Sombre et froide nuit... [Libre]

Que faisait la jeune fille ici ? Dans cet endroit, seule en pleine nuit ? Pourquoi n’avait-elle pas depuis plusieurs jours essayée d’entrer dans l’imposante cité qui se dressait devant elle ? Etait-ce ces innombrables gens qui y étaient présent qui la rendait aussi tourmentée ? Luna avait un mauvais pressentiment. Comme à son habitude, elle se méfiait de tout. Mais pour une fois, cette intuition était plus mystérieuse que les autres. Pourquoi avait-elle l’impression de se sentir observée depuis ces six derniers jours ? Elle était constamment sur ses gardes, guettant le moindre mouvement, le moindre bruit suspect. Cassilmena n’était pas très réputé pour offrir un accueil chaleureux à des nouveaux venus. Beaucoup de rumeurs circulaient comme quoi, pour survivre dans ce qui était autre fois, cet empire du Yin et du Yang, il fallait se faire une bonne réputation. Le seul moyen de survivre était d’être aimer par les autres ou bien d’être craint par certain. Dans ce monde, seul la puissance comptait, cela en devenait presque pitoyable… Pourquoi fallait-il toujours se battre pour obtenir ce que l’on veut ? Est-ce que ce monde aurait écarté la diplomatie ? Parler était tellement mieux pour régler les problèmes… Mais Luna pensait un peu trop. Elle se laissait sans cesse submerger par ses propres rêves. Ses rêves de construire un monde meilleur, un monde où tous pourraient vivre heureux et en paix. Mais au fond d’elle-même, elle savait parfaitement que tout cela n’était pas réalisable. On ne peut changer ce qui à déjà été changé. Le mal est le mal et il est presque impossible de changer une personne rongée par les ténèbres. Il n’y a pas de retour possible pour un ange déchu ou un vampire par exemple. Ce monde n’était qu’en fait qu’une pure tragédie. La mort d’êtres innocents, pris entre la guerre opposant le bien et le mal… Quelle injustice.

Luna ouvrit soudainement les yeux. Le ciel sombre illuminé d’étoiles était face à elle. Pendant un moment elle se demanda où elle pouvait bien se trouver. Elle était allongée dans l’herbe, non loin de la ville. Comme à son habitude, contempler le ciel étoilé l’apaisait. Elle pouvait passer toute la nuit à regarder les étoiles. Cela lui permettait d’oublier un peu le monde qui l’entourait. Tout était calme, il n’y avait aucun bruit, tout était paisible. La solitude apportait donc le bonheur que Luna cherchait tant ?
Une légère brise glaciale commença doucement à souffler. Mais étrangement, cela ne dérangea pas Luna. Elle resta de marbre au vent glacial qui effleurait sa peau humaine. Elle n’aurait pas pu l’expliquer, mais elle ne ressentait pas la sensation de froid qu’elle aurait du ressentir normalement. Mais peu importe, là où elle était, elle était tranquille. Et elle n’avait aucunement l’envie de bouger. Même si son impression d’être observée ne disparaissait pas. Peut être serait-elle plus en sécurité dans la ville. Mais Luna ne voulait pas quitté le spectacle que lui offrait ce soir le ciel magnifique.

***

La mère regardait sa fille dormir. Elle avait fait son choix. Elle devait la supprimer. Le couteau effleurait la gorge de l’enfant. Elle hésitait, mais sa décision était prise. Après une grande inspiration, elle était prête à donner une pression sur le couteau. Heureusement, elle n’y arrivait pas. Elle ne pouvait pas. Après tout, c’était sa fille. Mais elle ne supportait pas ce que sa fille était devenue. Une gamine qui ne pensait qu’à ressembler à son frère aîné, qui était passionnée tout comme lui par la guerre et le combat. Désormais, elle avait de quoi pouvoir s’engager dans l’armée de sa ville. Et cela, sa mère, ne pouvait pas l’accepter. Elle avait perdu son mari, son fils était parti au suicide, et elle ne voulait pas que sa fille fasse de même. Dans un sursaut, la petite fille se réveilla. Un rayon lumineux projeta sa mère à travers la chambre. Paniquée, Luna avait fuit sa maison... Elle venait de comprendre, que ses pouvoirs ne se déclenchaient en suivant ses émotions : Incompréhension ou angoisse et peur.

