Une balade parmi les morts! [PV Tetsuo]

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La pleine lune sillonnait dans le quartier ouest de l'ancienne ville du yin et du yang. À quelques kilomètres de là s'imposait le règne des morts. La nuit encore fraîche goûtait à peine à sa cruauté mais les ennuis ne sauraient tarder pour les êtres mal informés. Dans toute la splendeur de son ciel couleur nuit, l'astre d'une luminosité insaisissable déteignait sur les barreaux rouillés d'un portail en fer forgé. À ses risques et périls, une demoiselle passa sa main entre les verrous puis elle dévissa quelques vices avec ses longues griffes noires. Les portes s'ouvrirent sous son commandement dans un grincement sourd. Elle venait probablement d'enfreindre les lois, telle son habitude, en entrant par infraction dans un lieu ouvert uniquement le jour. Les morts ne pouvaient guerre lui en vouloir de leur rendre un petite visite non? Les lieux obscurs s'offraient dans de différents chemins, tous ralliés par un point central. Un chêne au feuillage des plus meurtri se dressait près de l'entrée. Une branche cassée suspendait encore au tronc par un filage d'écorce moisie. Son tapis de brindille morte s'éparpillait sur les sépultures couvertes de poussières. Une jeune harpie sa baladait vers le milieu du cimetière. Ses pieds nus piétinaient la terre entre les tombes. Certaines d'entre elle portaient d'humbles croix celtiques, le reste devaient provenir purement des communistes.

Des rats se promenaient joyeusement en quête de chair fraîche. Leurs yeux rouges lumineux évoquaient la mélodie endiablée de leur maître, enfant de sang de Satan. Leurs cliquetis infernaux empêchaient de penser calmement quiconque y pénétrait. À en croire les terriers dix fois plus gros que ceux des lapins, leur quartier général se propageait sans exception sur toute la place publique. Imaginez moi les jolis cercueils de bois grugés par ces stupides rongeurs. Songez aux entrailles coupées de leurs respirations, coupées de leurs vies. Pensez à tous ces cadavres de lequel ces bestioles s'animent toute la journée à déguster. Après tout vous pourrez toujours vous délecter des gouttes de sang pulpeuses que ces souris auront oublié d'avaler. Leurs minuscules museaux rosés mettaient leurs nez partout, même sous les jupons d'une dame. Cette dernière se penchait pour manger un croustillant ver blanc lorsqu'une petite bête lui mordait ardemment dans le pied. Elle le tirait dans les airs afin de mieux voir de quoi il s'agissait.

Cendrelle De Minaro écrasait le rat entre ses mains. Le sang d'un rouge foncé éclaboussait son bras puis versait la suite de son liquide sur ses paumes de mains. Elle projeta le mulot dans un rosier aux pétales tannés. Les résidus de l'animal restèrent accrochés à la multitude d'épines. Les confrères vinrent dans l'instant suivant sauter sur la chair du défunt. Aucune trace de ses mignonnes oreilles blanches, sa dernière moustache virevolterait dans la brutalité du vent violent que causait inconsciemment la femme oiseau, emportée par la fureur. Elle émit quelques cris à en percer les tympans et toutes les souris paralysèrent sous l'emprise de ce sortilège. Une fois l'incident macabre terminé, tout le monde retourna à son poste et la harpie finit par filer dans sa bouche l'insecte vivant qui continuait de se tortiller. Le bruit croquent dans sa bouche résonna dans le cimetière dépourvu de vie. La larve et son liquide fluorescent se mélangea aux taches de sang animalières chancelantes sur ses douces lèvres. Un bruit de pas interrompu son repas...

Il flânait dans les rues illuminées de la ville, suivant son corbeau qui volait un peu partout afin d’assouvir sa curiosité, celui-ci prit alors le chemin d’une ruelle sombre. Le garou le suivit sans hésitation et pénétra dans la sombre allée qui menait à une lourde grille en fer forgée dont une des portes étaient entrouvertes. Il dévisagea le passereau qui s’était posé sur la grille, il doutait que l’endroit soit très intéressant et il ne souhaitait pas entrer dans pareil endroit mais il valait mieux se renseigner avant de prendre une décision.

- Quel est cet endroit ?

- C’est le cimetière…

- Il n’est pas sensé être fermé à cette heure-ci ?

