Test de passage (Ryugi Silver-Kaoru)

Les Falaises. Balayées et bercées par les vents. Forgées par la mer. Nul ne sait où commencent et où finissent les limites de ces immenses terres, pourtant simple partie de la dernière chance des êtres vivants survivants. Ces lieux ne sont ni arides ni tropicaux. Certes, il y fait un climat plus sec et chaud qu'au coeur de la forêt ou au sommet des montagnes mais, pas de là à approcher ces extrêmes. L'herbe n'était pas très verdissant en ce point de l'île de Cassilmena. Il faut dire que sous les alizés incessantes à peine rompus par quelques accalmies et sous les assauts de l'air marin, salé et piquant les yeux, la végétation n'avait guère un environnement propice à son développement. Par contre, il y avait beaucoup de graviers et galets. Le sommet des falaises étaient le plus plats de toute l'île, et pas le moindre reliefs ne venaient briser la ligne continue. Comme pour mieux frapper un contraste saisissant avec ses roches escarpés et meurtrières qui luttaient chaque jour contre les immenses vagues.

Et, foulant à pas lents les pierres lisses de la lande, une silhouette emmitouflée dans un lourd manteau. Dans son dos, quittant la protection de la toile grossière, deux ailes brille comme de l'or sous le soleil de ce jour-là. Repliées contre le dos de leur propriétaires, elles marquent la race des réprouvées, mi ange-mi-démon. Kaoru releva la tête un instant, avant de la rentrer aussitôt dans ses épaules. Ses cheveux étaient malmenés par le sel et le vent. Elle se félicita de les avoir coupés. Mais l'air salé, particularité des côtes, irritaient sa blessure à peine cicatrisé à l'oeil droit. La jeune fille avançait malgré tout. Combien de temps depuis la fin des temps ?Elle n'avait pas compté, car trop de souvenirs la bouleversait déjà de l'intérieur. Alors, elle avait écouté et appris. Une rumeur. Le nouveau passeur des réprouvés se promènerait, aux alentours des côtes. Kaoru se demandait de qui il pouvait bien s'agir. Son coeur se serrait quand elle se demandait ce qu'il était arrivé aux vieux réprouvé, Viruk. Passeur depuis tant de temps. Nouveau mentor après Zyo.

La jeune fille entendit des mouettes crier au-dessus d'elle. Les oiseaux les plus chanceux du monde. Chanceux d'avoir trouvé cette terre avant de mourir de fatigue, leurs ailes ne pouvant plus les porter au dessus de la mer océane infinie. Kaoru été morte plusieurs fois de cette façon. Mais grâce à sa nature de réprouvée, elle était chaque fois revenue d'entre les morts. Elle avait d'ailleurs, plusieurs fois, croisé d'autres réprouvés inconnus sur le chemin du retour vers la vie, dans les limbes. Quel étrange lieu que ces limbes à propos ! La jeune fille sourit. Un certain petit garçon les connaissaient trèèès bien. Un autre réprouvé. Elle priait pour que lui aussi, ait réussit à trouver cette terre. Si elle avait su qu'il avait vécu des années au milieu de l'océan, entre mort et vie, alors qu'il n'était même pas capable de manger seul !
La réprouvée scruta les alentours, mais pas l'ombre d'un mouvement. Pourquoi cherchait-elle donc le passeur ? Très simple, elle s'était rendu compte que la force était importante et qu'elle ne pouvait décemment plus s'en passer, dans ce monde-ci. Encore plus après le cataclysme.

Autrefois, Viruk l'avait testé. Et elle avait échoué. Malgré la déception, elle avait repris son voyage après l'épisode des montagnes gelées. Et maintenant, après tant d'épreuves, était-elle capable de devenir un être important pour sa race, à qui Dieu offrirait la force ?

Les Falaises. Un endroit magique, un endroit que Ryugi aimait beaucoup. Car en effet, entre deux points très proches dans le sens horizontal, il y avait une distance verticale énorme. Ce qui fait qu'un pas de trop, et c'était la chute, une chute très très haute. Surement mortelle. C'est pourquoi Ryugi affectionnait ce lieu, où souffle un vent marin, salé. Un lieu d'amusement, un lieu où parfois tombe cette étrange pluie blanche appelée neige. Un lieu amusant, où il pouvait jouer à faire des bonhommes, des boules, des sculptures, et même de la nourriture même si c'était pas très bon. Un lieu où ne pousse pas tellement de végétation... Un lieu de jeu, où les possibilités sont infinies. Et pourtant, ce n'était pas pour jouer que Ryugi était venu ici. Il sentait l'appel, l'appel d'un ou d'une réprouvé, alors qu'il était à l'autre bout de l'ile. Impossible à dire si c'était féminin ou masculin. Ryugi volait, volait, avec ses belles ailes d'argent. Argentées, oui, non pas dorées. Ces ailes ne se doraient que lorsqu'il meurt où lorsqu'il était en colère. Très étranges ailes. Ailes fébriles, mais qui le tenaient quand même en l'air. Ah, ça y est, Ryugi arriva sur les lieux. Il ressentait l'aura de cette réprouvée, une aura féminine, et reconnut qui c'était en s'approchant. Sauf que Ryugi avait oublié de freiner...

"Kaoruuuuuuu!"

Puis un sprotch, contre la falaise d'à côté. Une grosse trace rouge marquait le point d'impact tandis que Ryugi, ou plutot ce qui restait de lui, chuta et tomba tout en bas. Il était mort sur le coup, n'ayant pas eu le temps de souffrir. Pas de chance. Mais comme tout réprouvé, ou plutot beaucoup beaucoup plus rapidement qu'un réprouvé classique, Ryugi ressucita et remonta près de sa jeune amie qui s'était penchée pour voir où il était. Spontanément, Ryugi enlaça Kaoru. Elle lui avait manqué. Cela faisait plus de 37094 vies qu'il ne l'avait pas vu. Oui, Ryugi comptait en vies... Ou plutot essayait de compter en vies, car en réalité, c'était 184521 en tout. Nuance, 184522 vu qu'il vient d'en commencer une toute nouvelle. Des larmes de joie venaient à perler toutes seules au coin de ses deux yeux... Ah non, c'était juste l'air marin qui lui piquait un peu les yeux. Lorsqu'il relacha son étreinte, Ryugi avait remarqué quelque chose au sujet de cette réprouvée.

"Kaoruuuuu, ton oeil? Qu'est ce qui s'est passé?"

Ryugi appliqua tout de suite sa main droite sur l'oeil, utilisant son pouvoir de guérison. Mais c'était inutile. Son pouvoir permettait de cicatriser, de soulager, de guérir, voire de rendre la vie, mais pas de créer. Cela calma certes la douleur, la fit même disparaître totalement, mais ne remplaça pas l'oeil manquant. Il n'y avait qu'un seul moyen de recréer cet oeil manquant, mais c'était quelque chose de difficile, quoique Ryugi le faisait à presque la moitié des morts. Toute douleur, toute irritation, tout avait entièrement cicatrisé, plus aucune douleur, rien. Juste l'oeil qui manquait. Le jeune garçon le savait, il était impuissant face à cela, mais elle par contre le pouvait. Ryugi en était persuadé. Rien n'était impossible, quand on a la foi... Ah oui, il avait une mission. Une réprouvée des falaises l'avait appelée, donc c'était surement elle. Il devait être impartial. Enfin, c'est ce que Viruk lui avait dit. Mais quand on est parti, on peut pas passer le test! Donc, Ryugi oublia cette règle stupide et réenlaça son amie.

"Au fait, Tonton Viruk a pris sa retraite, et n'est moi qui fais passer les tests! C'est toi qui m'a appelé?"

Rien n'aurait pût prévenir Kaoru de l'arrivée fracassante de Ryugi, qui se débrouillait toujours pour faire dans l'originalité. La réprouvée marchait encore, en quête du passeur de niveau, lorsqu'un éclat argenté attira son regard, loin au dessus du ciel. Mais même en plissant les yeux, elle ne parvenait à distinguer l'origine de cette lumière. Et ensuite, tout alla bien trop vite pour la pauvre fille qui devint malgré spectatrice du passe-temps préféré du jeune garçon : mourir dans d'atroces souffrances de la façon la plus bizarre et étrange qui soit. Filant à tout allure, l'objet non identifié fonça en effet sur la roche de la falaises, s'y écrasant un instant, avant de tomber, tomber sous l'effet de la pesanteur. Ne restait que le sang de ladite chose, maculant les roches d'un rouge délicat. Alors qu'elle se penchait pour tenter d'apercevoir ce qu'il restait du pauvre objet volant, Kaoru, un visage souriant et enfantin la surprise. Le petit Ryugi Silver venait de remonter la falaises. Il lui sourit de toutes ses dents, ses belles ailes argentées derrière lui. Bien que toujours un peu choquée et effarée devant les arrivées étonnantes et sidérantes de ce dernier, la réprouvée lui rendit un beau sourire.

Le petit enfant la serra contre lui. Kaoru fit de même, heureuse de retrouver un des tout premiers réprouvés qu'elle avait rencontré. Lorsqu'ils relâchèrent leur étreinte, ils se détaillèrent tout les deux du regard. Ryugi n'avait point changé. On changeait peu, de toutes manières, quand on était réprouvé. Même en observant bien, Kaoru ne remarqua pas de différences notables, hormis des cheveux un peu plus long qu' auparavant, et ses ailes d'argents qui devenaient plus grandes et plus belles avec l'âge. Lui par contre fit une mine pas très joyeuse en voyant ce qui était arrivé à son oeil droit, ce qui était très rare dans le cas du petit garçon certes turbulent mais toujours souriant. Il lui posa d'ailleurs la question. La jeune fille sourit timidement. Elle voulut le rassurer et lui assurer que ce n'était rien, mais avant même qu'elle ne puisse entrouvrir les lèvres, la petite main d'enfant de Ryugi était posée sur ton visage. Enfin un enfant...Il grandissait quand même, petit à petit, quand son corps avait le temps, entre deux voyages dans les limbes.

Kaoru ne savait pas encore que Ryugi possédait le don de guérison. Elle se laissa faire, ce n'était pas désagréable. La réprouvée se demandait quand même si le petit Silver était conscient que son oeil perdu était impossible à guérir. Mais le service de Ryugi lui fit beaucoup de bien, malgré cela. Elle n'avait plus mal maintenant, et ne restait même pas une cicatrice. Cela dit, la jeune fille n'ouvrit pas son oeil droit, c'était trop bizarre, aussi réajusta-t-elle son bandeau pour le couvrir un peu. Ensuite, elle se tourna vers son guérisseur.

«Je te remercie Ryugi. Je n'ai plus du tout mal !Je suis vraiment heureuse de te revoir !Tu as un peu grandis...Mais à ce que je vois, tu passes toujours autant de temps chez les messieurs des limbes...»

Kaoru le taquinait un peu. Le garçon n'avait-il pas envie de grandir ?En tout cas, une chose était certaine, les employés des limbes eux, souhaitait de tout leur coeur voir un peu moins le réprouvé. En parlant d'employés et de limbes, ce dernier lui apprit sa promotion au poste de passeur de niveau, succédant ainsi à Viruk, le vieux réprouvé qui avait vu tant d'évènements. Bien que surprise et un peu craintive quand aux épreuves que poserait ce nouveau passeur, Kaoru félicita son ami en souriant de nouveau :

«C'est vrai ?C'est...Félicitation Ryugi !Je suppose que Viruk était fatigué...Sais-tu où il est parti ?»

Après un petit silence dans lequel elle mit un peu d'ordre dans ses idées, Kaoru reprit, sur un ton calme et plus sérieux, bien qu'elle affiche toujours un petit sourire, ce dont on ne pouvait s'empêcher de faire, en face de cet adorable visage de gamin un peu casse-cou.