***

Encore ce rêve... ou plutôt, ce cauchemar. Pourquoi Luna revivait le pire moment de sa vie ? Le moment où elle avait compris qu’elle était en réalité, seule dans ce monde… La lueur de la pleine lune la réveilla. Elle sentait on cœur battre, à une vitesse ahurissante. A chaque fois qu’elle faisait se rêve, elle était complètement déboussolée après. Mais ce qui l’a rendait aussi effrayée à ce moment même, c’est que tout était devenu calme. Le vent s’était calmer, et un épais brouillard commençait à se lever. L’ambiance devenait quelque peu sinistre. Dommage, la nuit s’annonçait plutôt parfaite, quelques minutes auparavant, ou quelques heures, Luna ne savait pas exactement combien de temps elle avait été restée endormie.
Désormais, il était impossible de voir plus loin que le bout de son nez… le brouillard était devenu trop épais.

*Génial… Du brouillard… Je croyais que l’apocalypse était passée… Je hais la météo !*


[HRP : Petit poste, désolée à celui qui viendras me repondre. J'aime pas balancer un sujet, j'ai jamais d'idée ^^. Sa iras surement mieux après quelques posts.]

Des bottes qui claquaient sèchement sur les pavés de pierre froide. Mais le son semblait atténué, comme si le temps absorbait ces nuisances. Les nuages étaient rapidement tombés au sol et avaient drapé la ville d'un linceul de mystère épais et impénétrable. Ces derniers, auparavant luisants dans la clarté nacrée de la lune d'un blanc laiteux, avaient obscurcis la terre et s'étaient assombris durant leur descente. Le brouillard était venu d'abord hésitant, puis, appréciant l'endroit, avait décidé de s'y étaler et de s'y étirer de tout son long. Il avait fondu du ciel vers la cité blessée et endormie comme un gigantesque rapaces aux ailes noires qui avait trouvé un homme agonisant et sur le point de mourir.

Avec le brouillard, le froid et l'humidité avaient aussi fait leur œuvre. Les hommes rentraient chez eux, peu désireux de rester dans le froid et cherchant un feu qui saurait leur apporter chaleur, lumière et clarté. Certains se perdaient à trois pas de leur maison, et d'autres profitaient de ces cibles faciles pour leur trancher la bourse ou la gorge. Les rares gardes de la milice qui étaient en faction retournaient qui à la caserne, qui dans l'abri installé là pour les intempéries. Ils rangeaient leurs armes et prenaient soin de bien éponger toute trace d'humidité de leur armure pour qu'elle ne rouille pas. Parfois, ils pouvaient entendre un cri étouffé, ou un gargouillement sinistre, mais ils savaient que dans la brume ils n'avaient pas beaucoup de chances. C'était comme si tout le monde était soudainement devenu fou, comme si le froid, l'eau et le noir avaient emportés la raison des gens.

Entre l'obscurité et l'opacité, on ne voyait plus grand chose. Cette jeune femme ne vit pas arriver la silhouette noire. Elle ne voyait pas la grande serre courbée qui prolongeait son bras. Elle ne voyait pas les yeux brillants dans le noir. Et peut-être, dans tout cela, n'avait-elle pas entendu le bruit des bottes qui claquaient sèchement sur les pavés de pierre froide. Quand la silhouette remarqua la jeune femme, par terre, plus loin dans l'herbe, elle marcha à pas plus feutrés. En passant des pavés à l'herbe, sa marche se fit encore plus silencieuse, et se fondit dans le bruit du vent dans l'herbe. La jeune femme allongée ne bougeait toujours pas, ne semblait toujours pas avoir remarqué la présence de cette Ombre. Finalement, la griffe se retrouva au-dessus de son ventre...

- Nightmare! appela une voix rauque. Descends de là!

