Une nouvelle vie (libre) (terminé)

Le contact avec l'inconnu avait été désagréable et la jeune fille grimaça légèrement dans l'ombre. Elle sentait confusément qu'il ne leur voulait pas vraiment du bien, sans savoir réellement ce qui allait se passer. Un nouvel dialogue s'échangea entre les deux hommes, sans qu'elle comprenne un peu plus de quoi ils parlaient. Elle aperçut du coin de l'oeil Sanosaki qui se déplaçait pour se rapprocher d'elle. Elle ne bougea pas, restant aux aguets, prête à défendre chèrement sa vie si cela devait être le cas.

"Ça va? Tu n'as rien?"

Brume obscure se contenta de secouer doucement la tête silencieusement. Pour voir dans quelles conditions ils s'étaient rencontrés, nul n'aurait pu deviner qu'ils s'entraideraient à ce point. Elle sentit qu'il lui jetait un regard rapide, comme s'inquiétant pour elle, mais ce n'était pas le message, où du moins il lui demandait de ne pas faire confiance au sorcier. Mentalement, elle prit note du visage de Karfla, afin de s'en souvenir par la suite. Ils sortirent leurs armes. Ce combat n'était pas le sien, mais elle ne pouvait pas s'en aller en laissant Sano seul face à la puissance de ce sorcier. Elle avait conscience de n'être qu'un moustique, mais elle n'était pas lâche. Ses doigts se crispèrent un peu plus sur le manche rassurant de sa lame. Elle était prête à combattre elle aussi.

Il vit du coin de l'oeil la jeune femme saisir son arme. Elle était crispée aussi, il se doutait bien qu'elle n'ignorait pas la différence de force entre eux et le sorcier revenant. Sanosaki, lui n'avait qu'une idée en tête, la seule qui leur permettrait peut-être de s'en débarrasser, temporairement, du moins. Mais s'il la pensait à voix haute, même uniquement dans sa tête, l'autre allait deviner sa stratégie, qui reposait sur une certitude qui n'était pas vraiment assurée. Elle reposait sur l'arme que l'ennemi avait en main, l'arme qui appartenait à Sanosaki, cette arme qui avait sa vie propre. Elle n'écoutait que la personne qu'elle considérait digne de la porter. Pour n'importe qui d'autre, elle restait une simple épée à lame bleutée, sans pouvoir particulier. Le métamorphe n'espérait qu'un signe.

"Dis-moi, Sano, c'est réellement la soeur de Sundeimasu? Parce qu'elle ne semble posséder aucun pouvoir, contrairement à ce que l'histoire dit... J'ai eu beau essayer des dizaines de fois, rien n'a fonctionné..."

La déclaration de Karfla soulagea en partie le métamorphe, qui ne se détendit tout de même pas pour autant.

*Au moins, il ne peut pas s'en servir...*

Le sorcier en avait assez d'attendre, et décida de frapper le premier. Si Sanosaki ne pouvait rivaliser de force avec le revenant, il était encore plus rapide que lui, et il avait un autre avantage d'origine physique: lui qui était grand et élancé avait les bras et les jambes plus longs que ceux de son adversaire, qui était bien plus petit que lui. Il arriverait donc à l'intercepter avant que la pointe du sabre court ne l'atteigne. Il ramena donc un puissant coup de pied à Karfla, avant que celui-ci ne puisse le toucher, et le renvoya vers le mur, mais le sorcier atterrit rapidement sur ses pieds, et revint à la charge, frappant de plein fouet le métamorphe. Ce dernier fut projeté bien plus loin, mais atterrit tout de même en équilibre. Il rangea ses aiguilles, et sortit son katana noir, mais n'eut le temps de rien faire, l'ennemi avait déjà réduit l'arme en morceaux, et plaqué contre le mur, le tenant par la gorge d'une main, l'autre, ayant lâché l'arme, tentant de l'empêcher de résister. Il avait complètement oublié la jeune femme derrière lui. Comment le lui dire? À bout de forces, Sanosaki espérait qu'elle comprendrait ce qu'il fallait faire.

"Dekakemasu est comme sa soeur Sundeimasu, Karfla! Elle n'obéit qu'aux gens qui sont honorables!"