«Et...Oui, c'est bien moi qui désires voir le passeur de niveau des réprouvés. Je désire monter un peu les échelons de notre hiérarchie. Je pense...Que maintenant, je suis prête et j'ai besoin de cette force. Puisque tu es le passeur, Ryugi, je m'en remets à toi !»

Elle lui fit un petit clin d'oeil ,avec malice. Mais cela n'eût pas l'effet escompté vu qu'elle n'avait plus qu'un seul oeil rouge pour accomplir ce geste.

Qu'il était heureux de la voir! Kaoru était la première réprouvée qu'il avait rencontrée. Et le premier contact ne s'oublie jamais. Elle avait certes un peu changé, mais pas tant que ça. Mis à part quelques détails, comme l'oeil manquant, elle était presque identique à sa première rencontre. Peut être qu'elle avait grandi, mais comme Ryugi aussi, celui ci ne s'en était pas aperçu. Ryugi regardait Kaoru des pieds à la tête pour voir si elle n'avait vraiment pas changé. Elle n'avait pas parlé de ses yeux, pourtant, le jeune passeur le lui avait demandé. Cet oeil manquant l'intriguait. Mais au fond, il n'avait pas envie de connaître les circonstances, juste la manière histoire de pouvoir reproduire. Voire améliorer, avec plus de douleur, plus de sang. Mais maintenant, un autre fait attira son regard. Une cicatrice multiple, une cicatrice étrange au cou. Etrange, ce n'est pas le genre de blessure qu'on se fait en tombant par terre ou en mangeant une banane. Certes, manger des bananes ne fait pas de blessures, raison de plus donc qu'elle ne peut s'être fait ces lacérations avec des bananes. Pitetre des pastèques? Nan, les pastèques c'est rond. Bref, sans demander la permission, Ryugi regardait chaque détail de cette cicatrice puis l'effleura un peu du bout de son index. La réaction était immédiate, cela la chatouillait, mais Ryugi en avait vu assez pour comprendre. Après tout, c'était lui, l'expert en morts en tout genre. Personne n'était plus expert que lui en ce domaine. Un simple coup d'oeil avait suffi, et toucher n'avait fait que confirmer ses pensées.

"Kaoru... Pourquoi t'es tu suicidée? Les marques sur ton cou montrent que c'est avec un couteau que cela c'est fait. Les marques aux extrémités montrent que ce geste manquait de conviction. Ce n'était pas un coup sec qui t'a été adressé, mais un coup assez hésitant. La façon dont ces traits sont reliés montrent que ce n'est pas une personne étrangère qui t'a fait cela, mais que c'était toi, qui tremblais un peu après que le geste ait été fait. Mais les petites pointes là montrent que tu as assez hésité, que ce n'était pas spontané. Tu ne voulais pas aller aux limbes, tu voulais fuir ce monde. Je vois cela parce qu'il y a plusieurs coups. 1, 7, 36, 5, 845, 57, 12, 3.14, 51... Ca fait beaucoup, z'arrive pas à compter plus. Mais na veut dire que tu es allée plusieurs fois, donc que tu voulais fuir ce monde. Et même que tu étais en colère contre ce pouvoir de résurrection. Pour ça que j'avais cru te voir l'autre jour... Mais c'est pas une malé d'action, c'est un pouvoir qu'il faut que tu apprennes à contrôler... Et il faut que tu le contrôles si tu veux passer mon test. Je sais que ce pouvoir, tu ne le contrôles pas encore. Sinon, tu aurais toujours tes yeux..."

Soit il avait muri, gagné en serieux, soit c'était l'esprit de l'ancienne sentinelle de l'infortune qui parlait pour lui. Car enchainer une telle théorie était impossible pour quiconque connaissait le jeune réprouvé. Ryugi s'étonna même de ce flot de paroles qu'il aurait été incapable de répéter, ni même d'en comprendre la moitié. En tout cas, Ryugi n'était plus possédé, et il souriait. Il savait maintenant quel test il allait faire passer à Kaoru. Car c'était son devoir de lui faire passer ce test, il ne pouvait pas lui donner un niveau automatiquement.

"Dis Kaoru, na fait combien de temps que tu n'es pas passée aux limbes? Ne peux pas t'y envoyer comme tonton Viruk, il va falloir prendre la mauvaise voie... Mais ne veux pas te faire mal... Donc, ze sais pas comment te faire passer ce test sans, donc, ne t'attends là bas. A tut à l'heure!"

Ryugi fit un pas en arrière, un autre, et tomba des falaises. Rejoignant les limbes, le jeune réprouvé les aménagea de manière à pouvoir faire passer un test, expliquant aux employés qu'il travaillait. L'endroit était selon lui prêt : Il pleuvait des fraises géantes, Ryugi était assis sur un tas de concombres et jonglait avec des mini-éléphants roses qui tenaient dans sa main. Le soleil violet à pois bleus brillait, éclaircissant d'une lumière violette les nuages verts et jaunes qui souriaient, avec un gros smiley. Et Ryugi avait un gros bonbon dans le dos. Un monde à lui, les limbes le ressourçaient, et il pouvait jouer avec autant qu'il voulait... En attendant que Kaoru n'arrive.

A son tour, le petit réprouvé la détailla du regard. Kaoru attendit en souriant qu'il ait terminé, se laissant glisser un peu dans la rêverie distraite, lorsque soudain, les doigts de Ryugi se posèrent sur son cou. Elle tressaillit, lorsqu'il passa son index sur la fine cicatrice courant le long de son cou. Elle se laissa quand même faire, bien que terriblement gênée. Lorsqu'enfin il eût terminer d'examiner les marques blanches, la jeune fille dût affronter son regard. Pourtant, il n'y avait pas vraiment de reproches dans le regard du garçon ailé. Du moins c'est ce à quoi conclut Kaoru en croisant les yeux rouges du réprouvé, qui parla alors d'une voix très calme. Posé, il déclara et énonça beaucoup de choses, tant de choses à la fois véridiques et véritables, que la jeune fille ne pût rien faire d'autre que d'ouvrir de grands yeux (ou un grand oeil dans son cas).

La réprouvée finit par comprendre que Ryugi silver avait énormément acquis pendant le temps où ils ne s'étaient pas vus. Sans doute était-il devenu vraiment très fort au niveau de la puissance, et il méritait plus que quiconque ce rôle de passeurs de réprouvés, lui qui détenait sans doute depuis longtemps le record de passages dans les limbes de tout les êtres vivants de ce monde. Malgré son apparence encore enfantine et ses paroles sans queue ni tête, le garçon était sans nul doute le meilleur homme pour assurer cette tâche que de juger les autres réprouvés sur leur capacités à user de leur pouvoirs à pouvoir aller et venir librement entre la vie et la mort.

Pendant qu'il parlait, expliquant comment i lavait deviné les tentatives de suicides de la jeune fille, celle-ci ne pouvait s'empêcher de baisser la tête, honteuse. Le désespoir l'avait assailli tant de fois pendant les mois de malheur qui s'étaient abattus sur le royaume du Yin et du Yang qu'elle n'avait sût résister à la tentation du sommeil éternel, malheureusement (ou heureusement), inaccessible pour les personnes de sa race. Ryugi ne lui fit pourtant pas de reproches suite à l'acte en lui-même, mais plutôt quant à son attitude vis à vis de son don de résurrection et à son manque de contrôle évident sur celui-ci. Bien sûr, aucun réprouvés ne pouvait posséder l'expérience de Ryugi dans ce domaine, mais en général, ils se rendaient régulièrement aux limbe, ne craignant pas la mort. Au contraire, Kaoru faisait tout pour éviter de voyager là-bas. Ryugi continua malgré la honte de son amie. Ses derniers mots surprirent tout de même Kaoru. Grâce au contrôle de ses morts et de ses passages aux limbes, la réprouvée serait donc capable de soigner des blessures irréparables ? C'était ce que comprenait la jeune fille en entendant le garçon sous entendre qu'elle aurait toujours ses deux yeux si c'était le cas.

Puis, Ryugi sembla un peu plus lui-même, après son passage très sérieux, calme et posé, si rare chez lui. Il lui posa une question délicate : Depuis combien de temps ne s'était-elle pas rendu dans les limbes ? Après réflexion, elle lui répondit avec hésitation :

«Je ne sais pas trop. Je ne crois pas m'y être rendu depuis presque deux mois maintenant...La dernière fois que je suis morte, ça devait être à cause de la faim...Je me souviens juste que je suis beaucoup morte en cherchant cette île. Mais maintenant, c'est vrai que je meure moins.»

Etranges conversations que celles de réprouvés à propos de leurs morts. Ryugi Silver après s'en être informé, expliqua à Kaoru une différence entre lui et son prédécesseur. Puis, il l'invita à mourir pour le rejoindre dans les limbes. Il sauta dans le vide, visiblement ravis de retourner là-bas. Kaoru inspira à fond, puis lui emboîta le bas, se laissant emporter par la pesanteur. Grâce à la hauteur des falaises à cet endroit, elle eût le temps de prendre de la vitesse et s'écrasa ainsi au sol pour mourir sur le coup, sans douleur. Elle se retrouva alors dans les limbes. Lieux étranges et remodelables à l'infini par les plus habitués du lieu, comme Ryugi. Ce dernier avait minutieusement préparé les lieux pour elle.

La jeune fille se retrouva en effet au milieu d'un étrange champs, où des nuages verts et jaunes souriants faisaient tomber des pluies de fraises à la taille surnaturelle. Le soleil violet éclairait la scène, et sur une sorte de monticule vert que Kaoru identifia ensuite pour un tas de concombre, Ryugi. Le garçon jonglait avec habilité avec quelques éléphants roses miniatures, qui avaient le tournis à force. La réprouvée, bien que désorientée, sourit doucement. On ne changerait jamais Ryugi, au grand dam des employés des limbes, qui lui devaient désormais obéissance suite à son nouveau statut.

«Ryugi, je suis ici !»

Kaoru avait appelé son ami en criant, debout en bas de la montagne de concombre. Visiblement il ne l'entendit pas, aussi se mit-elle à gravir le tas de légumes verts, avec précautions. Durant la montée elle ne pouvait s'empêcher de se demander comment le garçon avait fait pour transformer à ce point les limbes, désormais très différentes de tout ce qu'elle avait déjà vu du coin. Heureusement que le décorateur des limbes était en congés maladies actuellement !Il n'y aurait pas survécu. Elle arriva finalement au somme,t elle sourit de nouveau, puis demanda avec respect au petit réprouvé qu'elle devinait vraiment très fort à présent :

«Alors, tu as déjà tout préparé ?»

Malgré ses airs, elle n'en menait pas large. Quel genre de test ce décor insolite allait-il accueillir ?

Ryugi continuait tranquillement à jongler avec ses éléphants quand soudain, une fraise lui tomba pile sur la tête, lui recouvrait toute la tête, et résultat, Ryugi ne voyait plus rien à l'extérieur de la fraise. Donc, il se mit à marcher dans tous les sens, se prenant un concombre dans les pieds et dévalant la petite montagne. Il ne voyait que la fraise, sans savoir d'où venait cette source de lumière qui lui permettait de voir tout rouge, voir l'intérieur de la fraise. Et il ne savait pas que dans les fraises, il y avait des enveloppes timbrées qui volaient, des enveloppes adressées à Xamala Larito. Sans savoir qui c'était. Ryugi essaya d'en voir un peu plus sur ce système de poste, mais les enveloppes changèrent de couleur et virèrent au rouge pour se fondre dans la couleur de la fraise. C'est zouli, on les voyait presque plus, mais le semblant de mur devint marron, sans que les enveloppes ne s'en rendent compte : on voyait les enveloppes rouges qui dansaient sur un fond marron, sans que l'extérieur de la fraise ne change de couleur. Et après, Ryugi eut l'idée de retirer la fraise de sa tête, et au prix d'un gros effort, Ryugi parvint à sauter tête la première contre un tas de bouquets de fleurs sorti d'on ne sait où. Ah mince, c'était pas assez solide. Ryugi recommença sur une tablette de chocolat géante. Et son casque étrange explosa en morceaux, tandis que Ryugi se releva, la tête toute mouillée avec des reflets rouges. Non, finalement, bleus à carreaux roses. C'était plus joli. S'épongeant le visage avec le dos de sa manche, notre jeune passeur se releva et retourna au niveau de celle qui allait passer son test... En souriant. Il était heureux. Non, il ne se droguait pas...