Le chat tourna la tête et ses yeux reflétèrent le peu de lumière qui restait en direction de l'homme qui se trouvait non loin. Il ignora superbement l'injonction et continua de grimper sur le ventre de cette jeune femme. Les griffes découvertes s'accrochaient au tissu. Finalement, il s'allongea sur l'inconnue et bâilla.

Luna rêvassait. Elle en avait oubliée tous ce qu’elle avait pressentis tout au long de la nuit. Elle ne faisait plus attention aux pas qui s’approchaient, bien qu’elle les ait entendues. Et puis de toute façon, même si elle avait voulue fuir, la créature la pourchassant l’aurait rattrapée sans aucun problème. La jeune magicienne resta allongée, attendant l’arrivée de cette personne ou de cette chose inconnue qui rôdait dans les parages. Ce qui était déjà sûr, c’est que cette personne ou chose ne devait pas être une créature bénéfique… Si cela avait été le cas, elle n’aurait pas pris la peine de s’approcher discrètement. Quelle excitation pour un être maléfique de trouver là, une jeune fille, seule et sans défense ? Quelle chance, le brouillard de cette nuit là dissimulait tout les meurtres qui pouvaient être commis. Pour quelqu’un rongé par le mal… c’était une occasion à ne pas manquer pour atténuer sa soif de massacre.
A présent, la créature n’était plus très loin. D’ici quelques secondes, elle se retrouverait nez à nez avec la magicienne. Il était difficile de distinguer quoi que ce soit dans ce brouillard, mais Luna savait parfaitement que la personne était déjà là. Des yeux brillant perçaient cependant l’obscurité. Elle ne l’avait remarqué que quand celui-ci, la silhouette dessinée était plutôt masculine, s’était approché d’elle.

Avec rapidité, la griffe qui prolongeait le bras de l’ombre, Luna savait beaucoup de chose sur les créatures peuplant ce monde, elle avait facilement déduit qu’il s’agissait d’un ombre même dans le brouillard, se retrouva au dessus de son ventre. Ce qui était sûr, c’était que l’ombre n’était pas venu pour une rencontre amicale. Luna resta particulièrement calme. Bien qu’au fond d’elle-même, elle était prise au dépourvu. Il ne fallait surtout pas qu’elle apparaisse faible devant ce preneur d’âme. Chaque signe de faiblesse ne pouvait qu’alimenter sa soif de la tuer. Il n’y avait rien de plus amusant et de sadique que de torturer et de tuer une personne faible et incapable de se défendre. Surtout pour quelqu’un adorant tuer… Mais Luna avait déjà analysée la situation. Elle avait à l’instant même déjà tout prévu pour déstabilisée l’ombre. Sur le coup, elle pouvait remercier les livres de lui avoir tant appris sur ce monde. Sans sa parfaite connaissance de toutes les races, elle n’aurait sûrement eut aucune chance de survivre. Luna afficha tout de même un sourire anxieux. Elle n’avait pas remarquée qu’un chat s’était allongé sur son ventre. Elle n’avait pas plus fait attention aux paroles glaciales de l’ombre envers son chat apparemment d’ailleurs. Si elle les avait entendu, il aurait été vrai, elle en aurait eut des frissons. Sa voix dégageait tant de rage et de haine…

La jeune fille passa discrètement sa main droite dans le fourreau accroché à sa robe de mage, au niveau de sa taille. Avec l’autre main, elle caressa doucement le chat derrière une oreille. En principe, les chats aimaient bien les caresses derrière les oreilles. Luna tourna la tête vers l’ombre. Elle le fixa droit dans les yeux, lui faisant bien comprendre qu’elle n’avait pas peur de lui. Elle ne détourna pas une seule fois le regard. Pas une seule fois elle ne lui avait fait le plaisir de lui montré qu’elle était la plus faible des deux. Luna s’était impressionnée elle-même, elle avait effectivement gagné en assurance au cours de ces six dernières années. Il y à quelques années encore, elle n’aurait pas pu tenir tête à un ombre. Cette idée la motiva encore plus à devenir plus forte. Elle n’allait pas se laisser impressionner par un vulgaire ombre… Elle avait une promesse à tenir, et elle la tiendrait, coûte que coûte. Elle tenait toujours parole, et ce n’était pas dans sa nature de laisser tomber. Elle n’allait pas se laisser tuer sans rien faire par une pauvre créature, dévorée de l’intérieur par les ténèbres, qui ne vit que par ses meurtres. Elle avait décidée de mettre sa faiblesse de côté, et de combattre cet ombre s’il le fallait. Il était temps de mettre son plan à exécution…

- Tuez-moi, dit-elle d’une voix calme et douce.

