mascotte.... ou de casse noisette! Non! Pour réaliser ce souhait, il aurait fallu que tu m'offres un accoutrement plus séduisant et une métamorphose physique plus adapté aux besoins. Regarde! Comme ceci! dis je en lancant un sort à Aramazd du bout de mon index.

Et hop, ce qui était prévisible arriva. Aramazd se transforma en femme. Mais pas n'importe laquelle! Oh non! J'optais pour celles au charisme fracassant, au sourire pupeux et aux courbes ennivrantes. Des cheveux longs blonds bouclés s'installèrent sur sa tête, accompagné par une peau aussi douce que celle d'un bambin. Le postérieur sur lequel il s'assisait auparavant se mit à gonfler légèrement tout comme un ballon. C'en fut de même pour le bustier. Tout cela se complétèrent par une petite manucure et l'ajout d'habits convenables, c'est à dire, une robe espagnole au bas rouge et au haut blanc. L'arrngement de la robe était si bien concue que les épaules étaient dénudées, soutanant la robe grâce à quelques bretelles. De plus, les hommes avaient de quoi être ravis: j'offrais un petit décolleté à notre nouvelle génie désormais efféminée.

- Et voilà! Ca, ca ressemble plutot à une actrice de comédie musicale.

Toute fière de mon coup, j'en versa presque une larme. Je continua la conversation:

- Alors? Ton verdict? Tu abandonnes?

[Méchant Az *sbarf*]

Un remerciement. Un regard joyeusement surpris. Ou même un simple sourire. Mais non, il fallait que ça soit un violent coup de poing dans son délicat visage, sans qu'il puisse comprendre les raisons de ce geste. Ses doigts fins vinrent se poser sur la trace rouge laissée sur sa joue par la génie malhonnête. Ah, elle l'avait frappé... même Gal ne se l'était jamais permis, bien que ce ne devait pas être l'envie qui lui manquait. Le souvenir du sorcier s'estompa et disparut derrière les brumes habituelles qui occupaient sa tête, tandis qu'il regardait son agresseur. Plus très envie de jouer à présent.

Encore un discours, concernant ce qu'il fallait faire, ou non, selon les volontés grandioses de cette superficielle demoiselle. Pour illustrer ses propos, un seul instant suffit à faire perdre toute crédibilité au pauvre Aramazd. Adieu charme mystérieux, gracieuse musculature et chère et tendre tignasse ébouriffée! Déformé, défiguré! Atrophié! Il vit avec effarement disparaître tous ses accessoires fétiches, ainsi que son kimono blanc préféré. Son torse pâle se déforma pour adopter un buste plantureux, mettant au placard ses pectoraux et ses abdominaux durement acquis. Il lui sembla s'élever de quelques centimètres lorsque son postérieur fut remodelé. Une horrible crinière cuivrée avait décidé de s'épanouir sur sa tête. A la fin de sa métamorphose, c'est un fourreau rouge et blanc qui vint mouler le tout à la manière d'une prison de tissu épousant parfaitement son nouveau corps de rêve...

Aramazd laissa échapper un soupir qui exprimait sa lassitude et un certain accablement. Son allure l'horripilait en tous points: si jamais il lui avait pris l'envie un jour d'assister à une comédie musicale, il ne choisirait certainement pas celle où pourrait figurer une poupée dans le genre de celle qu'il était devenu. L'irritation commençait à se faire sentir, au delà de la pitié pour cette pauvre fille qui ne connaissait d'autre plaisir dans la vie que le matériel. Il jeta d'un ton écoeuré:

-Je trouve que j'avais réalisé votre souhait correctement, ça n'est pas son costume ou la taille de ses fesses qui rend fatal ou non quelqu'un. C'est juste que vous n'êtes jamais contente.

Le génie réfléchit à la manière dont se libérer de cette enveloppe désagréable, qui ne manquerait pas de lui attirer des ennuis. Cependant, mieux vaudrait d'abord se débarrasser de cette hystérique rabat-joie qui trouverait certainement moyen de recommencer. Il considéra l'aisance avec laquelle elle l'avait transformé. Ajoutée à ses expériences précédentes, il n'était pas bien difficile de deviner que la jeune femme avait de grandes capacités et, bien que stupide et bornée sur les bords, elle avait une certaine expérience de la magie. Pas comme lui encore rouillé depuis sa captivité.

-En plus, si je vous mettais de plus gros seins, vous ne pourriez pas passer les portes.

Il retint un sourire narquois, jugeant qu'il risquait cette fois de se retrouver éventré et découpé en rondelles sans la moindre merci. Ironiquement, il lui arrivait un peu la même chose qu'à elle, puisque ses mensurations avoisinaient les siennes. Mais il trouverait l'instant propice pour se métamorphoser en lui-même, récupérer la silhouette encapuchonnée et filer gentiment à l'anglaise en priant pour que la sale peste n'ait pas un odorat très développé. En attendant, il fallait espérer que personne ne le voie dans cette situation fort désobligeante.

Une idée de vengeance germa lentement dans son esprit, tandis que les engrenages de son plan machiavélique pour se faire la malle prenaient place un par un. Elle lui avait volé sa virilité, elle allait en subir les conséquences... d'une façon fort imprévisible, Az projeta tout son pouvoir sur la vilaine femme sans lui demander, et usa de sa concentration du mieux qu'il pouvait. Aller, ça allait être l'apothéose, il ne fallait pas rater ce coup! Après, il risquerait d'avoir du mal à récupérer, et son énergie s'affaiblirait considérablement.

Il agita les mains en focalisant tout son esprit sur ce corps qu'on aurait pu qualifier de parfait. Ni une ni deux, d'épais poils noirs poussèrent sous les aisselles, sur les bras et les jambes de la génie, comme si elle ne s'était pas épilée depuis plusieurs années. Il ajouta également quelques touches de barbe mal rasée et des sourcils brousailleux. Ensuite, sa poitrine se dégonfla comme un ballon qu'on perce avec une aiguille, produisant un bruit aigu. Quelques trous et caries vinrent s'ajouter à son sourire. Pour parfaire son oeuvre, le ventre de la demoiselle se mit à pendre, devint gros et gras comme il n'avait jamais pu l'être auparavant, débordant du corset serré de son costume d'oiseau.

-Maintenant, on pourra voir votre beauté intérieure si tant est qu'il y en a une!

Essouflé, le damoiseau métamorphosé contempla son oeuvre quelques secondes, avant de faire demi tour rapidement. Il ne se sentait plus assez de puissance pour se retransformer, il lui faudrait tout d'abord prendre du repos. Il se dépêcha de s'éloigner; et demanda au dieu des génies de bien vouloir lui accorder la vie sauve tant qu'il ne se trouvait pas dans le périmètre de sécurité, c'est à dire à quelques centaines de mètres du courroux de la dame aux cheveux bleus.