Un nouveau recommencement [Sayuki]

Il y avait des jours où l'on se disait qu'il était préférable de ne jamais trouver la force de se réveiller. Malgré la beauté du ciel et de son bleu merveilleux, malgré la chaleur du soleil, c'était un jour comme celui-ci pour Emer. L'orine désinvolte qu'elle était n'avait toujours point trouvé de maître, ou ne serait-ce qu'une personne intéressante qui pourrait le devenir. Aucun n'avait l'étoffe de répondre à son énigme, bien qu'à ses débuts, elle se plaisait à y mettre de grande difficulté pour en pas que l'on la trouve, présentement, c'était le contraire. Le temps lui était de plus en plus compté, et bientôt, sa vie ne serait plus que poussière, irrémédiablement, elle devrait se rendre faiblarde dans le jardins des orines, pour s'y éteindre anonymement. Personne ne saurait qui elle était, personne ne viendrait la pleurer, et on arroserait la fleur qu'elle deviendrait, comme le disait la légende, de façon indifférente. L'idée que l'on pourrait piétiner ce qui restait d'elle lui faisait horreur.

Etait-elle trop présomptueuse? Trop vaniteuse et égocentrique? Peut-être, mais elle en avait le droit après tout. Plus de 400 ans d'errance, 400 années effacées de sa mémoire, des souvenirs étranges et sordides lui revenaient parfois sous forme de flash dans son esprit mais cela s'arrêtait là... Elle ne savait que son âge, qu'elle était une orine sans maître ayant un caractère prononcé (ou peut-être pas... après tout, est-ce qu'elle était ainsi avant de se réveiller? ) et son prénom, inscrit sur un bracelet de cuir qu'elle portait toujours au poignet.

Enfin... après avoir passé une grasse matinée à l'auberge, elle quitta les lieux, payant pour la nuit l'individu de l'accueil qui la regardait avec un drôle d'air. Cela devait sans doute être à cause de ses tenues provocantes? Elle avait toujours l'art et la manière de porter des jupes relativement courtes, et des corsages qui mettaient sa féminité en avant, sans pour autant paraître vulgaire. Cet aspect était effacée par son doux visage, et le bleu glacé de ses yeux. Ses longs cheveux chatoyants inondaient ses épaules blanches, mais l'expression de son regard semblait hagard.

Ses pas nonchalants et sa démarche sulfureuse la guida jusqu'aux jardins, comme si c'était le destin qui la menait là. Elle se trouva un banc libre et calme, regardant si il n'y avait personne aux alentours, surtout des enfants gémiards, c'était très irritant. Là, elle s'assied simplement, croisant les jambes et soupirant. Ses yeux fixaient un instant les fleurs s'épanouissant.

" Pfffff.... saletés de fleurs! Je maudis le jour où je suis née orine! Je ne tiens pas à terminer dans un jardin... quelle race pleine de médiocrité.... lamentable.... et je n'ai toujours aucun maître!! Quelle honte! "

* Je suis bien trop précieuse pour m'offrir à n'importe quel manant, car après tout, je partagerais mes pouvoirs avec cet individu... Il ne me faut pas un faible... c'est hors de mes principes... *

Emer serra subitement les poings, elle ne supportait pas sa situation désespérée. D'autant plus qu'elle savait pertinament que ses pouvoirs faiblissaient au fur et à mesure que le temps passait... l'échéance approchait à grand pas... Et d'ailleurs, cela devait ravir une personnalité inconnue, celle qui avait attenté à sa vie par deux fois, une fois par le poison, une autre sans doute par la magie.

A cette pensée, elle passa une main fébrile sur la cicatrice qui lui traversait le ventre. Cela faisait quelques mois qu'elle s'était remise de la réouverture de cette vieille cicatrice, et elle avait quelques angoisses que cela recommence. Cependant, la question qui lui turlupinait l'esprit, c'était pourquoi on souhaitait la précipité dans la mort alors que sa fin allait sans doute bientôt arriver? Pourquoi cet empressement? Cela ne signifiait qu'une chose, que c'était personnel; et si c'était personnel, cela voulait dire qu'il y avait au moins un individu sur tout Cassilmena qui connaissait la vérité sur l'identité d'Emer.... un espoir? Un sinistre espoir en tout cas...

Puis se perdant dans ses pensées, elle soupira de nouveau et ne fit nullement attention à une présence qui approchait... elle était bien trop désemparée pour être prudente....

C’était un jour magnifique, ou la lumière du soleil resplendissait et berçait la forêt dans un doux chant estival. Les derniers jours de l’été se faisaient particulièrement chauds, et l’elfe pressentait déjà que l’automne allait porter la chaleur que cet été n’avait pas pu donner. En effet, cet été avait été l’un des plus nuageux et pluvieux que l’elfe ai connu, et chacun sait que nombreux sont-ils. A la plus grande consternation de celle-ci, elle n’avait donc pas pu profiter au maximum de la chaleur habituelle de l’été, dans laquelle elle aimait faire de longue promenades suivit de baignades dans le lac ou les sources. Sa peau n’avait pas souvent été en contact avec les doux rayons du soleil, et celle-ci avait donc gardé sa blancheur intacte. Elle regrettait quelque peu sa peau légèrement halée en fin d’été, et se demandait ci cet automne allait lui être profitable pour se prélasser quelque peu au soleil. Elle ignorait si ce dérèglement climatique était une des causes de l’apocalypse encore récente. Sûrement. La nature avait besoins de temps avant de récupérer des dégâts qu’elle avait causé par sa faute.

En observant ce grand ciel bleu par la fenêtre de sa chambre, la reine des elfes n’aspira qu’à sortir de chez elle. Elle s’étira gracieusement, et dégagea de sa main les draps de soie blanche, qui dégagèrent ses fines et longues jambes. En un seul mouvement ample et fluide, elle se leva et se dirigea vers la fenêtre. Elle sourit à la vu de ce merveilleux soleil qui lui tendait les bras… Elle au soudainement envie d’aller faire un tour au jardin public, qui, en ce jour ensoleillé, devait être plus beau que jamais. Elle voyait déjà ses multiples fleurs éclatantes de santé, dont les couleurs n’étaient rendues que plus belles par la douce lumière du soleil. Elle imaginait déjà le petit étang reflétant à merveille ce ciel dépourvu de nuages, dont l’unique présence était celle de l’imposante et majestueuse reine des étoiles.