Luna savait que tous ce qu’elle dirait dans les moments à venir ne laisseraient pas l’ombre insensible. Elle savait qu’un ombre était autrefois une personne ayant elle-même mis fin à ses jours. Elle savait aussi que la plupart des ombres détestaient ce qu’ils étaient devenus. Mais la première phase de son plan, était de faire croire à l’ombre, que c’était lui qui avait le destin de la jeune femme entre ses mains. Il fallait qu’elle commence à amplifier son envie de tuer. Puis elle finirait par le faire douter… par le replonger dans son passé… Il n’y avait pas de nombreuses solutions qui peuvent pousser quelqu’un à se donner la mort… L’amour, Luna allait essayer comme première tentative l’amour. Peut être avait-il eut un manque d’affection dans sa vie passée ou avait-il eut le cœur briser par une femme… La plupart des ombres en était arrivé là à cause de ce sentiment… ce sentiment qui sans cesse se joue de nous. Ce sentiment appelé l’amour. Luna allait jouer avec la partie encore humanisé qui existait toujours dans le cœur de l’ombre. Elle avait toujours sa main cramponnée au manche de sa dague toujours rangée dans son fourreau, mais ce n’étais pas encore le moment de sortir son arme. Elle fixait toujours la créature droit dans les yeux. Analysant n’importe lequel de ses gestes.

- Es tu autant lâche à se point ? Tues moi ! Je t’aime et c’est pour cela que tu dois me tuer ! ajouta-t-elle.

Luna avait adopté soudainement le tutoiement. Elle essayait de se rapprocher d’une personne que l’ombre aurait pu connaitre. Même si elle ne ressemblait pas à une personne qu’il aurait pu connaître, cela suffisait pour réveiller ses souvenirs. Un ombre ne pouvait pas rester de marbre à l’entente de telles paroles. La jeune magicienne avait bien insisté sur ces trois mots : « Je t’aime ». C’était de loin, le plus important dans sa phrase qui pouvait faire jaillir dans la mémoire de l’ombre, les souvenirs qu’il a préféré oublier en mettant fin à ses jours. Luna n’avait même pas bougée depuis tout à l’heure. Elle était toujours allongée, le chat couché sur elle. Pour le moment, son arme était ses mots. Elle savait que l’ombre ne fairait rien contre elle à ce moment précis. Elle aurait pu en profiter pour filer pendant qu’elle avait semée la confusion dans l’esprit de l’ombre, mais non, elle était restée là.

La nuit devenait de plus en plus obscure. Le froid s’était intensifié, le brouillard aussi. Une nuit bien sinistre. Et dire que cette nuit là avait tellement bien commencée. Elle s‘était annoncée très belle… Mais non… Il a fallut que le brouillard et que d’autres créatures viennent gâcher cette magnifique soirée… Quel terrible manque de chance.

- Oh… tu me fends le cœur… Incapable de prendre la vie de celle qui t’aime tant. Tu es pitoyable mon cher ombre.