L'arme gisait sur le sol, émettant une faible lueur bleutée, éclat plus lumineux, moins terne une fois que le sorcier l'avait lâchée...

De longues années d'expériences avait appris à Brume obscure à se fondre dans les ombres pour se faire oublier des autres. C'était exactement ce qui était en train de se passer. Les deux hommes étaient en train de s'affronter et elle recula, se collant au mur pour ne pas les gêner. Elle sentait que Sano aurait besoin d'elle a un moment où à un autre et qu'elle devait être prête.
Le métamorphe était en mauvaise posture et elle grimaça. Elle ne comprenait pas tout ce qui se passait autour de l'arme bleutée, mais sentait qu'il fallait en reprendre possession. Pas de soucis normalement pour une voleuse...
Encore moins quand la lame était abandonnée, seule, au sol... Elle jeta un coup d'oeil aux deux individus, se demandant si elle pouvait agir. Ils semblaient assez occupés...
Elle fondit sur le sol, telle un oiseau sur sa proie et attrapa l'arme sans un bruit, déplaçant à peine l'air autour d'elle. Elle se redressa, se plaquant au mur, serrant la poignée de l'arme dans sa main libre. Elle jeta un coup d'oeil à Sano pour savoir ce qu'il convenait d'en faire.

L'air passait de plus difficilement dans la gorge du métamorphe, dont le cou était horriblement compressé. Il commençait à suffoquer, mais il voyait tout de même assez bien. S'il apercevait à peine la silhouette de Brume Obscure dans l'ombre, en revanche, il voyait l'éclat bleuté de l'arme, et il le vit très bien se déplacer. Pour lui, c'était comme si elle s'était soulevée toute seule de terre, et s'était envolée près du mur, mais il savait très bien que c'était l'humaine qui s'en était saisie. Sentant ses forces l'abandonner tranquillement, il n'était pas résigné, et il avait grandement besoin d'air. Il décida donc de faire quelque chose qu'il avait appris de lui-même, et qui ne devait servir que dans les situations vraiment désespérées: faire le mort. Il feignit perdre des forces, puis sombrer dans l'inconscience, et ce qu'il espérait arriva enfin. Il sentit l'étreinte sur son cou se desserrer tranquillement, et il se laissa tomber mollement sur le sol, glissant contre le mur. Cependant, à une vitesse plus que prodigieuse, il sortit ses aiguilles de son manteau tout en se relevant, et il fonça sans attendre sur son adversaire, qu'il ne désirait que distraire, et rapprocher le plus possible de là où se trouvait Brume Obscure. Frappant ça et là à une cadence effrénée, il parvint à le faire reculer assez pour n'être qu'à deux enjambées de la jeune femme. Exactement ce qu'il voulait. Il lui tournait le dos et, trop occupé à surveiller le métamorphe, le revenant en avait oublié la présence de l'humaine. Finalement, Sanosaki cessa ses attaques, essoufflé, mais un sourire aux lèvres.

"La partie est terminée, Karfla, et je crois bien que tu as perdu.
-Qu'est-ce que tu as à sourire comme un imbécile? Je t'écrase d'une seule main!
-Brume Obscure, c'est pour toi, je crois, le temps de sortir de l'ombre. Si tu veux bien donner le dernier coup..."

Il sauta sur le sorcier qui se retourna en une seconde, et lui saisit les deux bras, qu'il tordit dans le dos du sorcier.

"C'est maintenant ou jamais!"

Toutefois, pour garder immobile son ennemi, il lui fallait toute sa force physique, et il ne pouvait pas rester éloigné de lui pour le garder immobile. Si un coup était porté, il l'atteindrait probablement aussi...C'était évident...

La suite se déroula à une vitesse stupéfiante. Kime ne comprit pas tout ce qui se déroulait sous ses yeux, mais connaissant les capacités du jeune métamorphe, elle serra les dents en le voyant sombrer dans l'inconscience. Il ne pouvait pas mourir! Ses doigts se resserrèrent aussi un peu plus sur la poignée de l'arme magique. C'est alors que Sano rouvrit les yeux pour passer à l'offensive, contraignant son adversaire à reculer jusqu'à être au plus près d'elle.