Sayuki revêtit une robe légère, faîte de plusieurs couches de mousseline, aussi blanches les unes que les autres. C’était une robe longue, serré en dessus de la poitrine, et qui lui allait à ravir. On ne pouvait que deviner ses formes féminines à travers ce tissu aussi léger qu’une aile de papillon. Elle alla ensuite faire sa toilette, laver son visage dénuer d’imperfections, et brosser ses long cheveux d’ébène. Sa chevelure était aussi lisse et soyeuse que de la soie et s’harmonisait avec la couleur émeraude de ses yeux. Elle sortit enfin de chez elle et fit un tour aux écuries, pour flatter l’encolure de son beau destrier blanc. Il aurait tous le loisir de se reposer aujourd’hui car Sayuki avait décidé de se rendre au jardin public à pied. Elle aimait bien marcher mais ne pouvait malheureusement pas souvent en profiter car elle était la plus part du temps pressé. Le devoir l’appeler souvent et elle n’avait pas assez de temps à s’accorder pour s’y rendre à pied. Son cheval lui était donc fort utile. Plus qu’un destrier, il était devenu son ami. Elle y était tout particulièrement attachée puisqu’il s’agissait d’un présent d’une de ses plus chère amies : Anna Liebert.

L’elfe de glace quitta l’écurie et se mit en route. En levant les yeux au ciel, elle fut éblouie par la lumière aveuglante du soleil, qui venait déjà réchauffer la peau de porcelaine de Sayuki. Un sourire radieux se dessina sur ses lèvres et elle ne reprit sa route que plus énergiquement. A quelques lieux du jardin, la jeune femme était toujours aussi heureuse. Quand elle arriva enfin, une foule d’odeur l’envahit. Elle prit plaisir à respirer la douce odeur florale qui s’échappait du jardin public. Elle y entra non sans contentement, et se dirigea vers un endroit calme, où elle pourrait laisser libre cour à ses pensées. Quand elle arriva à son endroit fétiche, elle entendit les pensées d’une jeune femme… Sayuki balaya l’endroit du regard et aperçut la jeune femme en question assise sur un banc. Il s’agissait d’une orine qui n’avait apparemment pas l’air enchantée de sa race… Elle maudissait sa situation désespéré car elle n’avait toujours pas trouvé de maître et que sa mort approchait à grand pas si elle n’en trouvait pas un rapidement. Immédiatement, Sayuki pensa à Yuya… Sa pauvre orine avait du périr lors de l’apocalypse, car elle ne l’avait pas revu depuis… Il était rare qu’elle reste aussi longtemps sans nouvelle de son orine, c’est pourquoi elle avait fait son deuil.

Elle se força à chasser ses sombres pensées de son esprit et se concentra plus attentivement sur les pensées de l’orine qui se trouvait en ces lieux. Elle avait l’air d’avoir oublié son passé… Décidemment, Sayuki ne rencontrait que des personnes aux troubles de mémoire en ce moment. Il y a peu de temps, elle avait rencontré Amaldriel au temple de Tsuki Akai, sous sa forme animal, et il était complètement amnésique. Elle avait dus l’aider à retrouver la mémoire. L’orine avait aussi l’air de craindre la réouverture d’une vieille blessure douloureuse… Voilà un domaine ou l’elfe de glace pourrait efficacement l’aider en usant un peu de son pouvoir de soin. Curieuse d’en connaître plus sur cette orine, Sayuki alla à sa rencontre. Elle se dirigea vers le banc où elle était assise, et, le contournant gracieusement, elle demanda de sa voix douce et apaisante :

« Puis-je m’asseoir ici ? »

Les pensées de notre orine n'étaient point tournés vers le sarcasme pour une fois, bien loin de là. C'était vaguement ce que l'on pourrait appeler de la mélancolie ou de la peine, une forme de désespoir et de lassitude.... finalement on s'y laissait rapidement gagner par ceux-ci, bien que Emer n'eut jamais été une femme à baisser les bras, du moins, aussi loin qu'elle se souvienne pour l'instant. Et si elle devait en apprendre le contraire, elle s'estimerait heureuse de ne pas avoir des brides de mémoire lui rappelant sa faiblesse. Mais là, la mort approchait et les solutions diminuaient avec le temps et les secondes. Quand brusquement, une voix féminine l'interpella, la faisant quitter doucement de ses rêveries car la tonalité du son vocal n'avait rien de brusque, bien au contraire, quelque chose d'apaisant.

Ce fut avec une certaine nonchalante que la demoiselle se tourna vers l'invitée, les cheveux par dessus son visage, elle pointa en premier lieu ses yeux bleus, durs et méfiants en direction de la jeune elfe. Puis finalement, elle se radoucit. A quoi bon maintenant... elle n'avait plus à craindre les inconnus, l'issue fatale était proche donc... elle n'avait plus en s'en faire pour sa vie qui ne serait bientôt réduite qu'à un état de.... fleur de jardin. Lamentable....

Poliment, l'elfe lui demanda alors si elle avait la permission de s'asseoir à ses côtés, en guise de réponse, elle eut droit à un vague hochement affirmatif de la tête, avant qu'elle détourna ses yeux en direction des fleurs qui s'épanouissaient non loin de là. Elle ne désirait tellement pas cette vie, elle souhaitait tellement pouvoir ne pas être enchaînée à l'étoile des orines et leur destin... Mais on ne pouvait pas changé cela...

Alors que le silence commençait à s'installer, Emer questionna aussi soudainement que cela parut la jeune femme à ses côtés, des questions tout à fait banal... D'ailleurs, si il y avait bien une chose ironique à cette situation, c'était observer ses deux dames que tout séparait, car elles n'avaient vraiment rien en commun, que se soit par leur physique, leur caractère qu'elle ne tarderait pas à découvrir, mais aussi leur tenue vestimentaire. L'élégance provocante et dissolue d' Emer, face à une elfe aux airs divins et légers. Le ying et le yang en un sens... voilà bien une chose risible.