"Tu vois, hein? Ca a bien changé depuis deux mois?"

Ryugi prit un bout de l'énorme tablette de chocolat et croqua dedans. Ca avait un parfum de miel et de pistache, mais pas de chocolat. Bien étrange, ce chocolat limbien... Mais comparé au reste, ce chocolat avait l'air plus que banal. Ryugi prit alors la tablette, la dressa sur la hauteur, prit un concombre et l'enfonça dans la tablette et la tourna comme s'il s'agissait d'une poignée d'une étrange porte alors qu'il n'y avait rien derrière. Mais lorsque cette étrange porte s'ouvrit, elle donnait sur le monde des vivants, dans laquelle le petit réprouvé jeta un regard, et vit qu'il ne restait que deux tas sanguinolents à l'endroit où Ryugi et Kaoru s'étaient joyeusement suicidés. Puis Ryugi referma cette porte, la brisa en deux d'un coup de sac à dos trouvé derrière lui, tendit une moitié à son invitée et commença à manger cette tablette de chocolat. Ca le régénérait un peu, lui redonnant son énergie. Ryugi se leva alors, et escalada un étrange mur blanc qui s'avéra être une tasse de thé géante, s'asseyant au bord du récipient. Et Ryugi sortit du sac à dos un sucre d'orge géant avant d'aspirer avec tel une paille le thé qui était dans la tasse. Son énorme morceau de chocolat presque plus grand que lui dans la main. Puis Ryugi s'arrêta net.

"Hein? Ah, on était pas là pour prendre le thé? Oups, deux secondes."

Ah oui, il fallait qu'il fasse passer le test à Kaoru. Quel test pourrait il lui faire passer... Le test qu'il avait reçu lui même de Viruk? Oui, mais non. Il y avait un problème : Ryugi avait compris que la peur de chacun était une chose différente, et surtout, Ryugi n'avait pas encore compris ce qu'était une peur, surtout parce que celle des gens n'était pas celle d'autres personnes. Donc, comment décrire l'indescriptible? Il fallait donc qu'il comprenne ici même ce qu'était cette peur, pour qu'il puisse connaître la peur de Kaoru afin de l'invoquer et de lui faire faire face. Le jeune passeur tendit la main en gardant sa paille rouge et blanche dans sa bouche, et une des fraises tombant du ciel se changea en dictionnaire qu'il farfouilla à Peur : et ce qu'il lut ne l'aida pas beaucoup. Car il y avait un gros espace vide. Heureusement que Kaoru était là.

"Diiiiiiiiiiiiiiis? N'est quoi une peur? Mais sois simple!"

A peine Kaoru avait-elle rejoint son ami réprouvé, que celui-ci recevait un grosse fraise sur la tête. Ces pluies de fruits géants semblaient un véritable fléau pour les limbes. Kaoru se demanda à quoi ressemblaient les parapluies. Ryugi, lui, s'amusait grandement de son accident, i les leva et malheureusement pour lui, partit pour une grande aventure, son casque rouge sur la [i]tête. Aveuglé, il paraissait pourtant drôlement intrigué et amusé, à en juger par les cris qu'il poussait parfois. La jeune fille le regarda avec une sourire grimaçant. Elle pensait ne plus jamais être surprise par les actions du nouveau passeur des réprouvés, mais c'était loin d'être le cas en vérité. La preuve. Kaoru se fit donc spectatrice du fabuleux comédien involontaire Ryugi Silver, qui venait juste de se libérer de l'étreinte de la fraise, la fracassant contre une tablette de chocolat géante elle aussi. Tout était démesuré dans le monde crée par le petit garçon pour le test de Kaoru. Souriant bêtement, ses cheveux rouges dégoulinant de jus bleu à carreaux roses, le réprouvé remonta à sa hauteur, et la jeune fille rit de bon coeur.

C'était peut-être un peu bête et un peu enfantin, ce que venait de faire Ryugi, mais en réalité, façonner les limbes n'était pas à la portée de tous. Le seul réprouvé aux ailes argentées avait beau paraître idiot, sa force était si grande que Kaoru se demandait s'il ne défierait pas un jour Zyo sur ce point-ci. Elle même ne parvenait guère plus qu'à rester un peu plus longtemps dans le pays entre la mort et la vie. S'y promener un peu à la rigueur, mais guère plus. Alors observer son testeur y courir, s'y amuser, et la modeler à son goût, c'était quelque peu différent. La réprouvée hocha la tête à ce que lui dit Ryugi. Ca avait beaucoup plus que changé ici. Et ça changerait sûrement davantage au prochain passage du garçon dans les limbes.

Ce dernier était déjà repartit pour un autre tour. La réprouvé venait de croquer à pleine dent le chocolat sur lequel il s'était écraser quelques instants plus tôt. A sa mine étonnée et réjouie, ce n'était pas non plus ,du chocolat standard semblable à celui du monde vivant. Puis, il mit l'objet à la verticale avant de se pencher au sol. Empoignant un concombre trouvé pas plus loin que sous ses pieds, pièce de la montagne sur laquelle ils se trouvaient, Ryugi Silver le planta dans l'immense tablette de chocolat, et, s'en servant comme une poignée de porte, fit pivoter la tablette de chocolat, dévoilant la falaise de tout à l'heure. A son pied se trouvaient les deux cadavres des réprouvés. Sanguinolent qu'ils étaient, on ne différenciait Ryugi et Kaoru que de deux choses : la taille des deux corps et les la couleur des ailes. La jeune fille qui se trouvait dans les limbes frémit un peu en voyant son cadavre, mais se força à regarder avec attention tout ce que faisait Ryugi. Avec ce garçon, on ne pouvait pas savoir si le test avait déjà commencé ou non ! Si ça se trouve, il allait se retourner d'un seul coup en souriant et lui dirait «Ah !j'ai oublié de te dire...ça a commencé !». Sans cérémonie ou délicatesse.

Mais pour le moment, l'attitude du réprouvé ne menait à rien, si c'était déjà le test. Il lui tendit un morceau de la tablette de chocolat limbienne qu'il venait de casser en deux, après avoir refermé la porte vers le monde vivant. Polie, Kaoru le remercia puis croqua avec méfiance dans la tablette. Aussitôt, le goût sucré du miel inonda sa bouche, c'était délicieux, bien que ne corresponde pas à son apparence. Puis, Kaoru sentit le goût moins fort de la pistache. Etrange, mais pas mauvais. Elle suivit Ryugi qui se dirigeait déjà vers un autre lieu, dégustant son encas, qui la rechargeait petit à petit en énergie. S'éleva alors devant eux, une immense mur blanc et lisse, froid comme le carrelage ou la porcelaine un matin frais. Impressionnée, la jeune fille cligna plusieurs fois de son oeil rouge. Le petit réprouvé avait aussi eut le temps de construire cette immense bâtisse blanche ?Au fur et à mesure de sa promenade avec Ryugi dans les limbes, Kaoru sentait naître en elle un profond respect de plus en plus grand envers le nouveau passeur. Elle suivit la progression du garçon vers le haut de la construction en volant, aux côtés de ce dernier qui préférait escalader avec beaucoup de mal le mur immaculé, qui s'avéra être la paroi d'une immense tasse blanche.

Aussitôt sur le rebord, le réprouvé sortit de son sac un sucre d'orge dont il se servit comme paille, pour boire ce que contenait la tasse : du thé. Patiente, Kaoru s'assit près de son ami, un léger sourire au coin des lèvres. Décidément, quel drôle de personnage ce Ryugi. Elle se rendit alors compte qu'elle ne connaissait pas grand chose au sujet de celui qu'elle considérait pourtant comme l'un des êtres qu'elle appréciait le plus. Elle n'eût cependant pas le temps de continuer à penser ainsi, car Ryugi Silver se souvint de la raison les ayant conduit dans les limbes. Il fit apparaître un dictionnaire, ou plutôt, transforma l'une de fraises de l'averse en dictionnaire. Il y chercha un mot. Kaoru se pencha par dessus son épaule pour suivre les recherches du jeune réprouvé. Ce dernier s'arrêta au mot Peur, qui ne bénéficiait pourtant pas de définitions, et seul un blanc suivait le mot écrit en majuscule.

"Diiiiiiiiiiiiiiis? N'est quoi une peur? Mais sois simple!"

Kaoru sursauta légèrement en entendant la question de Ryugi. Le passeur la regardait avec un air simplet mais quelque chose disait à la réprouvée que ce n'était pas anodin. Elle détourna le regard, prise au dépourvu. C'était une question qu'elle trouvait relativement difficile. Pourtant, combien de fois avait-elle ressenti ce qu'elle appelait peur ? Kaoru n'était pas en effet, une grande guerrière, dans le temps. A présent c'était peut-être différent mais...Réfléchissant, elle finit par demander à Ryugi :

«Tu veux que je te dises ce que je crois qu'est la peur ou bien c'est...autre chose ?»

Après quelques instants, elle se sentit idiote d'avoir dit ça. Ce n'était pas à elle de poser les questions. Elle avala sa salive, puis, le regard dans le vide, se dit qu'elle n'avait qu'à faire comme d'habitude : se laisser aller et laisser aller les mots qui venaient d'eux même.

«En fait...Je pense que la peur est vraiment difficile à décrire. Honnêtement, je ne sais pas du tout par où commencer ni quoi dire pour te répondre, Ryugi. Et pourtant !C'est si simple et on le dit tellement, comme un réflexe. «J'ai peur !» Alors oui tu as raison de poser cette question. C'est quoi la peur ?Hum...Peut-être peut-on assimiler ça à l'inquiétude ou la crainte ?Mais ce n'est pas une réponse...Hum...Et bien...Disons...Moi j'ai peur...quand ma vie est menacée par exemple...Mais ce n'est pas très parlant comme exemple en fait vu que je ne peux pas vraiment mourir définitivement. Alors...Je crois...que la peur provoque quelque chose de vraiment particulier. Un réflexe qui nous fait prendre nos précautions peut-être...Parfois c'est une bonne chose. Sans peur, tu ne fais pas attention et tu peut faire des erreurs lorsque tu n'y as pas droit. La peur peut paralyser aussi ,mais si tu la concentre en courage alors...je crois que c'est la meilleure chose à faire. Cela dit...souvent, la peur n'est pas bénéfique. Je pense qu'en effet, ça a été le moteur de bien des guerres et des massacres.»

Kaoru s'arrêta un instant, avant de reprendre.

«Mais je ne t'ai toujours pas répondu. J'avoue que je ne sais toujours pas quoi te dire. Je sais bien, lorsque je ressens de la peur que s'en est. Mais i l ya une chose dont je suis certaine maintenant. C'est que ce sentiment-là empêche d'avancer. Dans l'esprit je veux dire. Hum...en fait, c'est la première fois que je me questionne sur la peur alors je te dis un peu tout en vrac ce qui me vient à l'esprit lorsque j'entends le mot peur. Désolée...»