Luna afficha un léger sourire. Pour un ombre, ce qu’elle pouvait dire devait probablement ressembler à de la torture mentale… Elle était en train de jouer avec son esprit, avec sa mémoire, avec ses sentiments… Luna était satisfaite de voir, qu’il y avait d’autres moyens que le combat pour se sortir d’une situation délicate. Peut être qu’elle pourrait bien vite s’en aller, simplement en ayant eut recours qu’à de simple mots… Mais ce qu’elle ignorait, c’était que les ombres pouvaient se montrer bien plus fort qu’elle ne le pensait. L’épreuve psychologique que faisait subir Luna à l’ombre pouvait marcher quelque temps, assez longtemps, certes, mais pas indéfiniment. Il y aura bien un moment où l’ombre ne sera plus affecté par les mots. Un moment où il reprendra ses esprits. Un moment où sa soif de meurtre sera à son maximum…
La jeune magicienne savait très bien qu'elle jouait avec le feu, mais elle s'en fichait. Tous ce qu'elle voulait, c'était se prouver qu'à elle même, qu'elle n'était plus la petite fille inutile qu'elle avait été auparavant. Elle voulait changer plus que tout... Elle en avait marre d'être mise de côté... Elle voulait au moins, pour une fois dans sa misérable vie, qu'on l'accepte tel qu'elle est. Pourquoi est-ce que personne n'a jamais voulu reconnaître son potentiel ? Pourquoi tout le monde lui avait tourné le dos ? Pourquoi avait-elle toujours été faible aux yeux des autres ?!

Elle n'avait rien dit quand le chat s'était allongé pour dormir là. Elle n'avait rien dit non plus quand l'acier sombre avait glissé sur elle. Slize garda la courbe acérée de sa faux toute proche du cou de la jeune imprudente. Elle avait ouvert les yeux, et l'avait regardé profondément. Cela troubla l'Ombre. Qui pouvait bien rester aussi calme à un moment pareil? La question suivante suivit la première rapidement: qui resterait couché là dans l'herbe par un temps pareil?
L'inconnue tendit le bras pour gratter Nightmare derrière les oreilles et le félin noir en ronronna de contentement. Mais elle ne rompit pas le contact oculaire. Son visage restait figé comme du marbre dans une forme de béatitude que l'homme n'avait connu qu'une seule fois.

- Tuez-moi.

Sa voix avait quelque chose de mystérieux. Son regard avait quelque chose de suppliant. Voulait-elle vraiment qu'il la tue? Le prenait-elle pour un imbécile?

- Es tu autant lâche à se point ? Tues moi ! Je t’aime et c’est pour cela que tu dois me tuer ! reprit-elle.

Un mot claqua dans l'air comme un coup de fouet aux oreilles de l'Ombre. Quelques instants, il ne vit plus cette étrange inconnue par terre, allongée dans l'herbe, par un temps de brouillard que les coupe-gorges appréciaient au plus haut point. Sous sa lame il tenait quelqu'un d'autre maintenant.
Elle...
Elle se tortillait par terre misérablement, pathétiquement, suppliant et sanglotant, lui implorant de l'épargner. De ses pieds tranchés au niveau du mollet, une abondance de sang s'écoulait rapidement et elle pâlissait à vue d'œil. Elle espérait encore et encore qu'il la laisse vivre. A un moment, l'homme s'était arrêté, il s'était pour ainsi dire statufié en voyant ce qu'il avait fait. Il avait pu voir sur le visage de cette femme à ses pieds qu'elle espérait qu'il avait retrouvé la raison. Mais en réalité, il n'avait fait qu'apprécier le moment.
Et il se revit, tranchant les deux mains qui éclaboussèrent du sang. Et il la revit, devenant plus pâle encore, plus blême, plus blanche, mourant lentement. Occupée bien à contrecœur à se vider de son sang comme une outre percée. Et il se souvint de sa lame s'enfonçant dans sa propre chair...

- ... fends le cœur… Incapable de prendre la vie de celle qui t’aime tant. Tu es pitoyable mon cher ombre.

Le décor redevint ce qu'il était, le passé lâcha son emprise sur le présent, les souvenirs s'estompèrent. Il regarda à nouveau correctement la femme qu'il menaçait. Par-dessus le regard violet et les cheveux de lune se posaient des yeux d'émeraude larmoyants et des cheveux noirs imbibés de sang.
*Pitoyable! Méprisable! Pathétique!* se disait-il. Mais il savait que ce qu'il ressentait n'était pas ce besoin urgent de moissonner la vie qu'il avait attribuée au souhait de la Sombre Dame. Non, ce n'était que sa haine personnelle. Il n'y avait là que lui. Que son passé. Il voulait effectivement la tuer pour le hanter ainsi, mais il était un serviteur de la Mort, et non pas quelqu'un qui l'appelle comme cela lui chantait.

