Le but de toutes vies [PV Dahalia]

Invité

Ketsueki avait toujours apprécié cette plaine. Autrefois si verdoyante, elle empestait aujourd'hui le souffre, parcourue de crevasses par certains endroits; contrastant, étrangement, avec les quartiers d'herbes restés intacts ici et là. Ces terres avaient changé, et de tels évènements rappelaient à chacun combien le Yin et le Yang étaient volatiles; au même titre que le monde humain. L'ectoplasme avait survécu, peu surprenant au vu de sa nature bien que le cataclysme ait non seulement touché la matérialité mais aussi les âmes. Ceux qu'il avait autrefois connu, qu'étaient-ils devenus? Il s'en fichait éperdumment, pensait-il, mais se donnait bonne conscience. Ketsueki se voulait "mauvais bougre" mais peinait à le faire croire, sur la durée.

L'ectoplasme s'était trouvé étalé de tout son long dans les montagnes, dont certains pans, entiers, s'étaient écroulés sous le joug de leur propre poids. Sa mémoire en avait été altéré, mais c'était sans véritable impact: il associait sans difficulté les noms aux visages, trouvait une précision incroyable quant aux discussions qu'il avait tenu avec ses rencontres; mais les évènements qui faisaient transition, les rapports physique, laissaient la place au vide. Les joutes verbales se retranscrivaient avec une intéressante exactitude, mais Ketsueki avait l'impression d'avoir oublié, tout de même, des choses essentielles.

Pourquoi ce cataclysme? Il avait parcouru des régions dévastées, et rencontré nombre d'imbéciles, à ses yeux: ces fanatiques qui résolvaient l'équation par un quelconque "châtiment de Dieu". Ketsueki avait vécu une fois en tant qu'humain, une seconde en tant qu'ectoplasme, une troisième, désormais, en tant que miraculé. Dieu n'y était pour rien, on avait affaire à la force de la volonté, et au Destin; auquel il croyait dur comme fer. Mieux, Ketsueki croyait en un concept, qu'on trouvait trop "simpliste", qu'était "l'Equilibre". Nul besoin de cette guerre fratricide qu'opposa, de tous temps, les abstraites notions de "Bien" et de "Mal"; ni même à cette "neutralité" qui s'était immiscée. L'Equilibre règnait, subtilement, et les fantômes, sans doute, le représentait le mieux.

Les spectres n'avaient pas de but donné, devaient faire preuve d'assez de volonté pour s'en créer un. C'était une chance à double tranchants, il aurait été plus simple de se voir imposer sa voie; mais ç'aurait été également s'opposer à leur quête de liberté. Tant de mystères entouraient ces terres qui l'avaient, il y a quelques temps déjà, accueilli; plus chaleureusement que la société humaine, sans aucun doute. Ketsueki avait goûté à tout, connut des bons moments, des mauvais aussi.

Il fut coupé en plein élan de philosophie spectrale. Assis sur le rebord d'une falaise, qui s'effritaient parfois en roche calcaire, une présence se fit nettement ressentir. Ketsueki ne s'en inquièta pas, il perçut que l'aura était forte, mais le jeune homme avait connu pire, surtout dans la période qui précédait tout juste le cataclysme. L'ectoplasme n'était sans doute pas doté de grands pouvoirs, mais maniait les aura à la perfection; la sienne, par exemple, se montrait imperceptible aux yeux de quiconque, si ce n'avait été le cas de personnages hors-normes, telles les Reines qu'il avait pu rencontrer.

Sans crier gare, la falaise céda. Ketsueki était véritablement ailleurs, perdu dans ses pensées; il avait mal jaugé la situation. Son corps d'empreint allait mourrir, quel dommage. Le jeune homme avait appris à prendre possession de son hôte aussi rapidement qu'à s'en détacher, ce qu'il fit sans la moindre hésitation. Le corps tomberait, et le poids mort qu'il représentait serait un bien lourd fardeau si l'étrangère qui s'était présentée dans son dos en venait à lui porter secours. Ketsueki, lui, voletait déjà, immatériel, dans les airs; un sourire railleur aux lèvres.