"La partie est terminée, Karfla, et je crois bien que tu as perdu.
-Qu'est-ce que tu as à sourire comme un imbécile? Je t'écrase d'une seule main!
-Brume Obscure, c'est pour toi, je crois, le temps de sortir de l'ombre. Si tu veux bien donner le dernier coup..."

Elle jeta un coup d'oeil rapide à Sano puis sur l'arme qu'elle tenait à la main.

"C'est maintenant ou jamais!", la pressa t'il.

Cependant elle hésitait encore. Si jamais elle frappait, elle risquait de blesser son allié. Elle rengaina sa propre arme et tenant la lame enchantée de deux mains elle l'abattit sur le sorcier. Son regard était devenu glaciale, si elle ne faisait pas preuve de détermination, son bras risquait de faillir.
Il était blessé, mais elle n'en connaissait pas la gravité. Elle jeta un coup d'oeil a Sano. Comment allait-il?

Sanosaki ne ressentit absolument rien. Pour Karfla, ce fut tout à fait différent. Dès que la lame bleutée entra en contact avec sa peau, il ressentit une intense brûlure, et son énergie, comme aspirée par l'arme, le quitter trop rapidement à son goût. Il ne put réprimer un hurlement, une longue plainte sortant tout droit de l'en-deça, d'où il revenait de toute évidence. Lorsque l'arme quitta sa plaie, il ressentait encore cette terrifiante sensation, qui s'était emparée de ses membres et paralysait ses réflexes. D'un vif mouvement, il repoussa le métamorphe, qui ne résista pas, et s'éloigna de lui en boitant, vociférant qu'il reviendrait un jour et qu'il ne se ferait pas avoir à nouveau de la sorte, que cette arme maudite ne le tuerait pas une seconde fois. Puis, il disparut en se téléportant. Sanosaki se laissa tomber sur le plancher, à bout de forces. Il avait le cou en sang, mais à part cette partie, ainsi que sa plaie au bras qui s'était partiellement réouverte, il n'était pas blessé. Tentant de se calmer et de reprendre son souffle, il ferma les yeux, et un sourire étira ses lèvres, un léger sourire, comme pour se rassurer lui-même. Il n'allait pas mourir, il ne se laisserait pas mourir. Se concentrant sur lui-même, son souffle ralentit, et il visualisa l'afflux sanguin qui passait dans son cou. Il voulait que le travail de coagulation se fasse vite, et il visualisa les petites particules venant former un caillot, et ce pour chacune des plaies qu'il avait au cou. Bientôt, le saignement ralentit, et cessa, même si sa peau presque blanche restait toujours rouge là où le sang avait coulé, ce qui incluait également sous son épais manteau noir. Il fit ensuite la même chose que pour les plaies au cou, mais avec sa blessure au bras, qui lui résista un peu plus longtemps, mais finit par coaguler à son tour. Dix minutes venaient déjà de passer, dix minutes qu'il avait passées pratiquemement immobile, à prendre conscience de chacune des particules de vie qui formaient, toutes ensemble, chaque tissu, chaque organe de son corps.

*Bon, un problème de réglé. Il faudra cependant que je fasse attention, parce qu'un mouvement brusque risquerait de tout gâcher...*

Il rouvrit les yeux, jeta un coup d'oeil aux alentours, puis commença à tenter de se lever, mais sans succès, car il y avait certains mouvements qu'il, il le savait, ne pouvait se permettre, dans le simple but de ne pas subir une autre hémorragie massive. Son seul espoir restait Brume Obscure, qu'il interpella.

"Brume Obscure? Pourrais-tu m'aider à me relever? Désolé, je dois vraiment sentir le sang, ce n'est surement pas très...plaisant..."

Il avait prononcé les derniers mots, s'étant humé rapidement, et constata qu'il était pratiquement couvert de sang de la tête à la taille. Il émit ensuire un commentaire s'adressant surtout à lui-même, à mi-voix.

"Je crois que j'aurai bien besoin de me laver..."