- Si mais il semblerait que quelqu’un n’ait pas respecté les horaires… On rentre ?

Le jeune homme hésita, allait-il entrer dans ce lieu lugubre et macabre ou rebrousserait-il chemin, rien ne le poussait à part peut-être la curiosité…

- D’accord mais dépêchons nous…

Il fit signe à Bélial de venir se poser sur son épaule puis il franchit les portes du cimetière, il erra un moment dans les allées, suivant les indications du corbeau, mais plus le temps passait et plus il regrettait d’être venu. Les rats peuplaient l’endroit et son sombre compagnon avait dû intervenir plusieurs fois afin d’empêcher un rongeur de s’en prendre au jeune garou. Il finit par être pris dans un courant de rongeurs qui fuyaient une chose que le jeune homme ignorait. Il finit par distinguer ce qu’il identifia comme une harpie derrière une rangée de tombes éparses.

Il resta là à l’observer, fasciné d’avoir l’occasion de voir une harpie pour la première fois de son existence autrement qu’en gravure dans un livre. Son corbeau le rappela à l’ordre et il se dissimula derrière une tombe, sachant pertinemment que les harpies pouvaient se montrer cruelles sans raisons particulières. De plus, vu le sang qui maculait diverses parties de l’anatomie de celle-ci, il se devait de se montrer prudent.

Invité

Un bruit de pas interrompu soudainement son repas. Elle crut voir une ombre divaguer entre les racines hors de terre des plantes désordonnées et mal entretenues. Cet endroit ne devait inspirer grande confiance au gardien car il ne se donnait guerre la peine de défrayer les chemins de leur verdure épineuse. Des herbes hautes montaient facilement au gnou pour un individu de taille moyenne. De nombreux pièges malveillants entraînaient directement dans les limbes quiconque osait s'aventurer sans regarder où il flanquait ses pieds. Un seul pas de travers ou un faux mouvement risquait d'enlever la vie à une jeune personne imprudente. Le fond du cimetière se peuplait de reliques datant environ de quelques siècles. Une des raisons pour laquelle depuis longtemps les noms gravés dans les pierres étaient à moitié effacés. On devait les avoir oublié depuis longtemps à en croire les alentours de celles-ci qui ne se défilaient pas sous une pluie de fleurs fanées. Les esprits de l'environnement sinistre tentaient sûrement de l'effrayer avec des illusions, se rassurait-elle en regardant une forme noire se promener.

De dos, elle agrippait ses doigts terminées de griffes à ce qui semblait être une tombe familiale. Sa hauteur et sa forme rectangulaire, élevé vers la verticale lui offraient une vue magnifique sur la pente sépulcrale donc elle siégeait le dessus. Une fois assise aisément sur son perchoir, la présence maléfique observa le peuple défunt avec plus de précision. Un corbeau se posa fièrement la visbranche de l'arbre qui se tenait à l'entrée. Un autre iteur hantait les lieux. Le coulis de sang qui glissait sur ces lèvres trahissait la beauté de sa longue chevelure argentée. Sa longue robe blanche, dotée d'un fin corsage au filament en velours lui allait à merveille. De petites taches rosées coloraient le bout de ses longues manches blanches. La beauté se trouvait-elle vraiment dans l'éclat presque irréel de ses yeux dorés ou dans son accablement à massacrer les infâmes mangeurs de chair? Son compagnon s'élavait dans les airs, ainsi cachant d'une ombre les lueurs de la lune puis tourna autour du corbeau des plus familiers. Comment ne pas s'attendre à rencontrer un animal aussi funeste dans le cheminement d'un sanctuaire mortuaire?

En descendant de son sommet, la jeune harpie se décidait à son tour d'aller à la rencontre du mystérieux visiteur. Elle penchait la tête sur le côté droit à la manière d'un pantin puis regarda celui-ci. Sa politesse ramenait son arrogance à un jeu moins enfantin.

''Un endroit à la fois rempli de magnificence et des bestioles horribles n'et-ce pas?''

Une apparition soudaine interrompue la conversation. Un spectre protestait sur le fait que les petites souris banches avaient mangés son corps depuis fort longtemps. Décidément cette colonie opposait des problèmes à tout le monde.