La réprouvée baissa son oeil couleur rubis sur ses genoux, un peu gênée de ne rien trouver d'autre à raconter à Ryugi. Elle qui pensait connaître pas mal de choses à propos de la vie, elle se trompait lourdement. Elle se promit intérieurement de ne plus se croire assez intelligente pour en plus se poser de questions. Comme celle-ci, si compliquée.

Toujours assis sur sa tasse de thé, Ryugi écoutait les explications de Kaoru avec attention et concentration, essayant de comprendre ce que la jeune demoiselle disait. Il pensait que chaque chose avait un sens, et que chaque personne connaissait le sens de chaque chose, chaque personne excepté Ryugi. Peut être que la jeune réprouvée savait ce qu'était la peur, et que Ryugi n'avait pas compris, ou alors peut être que les deux personnes étaient ignorantes. Le jeune homme ne voulait pas tant que ça savoir ce qu'était la peur, mais ayant entendu dire que la peur peut faire souffrir, il voulait expérimenter, mais n'étant pas quelque chose de tactile, il n'arrivait pas vraiment à imginer ce que c'était. Un réflexe, mais comment savoir s'il l'a ou pas? Comment savoir si ce qu'il ressent est de la peur ou pas? Kaoru ne savait pas vraiment quoi dire, Ryugi ne pouvait donc pas vraiment comprendre ce qu'était l'essence même de la peur. La seule chose qu'il avait compris, c'était que c'était une chose qui peut faire mal, qui menace la vie, qui réveille, qui fait qu'on bouge plus. Cherchant ce qui peut rassembler tous ces critères en même temps, Ryugi eut une idée. L'idée lui vint si soudainement qu'il en tomba à la renverse, dans sa tasse de thé, se noyant peut être dans cette eau brune et amère. Et pourtant, le niveau du thé baissait petit à petit, descendant peu à peu. Puis un ballon beige commençait à apparaître... Ah non, c'était le ventre de Ryugi qui avait tout bu, et bien gonflé. Na faisait mal au ventre qui avait une étrange sensation. Comme s'il s'était liquéfié. Lorsque Ryugi appuya dessus, du thé violet à pois roses en sortit, jaillissant comme une fontaine de sa petite bouche. Quelle drôle de sensation, ça faisait tout drôle d'être un objet de décoration. Après avoir tout recraché, nageant ensuite vers le bord de la tasse, Ryugi remonta et s'assit comme si rien ne s'était passé. Il était tout sec, comme s'il n'était jamais tombé et que le thé avait changé de couleur tout seul. Parce que violet-rose, c'était plus joli que marron.

"Ne crois que j'ai compris!"

Ryugi se concentra, et un piège à loup apparut dans sa main.

"Vala une peur, ze vais enfin pouvoir jouer avec! Na empêche d'avancer, na fait mal, na fait qu'on fait attention à tout le reste pace qu'on peut pu bouger et n'est pas gentil d'avoir une peur, pace que na fait mal sur celui qu'on utilise! Oh non, j'ai une peur dans la main, faut pas que z'en ai une sinon ze suis un missant garçon et ze veux pas être missant!"

Le piège à loup commençait à changer de forme, devenant une rose argentée, ou de l'argent rose plutot, des pièces toutes roses avec des fleurs dessus, avec lequel Ryugi commençait à jouer à pile ou face. C'était bête car les deux faces des pièces étaient identiques, mais Ryugi ne l'avait pas remarqué et comme il misait toujours sur le chiffre, bah il perdait à chaque fois. C'était pas zuste d'avoir aussi peu de chance. Vilaine pièce. Ryugi empila alors toutes ces petites pièces qui ensemble devinrent un bouquet de fleurs comme personne n'en a jamais vu, avec plein de couleurs, plein de fleurs étranges et immobiles, mais qui faisaient un "Pouet" quand on appuyait dessus. Et surtout, les fleurs sentaient bon l'abricot aux poires. N'est bon l'abricot au poires, Ryugi aimait beaucoup ce parfum. Le jeune passeur tendit ce bouquet à Kaoru. C'était inutile car elle ne pourrait pas l'emporter avec elle mais c'était parce qu'il avait entendu dire que les jeunes filles aimaient bien qu'on leur offre des fleurs. D'ailleurs, il n'avait plus de "peurs" sur lui vu que la dernière, il l'avait transformée en fleurs. Or, il se souvenait que les zéros n'avaient pas de peurs, donc réfléchissant un peu, Ryugi se demandait si le sens inverse était aussi valable.

"Vala, maintenant que j'ai plus peur, ze suis un réprouvé sans peur! Parait que les super zéros ont pas de peurs, donc maintenant que z'ai pu de peurs, ze suis un super zéros hein?"

Une jolie cape rouge flottait derrière lui, accrochée à son cou, semblant voler au gré du vent même s'il n'y avait pas de vent qui soufflait. Ryugi lui même avait changé d'habits, ayant un costume bleu, son slip rouge par dessus son pantalon et un S comme Silver sur sa poitrine. Le sol lui même avait changé, et on aurait dit que tout le décor était celui d'une ville étrange et grise avec des maisons carrées qui montaient jusqu'au ciel, avec des étranges choses jaunes où il y avait marqué Taxi dessus, sans savoir ce qu'il voulait dire. Il pleuvait toujours des fraises à l'intérieur de cette étrange ville où tout le monde est habillé en pingouin, mais personne ne semblait s'offusquer d'une tasse de thé géante sur lequel une réprouvée et un jeune garçon déguisé étaient assis dessus. Puis il leva le poing, se leva, debout sur la tasse de thé et sauta... Et s'écrasa contre le sol. Ah ben non, l'était pas devenu un super zéro. Remontant sur la tasse pour revenir au niveau de Kaoru, ses vêtements étaient redevenus normaux. Le décor aussi avait disparu, redevenant tout noir comme si quelqu'un avait éteint la lumière. Mais il pleuvait toujours des fraises. Il ne restait plus dans ce monde qu'une tasse de thé géante, deux réprouvés, une pluie de fraises et un nuage souriant.

"Ah ben non, c'était pas ça une peur..."

(hj: hum !Finalement plutôt inspirée^^)

Kaoru se tourna légèrement vers Ryugi avec un air interrogatif. Sa réponse incertaine...Qu'en pensait-il ?Le jeune garçon fronçait les sourcils, semblant réfléchir intésment, comme à chaque fois qu'il participait à un dialogue plus ou moins «censé», à quelques exceptions près. Soudain, son visage s'illumina et son expression devait être identique à celle d'un certain Archimède dans son bain lorsqu'il s'exclama «Eurêka !», dans une certaine dimension lointaine. Se redressant avec un peu trop de vivacité au goût de son équilibre, le réprouvé perdit ce dernier et tomba à la renverse, ou plutôt tomba dans le thé. N'ayant pas le temps de réagir, Kaoru n'eût cependant pas à attendre longtemps, car peu après avoir disparu dans les profondeurs brunes de la boisson, Ryugi se tranforma en bonde humaine, le niveau du liquide descendant à toute vitesse pour gonfler son ventre. En voyant réapparaître son ami au fond du récipient de porcelaine le ventre bombé tel une colline couleur peau, Kaoru ne pût s'empêcher de penser qu'il n'y avait pas que l'esprit de Ryugi qui était étrange : son anatomie était elle aussi pour le moins bizarre, tout du moins, la peau de son ventre semblant élastique et extensible à l'infini. A peine eut-elle le temps de formuler ses pensées dans sa tête, que la jeune fille pût profiter d'un spectacle très rare, voir unique en ce monde si on considère le fait que Ryugi ne fait jamais deux fois la même, toujours à la recherche de nouveautés ( et de préférence, dangereuses et douloureuses).

En effet, sous ses yeux ébahis, ou plutôt son oeil vermeil grand ouvert, le petit garçon se transforma en fontaine. Le thé qu'il venait à peine d'avaler ne devait pas être très conseillé en de telles quantités, car il le régurgita jusqu'à la moindre goutte, mais le passage dans les entrailles de Ryugi avait transformé ce dernier, où du moins, l'avait teint d'une couleur rose, virant dans le violet si on regardait bien. Ah non, en fait i létait violet mais se distinguait des autres thés de par les pois roses qui s'agitait à sa surface. Après que son estomac ait retrouvé une taille normale, la passeur de niveau déjanté la rejoignit à la nage, avant de se rasseoir à ses côtés, l'air décontracté, comme si rien ne s'était passé. Maintenant plus ou moins habitués aux facéties de Ryugi, Kaoru l'écouta synthétiser et interprêter ce qu'il avait compris de sa rudimentaire et balbutiante explication de cet émotion nommée peur.

"Vala une peur, ze vais enfin pouvoir jouer avec! Na empêche d'avancer, na fait mal, na fait qu'on fait attention à tout le reste pace qu'on peut pu bouger et n'est pas gentil d'avoir une peur, pace que na fait mal sur celui qu'on utilise! Oh non, j'ai une peur dans la main, faut pas que z'en ai une sinon ze suis un missant garçon et ze veux pas être missant!"

Kaoru faillit tomber à son tour à la renverse, mais elle se rattrappa juste avant de glisser dans le thé violet à pois rose. Elle aurait dû commencer par expliquer à l'innocent et éternel clown près d'elle que la peur était une émotion !
Elle regarda Ryugi s'amuser des quasi-infinies possibilités données dans les limbes. En vérité, on pouvait y accomplir à peu près n'importe quoi, et il ne faisait aucune doute que l'expérimenté Ryugi adorait ça. Après plusieurs transformations successives du piège à loup qu'il avait d'abord fait apparaître en croyant détenir une «peur»et lui avoir offert les fleurs aux parfums abricot-poires qu'il était finalement devenu, il se retourna vers elle.

"Vala, maintenant que j'ai plus peur, ze suis un réprouvé sans peur! Parait que les super zéros ont pas de peurs, donc maintenant que z'ai pu de peurs, ze suis un super zéros hein?"

Kaoru grimaça légérement. Déjà qu'elle avait du peur à définir par des mots la peur, elle devait en plus l'expliquer à un être dôté d'un cerveau légèrement différent des autres. Le paysage changea et une sensation de malaise s'empara de Kaoru à la vue des grandes constructions lisses, vertigineuses, cubiques et verticales qui l'entouraient à présent. Bien que trésors géométriques, la jeuen fille n'aimait pas particulièrement les carrés, rectangles triangles et autres angles droits. Elle préférait de loin la douceur rassurante et apaisante des courbes du rond protecteur, comme le cycle de la vie, comme le symbole du Ying et du Yang, nom autrefois porté par les anciennes terres de Cassilmena. La jeune fille chercha son ami qui avaitdisparu de ses côtés. Elle finit par entendre un bruit sourd. Ryugi avait à nouveau basculé par dessus le bord de la tasse, mais cette fois avait-il au moins évité de se tremper (bien qu'apparement, les vêtements que portait Ryugi dans les limbes se séchaient tout seuls et à une vitesse admirable) en tombant (ou sautant ?) de l'autre côté.

La réprouvée se pencha pour voir se qu'il était advenu à son camarade. Elle distingua le petit être, bizarrement vêtu de rouge et bleu, écrasé contre le sol. Ceci dit, cela ne semblait pas avoir affecté le moins du monde le garçon, qui remonta à nouveau vers Kaoru en reprenant ses habits normaux. La jeune fille patienta, un peu pertubée. Le décor disparut alors, et ne resta plus que les deux amis assis sur leur tasse, un nuage affichant dents toutes droites sorties d'une pub de dentifrice, et quelques fraises tombant de nulle part, fine pluie héritière de l'averse précédente.

"Ah ben non, c'était pas ça une peur..."