" Vous savez que vous êtes une veinarde? Vous êtes une elfe... vous avez une vie tranquille et personne à qui obéir, personne à qui vous êtes dépendante... j'aspirerais bien à une vie pareille mais le destin aime à se jouer de ses pions... me voilà prisonnière de ma tour de verre... pitoyable. "

Emer se baissa alors légèrement en avant, s'accoudant à ses genoux, mais pour la seconde fois, elle détourna les yeux en direction de l'elfe dont elle ne connaissait toujours pas le prénom, et l'idée de lui demander ne l'effleurait pas pour le moment... Non, son questionnaire allait être presque policier, limite si elle ne lui aurait pas demander ses papiers, ses titres et tout le reste qui allait avec. Là dans son mouvement, ses yeux bleux fixaient intensément la jeune femme à ses côtés, alors que ses cheveux châtains glissèrent lentement de ses épaules. Emer affichait une petite moue curieuse mais aussi sérieuse.

" Dites-moi.... Vous faites quoi dans la vie, par curiosité? Vous semblez vivre dans de bons moyens financiers d'après votre aspect...les tissus de votre robe coûte une fortune, et le fait qu'elle soit aussi impeccable signifie également que vous prenait soin de vos affaires, soit que vous avez sans nul doute un bon chez vous... sauf.... si vous êtes une voleuse mais vous n'en avez absolument pas l'allure, et ce genre de vice ne brille pas dans vos yeux. Je me trompe? "

L'expression du regard de l'orine n'avait pas changé d'un poil, autant que sa pose par ailleurs. En tout cas, il était amusant de constater le contraste de la voix suave d' Emer, qui était rauque et sombre, à l'inverse de l'image de midinette qu'elle donnait. Pourtant, cela lui allait à merveilles, lui donnant un côté mystérieux intéressant... mais le plus grand atout de cette jeune femme n'en restait pas moins ses mains, après tout, la sculpture était son métier....

L’elfe reçue un simple hochement de tête en guise de réponse. L’orine repartit ensuite dans ses pensées, détournant son regard de celui de Sayuki. La jeune femme prit place sur le banc à côté de l’inconnue sans attendre. Elle tâcha de rester paisible et se laisser aller à la contemplation du petit étang se trouvant en face d’elle. Il était évident et presque logique que Sayuki ne perdait pas une seule pensée de l’inconnue. Tout était important, et sa curiosité l’amenait à vouloir tout savoir. L’orine paraissait si désemparé d’en être une… Elle ne voulait pas finir à l’état de fleur, quelque chose que n’importe qui pourrait piétiner sans aucun remord. Pourtant, une fleur avait toute son importance… Chaque fleur était différente, et elles dissimulaient toute une beauté incomparable. Sayuki aimait les fleurs, comme tous les autres éléments de la nature, et elle les respectaient comme de véritables personnes. Malgré leur manque de parole, c’étaient des êtres vivants au même titre que les humains.

Alors que le silence prenait place entre els deux jeunes femme, l’orine le brisa soudainement par une question indirecte, qui n’en était pas vraiment une car aucune réponse n’était attendue. Sayuki, une veinarde ? Quand celle-ci allait se poser la question logique qui s’en suivrait, pourquoi, l’orine y répondit en continuant tranquillement. Car elle était une elfe. Elle était donc supposer avoir une vie tranquille, personne à qui obéir et être complètement indépendante. Un sourire amer étira les douces lèvres de l’elfe. Elle n’avait malheureusement pas une vie tranquille, tant celle-ci était remplie de responsabilités et de devoirs. Elle était indépendante certes, mais devait en revanche obéir à Dieu. Elle devait suivre ses desseins, et atteindre le but qu’il lui avait lui-même fixé. Elle devait veiller sur les terres de Cassilmena, au même titre que les cinq autres reines. Elle devait redonnait tout son éclat à cette île qui avait tant souffert. Elle devait la reconstruire et lui redonner son ancienne gloire. Enfin, elle devait veiller sur ses habitants comme sur la prunelle de ses yeux. La liste de ses devoirs étaient longues, à un tel point qu’elle paraissait parfois interminable. Mais la nouvelle reine faisait de son mieux pour les assumer et les remplir avec excellence.

« Vous savez, ce n’est pas parce que je suis une elfe que ma vie est forcément tranquille et dénuée d’inconvénients. Je ne sais si le destin est réel ou s’il n’est qu’une image inventé par l’homme, mais la seule chose que je puis dire est que s’il existe vraiment, celui-ci tourne rarement comme on l’espérait et nous prend toujours par surprise. »

Emer s’était accoudé sur ses genoux et regardait Sayuki de ses yeux bleus intense. Elle prit un air curieux et continua son petit interrogatoire. Elle la questionner sur son activité. Elle appuyait sa curiosité sur l’apparence aisée et propre de l’elfe. La jeune femme ne savait que répondre… Devait-elle réellement révélé qui elle était ? Elle n’aimait pas afficher son rang à haute voix, à une parfaite inconnue. Cela donnait des airs de vantardise et elle ne voulait surtout pas que l’orine la croit présomptueuse. Malgré tout, elle n’allait pas mentir… A part son rang important dans la hiérarchie elfique, et le rôle qu’elle jouait maintenant dans cette contrée, Sayuki était aussi un médecin réputé travaillant à mi-temps au dispensaire, quand ses autres affaires politiques et ses responsabilités ne lui prenaient pas tout son temps.

« Cette question est bien indiscrète pour quelqu’un dont je ne connais pas même le nom… Dit-elle avec un petit sourire. Mais après tout, je n’ai rien à caché. Je me présente, Sayuki Saquarra, chef des elfes et reine de Cassilmena. A mes heures perdues, je travaille également comme médecin au dispensaire. Et à qui ai-je l’honneur ? »

Elle espérait que sa révélation n’allait pas faire fuir son interlocutrice… Elle ne parlait généralement pas de son rang car celui-ci provoquait souvent un débordement de respect inconditionnel chez les gens autour d’elle. Elle se sentait alors gênait et n’oser plus parler librement. Pour elle, le rang et la puissance importait peu, hormis dans un combat évidemment. Mais il faut dire que ce n’était pas son occupation principale, elle entrait dans un combat uniquement pour défendre un elfe ou sa propre vie. Le reste lui importait peu. Elle ne voyait pas en quoi cela gênait d’avoir une longue conversation avec un nouvel arrivant complètement perdu en ces terres, ou d’autres êtres timides et effarouchés, ne faisant pas partie de la même classe sociale qu’elle. Tous les hommes étaient née égaux, et c’était cela qui comptait.