''Saleté de rats! J'avais dis à mes trois fils dans mon testament qu... ''

''Ah! Je vous en prie, vos histoires ne m'intéressent point. Partez à la chasse pour commettre d'autres pêchés mais je ne suis pas payée pour débarrasser qui que se soit de vos plaisanteries! Allez donc vous plaindre à vos encêtres au lieu de vous pavanez!''

Dans une scène des plus théâtrales, le fantôme confus par la riposte alla errer plus loin.

''Alors je disait? Ah oui! Qu'est ce qui vous amène au coeur du règne des morts monsieur, si ma question n'est pas trop indiscrète? Je me présente: Cendrelle de Minaro, humble harpie, simpliste femme oiseau. C'est un honneur pour moi de rencontrer quelqu'un à une heure aussi tardive. C'est plutôt rare sur ces terres.''

Elle affichait un sourire sincère mais bourré de malice. Ses taquineries sortaient comme à l'habitude.

[j'aurais peut-être pas dut posté à minuit, j'ai perdu mon inspiration là T_T]

Il fut plus ou moins surpris de voir la harpie venir le saluer, il se courba devant elle dans une parodie de ce qu’il savait des manières de courtisan, choses qu’il n’avait malheureusement apprises qu’à cause de l’éducation collet monté de sa mère. Il se redressa ensuite avant de regarder ce que faisait son corbeau puis il reporta son attention sur la jeune femme qui lui semblait être d’une certaine beauté malgré sa nature des plus sombres. Il resta un moment à la fixer sans laisser filtrer la moindre parole de ses lèvres entrouvertes avant de laisser s’échapper dans un souffle quelques mots…

- Enchanté, mademoiselle de Minaro… C’est moi qui suis honoré de vous rencontrer… Il ne m’a jamais été donné l’occasion de voir une harpie par le passé… Je me nomme Tetsuo Obata… Rejeton d’une simple réprouvée et d’un aventurier garou irresponsable… J’ai malheureusement pour le désarroi de ma mère hérité de la nature de mon père…

Il s’était arrêté sur ces mots, ne sachant comment continuer tellement la demoiselle l’intimidait, la façon dont elle avait envoyé paître le spectre précédemment l’avait impressionné. Il se doutait bien qu’il valait mieux pour lui qu’il ne la contrarie pas si il ne voulait pas avoir de problèmes. Il passa négligemment sa main dans ses cheveux par pure nervosité avant de se jeter à l’eau et de se mettre à parler.

- Il est vrai que cet endroit recèle quelque beauté et on peut le trouver magnifique quoi que lugubre si l’on n’a pas l’habitude de ce genre de lieux… Quant à la vermine, je suppose qu’il était inévitable qu’elle vienne peupler ces lieux… Elle a de quoi se nourrir, pourquoi ne serait-elle pas installer ici, après tout ? Par contre, j’aurais quelques mots à dire au responsable du cimetière concernant l’entretien de celui-ci… Il aurait pu aussi bien se trouver en pleine nature qu’il serait dans le même état…

Il enleva les feuilles qui recouvraient une vieille tombe en marbre noir avant de s’asseoir dessus, la pierre noble semblait bien avoir résisté aux assauts du temps en apparence. Il passa sa langue sur ses lèvres tout en regardant la lune qui baignait la scène de sa pâle luminosité.

- Ici gisent les restes de ceux qui ne croyaient pas en la mort,
Finalement, ils ont eu comme les autres le même sort,
Celui de finir sous une dalle de pierre scellée,
Que l’on ne verra jamais pour les laisser sortir se soulever.

Il se tut finalement, savourant l’instant présent, ne se souciant plus de rien d’autre que de regarder la personne qui se trouvait en face de lui.

(je suis pas mieux, je crois…)

Invité

Ce passager parcourant son chemin comme tout le monde était loin de se douter qu'il rencontrerait une harpie sur sa route. Ceux qui savaient trouver la beauté dans un cimetière devaient également prendre conscience que les morts ne reposent pas tous en paix. Ce spectre, tourmenté par la vision effrayante de son corps grugé de mille part ne se résignait pas à monter dans l'au-delà. Il avait sans doute autre chose à accomplir, une vengeance contre la vermine ou un vieux souvenir qui lui rappellerait ses ancêtres qui l'attendaient sagement au paradis ou en enfer. Le jeune homme expliqua ses origines réprouvées dominées par le garou suite à une courtoise inclination. Les diverses races avaient toujours des similaires réactions. Les mots qui sortirent de sa bouche indiquèrent à la harpie qu'il faisait preuve d'une certaine sympathie contrairement aux humains. Lorsqu'il parla de la situation du propriétaire, un joyeux sourire égaya ses lèvres.