Le ton un peu déçu de Ryugi finit de décontenancer Kaoru. Elle n'avait pas choisi les bons mots. Il faut dire que ces derniers étaient plutôt forts au jeu de cache cache. Elle inspira à fond, prête à reprendre du début. Puis en y réfléchissant était-ce vraiment la solution ?Peu importe, elle commença par préciser à Ryugi que la peur n'est pas une chose solide et concrète, d'une voix légérement tendue, bien qu'elle essuya de faire comme si tous les étranges évènements dont Ryugi avait été le héros farfelu étaient tout à fait normaux et courants.

«Hum !Ryugi, la peur n'est pas quelque chose que tu peux toucher. C'est plutôt une émotion ou un sentiment, appelle-ça comme tu veux. Ca se passe à l'intérieur de toi. La peur est différente selon les gens. Ou plutôt ressentie de manières différentes par les gens. Oui je crois que c'est à chacun de définir pour lui-même ses peurs, et comme tu me le demandes, ce qu'est- la peur. Mais quand même, c'est étrange que tu n'en saches rien ou presque. Bien sûr, je ne nies pas non plus que tu es bien téméraire Ryugi mais...»

Kaoru s'autorisa un léger rire. Elle aimait parler et rire comme si la violence du monde n'était pas, dans le monde vivant. Bien qu'elle fusse consciente qu'elle se trouvait actuellement en plein test de passage et que Ryugi était donc à l'heure actuelle son passeur et non son ami, elle ne pouvait s'empêcher de le considérer comme tel. Cependant elelse reprit bien vite, soucieuse de ne pas le froisser. L'ambiance était décontractée et chaleureuse mais, il ne fallait pas qu'elle en oublie ses priorités et la raisons de sa visites volontaires aux limbes. Elle se redressa puis, regardant droit devant elle, par delà la ligne d'horizon formée par le bord opposé de la tasse, reprit d'une voix douce et claire. Elle désirait vraiment réussir à décrire à Ryugi la peur. Ne serait-ce que pour sa satisfaction personelle, en plus évidemment, de la réussite du test.

« Il y a plusieurs sortes de peur, en général. La peur pour soi va presque sans dire. Mais puisque ce qui va sans dire va mieux en le disant, je suppose que cette peur là tire son origine de l'instinct. L'instinct de survie. Cette peur-là fait réagir etagir poru empêcher la concrétisation du danger. Hum, je veux dire en général, la peur est déclenché par un danger ou quelque chose de pas très agrèable...J'espère m'exprimer correctement...Ensuite, je dirais que vient la peur pour les autres. Peut-être est-ce dû à l'empathie ou la compassion qu'éprouve souvent les êtres vivants à l'égard de leurs semblables...Quelqu'un m'a dit qu'on voyait dans la souffrance des autres sa propre et hypothétique souffrance...Il y a aussi la peur pour des choses et des personnes auxquelles on tient...Ca aussi c'est très abstrait...Vraiment jen e sais pas si on pourrait exprimer dans son entier la peur...Il y a aussi des gens qui ont peur des endroits clos, ou au contraire d'autres angoissent en imaginant des grands espaces. Les enfants par exemple, ont souvent peur du noir car ils ne peuvent pas y voiret leur imaination leur fait voir des monstres ou des choses pas très gentilles dans les ombres de la nuit...»

Kaoru s'interrompit. Elle avait l'impression de ne rien résoudre du tout dans la question originelle de Ryugi Silver. Aussi, se tourna-t-elle vers lui en penchant la tête.

«Est-ce que tu me suis ?Je sais bien que ça ne résouds rien mais...»

Plein de mots compliques... Et un dialogue tres tres long. Difficile de tout retenir... Ah ben non, une bulle se dessinait toute seule derriere Kaoru, comme une bande dessinee... Comme ca, Ryugi pouvait prendre son temps et comprendre efficacement. Enfin, plutot, souligner les mots qu'il comprenait pas. Sortant une paille geante de deux metres de long, Ryugi sirotait le the de tout a l'heure tout en lisant les explications de Kaoru. Il etait difficile pour un enfant de representer quelque chose qui n'etait pas tactile, car tout ce qui existe selon ses pensees sont palpables, ou a la limite visible. Meme chaque emotion, bien que sur le papier invisible, etait un signe particulier. par exemple, pour lui, l'amour est constitue d'enlacements et de bisous, la haine de coups de poings, la tristesse etait palpable par les larmes qui coulaient, la colere etait visible par le rouge de la fureur de celui qui en etait saisi. Donc, le fait de ne pas pouvoir toucher, faisait qu'il avancait dans sa quete de la peur... Un pas de plus. Ryugi commencait donc a mieux comprendre les emotions. Et ca, c'etait un des objectifs du test. Le plus grand merite d'un professeur est d'apprendre lui meme de ses eleves... Meme si la, dans ce cas, c'etait juste l'interro orale et que Ryugi n'etait pas vraiment, meme pas du tout considerable comme un professeur. Ryugi souriait. En effet, il n'y connaissait rien du tout.

Fini, Ryugi avait un air de quelqu'un qui avait rien compris, comme quand on parle philosophie avec un enfant de deux ans, qui ne savait meme pas parler. Heureusement que la petite bulle etait la. Lisant de travers, a l'endroit, a l'envers, retournant meme la bulle pour voir s'il y avait un indice derriere, mordant meme la bulle pour savoir si elle avait bon gout. Euh nan, oubliez la derniere action. Bref, Ryugi relut trois ou quatre fois avant de tomber sur un truc souligne. Et la... Trois mots firent tilt dans la petite cervelle de Ryugi. Trois mots qui resonnaient mieux que mille dans le vent. Trois mots qui suffisaient pour tout expliquer, trois mots pour lui eclaircir la raison. "Instinct de survie". La volonte de ne pas mourir... Car maintenant, Ryugi etait totalement libere de ses peurs, tout simplement parce qu'il en avait saisi le sens. Instinct de survie. Chose dont Ryugi etait depourvu, et meme depuis longtemps... Et sans instinct de survie, pas de peur qui ne puisse etre cree. C'est pour ca que Ryugi ne pouvait eprouver cette peur...

"Hmmm... N'ai compris! N'est pas un piege a loups. La peur, c'est en fait zuste l'envie de pas mourir. Pace que les gens veulent pas aller dans les limbes pace qu'ils veulent rester sur leur monde, donc, ils se font tout seul des barrieres dans leur tete pour pas rester pres d'un missant pas beau et tres puissant... Merciiiii!"

Ryugi se mit alors a enlacer Kaoru. Avoir reussi a expliquer quelque chose a Ryugi sans qu'il ne comprenne de travers etait un miracle, mais pas suffisant pour ce test. Car initialement, un reprouve revolte doit apprendre a dominer ses peurs pour passer Renoncant, et Ryugi n'avait pas encore fait cela. Il devait envoyer ses peurs a kaoru pour qu'elle les affronte et en triomphe. Donc, Ryugi prit un scalpel, etant en blouse blanche de docteur (trop grande pour lui) avec masque et panoplie. Sans la tasse de the, geante sur lequel ils etaient assis, on croirait a une salle d'operation dans une clinique. Enfin, avec des fleurs et des fraises qui tombaient toutes seules du plafond. Bref, scalpel a la main, Ryugi se fit hara kiri et fit donc un carre a la place de son coeur avant de couper le carre en deux et d'ouvrir comme une porte. Le tout sans une goutte de sang. Ce serait horrible sinon. Un coeur tout rouge accroche a un ressort en sortit, comme un gant de boxe dans les dessins animes, et Ryugi essaya de se tordre pour voir ou etaient ses peurs a l'interieur de lui. Finalement, son cou s'allongea et Ryugi ecarta le ressort. C'etait tout noir dedans, il n'y avait rien... N'oublions pas que nous sommes dans les limbes.

"Oups pardon, me suis trompe, c'est tes peurs que tu dois affronter et pas les miennes..."

Repoussant son coeur dans sa poitrine, Ryugi ferma les deux petites portes a cle, puis trois secondes apres, on ne vit meme pas qu'il s'est fait une operation chirurgicale (enfin...) sur lui meme. Pas une seule trace. Le decor disparut, et Ryugi, en train de manger une poire, bah oui il avait un peu faim, tendit deux doigts vers Kaoru. Se concentrant sur elle, utilisant presque de la telepathie, pour voir ce que son coeur contenait. Puis, chaque peur de Kaoru se materialisait peu a peu... Tandis que Ryugi lui etait assis sur une sphere geante. Ah non, c'etait simplement une grosse cerise. La cerise d'ailleurs avait deux fenetres, et Ryugi a l'interieur etait en train de regarder ce qui se passait par l'une des deux fenetres...

"Bonne chance!"

"Hmmm... N'ai compris! N'est pas un piege a loups. La peur, c'est en fait zuste l'envie de pas mourir. Pace que les gens veulent pas aller dans les limbes pace qu'ils veulent rester sur leur monde, donc, ils se font tout seul des barrieres dans leur tete pour pas rester pres d'un missant pas beau et tres puissant... Merciiiii!"

Kaoru eut un sourire. Apparemment, elle avait été plus convaincante ce coup-ci. Du moins, plus performante. Bien qu'avec Ryugi, on pouvait être presque sûr qu'apprendre ce qu'était la peur n'avait pas trop d'importance et qu'il l'oublierait peut-être aussi vite que son passage numéro 145887 dans les limbes. La jeune fille fixa doucement de son unique oeil rouge le gentil réprouvé, passeur de sa race. Qu'allait-il fait à présent ?

Lorsqu'il l'enlaça, Kaoru, surprise, faillit tomber à la renverse. Les bords d'une tasse de thé en porcelaine sont plutôt dangereux et très glissants, ce qui explique l'équilibre précaire des deux amis. La réprouvée se laissa faire, l'étreinte durant relativement longtemps, dans le monde des limbes où les horloges n'existent pas. Puis, Ryugi revêtit une blouse blanche trop grande pour lui. Bien qu'il ne soit pas d'une taille ridiculement petite, et qu'il puisse très facilement trouver des habits à sa mesure (surtout dans les limbes où il pouvait pratiquement tout contrôler), le garçon semblait particulièrement apprécier de porter des vêtements trop grands pour lui. Kaoru supposa que les morts par chutes accidentelles et bêtes devaient être parmi les préférées du réprouvé. Ce dernier avait à présent un scalpel en main. La jeune fille frissonna un instant en imaginant ce qu'il allait lui faire avec cet instrument, qui paraissait redoutable dans la main du garçon. Pourtant il ne dirigea pas la lame contre elle mais l'enfonça dans sa peau encore douce comme celle des enfants. Kaoru étouffa rapidement un cri. Premièrement, Ryugi adorait souffrir et mourir. Deuxièmement, Ryugi ne pouvait pas mourir du fait de son statut de réprouvé. Troisièmement il se trouvait dans les limbes. Et enfin, il «était le passeur de niveau, justement en plein test de passage. Le sien.

Alors que le petit réprouvé découpait proprement et tranquillement un carré sur sa poitrine sous le regard quelque peu méfiant et inquiet de Kaoru, la pluie de fraise cessa, leur épargnant les éclaboussures et les bruits de chute de ces fruits de tailles impossibles. Enfin, découvrant l'ouverture faite, Ryugi sortit son petit coeur de sa protection, comme si il le faisait tout le jours ou presque. La réprouvée se contenta d'observer, ignorant totalement la suite des évènements. Lors de son premier test, auprès de l'ancien passeur, un certain Viruk, elle avait dû affronté ses peurs les plus profondes. Pour l'instant, celui qu'elle passait avec Ryugi Silver n'avait rien de commun avec ce dernier, si ce n'est justement, la peur. Et le fait de voir de ses propres yeux le coeur palpitant de son ami perturbait grandement l'intuition de Kaoru pourtant très forte. Elle n'arrivait pas du tout à deviner la suite des évènements. Elle perdit totalement le fil lorsque Ryugi se décrocha le cou et la tête au sens propre du terme pour les placer à l'endroit habituellement occupé par la pompe organique qu'il tenait dans sa main.