La réponse de la jeune femme l'étonna un peu, bien que, Emer aurait dû préciser que par problème, elle parlait surtout de sa liberté d'action et de sa vie proprement parler. Néanmoins, peut-être que la demoiselle tenait à éclaircir le point que les elfes avaient aussi la vie dure... mais ce n'était simplement pas pour les mêmes raisons. Vous m'étonnez et m'en dirait temps. L'existence d'une orine n'était qu'une moitié de vie tant qu'elle ne la partageait pas avec un maître, au même titre que sa magie. Puisque sur tout ce qu'elle possédait, elle pouvait les partager avec son maître. Son invisibilité, par contact elle pouvait le transmettre, copier des sorts d'un ennemi également, et ressentir les besoins de ses êtres pour mieux le servir.... jusque dans sa magie, elle vivait dans la servitude!!! C'était plus qu'une contrainte, non?

En tout cas, le discours sur le destin de l'elfe fit naître un petit ricanement empli d'ironie et de sarcasme dans le cœur de l'orine. Il ne faisait jamais ce que l'on attendait de lui? C'était une évidence, mais à croire qu'il s 'acharnait sur son compte tout de même. Mais fallait-il perdre espoir pour autant? Soyons fou et pensons que non. L'espoir faisait vivre non? Essayons nous au vieil adage.

" Je me doute, je me doute... mais voyez vous, la chance n'a jamais été avec moi... de moins, depuis que je suis... que je me suis réveillée. Une longue histoire... et je n'ai pas le coeur à vous la raconter donc vous m'en excuserez... "

Ce fut alors qu'elle se convainc qu'il n'était pas là le temps des larmes, et qu'il était inutile s'émouvoir dans d'immondices lamentations qui n'avaient aucun sens, et qui ne ferait en rien avancer la situation. De plus, elle n'avait jamais aimé les gens qui pleuraient comme des enfants, il ne manquait plus qu'elle tomba dans ce cliché. Terrifiant...

Quelques minutes plus tard, l'elfe lui fit par de la relative indiscrétion de Emer. Comme si c'était quelque chose qui la gênait! Hahahaha! L'orine était la reine de la non pudeur, elle jouait sans cesse sur la provocation, et poser les questions qui tuent ne la défroissait pas le moins du monde. Elle se moquait des conventions bien qu'elle avait un minimum d'éthique, et connaissait les bonnes manières.

Quand Sayuki, puisque tel était son nom, lui dévoila ce qu'elle était, son statut, son grade et son métier, elle ne bougea pas d'un cil, et n'eut à peine que léger haussement de sourcil. Intéressant.... l'elfe était une femme de pouvoir, d'argent et de sagesse, en plus d'être médecin, cela signifiait qu'elle tendait la main à son prochain, qu'elle était altruiste, soit une bénéfique. Emer qui n'appartenait à aucun cas, trouvait en cela une aubaine. Néanmoins, elle resta elle-même, et ne bougea toujours pas.

" Chef, reine, médecin? Que ça? Maintenant je perçois le côté contraignant dont vous m'avez fait part Sayuki... Mais bon, c'était toujours mieux que ma situation. cela je vous l'assure. De mon côté, j'ai des connaissances de guérison, et en possède le don... mais je ne me suis jamais lancée dans ce corps de métier. Trop peu pour moi... Je fais dans l'art et la beauté, plus exactement la sculpture. Si un jour vous veniez avoir besoin de quelque chose pour votre chez vous.... "

Là, Emer se redressa enfin, s'étira un peu les bras en avant, tout en poussant un petit soupir, puis s'appuya contre le dossier du banc, croisant les jambes lassivement. Mais elle se rendit compte qu'elle avait oublié quelque chose, et elle tourna lentement la tête en souriant, un petit sourire tout du moins, il ne fallait pas trop lui en demander.

" Ho! J'ai failli oublié. Je m'appelle Emer Moytura. Je vagabonde dans le monde en attendant d'y trouver une place... rien de bien aussi palpitant que votre vie royale et tout le touti... "

Etre reine.... si il y avait seulement le côté, on est dorloté et servi par des domestiques, que l'on possède une fabuleuse garde-robe, cela lui aurait certainement plus... mais étant donné qu'il y avait ausis beaucoup de paperasse... cela avait un effet rebutant. Le prix du pouvoir...

A travers les pensées de la jeune fille, Sayuki se rendit compte à quel point la vie d’une orine était dur, et guidé par un sombre destin. Elle était lié en toute par à leur futur maître, tel un chiot errant qui mourrait rapidement s’il ne trouvait pas une âme charitable pour l’accueillir. La vie d’une orine était ainsi réduite de moitié sans un maître… Cette nouvelle attrista encore plus l’elfe… Elle pensait à Yuya, qui n’avait malheureusement pas pu vivre, malgré la présence de sa maîtresse. Le destin avait été bien cruel avec elle et ne lui avait permis que quelques années de vie, qui n’étaient pas même le quart de sa vie. Sayuki y pensait souvent, et il lui arrivait même de culpabiliser. Mais elle se reprenait souvent, essayant de se persuader qu’elle n’y était pour rien, qu’elle avait protégé la vie de ceux qui se trouvaient dans la forêt, et que sa chère orine n’en faisait malheureusement pas partie.

La jeune orine en face de Sayuki avait l’air de penser que le destin s’acharnait sur elle. Pourtant, elle était encore en vie, contrairement à beaucoup d’autres qui n’avaient pas survécu à l’apocalypse… Cela prouvait bien que le destin lui avait déjà fait une première grâce, qui ne serait sûrement pas la dernière. Elle dit alors que la chance n’avait jamais été avec elle. Depuis qu’elle s’était réveillée. Mais elle n’avait pas envie de lui compter cette longue et pénible histoire. L’elfe comprenait tout à fait. En parler de ferait que rouvrir la plaie. L’avantage était que après s’être ré-ouverte, celle-ci pouvait enfin guérir paisiblement et ne plus jamais se rouvrir. Parler était donc bénéfique au final. Au fil de ses rencontres, Sayuki avait le regret de constater que l’espoir quittait peu à peu les habitants de l’île… Etait-ce le cataclysme qui avait eu cet effet sur les survivants ? Pourtant, le fait qu’ils soient toujours en vie devait justement leur redonner espoir… L’elfe de glace n’aspirait qu’à aider les habitants de l’île, ce qui consistait avait tout à leur redonner espoir.