- Je... ne peux pas... vous tuer... répondit-il avec une voix qu'il voulait assurée. Maintenant n'est pas votre heure. Aujourd'hui n'est pas le moment...

Il regarda la jeune femme et observa autre chose que ce visage qu'il voulait arracher. Là se trouvait une main, la gauche, fine et féminine.

- Mais je peux toujours me contenter... de ceci!

Et, en terminant sa phrase, il écrasa son talon chaussé d'une semelle de cuir épaisse sur les doigts élancés qu'il avait remarqué. Même si il ne pouvait en jurer, il avait cru sentir les phalanges craquer sous la contrainte soudaine. Il sourit et retira sa faux. En face de lui, le visage tant haï et tant aimé avait disparu enfin, et il sentit que ce simple acte lui avait permis d'évacuer ces fantômes du passé.

- N'essayez plus jamais de jouer à ce jeu avec moi. annonça-t-il sur un ton grave. Je ne suis pas de ceux qui invoquent la Mort à leur gré, mais la prochaine fois que l'envie m'en prendra, sachez que vous n'aurez jamais assez d'eau dans votre corps pour pleurer les larmes de regret de cet acte.

Enfin Slize se recula quelque peu. Nightmare, toujours couché, remarqua que son maître s'était écarté. Il se leva, s'étira en bâillant, et retourna aux cotés de la cape noire. L'Ombre regarda autour de lui. Il n'y avait toujours rien. Il regarda l'inconnue.

- Quel est vôtre nom? sa voix était maintenant calme, et il parlait plus doucement.

Slize observa la jeune femme soigner sa main brisée et pendant grotesquement au bout de son bras. Une lumière argentée apparut dans la main valide de la magicienne et les blessures guérirent instantanément là où le rai de magie touchait la peau. Mais celui-ci était ténu, et pour soigner une main entière, il lui fallut un certain temps. Pendant tous ces instants, elle ne bougea pas, sauf pour soigner un autre os brisé. Quand enfin elle termina, elle glissa lentement au sol et resta ainsi, en tas sur elle-même. Et enfin, comme si elle était revenue d'ailleurs, elle lui répondit d'une voix faible.

- Je m’appelle Luna…

La magicienne sembla tenter de se relever, mais ses bras bougèrent à peine. Elle tourna la tête comme elle le pouvait et avisa une souche tombée non loin. Sans demander d'aide ou se plaindre, elle s'y traina péniblement et lentement. Et quand enfin elle y arriva, elle s'adossa contre le tronc mort et souffla, puis ferma les yeux. Elle était sans doute en train de reconstituer ses forces. Slize regarda cette femme bien jeune un instant, puis se perdit quelque peu dans ses pensées. Puis il se tourna vers le chat à ses pieds et lui parla à voix basse.

- Nightmare, qu'en dis-tu?
"Je l'aime bien. Et je ne pense pas qu'elle va s'amuser à essayer quoi que ce soit maintenant. Peut-être un jour, dans bien bien longtemps, quand elle sera réellement forte..."
- Je pense aussi. Tu bouge et je reste?
"Ça me va. A tout à l'heure."

Le félin couleur de nuit partit en direction de la porte et disparut dans la brume. Après l'avoir perdu de vue, l'Ombre se retourna et alla voir la Dame Luna. Elle avait toujours les yeux fermés et il n'aurait pas pu dire si elle était perdue dans quelques strates des pensées ou de la mémoire ou si elle était toujours là. Il alla s'agenouiller devant elle et observa un court moment de silence.

- Et quelles affaires vous amènent en ville, Dame Luna? demanda-t-il en toute indiscrétion, mais sans se soucier de son manque de tact.

Et tout à coup, il dut s'arrêter de parler. Il pouvait la ressentir à l'instant. La rage noir le releva d'un bond, et ses mains se crispèrent d'une force surhumaine sur le manche de sa faux. Slize sentit le voile noir de la Mort tomber et obscurcir son regard. Il devait absolument tuer, maintenant. Vainement, il essaya de repousser ce sentiment, mais abandonna avec autant d'assiduité qu'il avait tenté de combattre. C'était forcément la volonté de la Sombre Dame.