Puis, semblant reprendre le test et la conversation là où il les avait laissé après une pause, le réprouvé parla enfin de l'épreuve que doivent passer tout les réprouvés ( dans les tests classiques).

"Oups pardon, me suis trompe, c'est tes peurs que tu dois affronter et pas les miennes..."

Kaoru pencha la tête sur le côté avec un air interrogatif, défaut qui la poursuivait depuis bien longtemps maintenant. Elle vit ensuite son ami remettre son coeur à la place initiale, refermer la porte de chair sur sa poitrine, puis manger une poire. Ce qui n'étonna même pas la jeune fille. Elle avait désormais trop l'habitude de voir Ryugi passer du coq à l'âne, dans tout les sens du termes. Ce dernier, tout en croquant avec appétit dans son fruit, fit une expression de concentration intense, qui se mêla au délice qu'il semblait éprouver de manger cette poire. Il tendit deux doigts vers elle, puis une sphère de couleur vermeil l'engloba. Une cerise si on regardait mieux. A travers une ouverture ressemblant étrangement à une fenêtre en guillotine, Ryugi la regardait. Ses lèvres bougèrent, mais Kaoru n'entendit pas le «Bonne Chance» qui lui était adressé. Elle n'avait pas remarqué non plus la grosse cerise. Par contre, elle voyait très bien ce qui l'entourait, au départ simples volutes de fumées bleues et vertes. La réprouvée se rappela son premier test quand, de la même façon, son estomac se serra si fort qu'elle crût qu'elle allait vomir.

Tout d'abord, ce n'était rien d'autre que des formes sans contours. Kaoru s'était préparer quand même. Elle n'avait aucune idée de comment affronter ses peurs dans un univers où rien n'est réel mais où rien n'est vraiment imaginaire non plus. Pourtant, elle y avait penser, encore et encore, pendant des heures après son premier échec. Ryugi avait décidément un don très précieux. Même Viruk n'avait pas aussi bien reproduit Sa Peur. Comment affronter quelque chose qui ne peut être éviter ? Kaoru n'avait eu de cesse de se poser cette question depuis qu'elle avait commencer à faire partie du Monde.

La fumée ( en était-ce vraiment ?D'ordinaire, elle n'affichait pas en effet, ces drôles de couleurs très flash qu'affectionnait le réprouvé Silver...) entoura Kaoru, puis remplit entièrement tout l'espace que les sens de la jeune fille percevaient jusqu'à présent. Rien que du bleu volatile et du vert inodore. Puis, très rapidement, à une vitesse impossible dans le monde vivant, tout se transforma autour de Kaoru. Un autre paysage se créa ( l'employé du changement de décor des limbes travaillent très bien, il mérite vraiment une augmentation !). Dans les tons orangés, chaud et doux. Un vent chaud souffla sur le visage perdu de la jeune fille aux ailes d'or. Puis, alors que le monde des sons s'était éteint, une multitude d'entre eux explosa aux oreilles de la réprouvée. Des cris, des pleurs, des murmures, des hurlements, des larmes, des chuchotements. Des morts. La folie des vivants. La panique de ceux qui ne sont pas mort. Pas encore. Des couleurs vives et fugaces. L'orangé du feu et du soleil couchant. Puis, le rouge. Le rouge, maître de la scène. Le soleil se teint du sang de la bataille qui avait lieu autour de Kaoru, immobile, paralysée.
Le sang, elle le supportait maintenant. Elle avait même plongé maintes fois ses mains dans ce liquide, souvent encore chaud, pour sauver leur propriétaire. C'était pendant le cataclysme qui avait détruit le royaume du Yin et du Yang. Mais c'était différent. Ces jours-là, à la fois si proches dans sa mémoire et si lointains dans la réalité, le meurtrier, le coupable, c'était Dieu. A travers les éléments en colère, la punition divine avait décimé les êtres vivants arrogants des terres. Des temps où survivre n'était plus un mot, mais l'unique objectif de chacun. Mais...Mais c'était différent. Dans la cauchemar si réel que vivait la jeune fille, les coupables n'étaient pas Dieu ou la Terre-mère. Hurlant de rage, tuant, se vengeant de tout ce qu'ils avaient subis depuis la naissance du premier d'entre eux, leurs belles ailes dorées s'étirant dans leur dos, les mains tachées de sang, des réprouvés tuaient.

Kaoru sentit les larmes et le sang monter, les premières à ses yeux, le second, dans sa tête. Un bourdonnement désagréable qui couvrait cependant l'atroce fond sonore du massacre, commença à lui faire mal à la tête. Les larmes coulèrent, dévalant lentement la courbe de ses joues. C'était impossible. Cette scène était impossible. La réprouvée désirait de toutes ses forces fermer les yeux et baisser la tête. Ne pas voir ces choses. Elle avait mal. A l'estomac, à la tête et au coeur. L'oubli avait emporté les mots Ryugi Silver, passeur de niveau, limbes, test de passage. Parvenant enfin à bouger, Kaoru s'effondra par terre, sur les pavés de la rue où elle se trouvait, couverts de sang. En vérité, elle avait glissée contre sa volonté. Et ses jambes, refusant toujours de lui obéir, tremblaient. Cependant,elle réussit à reprendre le contrôle de son cou, et elle releva la tête,se forçant à regarder ce qui se passait ici. En priant pour qu'il ne s'agisse que d'une illusion, qu'elle avait simplement mal vu. Pourtant, tout comme le bruit lointain des cris de détresse, le sang sur les mains et le sourires sur les lèvres, les réprouvés se vengeaient par le meurtre des humiliations subies autrefois.

C'est alors qu'une voix forte, claire, charismatique et puissante s'éleva, emplie de haine et de mépris, de révolte et de colère. Instinctivement, Kaoru tourna la tête vers l'origine de cette voix si familière, si lointaine et si aimée. Zyo, le seigneur des deux rives se tenait sur le toit d'une maison, un sourire de triomphe aux lèvres. Un sourire mauvais. Aussitôt, la jeune fille se souvint ce jour affreux, il y a de ça tellement de temps. Le palais de cristal, siège des bénéfiques. Un rassemblement pour établir la résistance contre les forces de Darkness. L'horrible nouvelle, apportée par un ange. Zyo, chef des réprouvés s'est rallié à la cause de l'être le plus maléfique et le plus puissant qui hantait les terres du Yin et du Yang. Kaoru, d'un façon encore plus forte que ce jour-ci, sentit son coeur se serrer à un point tel qu'elle ne pouvait plus penser à rien d'autre que ce sentiment de trahison, d'incompréhension, ce sentiment si fort et si douloureux. Alors c'était vrai. Son roi, son mentor, le premier réprouvé qu'elle avait rencontré, le premier à l'avoir changer, celui qu'elle admirait plus que tout, celui qu'elle aurait suivi quelque soit les conditions, les conséquences et la destination n'était pas, n'était plus en faveur de la paix entre les peuples. Cet homme si valeureux et brillant, doux et déterminé à la fois, aux connaissances multiples...ne répugnait pas à tuer par vengeance ou par plaisir.

A l'intérieur d'elle même, tout s'effondra. Tout ce qui avait été construit puis reconstruit. C'était si douloureux. L'unique oeil rouge comme un rubis de Kaoru fixait son seigneur, dont les ailes d'or, puissantes, belles et conquérantes, se teintaient de sang. Zyo n'avait rien perdu à son charisme de chef, il maniait toujours aussi bien la force de l'eau entre ses doigts, il ordonnait et planifiait à merveille la bataille. Ses soldats, motivés, continuait leur première et ultime révolte contre le reste du monde. Kaoru, comme une poupée, se leva, retomba, parvint à faire quelques pas, puis elle tourna le dos à ce spectacle qui lui causait tant de souffrance. Elle courut, dans une interminable et désespérée fuite, trébuchant sur les corps. Elle ne put aller très loin, soudain stoppée dans son chemin par deux réprouvés s'apprêtant à égorger un homme et son fils. Alors que son père suppliait les exécuteurs de les épargner, ce dernier demanda d'une voix tremblante :

«Pourquoi faites-vous ça ?
-Pourquoi nous insultais-tu en nous lançant des cailloux et des ordures ?»

Kaoru ne ferma pas les yeux assez vite. Elle se laissa tomber à terre, se cachant le visage dans les mains. Un autre, posée sur son épaule, fit cesser temporairement ses sanglots. Elle se retourna vers un Ryugi, toujours aussi souriant. Comme d'habitude. Poser son regard sur le garçon lui fit mal aux yeux. Il brillait de rouge. Ses cheveux, ses vêtements ensanglantés, ses yeux, ses ailes à la fois argentées et sanglantes. IL semblait au comble de la joie.

«Eh Kaoruuuu !Je ne t'avais pas vu !Tu t'amuses bien ?? C'est super non !Je ne me rappelais plus que mourir brûlé faisait aussi mal c'était chouette !
-Brûlé ?
-C'est Tauuuurnil !Il se souvenait pus de moi et il m'a jeté ses flammes Braaa à la figure !^^»

S'exprimant avec de grands gestes pour mieux lui montrer l'attaque du réprouvé tête en l'air, Ryugi rigolait tout seul, devant le visage choquée de son amie effondrée. Quoiqu'un peu moins effondrée. Au profit d'une concentration intense. Le sourire un peu bêta du garçon éveillait en elle un mal de tête incompréhensible.

«Ryu...gi ?
-Oui c'est mouaaah !^^»

Kaoru se tint la tête entre ses mains, cherchant à atteindre les souvenirs très flous qui remontaient peu à peu du fin fond de sa mémoire. Une catastrophe naturelle avait anéantie le royaume nageant déjà en plein chaos du Yin et du Yang. Encore après, après avoir survécue grâce à sa nature de réprouvée, elle s'était rendue dans un endroit balayé par les vents. Elle n'en était pas sûre. Etait-ce son cerveau qui cherchait à fuir le massacre qui continuait autour d'elle en créant ces images ? A cet instant, Zyo se posa près d'elle, et l'air inquiet, la regarda avec une douceur totalement opposée à la cruauté dont son visage s'était paré pour tuer un ange venu défendre les humains qui vivaient là.

«Kaoru...Tu vas bien ?Es-tu blessée ?
-Salut tonton Zozyyooo !»

Le seigneur des deux rives gronda légèrement son subordonné qui ne respectait aucune règle ni aucune hiérarchie, avant de venir s'agenouiller près de la jeune fille qui ne savait plus où elle en était, hormis le fait que ce spectacle sanglant lui était insupportable.

«As-tu mal quelque part ?Qui est celui qui t'as blessé ?
-Je...»

Kaoru s'interrompit. Zyo croyait qu'elle était au sol à cause d'une blessure, évidemment causée par un des «ennemis». Sa voix se bloqua, quelque part dans sa gorge, sous les cicatrices de ses tentatives de suicides. Ce moment-là paraissait trop possible, si elle oubliait que les «méchants» étaient aujourd'hui le peuple auquel elle appartenait. La réprouvée tenta de remettre de l'ordre dans son esprit embrumé. Ce dernier mot lui rappela les limbes, qui, quand personne n'y touchait, prenaient naturellement cet aspect. Alors, le Ryugi à ses côtés termina de raviver ses souvenirs, brutalement effacés par la «réalisation» de sa plus grande peur : la mort donnée par ses frères, en guise de vengeance de tant d'années de rejet. Regagnant un certain calme, Kaoru chercha un moyen de sortir de l'illusion de la bataille. Elle n'en trouva pas. Puis, elle se rappela que le test des réprouvés en quête de force consistait à affronter ses peurs. Elle devait donc faire face à ce qui se passait autour d'elle, malgré la difficulté qu'elle avait de ne serait-ce que lever les yeux vers le massacre. Le bourdonnement dans sa tête s'estompa, bien qu'il ne disparut pas complètement. Elle se retourna vers le faux seigneur des deux rives.

