Au delà de l'obscurité [Junya Verconset]

Orion avançait entre les tombes sinistres qui l'entouraient. Quel lugubre endroit qui véhiculait une aura morbide et ténèbreuse et que la nuit sans lune rendait encore plus effrayant. Et pourtant Orion, qui détestait l'obscurité depuis qu'il était redevenu un ange, continuait d'avancer sans se préoccuper de ce climat sinistre et effroyable car lui situait ce lieu bien au dela d'une simple impression d'obscurité et de ténèbres. Pour lui cet endroit était un lieu de recueillement et de prière, fait pour permettre aux morts de gouter à un repos éternelle au paradis célèste.

Orion s'arreta près d'un arbre déracinné. C'était ici qu'il avait rencontrer l'elfe Sayuki lorsqu'il était encore un déchu sinistre et cruel, c'était ici que l'elfe l'avait apaiser et lui avait redonner confiance.
Perdu encore une fois dans ses souvenirs, Orion regarda les alentours lentements. La nature n'avait pas épargné ce lieu de prière comme si elle avait voulu étendre ses représailles jusqu'au paradis en dérangeant le repos éternelle de ceux qui reposaient ici. En effet, de nombreuses tombes s'étaient éffondrées ne devenant ainsi que de simples amas de pierres. D'autres avaient eu un peu plus de chance et ne se retrouvaient fissurée simplement.

Quelle tristesse! Le monde avait dû tomber bien bas pour que la nature ne soit cruelle au point de troubler le repos des morts

Pensa Orion en regardant tristement ce cimetierre en partie dévasté. Et même si cela devait accentuer l'atmosphère oppréssante et obscure de ce lieu, Orion ne se laissait pas intimider et encore moins effrayer par cette apparence de ténèbres car il était là dans un but bien précis, un but qui lui tenait tellement à coeur qu'il ne pouvait pas se laisser distraire par l'obscurité.

Il se dirigea alors vers un endroit qui semblait bien plus paisible et bien moins sinistre que le reste du cimetierre. Il s'agissait d'une petite étendue d'herbe, vierge de toute tombe, et où se trouvait un rosier au fleurs énormes et splendides.
Délicatement, il cueilla la plus belle d'entre elle avant de sortir de sa poche sa petite poupée Ysera.
Toujours avec une délicatesse subtile, il fixa la rose magnifique dans les cheveux de sa poupée et lui déposa un doux baiser sur la joue.
C'est alors qu'une larme coula sur cette joue rose et douce comme si la petite poupée regrettait de ne pas pouvoir en faire autant.

Après avoir essuyé cette larme, Orion se concentra et fit appel à son pouvoir de la glace pour créer un statue de glace imperrissable représentant un ange.
Cette statue serait un hommage au peuple disparu de sa contrée elle même oubliée.

Une fois sa statue de glace créée juste à côté du rosiers aux fleurs splendides et au parfum enivrant, Orion remit sa petite et adorable poupée dans sa poche confortable et chaleureuse tout contre son coeur. Il voulait que le seul fragment d'âme qui restait de son ancien amour perdu ne dépérisse jamais et soit toujours au plus près de lui.
Une fois avoir rangé Ysera, Orion resta là, sans bouger, ses yeux perdu dans le ciel obscure et sans étoile, ses pensées et ses souvenirs de sa vie passée envahissant doucement son esprit. Il se sentait un peu apaiser d'être venu ici car il avait le sentiment d'avoir enfin fait son deuil, d'avoir enfin accepté et assumé ce qu'il avait fait, les horreurs qu'il avit perpétrées. C'est ainsi que, alors qu'un vent frais venait caresser son visage et jouer avec ses cheveux d'un noir d'encre, l'Ange sentit au fond de lui une douce et apaisante chaleur, comme si son ancienne personnalité d'ange déchu venait définitivement de disparaître, enfin apaiser.
Orion esquissa un sourire et ferma les yeux. Il se sentait privilégié. Oui car il avait l'honneur d'avoir été pardonné. Bien sûr tous les crimes qu'il avait commis était toujours là dans ses obscures souvenirs mais le simple fait qu'il soit redevenu un ange montrait qu'il avait réussi à passer au-delà de ses souffrances et de l'obscurité de son coeur volé.

Et, alors qu'il savourait cet instant de sérénité, de calme et de paix dans cet endroit si lugubre et sinistre, une étrange présence vint quelque peu le perturber. En effet il sentait une aura de nature démoniaque et maléfique et pourtant, pourtant il ressentait l'effroi et la douleur que véhiculait cette présence. Ne supportant que des êtres vivant souffre depuis ce qu'il avait enduré, il se précipita à la recherche de cette présence qui, semblait-il, provenait du coeur du cimetierre, là où le lieu paraîssait le plus obscure et sinistre.