L'Ombre pivota sur lui-même et faucha d'un grand arc une tête impudente derrière lui. L'homme qui venait de mourir sans avoir le temps de s'en rendre compte tomba au sol sans un bruit autre que celui du sang expulsé par les veines jugulaires. La tête tomba et roula quelque peu, puis disparut dans les ombres et le brouillard. Slize put se calmer. Dans les mains du corps, une épée de qualité plus que médiocre restait enfermée dans une poigne d'outre-tombe.

Il soupira. Cette Dame Luna devait avoir quelque chose de précis à faire pour être sauvée ainsi. Mais Slize ne pouvait savoir ce que recélait le futur. Le plan de la vie et de la mort lui était inconnu, et il ne cherchait pas à le percer, du moins pas pour le moment. Il avait d'autres choses auxquelles penser. Il attendrait d'être plus puissant, afin de mieux pouvoir se concentrer sur cette tâche et être plus à même de comprendre ce qu'il apprendrait.

Nightmare revint avec un paquet dans la bouche. Slize le prit et remercia le chat d'une caresse sur la tête. Puis il déchira le paquet et tendit le contenu à la jeune femme toujours assise.

- Tenez, mangez ceci. dit-il en tendant une sorte de branche de ronce puante et peu appétissante. Ça vous aidera à vous reconstituer des forces.

Faible. Inutile. Fardeau. Incapable. Chétive. Fragile. Insignifiant. Rejetée. Ignorée. Tels étaient les mots qui défilaient dans la tête de la jeune demoiselle. Elle était tourmentée par son passé. Par ce que l’on avait pu lui dire par le passé. Pourquoi avait-elle vécue tant de souffrances ? Pourquoi il avait fallut que la vie soit aussi cruelle ? Luna venait même à se demander, s’il n’était pas mieux pour elle de ne plus exister dans ce monde. La jeune magicienne ne s’était pas rendu compte qu’elle avait commencée à parler toute seule…

- Pourquoi ? Pourquoi ce monde est-il aussi injuste ? Pourquoi donc ? Je vous en prie, mettez fin à ces souffrances inutiles, tuez moi ! Par pitié… reprenez ce qui m’a été offert, reprenez moi cette vie inutile ! Regardez-moi ? Je ne suis que l’ombre de moi-même… incapable de rien faire. Je ne suis qu’un fardeau pour tout le monde. Appelez vous cela une vie vous ? Seule depuis six années… faible depuis le début de ma vie… Je suis si pitoyable… Je vous offrirais mon âme, si vous pouviez me débarrassez de cette vie inutile… Avait-elle dit inconsciemment

Elle avait dit tout ça, sans même prendre un petit arrêt pour respirer. Elle avait tout dit, d’une traite. Elle ne s’en était pas rendu compte. C’est comme si elle avait eut un moment d’absence. Elle avait du fermer les yeux une bonne dizaine de minutes. Elle ne s’était pas endormie, mais elle avait l’impression de ne plus avoir rien fait depuis des heures. Elle ne souvenait même pas d’avoir dit quelque chose. Soudain, une voix la tira de sa torpeur. La voix de l’ombre, l’ombre qu’elle avait rencontré il y a quelques minutes auparavant. Il avait toujours sa voix sombre, rien n’avait changé. Il lui avait demandé ce qu’elle était venue faire ici, à Cassilmena. Luna hésita un moment à lui répondre, pouvait-elle vraiment lui faire confiance ? Elle se décida quand même, après quelques minutes de réflexion à lui répondre. Après tout, il n’avait pas eu l’intention de la tuer.

- Si je suis ici, c’est parce que je suis à la recherche de quelqu’un, répondit elle comme si il ne s’était rien passé avant.