«Je...vais bien. Mais je ne crois pas que ce soit le cas de tout ces gens, lui répondit-elle avec un geste vague en direction des corps étendus un peu partout.
-Dans ce cas, tout va pour le mieux.
-Non...non...Je...Zy...Zyo !On ne peut pas faire ça !»

Sa voix tremblait autant que celle de l'enfant tué quelques minutes plus tôt. Et ses yeux, son unique oeil, brillait de larmes, ces dernières renforçant l'éclat rouge de sa pupille. Le chef des réprouvés se tourna vers elle à nouveau, alors qu'il se préparait à retourner accomplir la vengeance de son peuple.

(hj : suite page 2.....)

(hj : double-post dsl ça dépassait le limite autorisée ^^'')

«Kaoru...Je sais que tu n'aimes pas te battre...Autrefois, j'aurais dit que c'était tout à ton honneur, mais dans notre monde, il faut se débattre pour survivre. Nous autres réprouvés, nous avons trop longtemps laissé le reste du monde nous marcher dessus, en quête de l'acceptation. Notre race a trop longtemps souffert. A cause de la couleur de nos ailes et de nos origines, nous avons été rejetés et massacrés. Pourquoi devrions-nous nous retenir maintenant ? Aujourd'hui, je vais mener moi-même la révolte et nous serons libres. Libres d'aller où nous voulons sans nous caché, nos ailes étendues au soleil et à l'air libre. Libres de faire ce que nous voulons. Juste libres.»

Autrefois, alors qu'elle n'était encore qu'une petite sauvageonne rêvant de rencontres, de tranquillité et de liberté, elle aurait sans doute complètement adhéré aux idées exposées par Zyo. Mais maintenant, maintenant qu'elle avait connu et échangé avec tant de gens tous différents, elle ne pensait plus ainsi. Les rêves, aussi grands soient-ils, ne doivent pas être réalisés en écrasant ceux des autres. Aussi détestables soient ses autres rêveurs. Kaoru se releva à demi, le visage à l'instant ravagé de larmes semblant de plus en plus déterminé. Elle ne regardait que le seigneur des réprouvés, afin de ne pas être perturber par le reste du décor et des acteurs sanglants.

«Mais...Zyo...Je...Ce 'est pas ainsi que nous obtiendrons une liberté véritable et éternelle...Je suis sûre que vous comprenez ce que je veux dire...Les victoires tachées de sang d'innocents ne valent rien...Et...Nous réprouvés...Qui sont nos ennemis ?En plus, en agissant ainsi, nous serons encore plus détesté !
-Nous le sommes déjà, Kaoru...De plus, en montrant notre force au monde, nul n'osera plus nous écrasé comme autrefois.
-A vous entendre, Zyo, nous ne pourrons vivre libre que par le sang. Je ne suis pas d'accord...Je veux devenir forte pour...être utile, pouvoir me battre pour mes convictions. Je sais bien que dans ce monde imparfait, la force est importante. Mais je suis aussi convaincu qu'on ne doit pas l'utiliser de...cette manière...Je...Je ne veux pas que les mains de mes frères réprouvés soient souillées d'un sang pur. Je crois que tout le monde, qu'importe son âge, sa race, son sexe, désire la paix et vivre paisiblement. Alors, pourquoi engager une bataille qui ne mènera à rien ?Je ne veux pas ça !»

Kaoru attendit de voir ce qui allait se passer. Ce qu'allait répondre l'image du seigneur des deux rives. Au fond d'elle-même, elle pensait avoir surmonté sa peur. Ou plutôt, penser à un massacre perpétré par les réprouvés ne la paralysait plus. C'était encore difficile à imaginer certes. Mais cette illusion si réelle et ce qu'elle venait d'échanger avec Zyo lui avaient tout de même fait réalisé une chose. Les réprouvés, un jour, se battraient très certainement pour leur salut et leur liberté. Kaoru espérait malgré tout que cela se ferait dans une bataille moins sanglante que celle-ci. Puis...

(hj : j'espère que ce n'est pas trop long et barbant...et que je n'ai pas été trop loi net que j'aurais dû te laisser poser quelques trucs >< dis le moi si il faut que j'édite et modifies certaines choses >< Merci d'avoir lu XD)

Puis... Zyo sourit. Les morts commencerent a disparaitre, tout commenca a s'effondrer, et le visage de Tonton Zozyo devint peu a peu celui de Ryugi. Kaoru etait revenue.

Mais revenons en arriere.

Lorsque Ryugi tendit sa main vers Kaoru, son doigt pointe vers le coeur de la jeune demoiselle, tout commenca a s'effacer, Ryugi lui meme. car celui ci disparaissant, entrant a l'interieur meme de Kaoru, comme un petit microbe voyageur qui ne donne pas de maladies, tandis qu'elle ne voyait plus que de la fumee. Bah oui, c'etait pas encore clair vu que ryu' ne savait pas quoi y mettre dedans. Pace que a son avis, Kaoru n'avait pas peur des lapins verts. Entrant et visitant l'esprit de Kaoru, Ryugi y vit de tres jolies choses, et faillit meme s'attarder dans le coin de ses souvenirs dans la chambre de son esprit. Quand il pense a sa propre chambre, compare a celle la, il dirait que la sienne etait... Tres mal rangee. des jouets partout, enfin, jouets, lames, autres armes, ours en peluche et ballons de baudruches. Ou des trucs dans le genre. Pas un pas sans trebucher sur une banane ou un concombre. Ou sans recevoir une tarte a la creme glacee parfum vanille legerement teintee d'abricot. Un parfum qu'il adorait. Mais bref. Cette chambre spirituelle etait elle tres bien rangee, sans pieges, sans grandes defenses psychiques. Alors, Ryugi pouvait entrer assez profondement, jusqu'a ce qu'il trouve une espece de sphere eloignee de tout, ou il n'y avait rien autour. Comme si les elements de cette chambre repugnaient a etre a cote. Peut etre etait-ce ca ce qu'on appelait peur? Ryugi sauta dedans... sans se mefier. Une sphere brillante avec plein de couleurs, qui s'en mefierait? Et dedans, Ryugi y vit Zyo. Nyu? Elle avait capture tonton Zozyo dans son esprit? Ah nan, n'est juste une partie de tonton zozyo. Une partie qui avait l'air missante. Avec beaucoup de sang tout autour. Pitetre qu'elle avait peur du sang? Quoi d'autre encore... ah bah tiens, un squelette! Et pas le sien. Pis des mutiles, des malades... Et pas des reprouves. Avec a cote des munitions. Ouh, une zolie catapulte! Ryugi aurait bien voulu l'essayer mais bon.

Bon, faut resumer. Qu'est ce qu'on a... Un zozyo pas gentil, des morts, des blesses, du sang partout... Pis meme la guerre. Donc va falloir comme les legos assembler tout ca. Que faire avec un Zyo missant, une guerre, une tarte a la fraise et plein de morts? Ah non, pas de tarte a la fraise. Bref. Un zozyo mort avec une pancarte *Ne suis missant*? Nan, pas assez de piafs dedans. Un zozyo qui joue avec un squelette dans une piscine remplie de jus de tomate? Nan, les squelettes savent pas nager. ah bah voila la solution. Un Zozyo qui veut faire la guerre, et qui l'a gagne... Donc plein de morts de l'autre cote. mais qui mettre dedans? Bah, la flemme de reflechir, on va mettre de tout dedans. des demons, des humains, des sorciers, des monstres, des missants, des anges, des tartes a la cerise, des yaourts pomme abricot et meme une peluche nounours qui n'a perdu un oeil. Vala, Ryugi avait son illusion prete. Gardant toutes ses idees dans une petite sphere, Ryu' chercha alors le cerveau, la ou il y avait toutes les sensations et les infos traitees dedans. Puis il y balanca cette petite sphere illusoire et l'illusion commenca tandis que le jeune reprouve sortit de sa position actuelle et revint dans les limbes voir Kaoru se debattre dans cette illusion. Et Ryugi jouait a la marelle pendant que Kaoru, prisonniere de cette illusion, semblait parler toute seule.

"Brule?"

Ah tiens, ca, bonne idee. C'est vrai que ca faisait longtemps qu'il ne s'etait pas jete dans un volcan. Faudra qu'il y aille apres le test, pour voir si c'est plus drole qu'un bon ecartelement. Mais, on dirait que Kaoru pleurait. Ou la, il avait pitetre un peu trop force la dose. Heureusement que lorsque Ryugi avait balance l'illusion, il l'a envoyee a moitie finie dans le cerveau de Kaoru et pas directement finie sur elle. Car dans ce cas, ce serait avec le cerveau de Ryugi que l'illusion serait faite, et cela deviendrait bien moins logique, bien moins sense. Parfois, la flemmardise a du bon... Mais c'est surtout cela qui differenciait l'illusion de ryu' a celle de Viruk : Impossible de retransmettre a 100% une peur quand ce n'est pas la notre... Et c'est pourquoi cette illusion etait mieux reussie. Mais bref, Ryugi prit un mouchoir et epongea les larmes de Kaoru, bien que celle ci ne le sente pas. La tenant par les epaules en esperant qu'elle parvienne a s'en sortir seule. Sans pour autant envoyer des pensees positives... Car sinon ce serait aider et tricher. C'est alors que Kaoru sortit un long dialogue.

«Mais...Zyo...Je...Ce 'est pas ainsi que nous obtiendrons une liberté véritable et éternelle...Je suis sûre que vous comprenez ce que je veux dire...Les victoires tachées de sang d'innocents ne valent rien...Et...Nous réprouvés...Qui sont nos ennemis ?En plus, en agissant ainsi, nous serons encore plus détesté ! A vous entendre, Zyo, nous ne pourrons vivre libre que par le sang. Je ne suis pas d'accord...Je veux devenir forte pour...être utile, pouvoir me battre pour mes convictions. Je sais bien que dans ce monde imparfait, la force est importante. Mais je suis aussi convaincu qu'on ne doit pas l'utiliser de...cette manière...Je...Je ne veux pas que les mains de mes frères réprouvés soient souillées d'un sang pur. Je crois que tout le monde, qu'importe son âge, sa race, son sexe, désire la paix et vivre paisiblement. Alors, pourquoi engager une bataille qui ne mènera à rien ?Je ne veux pas ça !»

Avoir tenu tete a son ancien chef, peut etre etait ce la cle pour briser cette illusion qui se dissipait peu a peu dans son esprit, et ainsi, Ryugi, le vrai Ryugi, se superposa au visage de Zyo. Car en fait, n'etant pas completement son illusion, Ryugi n'avait rien vu de ce qui s'est passe... Mais il etait sur que la, l'illusion s'etait brisee. Elle etait de retour. Elle avait passe le test... sauf que ryugi ne voulait pas la laisser la. Le test serait normalement fini pour tout passeur normal, mais pas pour ryugi. Car un detail le choquait encore, et il ne la lacherait pas tant que ce detail ne serait pas regle. C'est plus qu'une revoltee qui passait son test. C'etait une amie chere a son coeur, et en temps que tel, la faire progresser durant ce test etait la meilleure des solutions.