Brume Obscure venait de planter l'arme dans le corps du sorcier et se faisant, elle ressentit une sorte de tremblement la traverser au même moment. Elle faillit en lâcher l'arme, mais serra les dents alors que la poignet lui brûlait la paume des mains. Elle la retira d'un coup sec, sans aucune pitié pour l'homme à terre. Ce ne fut que lorsque ce dernier s'éloigna tout en boitillant et en vociférant qu'elle se permit de lâcher son arme qui tomba avec fracas sur le sol. Elle avait plaqué ses mains contre son corps, essayant de réfréner la douleur qui l'enserrait. A terre, Sano, lui, semblait bien mal en point. Elle l'observa se soigner doucement, tout en restant à distance. Il avait fermé les yeux, et ne bougeait presque plus. Dormait-il? La jeune fille allait s'en approcher, lorsqu'il rouvrit les yeux, regardant tout autour de lui, puis essayant de se lever sans beaucoup de succès. Il la regarda.

"Brume Obscure? Pourrais-tu m'aider à me relever? Désolé, je dois vraiment sentir le sang, ce n'est surement pas très...plaisant..."

Elle s'approcha de lui, doucement, et passant ses bras autour de sa taille, entreprit de l'aider à se relever. Effectivement, il était loin de sentir bon, mais elle avait l'habitude. elle avait passé parfois de nombreuses journées à se battre pour gagner un morceau de pain, sans avoir la possibilité de prendre un bain par la suite. Leur petite planque ressemblait à une porcherie.

"Je crois que j'aurai bien besoin de me laver..."

Sans un mot, elle le guida dans la chambre et l'installant sur une chaise, elle prépara rapidement un bain. Puis elle retourna près de lui. Depuis le combat, elle n'avait pas prononcé une seule parole.

- Auras tu besoin d'aide?

Ses yeux sombres fixaient le métamorphe sans crainte, son visage ne reflétant aucune émotion.

Le métamorphe appréciait beaucoup l'aide que la jeune femme lui apportait, et il fut rapidement relevé, mais elle ne le lâcha pas tout de suite, et le guida dans la chambre, où elle l'assit sur une chaise. Il entendit bientôt de l'eau couler, et conclut qu'elle lui préparait un bain. Il resta immobile un moment, puis décida d'ôter le long, noir et résistant vêtement qu'il avait sur le dos. Il détacha facilement les boutons en glissant son bras à l'intérieur du manteau, et détacha les boutons qui ne lui résistèrent pas trop. La suite allait être plus difficile, mais il se débrouillait très bien. Il avait déjà ôté une manche lorsque Brume Obscure revint près de lui. Il la trouvait bien silencieuse, mais il ne dit mot, car il ne voulait pas qu'elle se sente contrainte ou brusquée. Elle finit par dire quelque chose, tout en le regardant, son visage sans émotion.

- Auras tu besoin d'aide?

Elle en avait déjà assez fait pour lui, et il saurait se débrouiller. Il finit d'ôter son lourd manteau tout en répondant.

"Je crois que ça va aller. Et puis tu as les paumes de mains brûlées... Enfin, ça doit faire mal, mais ce n'est rien de grave, et ça va passer."

Sous son manteau il portait un chandail sans manches gris foncé, qu'il réussirait à ôter sans problème, mais on pouvait facilement voir que du sang avait coulé sur ses bras, et sa peau blanche en était couverte. Et il y avait son bandage autrefois blanc qui était aussi rouge que ce qu'il entourait. Sanosaki ôta sans peine le vêtement, tournant le dos à la jeune femme, et garda avec lui le chandail. Il s'agenouilla près de la baignoire, et trempa son bras intact dans l'eau, et ôta tout le sang, avant de passer à l'autre bras. Il ôta le bandage, et son métabolisme avait déjà fait un excellent travail de réparation. Il ne restait qu'une large fente rouge, le reste était déjà complètement rétabli. Il nettoya la plaie avec attention, puis vit que les pointes de ses longs cheveux étaient sales. Il plongea la tête dans l'eau, puis la ressortit, complètement mouillée. Il finit de nettoyer le sang, puis s'essuya rapidement, et retourna auprès de Brume Obscure. Il lui devait des explications. Il fixa son épaule gauche, où se trouvait le plus étrange tatouage qu'il avait, un tatouage représentant un loup, mais la marque était rouge sang, et de petites veines semblaient en partir, comme si la marque envoyait dans son corps des substances. Dans son dos, juste entre les omoplates, se trouvait sa marque de métamorphe, le chien aux oreilles moyennement rondes. Il respira longuement.