« Vous savez, il ne faut jamais perdre espoir, même quand les proches événements nous laisse à penser que celui-ci à déserté pour de bon. L’espoir est éternel, il ne meurt jamais, et ne doit jamais nous quitter. »

Sayuki ferma les yeux et garda quelques instants le silence. Les pensées de l’orine coulaient dans sa tête comme un long ruisseau fluide et incessant. Elle se fichait complètement d’avoir était indiscrète par ses questions, c’était dans son caractère, et elle n’allait pas changer aujourd’hui. Elle ne nota aucune autre réaction qu’un haussement de sourcil à la réponse de l’elfe de glace. Tant mieux, Sayuki en fut grandement soulagé. Elle préférait se trouver en compagnie de personnes dans ce genre, plutôt que d’autres groupies ou malveillants aveuglés par le pouvoir.

Sa réponse lui inspirait qu’elle était bénéfique. Quel autre camp pour notre elfe ? Cependant, son nouveau grade la poussait de plus en plus à se tourner vers le camp de la justice, et non celui du bien. Elle ne devait pas se laisser aveugler par son idéologie illusoire, et faire face à la réalité, aussi cruelle soit-elle. Elle avait à présent bien comprit que le monde ne serait jamais tout blanc et entièrement pure. Il y aurait toujours une moitié de ténèbres, qui ne cesserait jamais d’exister. Vouloir l’anéantir était en quelque sorte un crime contre l’humanité. Il fallait tout simplement savoir la contenir, et cohabiter avec elle dans un esprit d’équilibre et de paix. S’il n’y avait plus le mal pour compenser le bien, le monde ne trouverait alors aucun équilibre et ne serait jamais stable. La stabilité primait et était plus importante que toute autre chose. Sayuki voulait donc essayer de former un tout, avec le bien comme le mal. Tel l’ancien non de ces terres, le yin et le yang… Ce nom collait d’ailleurs parfaitement avec ces terres habitants des esprits du yin, comme des esprits plus sombres du yang. Tel était aussi la vision des philosophes, le yin devait forcément s’accompagner du yang. Il prenait alors l’exemple de l’homme et de la femme, plutôt que celui du bien et du mal. La femme représentait le yin, tandis que l’homme représentait le yang, son inverse. Tout le monde savait pertinemment que l’un ne pouvait exister sans l’autre. Ils étaient aussi importants pour l’un que pour l’autre, et étaient une nécessité. Les deux devaient se rassembler, s’accoupler pour former un équilibre et un tout : Un nouvel être. S’il on changeait maintenant le yin pour le bien et le yang pour le mal. Le bien et le mal devait ainsi se rassembler, tout comme l’homme et la femme, pour parvenir à un équilibre, et permettre ainsi le renouvellement de l’espèce humaine. Tel le souhaitait la nature, une partie sombre et une part de lumière.

La reine sortit de ses pensées quand la voix de l’orine résonna dans l’atmosphère. Elle n’avait pas l’air surprise, ce qui était une bonne chose. Elle comprenait maintenant ce qu’avait voulu dire Sayuki en parlant de côtés contraignants. Mais elle persistait à croire que cela restait mieux que sa situation. Peut-être. Elle avait également le don et des connaissances en guérison, mais préférait milles fois plus la beauté de l’art. Ainsi, elle était sculpteuse. Les lèvres de l’elfe s’étirèrent en un doux sourire, et elle répondit :

« Et bien je serait ravi de pouvoir un jour admirer l’une de vos œuvres. Pour ce qui est de votre don de guérison, celui-ci peut toujours s’améliorer si vous vous entrainer à le pratiquer. Ce n’est que de l’entraînement et de l’habitude, ca vient au fil du temps. »

L’orine se redressa et s’appuya contre le dossier du banc. Et se tourna ensuite vers Sayuki et lui offrit un léger sourire. Elle se présenta comme étant Emer Moytura, vagabonde essayant de trouver sa place en ce bas monde. « Rien de bien aussi palpitant que sa vie royale et tout le touti ». Sa vie royale n’était pas aussi palpitante qu’elle en avait l’air. Le pouvoir s’accompagnait de beaucoup de responsabilités que tout le monde n’était pas capable de gérer. De plus, il fallait savoir ne pas en abuser… C’est pour ca que celui-ci n’était pas donner à n’importe qui. Sa vie n’était palpitante que parce qu’elle était remplie, et qu’elle n’avait par conséquence pas le temps de s’ennuyer. Néanmoins, elle avait du passer par bien des étapes pour arriver à ce niveau… Elle se souvient encore de l’époque ou elle n’était qu’une jeune et insouciante elfe des forêts… Elle se souvient de ces premiers pas sur ces terres qui lui étaient alors inconnues.

« Je suis ravie de faire votre connaissance, Emer. Vous savez, je suis aussi passé par ce stade avant d’arriver ici… Ce fut un long chemin, mais je me souviens encore de l’époque ou je vagabondais également en essayant de trouver ma place. C’était la belle époque, si je puis dire. Je pouvais être insouciante à souhait. »

Un sourire amer s’afficha sur son visage mais celui-ci mua vite en un sourire amical et chaleureux. Elle s’appuya également contre le dossier du banc et se laissa de nouveaux aller à la contemplation du lac baignait par les doux rayons du soleil. Après quelques instants de silence, elle reporta son regard sur Emer et lui dit :

« Vous êtes une orine, n’est-ce pas ? »

Aussi étrange que cela paraisse, Emer trouvait Sayuki amusante. Oui, oui, elle trouvait la reine amusante. Pourquoi? Parce que l'elfe, dans ces propos, résidait une naïveté que l'on pourrait qualifier de touchante, ou plutôt utopique. L'espoir? Haaaaaaaa.... l'espoir.... c'était bien joli tout ça, mais beaucoup de personne était morte en espérant sans que celui-ci ne soit satisfait. Emer en avait relativement assez d'espérer dans le vide, pourtant, tête de mule, elle se refusait à baisser les bras car elle estimait que c'était une abération, que c'était indigne de sa personne. L'orine valait beaucoup, du moins à ses yeux. Vanité ou égocentrisme, quelque soit la chose, Emer savait que sa vie était précieuse, tout comme elle, du moins, elle en avait fini par s'en persuader. Et curieusement, on n'arriverait certainement pas à lui faire entendre le contraire... C'était au moins cela de gagner, même si on interprétait cette façon de se voir elle-même comme de la prétention.

