Un Regard sur le Monde [Pv: Sayuki]

Invité

Automne incessant, presque lassant. Les douces feuilles tombent avec lenteur sur le sol constellé de perles d'eau. Avec aisance, Hathir poursuit sa route sur le chemin parsemé de feuilles mortes. Chevauchant, Sage ferme les yeux en goûtant au contact de la nature. Un elfe... depuis si peu de temps. Certes depuis toujours, mais la découverte de sa véritable identité était encore un chemin long, et tout comme celui qu'il parcourait sur le dos de son étalon, parsemé d'embuches. L'emprise de son défunt père l'avait libérée, depuis maintenant une année. La mort de sa mère et de celle de Swan étaient encore trop ressentes, pour qu'il puisse trouver de la joie dans son coeur meurtri. Perle parmi les eaux, une larme tomba. Hathir s'ébroua. Sage lui adressa une caresse affectueuse et se laissa lentement glisser de sa selle. Son regard lunaire portait sur le lac qui se profilait devant lui. La saison devenait trop froide pour penser s'y baigner.

Il s'approcha peu à peu du grand miroir aqueux, et sentit Hathir en faire de même. Reflet de ses yeux, l'eau devint couleur, océan dans les yeux, Sage dévisagea sa propre personne, dégouter d'avoir été épargné par le cataclysme. Il tourna la tête. Le souffle chaud de son compagnon, le rassura. Hathir était le seul présent, qu'il est jamais eu de son père. Il n'avait désormais, plus que l'étalon pour ami... L'elfe haussa la tête, plongeant ses yeux dans le paysage d'automne face à lui. Même sous la mort des feuilles, les arbres restaient des êtres merveilleux. Paysage sylvestre, lointain, écho dans les pensées de l'être tourmenté, Sage détourne lentement ses yeux vers l'animal. Du bouts des doigts, par effleurement il parage ses pensées avec l'étalon. Un demi-sourire empreint de confiance se peignant sur le visage d'un elfe en proie à la douleur.

-"Tu peux partir tu sais. La plaine n'est pas très loin."

Comme si il avait compris l'envie de solitude de son maître, Hathir se retira vers la grand plaine. Laissant Sage avec ses sombres pensées. L'elfe se laissa choir sur un rocher non loin de là. Près de l'eau, ses pensées voguèrent vers Swan. Puis tendrement dans une caresse tant espérée, trouvèrent le chemin de son coeur. De sa mère. Son père lui avait fais payer ses erreurs, parfois il songeait à regrets à la mort de cet être abjecte. Si il ne l'avait pas tuer... Sage secoua la tête. Le passé ne pouvait être changer, vivre son présent était difficile certes, mais pas impossible. Même si parfois, le jeune elfe se plongeait dans un tristesse sans fin. Le remord devenait alors son pire ennemi, rongeait par la solitude et l'angoisse de cet abandon remplit de lâcheté. Il n'avait pas eu le choix... Une nouvelle perle naquit de l'œil miroitant. Il la laissa mourir sur le sol. Comme il laissa mourir ses pensées dans le gouffre de la solitude incessante, qui chaque jour l'emplissait d'avantage.

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La fin du moi de septembre était une des périodes préférées de l’elfe. L’automne était à l’apogée de sa beauté, et ses couleurs vives et chaudes ressortaient davantage. Les feuilles tombaient une à une des arbres, volant délicatement dans l’air frais et humide, pour enfin se poser sur la terre imbibée d’eau. Les arbres se déshabillaient peu à peu, sans pour autant dévoiler toute leur nudité d’hiver. Le temps était doux et humide, et la légère brise qui l’accompagnait était aussi douce que légère. Cet ensemble saisonnier enchanté l’elfe qui n’était tous les jours que plus émerveillée par ses belles couleurs. Elle appréciait alors se promener dans différents endroits de l’île, pour capter la beauté partout où on pouvait la trouver.

Son dévolu s’était finalement posé sur le lac, un merveilleux endroit qu’elle appréciait observer dans tous ses états. A son réveil, le paysage était brumeux et ne dévoilait pas ses trésors lointains. Elle s’était occupé en soignant quelques animaux se trouvant chez elle, puis était finalement descendue aux écuries quelques heures après pour aller y retrouver son destrier, Erador. Son étalon blanc paraissait de bonne humeur, et elle était persuadée qu’une petite promenade lui ferait également plaisir. Elle le scella avant de monter sur son dos creux, et partit de la forêt au petit galop. Les feuilles recouvrant le sol étaient humides et se collaient facilement aux sabots du bel étalon, avant de finir leur course dans les airs.