Alors qu'il arpentait rapidement les allées entre les nombreuses et lugubres tombes à la recherche de cette présence en détresse qu'il avait ressenti un instant plus tôt, le froid devint de plus en plus agressif et mordant et la nuit, plus noire et oppréssante si bien qu'un épais brouillard vint tel un esprit malfaisant hanter ce lieu morbide. Cependant Orion ne ralentissait pas l'allure pour venir en aide au plus vite à cette présence en détresse qu'il avait perçu. On aurait dit, de part ses vêtement de cuir noir et de soie blanche, un fantôme qui planait dans le cimetierre cherchant à s'abreuver d'âmes égarées.
C'est alors qu'il distingua une silhouette titubant au travers du brouillard. Sachant que c'était cette présence qu'il cherchait à aider, l'ange se précipita dans sa direction. Alors qu'il se rapprochait du plus vite qu'il pouvait, il vit la silhouette tomber lentement, comme si elle perdait connaissance.
Il se précipita alors pour la rattraper. Il la porta alors délicatement et, alors qu'il se dirigeait vers l'endroit où se trouvait le rosier, le lieux le moins sinistre du cimetierre, il entendit la femme, car vraisemblablement il s'agissait bien d'une femme, murmurer faiblement.

Il faut … il faut que je .. sorte.. de là..

Aussi, comme pour rassurer cette personne qui avait semblait-il grandement besoin d'aide, Orion s'empressa de répondre.

Ne vous inquietez pas, je vais vous aider.

Une fois arriver près du magnifique arbuste, il déposa doucement son corp froid sur l'herbe douce. Si c'était les ténèbres qui impreignaient le cimetierre qui la rendait si mal, alors ici elle se sentirait mieux car cet endroit semblait épargné par toute l'obscurité environnante.
Et alors que Orion enlevait sa veste de cuir pour la déposer sur elle afin de la réchauffer un peu, il sentit quelque chose s'enrouler autour de sa jambe et serrer jusqu'a lui faire mal.
Il posa son regard sur sa jambe et vit un énorme serpent.

Cet énorme serpent qui enserrait sa jambe le regardait de ses deux yeux d'un bleu azur avec un air bien menaçant et, tout en quittant pas Orion des ses pupilles glaciales brillant de colère, il grimpait lentement le long de la jambe de l'ange pour l'entourrer toujours un peu plus de son étreinte mortelle. Même si Orion savait que si il n'agissait pas rapidement, le serpent aurait bien vite fait d'avoir raison de lui, s'en prendre à une créature dont l'instinct est de protéger sa vie et de se nourrir le répugnait au plus au point. Quelle ironie, Irion le déchu n'aurait eu aucun scrupule lui. Seulement la cruauté n'étais pas la solution, c'était ce genre d'acte violent et gratuit qui engendrait bon nombres de maux et de malheurs sur cette terre. C'est ainsi que, plutôt que d'assurer sa survie en tuant le serpent avec ses deux épées, il préfera tout faire pour apaiser l'instinct de prédateur de l'imposant reptile. Il s'assit donc calmement et osa même caresser le plus délicatement possible la tête du serpent, voulant lui faire ainsi comprendre qu'il ne lui voulait aucun mal.

C'est alors que le reptile abandonna son étreinte aussi subitement qu'il avait enlacé la jambe de l'ange pour venir se lover contre la jeune femme que Orion venait de secourir. Il comprit ainsi qu'il devait s'agir de son animal de compagnie. Rassurer ^de ne pas lui avoir fait de mal plus que d'avoir sa propre vie sauve, Orion reporta son attention sur la jeune femme que la tranquilité du lieu semblait avoir revivifié.

Merci de m’avoir sauvé, je ne sais pas ce que j’aurais fait sans vous. Veuillez excuser mon serpent, il voulait juste me défendre. Je m’appelle Junya, je ne sais pas vraiment ce qui m’est arrivé, je ne sentais plus mon corps tout à coup, j’ai bien cru que j’allais y passer. Je ne fais que parler, et vous qui êtes vous ?

Orion sourit. C'était la première fois que quelqu'un le remerciait. Quelle agréable et étrange sensation lorsque quelqu'un éprouve de la reconnaissance à votre égard n'est-ce pas?
L'ange comprit alors que l'égoïsme et ne penser qu'à soi était certainement bien moins agréable que de voir dans les yeux d'une personne une lueur de reconnaissance, la même lueur qui brillait actuellement dans les yeux de la jeune femme qui venait de se présenter comme se prénommant Junya.

Je vous en prie, ne me remerciez pas, j'ai fait ce que je devais faire Et n'excusez pas votre serpent il est naturel qu'il suive ses instinct.