En tout cas, la jeune femme aux yeux de glace ne put s'empêcher de retenir un ricanement moqueur à l'égard de l'elfe. Vraisemblablement, qu'elle soit en compagnie d'une femme de la haute société ne l'effleurait déjà plus. Certainement que dans un autre temps, avec d'autres mœurs, on l'aurait fouetté ou châtié pour s'être ainsi comportée devant un individu royal. Pensez-vous que cette familiarité gênait la jeune demoiselle? Pas le moins du monde. Pensez-vous que cela lui causerait quelques remords ou regrets de quelque sorte que se soit? Encore moi. Pour ne pas dire les choses trop vulgairement, Emer en avait foutrement rien à faire. Depuis quand devrait elle se laisser limiter par un statut? L'orine avait toujours désiré être un électron libre, autant dans sa vie que son caractère, aussi insupportable soit-il. Alors penser qu'être roi, reine ou bouffon, ou n'importe quoi d'autre pouvait l'arrêter... une erreur flagrante. C'était d'ailleurs un défaut qui pouvait jouer des tours à l'orine, notamment quand elle faisait face à de grande puissance. Un molosse, un colosse de pierre, un démon puissant, un grand sorcier aux pouvoirs incommensurables... si elle voulait l'insulter, elle ne s'en priverait pas, même si un châtiment devait s'en suivre, aussi douloureux que cela puisse être présagé. Non, rien ne l'arrêterait, rien n'entraverait sa liberté de penser et d'être, même si cela devait bouleverser quelques gens, ce qu'ils pouvaient penser ne l'agaçait pas, car de son côté, elle n'en pensait certainement pas moins d'eux non plus.

Après tout, combien de fois s'était-elle fait traitée de catin? Combien de fois c'était-elle faite insultée par des femmes jalouses de son charme ou des artistes de son talent? Innombrable. Peut-être même encore plus étant donné qu'elle n'avait aucune donné sur sa vie de jadis.

Se calmant alors quelque peu et que ses joues retrouvèrent leur teint laiteux, effaçant le rougissement de ses éclats de rire, la demoiselle aux cheveux châtains raffinés sourit malicieusement à Sayuki.

" Et vous êtes reine vous m'avez dit? Il est étonnant que vous soyez encore sur le trône avec des pensées aussi naïves.... Pour beaucoup d'individus peu scrupuleux, on vous aurait évincé depuis longtemps de votre siège. Si vous y êtes encore longtemps, c'est que vous êtes puissante et que vous effrayez.... Héhéhé.... M'enfin, je suppose qu'il est toujours bon de rêver et de se convaincre de cela. L'espoir sert de moteur pour certain.... quant à moi... je ne préfère pas parier sur lui. "

A ne pas croire que dans ses propos, tout cela n'était que critique, non loin de là, c'était aussi une façon à l'orine de complimenter la jeune femme pour avoir réussi à conserver son statut. Mais aussi, elle en tira une information importante... Sayuki était une elfe, soit elle pourrait vivre encore longtemps... elle était reine et l'était toujours, donc elle possédait richesse et pouvoir. Si cela n'était pas un investissement en or!!! Mais est-ce qu'une femme de ce genre avait besoin d'une orine? D'autant plus qu'elle ne lui serait d'aucune utilité? Si ce n'est de lui donner bonne conscience d'avoir fait une bonne action. Emer pourrait être la grande gagnante d'un marché pareille, et aussi, lui prolonger la vie. Il serait peut-être trop précipité de parler de cela maintenant, tant qu'elle n'en savait pas plus sur la jeune femme, bien qu'elle savait d'avance que Sayuki était une femme magistralement honnête et bonne, un atout supplémentaire pour Emer.

Puis ce fut alors que les dons de médecine vinrent sur le tapis, mais ne décocha qu'un soupir pour l'orine, alors que cela étira un sourire pour sa camarade aux oreilles pointues.

" L'entraînement? Certes. Mais cela ne me serait utile que lorsque je pourrais posséder mes pleins pouvoirs, c'est à dire, puiser ma force dans le lien que je créerai avec un maître... Tant que je n'en possède pas, c'est comme si je m'entrainais dans le vide, je ne m'améliorerais pas. "

La jeune femme ne s'était même pas rendue compte que dans son flot de parole elle venait de donner des indices sur son état d'orine, comme elle ne savait pas que Sayuki avait la capacité de lire en elle d'ailleurs. Si elle avait du... elle se serait abstenue de bien des pensées. ^^ Heureusement qu'elle n'imaginait pas de plan diaboliquement machiavélique.

N'écoutant soudainement plus que d'une oreille, ce fut le fait que Sayuki lui demande confirmation sur sa nature qui la ramena à la réalité. Là, elle eut un vague sourcillement et tenta de ne pas paraître trop distraite, bien qu'une fois de plus, elle n'en avait aucune honte de passer pour une femme dans les nuages. Ce fut donc de sa voix curieusement grave et profonde qu'elle répondit alertement.

" Mmmm? Plaît-il? Ho! Oui, oui, je suis une orine. Est-ce si évident? En tout cas, pour moi, il n'a pas été difficile de constater que vous étiez une elfe avec vos oreilles... Mais oui, je suis bien une orine... une orine qui va bientôt mourir d'ailleurs. Alors que ma vie est considérée longue pour une de ma race, elle me paraît si courte dans ma mémoire.... Autant dire que je suis une grande frustrée. "

Même si la jeune femme tournait cela de manière dérisoire, elle était profondément agacée par sa situation et cela était lisible sur son visage, ainsi que son regard mélancolique.... Dur dur la vie d'orine...