Soudain, Luna remarqua le sang sur l’ombre. Que s’était-il donc passer ? Pourquoi n’avait elle rien entendu ? Ni rien pressenti ? Elle commençait à se trouver de plus en plus bizarre. Il se passait toujours des choses étranges autour d’elle. Elle s’effrayait elle-même…
Puis soudain, une odeur nauséabonde lui chatouilla les narines. Une odeur… vraiment… L’ombre lui tendait une espèce de branche… Cette chose était vraiment comestible ? Mais la magicienne ne se posa pas de question. Elle avala la chose d’une traite, essayant de ne pas le recracher. ..


[HRP : Pas d'inspiration pour ce soir, excuses moi]

[H RP: pas de problème ça arrive à tout le monde ]

A la recherche de quelqu'un hein? Encore une qui allait avoir du pain sur la planche, entre les morts, les blessés et les valides dans la ville en reconstruction. Il la regarda engloutir la racine de ronce magique et déglutir du mieux qu'elle pouvait. Slize savait que certains mages, surtout ceux qui ne disposaient pas de réserves d'énergie importantes, utilisaient les racines de cette plante synthétisée par la magie pour récupérer plus rapidement du vide laissé. Le végétal en lui-même était hideux, puant et repoussant dans tous les sens imaginables du terme, mais rendait de bien fiers services. L'Ombre avait appris que les tours de magiciens disposaient toujours d'une réserve de ces plantes mais, comme elles poussent comme de la mauvaise herbe, on pouvait en trouver en réalité un peu partout. Évidemment, rares sont les personnes qui imagineraient consommer les racines d'une chose pareille, aussi son utilisation n'est pas très répandue et les connaissances à son sujet connues de quelques personnes seulement en dehors des magiciens qui les utilisent.

Nightmare s'avança pour venir se frotter contre les genoux de Luna et alla se coucher à coté d'elle. Le félin était extraordinairement amical avec cette personne qu'il ne connaissait pas moins d'une heure avant. Cela laissait l'homme quelque peu songeur. Il faillit repartir sur la réflexion du destin, du plan de la vie et du monde, mais s'abstint. Ce n'était vraiment pas le moment. Cependant, pour une raison qu'il n'arrivait pas à s'expliquer, il sentait qu'il devait faire en sorte que cette femme ne meure pas tant qu'il serait dans les parages, pour le moment. Peut-être un jour serait-il chargé de prendre sa vie. Mais ce moment n'était clairement pas venu. Un peu à contrecœur, l'ombre interrogea Dame Luna afin d'avoir l'esprit tranquille à ce sujet. Servir la vie n'était vraiment pas sa tasse de thé, mais personne ne lui posait la question.

- Avez-vous un endroit où aller ma Dame? Où vous pourriez vous abriter? Les nuits comme celle-là sont vraiment loin d'être sûres et si un sort de soin vous laisse dans cet état, vous mourrez avant que le jour se lève.

Slize s'agenouilla devant la demoiselle et la regarda dans les yeux. Il était en train de se poser des questions quand à ce besoin de s'assurer qu'elle vive. Etait-ce vraiment dû à un quelconque plan astral, tout comme la rage noire? Ou n'était-ce que le signe qu'il devenait complètement fou, à tel point qu'il s'imaginait des raisons pour tout? La question lui fit mal à la tête et il la prit dans sa main gauche en soufflant. Il se rendit compte qu'il avait dû fermer les yeux à un moment car il les rouvrit afin de pouvoir regarder à nouveau son interlocutrice. Et le fait qu'il puisse parler à un chat? N'était-ce pas aussi une preuve qu'il avait quelques problèmes? Mais non, Nightmare et lui se comprenaient réellement, il existait une explication logique car magique à ceci. C'était chose courante entre un animal et un homme qui se connaissaient bien et moins courantes entre deux parfaits inconnus, mais cela arrivait.
Stop! Plus de ces pensées!

- Ma Dame, je ne saurais vous dire pourquoi, mais il est de la plus grande importance que vous viviez. compléta-t-il devant le manque de réaction de Dame Luna. Alors s'il-vous plaît, dites-moi que vous avez un endroit où passer la nuit. Je ne tiens vraiment pas à rester ici jusqu'à l'aube.