Orion regarda à nouveau le serpent et sourit, puis, se rappelant qu'il était quand même d'usage de faire preuve de bonnes manières et de politesses, il s'inclina légèrement et se présenta.

Pardonnez moi je ne me suis même pas présenté, je me nomme Orion, Orion Shidori.

Et alors que l'Ange continait de la regarder avec ses yeux brillant d'une lueur calme et bienveillante, patientant tranquillement que la jeune femme se rétablisse peu à peu de son étrange malaise, Junya s'occupait de son serpent fidèle. Elle le carressait doucement ce qui eut pour effet logique d'apaiser le reptile. Puis, une fois qu'il fut bel et bien calmé, elle lui caressa le front délicatement avant de lui y déposer un baiser. Et comme hypnotisé par les lèvres de la jeune femme, l'imposant et redoutable serpent qui, quelques instants plus tôt, avait tout du puissant et intraitable prédateur, s'endormit comme un bébé, bercé par les carresses de sa maîtresse. Et alors que Orion s'attendrissait de cette preuve d'attention, chose qui aurait été impensable lorsqu'il était déchu, la jeune femme commença à s'interresser davantage à l'ange, à le regarder, Orion crut même déceler un sourire furtif et sincère sur ses lèvres. C'est alors que, paraissant maintenant en nettement meilleure forme, Junya s'adressa à lui, engageant la conversation par une question qui reflétait un certaine pointe de curiosité qui devait sans doute être une habitude chez la jeune femme.

Dis moi Orion, que faisais tu ici ? Dans un cimetière et à cette heure ci.

Orion, qui continuait d'afficher sur ses lèvres un étrange sourire serein mais qui semblait tenté d'une lointaine pointe de mélancolie, comme si se sentiment venait de quelqu'un d'autre ou tout du moins d'une facette révolue de lui-même en ce qui le concernait.
N'ayant rien à cacher et ne voulant pas faire de mystères inutile, Orion n'attendit pas davantage et décida donc de satisfaire la curiosité de son interlocutrice.

Je suis venue ici dans le but de rendre hommage à mon peuple que j'ai entièrement massacré alors que je devenais un ange déchu et que la folie et la souffrance rongeait mon corps dénué de coeur. En quelque sorte, je pense qu'en leur érigeant cette statue de glace impérissable, je voulais pouvoir croire qu'ils pardonnent mes actes monstrueux et qu'ils puissent voir que j'ai changé et que, maintenant que j'ai de nouveau mon coeur, je suis une tout autre personne.

Orion avait été le plus sincère et vrai possible et, quelque part, cette franchise lui fit du bien et le soulagea du poids de son passé. Mais pourtant, comme si il n'était pes encore prêt à aborder avec autant de recul son histoire, son coeur se serra et il sentit une douce et poignante tristesse lui envahir l'esprit si bien que, alors que la jeune femme ne le quittait plus des yeux, des larmes se mirent à envahir les siens puis à perler le long de ses joues.
L'ange conitnuait de sourire pourtant, mais ce sourire était triste et, alors qu'il ne faisait aucun effort pour retenir les perles d'eau qui coulaient le long de son visage, la jeune femme s'approcha de luit et lui essya délicatement une de ses larmes.
Le contact avec la peau froide de Junya fit frissonner Orion sans qu'il ne puisse savoir pourquoi, il se sentait vulnérable et si fragile en sa compagnie mais, peu importe, la fragilité n'était pas une faiblesse, ce n'était que le contrecoup d'une vérité qu'il fallait accepter. Cela Orion l'avait compris depuis qu'il était à nouveau un ange, aussi décida-t-il de la laisser faire.
Bien évidemment, elle posa la question qui était oparfaitement justifiée, naturellement, mais qui témoignait toujours de ce petit éclat de curiosité qui brillait dans l'esprit de la jeune femme.

Pourquoi as-tu pleuré ?

Orion voulut répondre, mais il fut interrompu par un grand craquement venant de l'autre côté du cimetierre et qui eut pour effet de réveiller le serpent de Junya et de le rendre aussi vif que lorsque l'Ange l'avait rencontré. Et, alors que Orion retrouvait son calme, sa sérénité et son sérieux, comme si il n'avait jamais pleuré, la jeune femme se transforma sous yeux en une beauté insolente et superbe et dont le peu de vêtement ne faisait qu'accentuer ses formes généreuse et parfaite.
Et, alors que l'ange grandement étonné se surpris à légèrement rougir, Junya lui apporta une explication.

Je, oui, tu as pus constaté que je ne suis pas vraiment humaine, je suis un succube, et je sens qu’il va y avoir un combat. Je ressens le mal, un ennemi, qui me veut du mal, enfin qui nous veut du mal. Il ne faut pas le laisser faire, et l’exterminer !