Avant même que la jeune orine eu ouvert la bouche, Sayuki eu un aperçut de ce qu’elle allait bien pouvoir dire à travers ses pensées. A défaut d’étirer ses lèvres en un sourire, ces pensées froncèrent les sourcils de l’elfe, pourtant si paisibles d’habitude. Elle ne se moquait peut-être pas ouvertement de la jeune reine, mais le fait d’en penser encore plus était pire. Comme cela, l’elfe était amusante, par sa naïveté touchante ? La colère et le dédain habitaient rarement l’elfe, mais il faut dire que ces pensées avaient déclenché en elle une amertume nouvelle. Qu’était donc cette jeune fille pour oser se moquer de l’elfe et prendre ses paroles à la légère ? Elle n’était rien. Par conséquent, elle n’était pas en droit de critiquer la reine. Les joues de Sayuki s’empourprèrent légèrement sans que celle-ci s’en rende compte, et ses lèvres se crispèrent. Un ricanement moqueur sortit de la gorge de l’orine, et Sayuki ne fronça que davantage les sourcils. Elle pouvait bien penser, mais affichait sa moquerie outrageante à travers un rire dédaigneux, s’en était trop. Elle se fichait éperdument du rang de l’elfe, et préférait d’ailleurs restait aveugle sur celui-ci, et faire comme bon lui semblait. Grossière erreur…

C’est alors que sa voix grave et cassé résonna enfin. Sa question sans réponse était des plus offensantes pour Sayuki. Elle ne croyait donc pas à son rang de reine ? Elle trouvait ceci étonnant qu’elle soit encore sur le trône avec des pensées aussi naïves. Voyez donc ! Au lieu d’essayer de se rattraper par de belles paroles, l’orine ne faisait que s’enfoncer davantage, et la colère de Sayuki ne faisait qu’augmentait. Elle osait la rabaisser ouvertement, c’était semblable à une sorte de défi, et la reine n’aimait pas du tout cela. Elle ne fit guère attention aux paroles qui suivirent, et réagit derechef. Elle savait qu’elle devait se montrer autoritaire et implacable, pour faire taire cette arrogante qui ne la considérait décidemment pas digne d’être reine. Sayuki tourna son visage crispé et marqué par l’indignation vers l’orine, puis le ton de sa voix s’éleva et devint beaucoup plus dur et sévère que sa voix habituellement douce et calme.

« Comment osez-vous vous moquez ouvertement de moi ? Dois-je vous rappeler votre rang au sein de ce bas monde ? Vous n’avez aucun droit sur moi, et encore moins celui de me juger, me critiquer ou me rabaisser. Je vous parle d’égal à égal, c’est déjà un grand honneur que je vous fais, sachez par conséquent en être digne, et non pas le souiller par vos paroles révoltantes ! Je pourrais vous faire châtier rien que par ces paroles insolentes dont vous me faîtes preuve. Remercier le Ciel que je sois trop bonne pour cela, et que mon cœur soit trop tendre et juste pour faire preuve d’arrogance et d’égocentrisme. Remettez vous à votre place, demoiselle, et n’oubliez pas qui vous avez en face de vous. »

L’elfe planta son regard dans celui d’Emer, un regard dur et autoritaire qui ne pouvait l’inciter qu’à baisser les yeux, et s’écraser, sans ajouter un mot de plus. Sayuki retrouva peu à peu sa couleur pâle et pure. Elle ne s’était énervée de la sorte qu’à rares occasions, et n’aimait d’ailleurs pas du tout cela. Ca ne lui ressemblait guère. Cependant, elle avait sentie qu’elle devait avoir recours à cette autorité en face de l’orine. Peut-être que ses paroles allait la remettre à sa place, ou mieux, lui faire changer d’avis sur sa « naïveté ». Sayuki n’était en rien naïve, ou du moins, elle ne l’était plus. Elle connaissait la cruauté de ce monde, et n’espérait plus un jour le voir dépourvus de toute forme de mal. L’espoir n’était pas une forme de naïveté. Il existait réellement, et était important, voir même essentiel pour certaines âmes en perditions qui ne juraient plus que pars lui. Le dicton « L’espoir fait vivre » n’était pas qu’une phrase dite à la légère. Il était vrai, pour beaucoup de cas. Certaines personnes ne vivaient que par espoir. Espoir de se voir un jour remercié par la Ciel, de retrouver le goût de vivre et de pouvoir recommencer depuis le début. L’elfe ne pouvait que soutenir ces âmes perdues, et non les mépriser. Beaucoup même attendaient énormément d’elle… Pourrait-elle un jour tous les soulager ?

Après son énervement passager, Sayuki retrouva son calme authentique et sa pureté environnante. Elle écouta en silence les paroles le l’orine sur l’entraînement. Sans maître, l’entraînement serait inutile. L’elfe ne répondit rien, et se contenta de rester muette et d’écouter l’orine répondre à sa dernière question concernant sa race. Elle était donc bien une orine, comme Sayuki le pensait. Mais elle allait apparemment bientôt mourir… Sombre et funeste destin diriez-vous. Elle prenait sa futur mort à la légère. Sayuki en tira pour conclusion qu’Emer avait tendance à tout prendre à la légère, y compris les choses les plus importantes.

Les pensées précédentes de la jeune femme n’avaient pas échappés à l’elfe. L’idée que Sayuki devienne sa maîtresse lui avait effleuré l’esprit. L’elfe réfléchit. Voulait-elle une orine ? En avait-elle réellement besoins ? La perte de Yuya avait été un immense chagrin pour elle. Il est vrai qu’une seconde orine lui ferait bien plaisir, et lui serait bien utile parfois. Cependant, elle ne voulait pas de nouveaux avoir le regret de perdre une orine. Elle tâcherait de la protéger. Sur un coup de tête impulsif, Sayuki se jeta à l’eau :

« Vous savez que je pourrais prolonger votre vie… ? »

Emer était sans doute une femme d'une impudence certaine, et ses provocations incessantes lui apportaient sans doute plus de soucis qu'autre chose, mais au moins, l'orine vivait en accord avec elle-même et ses pensées. C'était déjà une bonne chose non? Enfin... peut-être pas pour tout le monde me direz-vous. Pas étonnant quand on voyait la condescendance avec laquelle elle s'adressait aux autres, et même à une reine!!! Si Sayuki eut été accompagnée par ses chevaliers servants ou n'importe qui d'autres, ils auraient tous pris la façon de parler de la jeune femme comme une insulte et un manque de respect total pour la nature noble de l'elfe. On lui aurait peut-être même coupé la tête sur le champ... Et vous savez quoi? Emer s'en moquait. Pourquoi? Parce que sa vie ne tenait plus qu'à un fil?? Peut-être... Mais c'était aussi parce que l'orine n'avait rien à perdre (à part la vie) et ne souhaitait pas vivre en contradiction avec ses idées. Oui mais enfin... sa méthode était un peu dangereuse tout de même.