Grâce à la proximité du lac par rapport à la forêt, la route ne fut pas bien longue. Ce ne fut que quand elle arriva à destination qu’elle put sentir la présence d’un autre être. Un elfe de surplus. Cette nouvelle ne pouvait que ravir la jeune femme. Cependant, elle ne connaissait pas cette aura, ce qui signifiait que cet elfe lui était inconnu… Il s’agissait sûrement d’un nouvel arrivant. Quand elle se décida d’aller à sa rencontre, elle fut alors frappé par la tristesse ne ses pensées perdues dans le brouillard. Le jeune elfe s’était perdu dans les sombres malheurs de sa vie, et repensait inlassablement à ses proches que le cataclysme n’avait pas épargnés. Il y avait parmi eux sa mère, puis sa compagne. Il rejetait la faute non pas à la nature dévastatrice, mais à son père, qu’il avait lui-même tuer. Il prenait ces pertes comme une sorte de vengeance paternelle. La curiosité de Sayuki ce fut alors plus vive… Pourquoi avait-il tué son père ? Que l’avait-il poussé à faire un tel acte criminel ?

Les réponses viendraient sûrement naturellement à elle, par la voix de la pensée, et elle n’aurait pas même à poser de questions indiscrètes. Ce moyen avait toujours prouvé son efficacité.
En s’approchant de l’être encore inconnue, elle pu enfin dissimuler une silhouette masculine assise sur un rocher près de l’eau. Elle ne pouvait voir son visage, mais distinguait dors et déjà une tignasse blonde. Un blond fané, blond blés, doux et léger, qui lui rappela avec bizarrerie et amertume la chevelure d’un autre elfe connu, et aimé. Ses espoirs ne pointèrent pas même le bout de leur nez, car si l’homme non loin d’elle avait était celui tant attendu, elle aurait reconnu son aura. Elle la reconnaitrait entre milles.

Avec une pointe de regret, Sayuki alla enfin à la rencontre de ce jeune inconnu dont les pensées étaient tournées vers le désespoir. Elle contourna le rocher, puis aperçut tout d’abord sa joue marqué par l’humidité d’une larme fraichement tombé. Son regard remonta ensuite lentement sur des yeux humides. Elle balaya rapidement sa chevelure, et l’ensemble de son visage. L’inquiétude et l’angoisse la prirent soudainement. Qui était-il pour ressembler autant au défunt être aimé ? Ce ne pouvait être que son frère, jumeau ou non, la ressemblance était trop flagrante. Pendant un quart de seconde, son trouble put se lire dans son regard, mais elle se maîtrisa bien vite pour reprendre une attitude sobre et sereine. Cette ressemblance ne devrait pas la perturber autant. Elle s’était promis de faire son deuil… De l’oublier, et de ne plus penser à lui. En aucun cas. Les souvenirs auraient entraînés la souffrance, et le regret… Alors pourquoi son image lui resurgissait si brutalement et de façon aussi soudaine ?

Elle secoua imperceptiblement la tête, dans le but de se reprendre. Elle se ré-concentra sur l’individu, en oubliant le fait qu’il ressemblait énormément à Akira. Son air triste et perdue toucha la jeune reine. Elle aurait voulue l’aider. Ce sentiment naturel qui s’éveillait en elle à chaque fois qu’elle faisait une nouvelle rencontre était incontrôlable. Elle frôlait la frénésie de l’altruiste, dans laquelle il ne fallait pourtant pas qu’elle tombe. Autrement, ce serait le début de sa perte, comme pour son amie Akari…
Malheureusement, vue la source des malheurs du jeune homme, il n’y avait pas grand-chose qu’elle puisse faire pour lui… Elle ne pouvait ramener les gens de l’au-delà, ou du moins, pas quand ils n’étaient pas à ses pieds, et ne venaient pas de mourir. Elle essaya alors d’aborder la conversation par un sujet complètement banal.

« Je vois que je ne suis pas la seule à aimer profiter de la beauté automnale dans un lieu aussi conventionnel. »

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