Comprenant ainsi un peu mieux pourquoi elle était devenue cette sublime et génante femme, Orion se ressaisit pensa que, comme Junya venait de le dire, ce qui approchait était tout sauf amical.
C'est alors que Ysera vont grandement renforcer ce point de vue. En effet, la poupée, qui était restée dans l'une des poches de la veste d'Orion qui était toujours posée sur Junya, sortie brusquement de sa cachette pour courir vers l'ange tout en se tranformant en une épée aussi scintillante que tranchante.
Orion en fut grandement troublé.

Ceci ne me dit absolument rien qui vaille. Soyons à tout prix sur nos garde car je pressens un grand, grand danger.

Alors que Orion, son épée étincelante dans sa main droite, était aux aguets, perturbé par cette présence sinistre et au combien maléfique qui devenait de plus en plus omniprésente dans le cimetierre, la jeune femme, que sa transformation avait définitivement rétablie, semblait prête à affronter la terrible aura qui envahissait toujours davantage le cimetierre et, plus que d'être prête, Junya semblait même pressé d'en découdre, comme si sa nouvelle apparence lui donnait goût à l'affrontement et aux risques encourus lors d'une bataille. Orion lui était beaucoup moins pressé d'engager le combat que la jeune femme. Non pas que l'ange ait peur, loin de là, mais seulement, il n'aimait plus se battre depuis qu'il avait enfin vaincu le voleur de son coeur. Pourquoi me demanderiez-vous, et bien tout simplement parce que c'était à cause de combat qu'il a souffert, c'est par des combats qu'il a fait souffrir, c'est durant des combats qu'il a si durement et sans pitié ôté des vies. Voilà pourquoi Orion n'aimait pas se battre, parce que quelque soit le vainqueur et le vaincu, il ne resortait jamais rien de bon d'une bataille et le souvenir laissé avait toujours un goût amer d'échec que l'on ait perdu ou que l'on est survécu.

Ainsi, c'était dans cet état d'esprit que ce trouvait l'ange. L''idée de se battre le répugnait mais il ferait néanmoins tout ce dont il était capable pour réduire à néant la menace qui pesait sur eux. Pas pour sauver sa vie, mais pour protéger junya qui semblait bien trop excitée à la perspective du combat pour penser à être suffisamment prudente et réfléchie.
Et, alors que Orion guettait toujours l'avancement de cette présence qui les menaçait, la jeune femme pressée prit néanmoins le temps de chercher un endroit sûr afin que son serpent soit parfaitement à l'abri. Une fois qu'elle l'eut trouvé, une sorte de nid bien dissimulé dans un arbre, elle prit son serpent et le déposa délicatement dans la cachette après lui avoir fait un baiser sur le front et lui avoir parler sur un ton qui se voulait doux et apaisant.

Razacks je suis désolé, je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit.. Reste sage, je reviendrais te chercher.

Une fois son compagnon parfaitement à l'abri du moindre danger, la jeune femme était de nouveau fin prête et pressée de se battre. Et, comme pour illustrer cela, elle saisit sans tarder une magnifique épée rouge et noire à double tranchant et commença à avancer, à la recherche de cette menace qui planait sur eux de plus en plus, cmme si rien que cette présence maléfique voulait les étouffer par sa noirceur.

Orion suivait de très près la jeune femme, toujours prêt à frapper si Junya était en mauvaise posture.
Et, alors qu'ils progressaient tous deux entre les tombes avec lenteur et prudence, le brouillard s'épaissit autour d'eux et bientôt, une force les frôla suivit quasiment instantanément par une grande bourasque de vent si violente que l'ange eut l'impression qu'elle aurait pu trancher ses chair si elle avait été plus longue. Heureusement cela ne fut pas le cas mais pourtant, ce qui venait de se passer ainsi que cette atmosphère qui était maintenant au paroxysme du sinistre, leur annonça que l'affrontement débuterait bientôt, et qu'il serait très, très difficile.
La jeune femme, qui avait présenti cela aussi s'adressa à Orion d'une voix où se mélaient à la fois l'anxiété d'un combat difficile et l'excitation d'une bataille imminente.

Tu as sentis la même chose que moi ? Sois c’est le mal, ou bien nous ne sommes pas seuls..

Orion lui répondit alors presque de suite sur une voix aussi faible qu'un murmure, comme si il ne voulait pas que sa voix couvre le bruit du vent qui leur fouettait le visage avec une ardeur et une violence surnaturelles.

Oui je pense que nous ne sommes pas seuls. D'ailleurs, ce vent n'est pas naturel. Soyons vraiment prudents, nous ne savons pas ce dont notre adversaire est encore capable.

Puis, comme Junya, il se dirigea vers l'endroit où cette présence obscure et maléfique était la plus forte, la plus sinistre, là où le brouillard était également le plus épais et le plus glaciale.