''Il n'est pas nécessaire de faire une révérence, nous ne sommes pas dans une cour royale. Pour tout dire je m'incline très rarement devant les gens, la plupart me défigurent de la tête au pieds. Je croyais que le gardien se pointait mais vous ne ressemblez heureusement pas à un gardien. En fait personne va me dire de partir d'ici selon les lois ou peut importe ceci est un lieu public. Je me serait contenté de lui creuser un endroit pour son cercueil à venir et lui faire de jolies funérailles avec la battante assemblée souricière.''

Elle regarda autour d'elle pour s'assurer que personne ne les épiait puis continua:

''Je suis une harpie. En effet, ce fait ne semble pas difficile à constater. Je n'ai jamais connu réellement mes véritables parents. Mon pères est mort et j'ai de vagues souvenir de ma mère. Je ne porte même pas le véritable nom de famille lié à mon sang. Appelez moi simplement Cendrelle, cela suffira. Je ne viens pas de Cassilmena. L'endroit où j'ai jadis vécu est très loin de ressembler à cette petite île. Changeons de sujet si vous le voulez bien. Qu'est qui vous amène ici?''

À peine eut-elle terminé sa coutre phrase que trois lapereaux blancs passèrent entre eux. Leurs longues oreilles se rabattaient sur leurs têtes comme si ils fuyaient un danger à venir. Ils sautillèrent dans une série de quelques bonds pour regagnez son terrier isolé des rats. Un mauvais présage baignait les lieux dans le silence. Une température à vous en donner les frissons baignait dans l'atmosphère danse. Et pour une fois, ce n'était pas l'oeuvre glaciale de la jeune femme qui adorait les contrées hivernales. Un bruit sourd déchira le silence des défunts esprits. Un hurlement funèbre sema la peur chez nos deux amis. À quelques mètres d'eux, des mains osseuses, voir squelettique, jaillissaient de leurs tombes. Des silhouettes semie-humaines sortaient de leurs tombes. La balade au coeur des morts ne tarderait pas à commençer réellement!

*Mais qu'est-ce que...*

Peut-être aurait-il beaucoup apprécié la rencontre avec la harpie si un évènement fâcheux n’était pas venu tout perturber, il regarder avec horreur les morts se réveillaient et il comprit la raison de la fermeture du cimetière le soir. Il fit signe à son corbeau de venir se nicher sur son épaule, puis regarda la demoiselle avec une certaine note d’interrogation dans le regard. Il hésitait à utiliser son arme ou quand bien même une petite partie des pouvoirs qu’il maîtrisait.

- Et là, on fait quoi ? Je n’ai aucune connaissance de ce qu’il faut faire en face de telles choses…

Il répugnait à donner à ces créatures d’os et de lambeaux de chair en décomposition le nom de personnes. Il les considérait comme des êtres contre-nature qui aurait du depuis longtemps trouver le repos éternel, et il était prêt à leur donner ce sommeil dont on ne se réveillait jamais, si il le fallait. Il porta la main au manche de son Zanbatõ accroché dans son dos, se demandant si il allait devoir le dégainer ou pas. Son passereau serrait son épaule de façon nerveuse avec ses griffes comme si il n’était pas très rassuré.

- Je ne voudrais pas paraître lâche mais il ne serait pas plus sûr de fuir plutôt que rester là à leur portée… Ils sont sensés être morts, non ? Donc ça ne me rassure pas de les voir se lever et marcher…

Il avait de plus assez froid, l’arrivée des morts avait refroidi l’atmosphère d’un coup, chose absolument étrange. Il finit par sortir sa lame immense de son fourreau et menacer les macchabées avec, si ils voulaient lui faire rejoindre leurs rangs, il y aurait de la casse. Une lueur de défi venait de s’allumer dans ses yeux.

- Le premier qui ose s’approcher, je lui brise ce qu’il lui reste de corps de telle façon qu’il regrettera d’avoir quitté sa tombe adorée…

Il se sentait idiot mais bon, il n’allait pas attendre que ses saloperies de morts-vivants s’en prennent à lui. Il avait un minimum d’amour propre tout de même et peu importe ce qu’en penserait la harpie.

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