Ho! Emer n'ignorait pas le moins du monde que ses propos pouvaient être très vexants et offensants pour n'importe qui, et c'était peut-être fait exprès afin de titiller par l'amour du risque la pauvre Sayuki qui devenait victime de son jeu malsain. Finalement, il en fallait pas s'étonner si la jeune femme était seule depuis tant de temps avec ce caractère là, elle avait dû en agacé plus d'un...

En tout cas, étendu sur ce banc, elle sentait pertinemment que la colère se faisait grandissante chez sa camarade, ses joues rougissaient et jusque là, elle se contenait d'éclater furibonde en se pinçant légèrement les lèvres. C'était assez amusant de voir cette race ancestrale se mettre dans tout ces états, il y avait là quelque chose d'ironique.
Ce fut alors à cet instant que celle qui était connue pour être l'une des reines les plus douces entra dans une colère noire, sa voix même devint sombre et autoritaire, comme possédée par une furie. Emer, elle, détourna nonchalamment son visage vers l'elfe, tranquille, sereine, n'ayant pas le visage qui se débridait seulement face aux durs propos que lui tenait la charmante reine. Non, bien au contraire, ce fut une esquisse encore moqueuse qui se dessina petit à petit à la fin du discours de celle-ci.

L'orine lui répondit avec beaucoup de sérénité, avec un certain ton amusé dans sa voix rauque et puissante. Parfois, il y avait quelque chose d'inquiétant dans sa façon de parler, tout en étant sensuelle. Mais là, ce fut toujours avec cette harangue impudente et orgueilleuse qu'elle prit la peine de mener un discours de contre-attaque, mais sans aucune animosité, bien au contraire, elle préférait la jouer sur la finesse et la sagesse.... bien qu' Emer était décidément irritante.

" Me moquez de vous? Hahahahaha! Si je désirais me moquer de vous, j'aurais été largement plus blessante j'en ai bien peur. M'enfin... si vous le prenez aussi mal, je n'y peux rien, mais au moins cela vous rappelle qu'être Reine n'est qu'un titre avec des responsabilités. Cela ne vous rend pas meilleure que les pauvres individus qui sont comme moi. D'ailleurs, cela vous rappellera que vous êtes une femme normale aussi... Et voyez... je n'ai peut-être aucun droit de vous juger, mais vous n'en possédez pas plus à mon égard. Pensez-vous qu'être noble fait de vous une femme de meilleure qualité que moi parce que je ne suis point née dans l'opulence, ni posséder une éducation digne de ce nom? Et je sais parfaitement qui j'ai en face... une elfe... une elfe qui a des privilèges à cause de son rang, une elfe qui se met dans tout ces états à cause des paroles d'une orine... mais sachez que vous êtes la reine des elfes, pas la mienne. Je n'ai nul roi, nul reine. Je ne reconnais aucun titre, mais je reconnais la force de ceux qui les possèdent aujourd'hui. C'est tout. Alors ne me considérez pas comme l'un de vos sujets, c'est également offensant pour moi..... et permettez moi.... si vous me jugiez d'égal à égal, vous ne mettriez certainement pas votre position sociale sur le tapis, non? Comprenez-vous ce que je veux dire??? Tout cela pour vous dire que vous n'avez pas à attendre de moi que je vous fasse des courbettes, c'est hors de question! "

Emer était une véritable tête de mule, voire une peau de vache... on pourrait même encore continuer sur les appellations animales à lui donner. Mais avait-elle complètement tord?? Le plus difficile c'était de lui donner raison de temps à autre, surtout à cause de sa manière de dire les choses. Elle était si amère de tout que son insolente était démoralisante. M'enfin... personne n'était parfait non? Néanmoins, la jeune femme savait que Sayuki devait sans doute être une femme d'esprit, espérons qu'elle pourrait excuser ce désagréable comportement de l'orine.

" En tout cas, votre petite crise a montré que vous possédez un bien meilleur tempérament que ce que je croyais... "

La jeune femme avait détourné depuis plusieurs minutes son attention vers les cieux, basculant la tête en arrière, laissant ses cheveux châtains tombés en cascade. Ses pupilles noires fixaient mélancoliquement les nuages qui passaient par là, poussés par les courants d'air du très haut. Emer en soupira alors une nouvelle fois, pensant que bientôt, elle ne verrait plus tout cela... La petite phrase qu'elle venait de glisser avec énormément de monotonie était pourtant une forme de reconnaissance envers Sayuki, une sorte de compliment camouflé. Il ne fallait pas trop lui en demander non plus.

Mais alors que la demoiselle aux allures de gothique se perdaient encore une fois, comme toujours, dans ses rêveries nostalgiques, la surprise se dessina sur le visage d'Emer. Quoi? Avait-elle bien entendu? La reine voulait, ou tout du moins, supposait qu'elle pourrait être sa maîtresse? Enfin que c'était une éventualité possible? Elle était assez étonnée, même bien plus surtout après leur petite altercation.

Là, l'orine descendit rapidement sur terre et pointa ses grandes iris aigue-marine sur la silhouette fluette de Sayuki.

" J'espère que ce n'est pas une plaisanterie de mauvais goût que vous me faites là? Vous savez d'avance ce que cela impliquerait de m'avoir comme orine? Que je partagerais tout ce que vous ressentez, que ma vie sera liée à la vôtre tant que nous serons orine et maître... et que même si vous faites cela par bonté, je ne vous serais pas soumise??? "

Enfin, la question de la soumission, on comprenait clairement que cela avait un rapport avec son caractère impossible. Mais maintenant, c'était de savoir si l'elfe était vraiment prête à prendre le risque d'avoir une femme pareille à ses côtés??? On lui souhaitait bien du courage...

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