"Idéalement, je te devrais des explications, parce que tu as été impliquée dans quelque chose qui se rapporte à mon passé, et que seul, je serais probablement mort. Pose une question et je répondrai."

Elle attendait la réponse du métamorphe. Elle n'avait jamais été vraiment au contact avec un homme de son âge ou plus âgé, mais cela ne la dérangeait pas de lui donner un coup de main si cela devait être fait. Cependant il refusa poliment. Il avait remarqué qu'elle s'était brûlée les mains sur l'arme, et elle se crispa légèrement. Elle s'efforçait de les oublier, mais les brûlures revenaient régulièrement à la charge, se rappelant à elle. Il ôta encore quelques affaires, puis se dirigea vers le bain. Instinctivement, elle lui tourna le dos, et farfouilla dans la besace qu'elle avait abandonné au pieds de son lit. Elle en sortit un petit pot hermétiquement clot, ainsi que des bandes de tissus qui n'étaient plus toutes neuves. Elle étala un peu de pommade sur ses paumes, essayant de retenir les larmes qui espéraient toujours s'échapper de ses yeux, mais elle serra les dents jusqu'au bout. Puis elle se banda les mains, maladroitement. Il devait avoir fini, car il s'adressait à elle.

"Idéalement, je te devrais des explications, parce que tu as été impliquée dans quelque chose qui se rapporte à mon passé, et que seul, je serais probablement mort. Pose une question et je répondrai."-

Elle se retourna pour le regarder. A chaque décision qu'elle avait dû prendre, elle ne les avait pas toujours expliqués à ceux qui la suivait. Elle était d'un naturel assez curieux et pensait que l'on devenait plus fort lorsqu'on connaissait ses adversaires, mais là c'était différent.

- Ton passé est ton passé et le mien ne te concerne pas. J'ai été heureuse de t'aider et si c'était à refaire, je n'hésiterais pas. La seule...

Elle s'arrêta hésitante.

*Puis je lui demander ça?*

Elle lui jeta un coup d'oeil, ses blessures guérissaient à vue d'oeil, il n'aurait plus besoin d'elle, cependant...

- La seule chose que j'aimerais te demander, c'est si tu veux bien encore un peu de ma compagnie...

C'était idiot à demander, elle voyait le tatouage représentant un loup sur son épaule, elle savait que c'était un tueur et qu'il n'avait pas besoin de s'encombrer d'une humaine, proie à protéger. Elle croisa les bras. Son visage n'exprimait rien, son regard d'onyx était toujours aussi glacial. Elle s'était toujours débrouillée seule depuis l'incendie qui avait tué ses parents et saurait bien finir par trouver sa place ici.

Alors que d'une oreille il attendait la réponse de la jeune femme, qui devait avoir à peu près son âge, le reste de son attention était parti ailleurs. Lui qui n'avait jamais été un grand rêveur, car forcé à la réalité à un âge plus que jeune, car il avait à peine trois ans, il se retrouvait plongé dans ses pensées, sinon aux prises avec une vision toutefois tellement floue qu'il ne pouvait rien en conclure. Il entendit à peine la réponse.

- Ton passé est ton passé et le mien ne te concerne pas. J'ai été heureuse de t'aider et si c'était à refaire, je n'hésiterais pas. La seule...

Il tourna brusquement la tête vers elle, écoutant attentivement, alors qu'elle semblait hésiter.

- La seule chose que j'aimerais te demander, c'est si tu veux bien encore un peu de ma compagnie...

Sa première réaction fut de sourire. Un sourire qui sembla ramener l'ombre d'un instant le fantôme de ce qu'il était dans son passé, le fantôme du gamin si innocent qu'il avait été pendant les neuf premières années de sa vie. Il ne s'attendait pas à une telle question. Il lui fallait tout de même un moment pour y songer. Il eut un petit rire amusé.

"Ça peut paraître un peu stupide, mais il fallait que je te le dise, au début je te trouvais un peu agaçante, c'était comme si tu me crachais au visage avant de détaler à toutes jambes, c'était un peu ça, en fait... Ça a piqué ma curiosité... J'ai découvert beaucoup, par la suite..."

Il baissa les yeux, car il n'avait pas encore pris sa décision.

"Laisse-moi y penser encore un peu..."

Il resta silencieux un moment. Il lui devait ces explications.