Peu à peu, Dahalia en venait à redécouvrir les terres du Yin et du Yang. Si peu de temps s'était écoulé depuis et les terres qu'elle avaient connue et qu'elle avaient tant aimée c'étaiten volatilisées en moins de deux. Maintenant, c'était un tout nouveau monde qui s'offrait à elle, un monde qu'elle ne reconnaissait pas et auquel elle avait bien de la difficulté à s'adapter. Son peuple avait été dispersé, et seulement quelques membres avaient survécus. Pour elle, il serait bien difficile de pouvoir un jour rebatir sur ses ruines. Peut être même qu'il n'y avait rien de l'ancien monde que l'on pourrait un jour reconstruire, il faudrait peut être partir à zéro. La fée n'aimait pas tout particulièrement le changement, mais elle sentait qu'il faudrait bientôt qu'elle s'y habitue, quelque chose lui disait qu'elle n'avait pas finie de se faire surprendre.

D'ailleurs, elle en eu la confirmation alors qu'elle entrait dans la plaine. Elle avait autrefois passée énormément de temps dans cette plaine et même rencontrer une de ses congénères. Cela lui semblait si lointain, elle n'était pas encore chef des fées à l'époque, elle n'avait même jamais rencontré sa souveraine, aujourd'hui disparue. Non, elle n'était qu'une jeune clochette avide d'aventure qui c'était un jour aventurée parmi les hautes herbes de la plaine et qui avait laisser le soleil lui réchauffé la peau. Maintenant, elle ne savait même plus si elle pouvait appelé sa une plaine, enfin sûrement, c'est juste que le paysage qui s'offrait à elle ne correspondait pas tout à fait à l'image qu'elle se faisait d'une plaine. Elle avait du mal à reconaitre l'endroit. Il sentait le souffre et on aurait dit que toutes la verdure avait été rasée par un immense feu...c'est d'ailleurs se qui avait dut se produire. Des brins de végétation commençait à revivre par-ci et par-là, ce ne serait plus jamais la même plaine qu'auparavant.

Elle fit un premier pas dans ce nouvel endroit. Des falaises bordaient maintenant l'endroit. Elles étaient sûrement issues des nombreux tremblements de terres. La géographie entière avait du changée. Elle crut apercevoir au loin une silhouette assise au bord de la falaise. Quelle vu il devait avoir de là où il était. Elle n'était pas sûre s'il la voyait, mais elle allait lui dire bonjour, c'est certain. Alors, elle se mit à marcher dans cette direction. Quelque chose de vivant parmi tant de végétation morte, ça faisait assez bizarre. Peut être pourrait-elle avoir l'opignon de l'étranger là-dessus. Mais à peine pouvait-elle le distinguer clairement que la falaise s'effondra...elle en était horrifiée. Le pauvre, il allait être écrasé. Elle sembla soudainement voir une sorte de brouillard autour du corps, mais la vision fut si brève qu'elle ne put en être sûre.

Elle s'empressa de voletter jusqu'au pied de l'éboulement. Il ne restait du malheureux qu'une main qui sortait de sous les gravas. Pas la peine de soulever toute ces pierres pour pouvoir confirmer que cette personne était morte. À moins de posséder des pouvoirs hors du commun, ce qu'elle doutait, personne ne pouvait survivre à un tel éboulement. Curieusement, elle qui avant aurait été toute chamboulée n'éprouva qu'un bref élan de compassion. Probablement que tous les morts qu'elle avait vu au cours du cataclysme l'avait suffisament habitués à la situation pour faire en sorte qu'elle n'éprouve presque plus rien. Elle avait remarqué qu'elle aussi avait changée, elle était plus froide, plus distante. Elle s'attachait moins aux autres. Bien sûr elle continuait de porte secours à quelques malheureux, mais moins qu'avant, comme si elle acceptait que la vie puisse être parfois plus cruelle que nécessaire.

Elle s'apprêtait à repartir, lorsqu'elle crut discerner une présence. Il faisait également plus froid qu'à l'habitude. Pourtant, la température à cet endroit était plus élevée à cause des nombreuses éruptions volcanique. Ce n'était pas normal. Elle crut également que son esprit se heurtait fréquement à une sorte de conscience, mais elle ne voyait rien, enfin ses yeux ne voyaient rien. Il n'y avait pas mille et unes possibilités à ce genre de présence, soit il y avait dans les environs un mage qui se croyait très drôle en devenant invisible, soit il y avait un spectre pas très loin. Elle pivota lentement sur elle même pour effectuer un tout complet, rien. C'était décidé, elle allait attendre que l'intrus se manifeste d'une quelconque façon. Elle se dénicha un petit brin de verdure, s'assit deçu et choisit d'attendre, sans pourtant cesser de scruter l'horizon, on ne savait jamais.

» Dahalia