"Alors? Qu'est ce qui s'est passe? Racontes! ne veux savoir! Tu as vu tonton zozyo? Ah vui, N'allais oublier. Tu as presque fini le test, mais j'aimerais verifier un dernier detail : ton pouvoir de renegec... Ranemect... Resurig... Bref, ton pouvoir de t'es morte et pouf! t'es vivante! Pace que la, tu as bobo a un n'oeil. Mais quand tu es reprouvee, lorsque tu es morte et que ton corps n'est qu'un gros tas de chair informe, on peut le remodeler comme on le sait. Il faut penser que tu as deux yeux et tu auras deux yeux qui marchent tous les deux! Mais non, il ne faut pas le penser. Il ne faut pas se contenter de le croire. Il faut le savoir. De toutes ses forces. Si tu penses juste que tu as deux yeux, tu vas revenir a l'etat d'avant que tu es morte. Non, il faut le savoir du plus profond de ton etre, en visualisant point par point chaque partie de ton oeil manquant, comme si tu as toujours eu deux yeux, que tu ne les as jamais perdus, quitte a modifier tes propres souvenirs. C'est comme ca que ca marche, et ce sera la derniere chose que je te demandes."

Car ryu' aimait bien changer la couleur de ses yeux grace a ce procede, et meme la couleur de ses cheveux ou de ses ailes. Il avait meme reussi une fois a s'implanter de cette maniere un troisieme bras. Mais il est redescendu a deux pace que tout le monde avait que deux bras et que le troisieme etait pas zouli. On pouvait se fier a ce que Ryugi disait. Car en effet, qui donc mieux que lui utilisait ce pouvoir de resurection?

Puis, un fin sourire illumina le visage de Zyo, tandis que ce dernier se dissipait peu à peu, tout comme le paysage autour de Kaoru. Les traits du seigneur des deux rives se confondirent en ceux du passeur des réprouvés. Et puis, elle fut de nouveau adns les limbes. Le doux sourire de Zyo se transforma en sourire malicieux et facétieux. Voilà, l'illusion de ses peurs se dématérialisa comme un rêve est oublié après une longue nuit. Un rêve fugace. Kaoru cligna plusieurs fois de la paupière, un peu décontenancée. Elle regarda le garçon qui se tenait devant elle, qui la regardait avec sympathie, puis, semblant soudain tout excité, il s'exclama :

"Alors? Qu'est ce qui s'est passe? Racontes! ne veux savoir! Tu as vu tonton zozyo? ''

Kaoru eut un faible sourire. Ces questions étaient-elles bon signe ?Le test était terminé ?Elle répondit d'abord à son ami :

«Je...Ma plus grande peur c'est...c'était de voir mes frères réprouvés souiller leurs mains de sang, mené à une bataille insupportable à mes yeux par Zyo. Je...Je l'ai vu d'ailleurs. Il...semblait tellement haineux des autres races...Et pourtant, il était si attentionné avec les autres réprouvés. C'était terrible d'assister à tout ça...Les cris...le sang...la violence...»

Kaoru baissa les yeux, puis après un silence où elle se remémorait l'horreur de la réalité de l'illusion, avant de reprendre avec un autre léger sourire :

«Tu y étais aussi Ryugi...Tu venais me voir tout content car Taurnil t'avait brûlé sans faire exprès. Tu avais l'air tellement heureux d'avoir été carbonisé !»

Ryugi avait déjà enchaîné le temps que Kaoru pose ces quelques phrases.

''Ah vui, N'allais oublier. Tu as presque fini le test, mais j'aimerais verifier un dernier detail : ton pouvoir de renegec... Ranemect... Resurig... Bref, ton pouvoir de t'es morte et pouf! t'es vivante! ''

«Résurrection.» l'aida Kaoru, souriant encore un peu plus suite à ce léger problème de vocabulaire du passeur des réprouvés.

''Pace que la, tu as bobo a un n'oeil. Mais quand tu es reprouvee, lorsque tu es morte et que ton corps n'est qu'un gros tas de chair informe, on peut le remodeler comme on le sait. Il faut penser que tu as deux yeux et tu auras deux yeux qui marchent tous les deux! Mais non, il ne faut pas le penser. Il ne faut pas se contenter de le croire. Il faut le savoir. De toutes ses forces. Si tu penses juste que tu as deux yeux, tu vas revenir a l'etat d'avant que tu es morte. Non, il faut le savoir du plus profond de ton etre, en visualisant point par point chaque partie de ton oeil manquant, comme si tu as toujours eu deux yeux, que tu ne les as jamais perdus, quitte a modifier tes propres souvenirs. C'est comme ca que ca marche, et ce sera la derniere chose que je te demandes."

Après cette longue tirade de Ryugi, Kaoru ne pouvait qu'admirer encore plus le garçon. Il évoluait à une telle vitesse !La jeune fille fit une légère grimace, quand Ryugi parla de ses yeux. Elle écouta cependant avec attention l'explication qui suivit. Elle ne doutait point des paroles d'un expert en résurrection. Mais elle se demandait si ça marcherait avec elle, alors que cela faisait déjà quelques temps qu'elle vivait à un seul oeil. Elle voulut faire part de ses doutes à Ryugi, mais l'air convaincu et déterminé de celui-ci l'en dissuada. Après tout, si elle voulait devenir forte, c'était avant tout par son attitude qu'elle commencerait à le devenir. Elle ne devait plus se laisser à de tels doutes absurdes. Plus facile à dire qu'à faire cependant. Combien de fois la jeune fille avait tenté de ne plus être aussi sensible et prudente ?Mais Kaoru était persuadé que, même si c'était très doucement, elle changeait petit à petit.

Alors, elle sourit à son ami.

«Je vais essayer.»

Bon, maintenant il lui fallait revenir à la vie en oubliant complètement la perte de son oeil. Autant elle n'avait jamais essayé pour la deuxième partie, autant elle se sentait perdue vis à vis de la première. Elle avait déjà ressuscité plusieurs fois mais...C'était bien la première fois qu'elle restait aussi longtemps dans les limbes. Même lors de son test avec Viruk, elle n'avait passé autant de temps à la suite dans ce monde étrange dont seuls les réprouvés reviennent. Elle se concentra, désirant retourner dans le monde des vivants. Ce fut plus simple qu'elle ne l'avait cru, car presqu'aussitôt, elle se sentit comme tirée, aspirée. Elle devina que son esprit retournait sur Cassilmena, pressé de quitter ces lieux mélange de vie et de mort. Se référant à ce que lui avait dit Ryugi, elle imagina le tas de chair qui restait d'elle en bas des falaises. Elle le voyait déjà se reconstituer (elle n'aurait sût dire si elle le voyait de ses propres yeux ou si elle imaginait encore). Les membres épars et le cerveau éparpillé ne refaisaient bientôt plus partie que d'un seul corps. Kaoru se concentra intensément lorsqu'elle sentit (ou vit ?) que son visage se reforma. Elle se souvint de son image avec deux yeux, puis elle revécut intérieurement ce qui lui avait valu la perte de son oeil. Comme le lui avait conseillé Ryugi, elle pensa très fort, falsifiant ses souvenirs, et sa mémoire changea. Elle n'avait pas reçu cet éclat, elle l'avait évité de justesse, comme avertie. Elle clignait encore des yeux d'hébétements, debout au milieu d'une ville qu'un incendie ravageait. Le feu semblait l'hypnotisait, elle tendit la main et...

Se réveilla en parfaite santé, allongée sur un plage de gravier. Elle s'assit, et leva le bras devant elle. Ferma l'oeil gauche. Elle plia et déplia ses doigts fins, et les voyait toujours aussi bien. Son oeil droit était revenu. Un large sourire illumina son visage maintenant complet. Ses joues pâles reprirent très vite des couleurs, elle inspira à fond l'air marin et se releva, esquissant quelques pas de danse. Qu'elle était heureuse d'avoir réussi à récupérer son oeil et du premier coup attention ! Son rire éclata comme des milliers de carillons ensembles. Elle se tourna vers Ryugi, prête à le serrer dans ses bras dès son retour des limbes.

Cet étrange pouvoir de résurrection, peut être qu'aucun réprouvé n'avait senti ce pouvoir, compris ce pouvoir, autant que Ryugi lui même. Il ne savait pas si quelqu'un connaissait cet étrange secret que constituait le pouvoir de résurrection... En tout cas, si quelqu'un venait à devenir un seigneur des deux rives, il fallait qu'il le sache. Il fallait qu'il l'apprenne. Car, si tout le monde croit que c'est une simple malédiction, ou une bénédiction, tout le monde se trompait lourdement. C'est pourquoi Ryugi voulait apprendre à Kaoru à utiliser à bon escient ce pouvoir. Il voulait lui apprendre à être forte, à être plus forte que les autres, à être une recrue potentielle. Peut être était-ce pour assurer le futur, pour être sur qu'il ne lui arrive rien de grave, pour être sur qu'un jour, lorsque le monde aura évolué, que la paix sera revenue et que le monde aille mieux, que Kaoru prenne cette place de seigneur des deux rives. Enfin, si tonton Zozyo n'est pas revenu entre temps. Il lui faudra un entrainement dur, aussi dur que possible. Mais Ryugi avait le sentiment qu'elle y arriverait... Si elle arriverait à passer cette épreuve. Cette dernière épreuve que le passeur lui confiait. Cette dernière épreuve que Ryugi voulait à tout prix que Kaoru réussisse. Ca y est, les deux ames semblaient remplies à ras-bord d'énergie limbienne. Il était donc temps de remonter... Et bien sur, les dames d'abord. C'est pourquoi Ryugi se créa une balançoire, juste pour dépenser un peu de son énergie afin de rester un peu plus longtemps et de partir après... Ah non, c'est juste qu'il avait envie de faire de la balançoire.

Bref, Ryu' s'amusait bien dans les limbes. Il jouait à faire des allers et retours perché sur sa balançoire, à tenter et à réussir des loopings. Quoi de plus simple, il fallait juste inverser la gravité de l'endroit au bon moment et pouf, Ryugi fit plein de tours de plus en plus vite, devenant une petite tornade assez dangereuse qu'il valait mieux éviter de toucher. On aurait dit un disque, ou plutot un cylindre, tellement le jeune garçon tournait vite. Et résultat, au moment où Ryugi arrêta, fiouuuu! Le jeune réprouvé fit un long vol plané et s'écrasa... Ah non, il ne s'écrasa pas vu qu'il n'y avait pas de sol. Mais bref. Il était temps pour lui de revenir dans le monde des vivants. Prenant une pose de sentai (type power Ranger) parce qu'il en avait bien envie et que ça faisait classe, l'esprit de Ryugi s'envola des limbes et retourna dans le monde des vivants, où Ryugi semblait se réveiller comme d'un long rêve. Et à peine debout qu'il se fit étreindre par une étrange force... Alliée à une grande douceur. Quel étrange paradoxe, que de se faire serrer dans les bras d'une jeune réprouvée qui venait de réussir son test, donc de gagner un niveau et un nouveau titre. Ryu' remarqua d'ailleurs que Kaoru avait désormais deux yeux, aussi beaux l'un que l'autre... Un sentiment de fierté remplit le jeune garçon.

"Comme tu le vois, tu as réussi, Kaoru. Félicitations. Tu as un nouveau gain de puissance et le titre de renonçant. Et deux magnifiques yeux... Mais surtout bien plus de force qu'avant!"

Ce n'est pas que Ryugi n'aimait pas être serré aussi fort, mais il fallait bien qu'elle se rende compte de sa nouvelle puissance, pour ne pas qu'elle brise quelqu'un d'autre en deux au cas où elle aurait oublié. Ryugi déposa un bisou sur le front de Kaoru comme en guise de félicitations.

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