"Dans mon opinion, les humains n'ont pas une grande valeur. Pourtant, j'ai un peu changé d'avis à leur sujet, simplement parce que je te connais un peu plus. J'ai toujours été très méfiant avec eux, j'avais subi tant... Oui, je suis né dans un village d'humains, dont certains pourvus de pouvoirs, mais ils en restaient tout de même humains. En plus d'être illégitime, j'ai été considéré comme un monstre lorsqu'ils ont découvert que je pouvais me transformer. Ils ont par la suite tout tenté pour m'ôter ces pouvoirs qui, selon eux, venaient des mauvais esprits... Ma propre mère a essayé par ses propres moyens. On m'avait dit que c'était pour mon bien, mais ils étaient en train de me tuer... C'est à cause d'eux-mêmes que je les ai tués. Je n'ai fait que me défendre. Et j'ai perdu le contôle... Alors, Brume Obscure, je n'ai qu'une chose à te demander, c'est ta réponse qui forgera ma décision..."

Il soupira longuement, cherchant les mots.

"Qu'est-ce que tu crois que je suis? Je veux dire, comment me considères-tu?"

Kime l'observait, ne laissant rien filtrer de ses pensées. Elle espérait cependant secrètement qu'il ne la mette pas dehors. Il pourrait lui servir de guide et elle pourrait toujours mettre ses modestes talents à son service. Elle ne pensait pas que sa requête l'amenerait à sourire.

"Ça peut paraître un peu stupide, mais il fallait que je te le dise, au début je te trouvais un peu agaçante, c'était comme si tu me crachais au visage avant de détaler à toutes jambes, c'était un peu ça, en fait... Ça a piqué ma curiosité... J'ai découvert beaucoup, par la suite..."

Il semblait pensif, il réfléchissait. Il reprit:

"Dans mon opinion, les humains n'ont pas une grande valeur. Pourtant, j'ai un peu changé d'avis à leur sujet, simplement parce que je te connais un peu plus. J'ai toujours été très méfiant avec eux, j'avais subi tant... Oui, je suis né dans un village d'humains, dont certains pourvus de pouvoirs, mais ils en restaient tout de même humains. En plus d'être illégitime, j'ai été considéré comme un monstre lorsqu'ils ont découvert que je pouvais me transformer. Ils ont par la suite tout tenté pour m'ôter ces pouvoirs qui, selon eux, venaient des mauvais esprits... Ma propre mère a essayé par ses propres moyens. On m'avait dit que c'était pour mon bien, mais ils étaient en train de me tuer... C'est à cause d'eux-mêmes que je les ai tués. Je n'ai fait que me défendre. Et j'ai perdu le contôle... Alors, Brume Obscure, je n'ai qu'une chose à te demander, c'est ta réponse qui forgera ma décision..."

Attentive, la jeune fille écouta la question de Sano.

"Qu'est-ce que tu crois que je suis? Je veux dire, comment me considères-tu?"

Tout allait se jouer dans sa réponse, elle devait se montrer prudente, mais dire en même temps la vérité. Elle sentait qu'elle ne pouvait pas lui mentir. Elle le regarda.

- Je pense que tu es comme moi, un être humain, et si toi tu peux te transformer, moi je peux me rendre invisible. Me considères tu comme un monstre? Chaque différences que l'on a en nous, nous rends unique.

Sa voix était franche, elle le regardait dans les yeux, elle ne cilla pas.

Il écouta attentivement la réponse de la jeune femme. La seule raison pour laquelle il lui demandait cela, c'était parce qu'il ne voulait pas qu'elle l'accompagne alors qu'elle le considérait comme étant abject.

- Je pense que tu es comme moi, un être humain, et si toi tu peux te transformer, moi je peux me rendre invisible. Me considères tu comme un monstre? Chaque différences que l'on a en nous, nous rends unique.

Il sourit en entendant la réponse, car il la savait sincère. Il remit son chandail sans manches, mais renonça pour le moment au lourd manteau noir. Il n'en aurait pas besoin.

"On jurerait entendre Lissia..."

Il se rendit rapidement compte qu'elle ne savait pas de qui il s'agissait, et il enchaîna immédiatement avec les explications, quoique relativement rapides, car il aurait pu passer des heures à raconter.

"C'est parce que je fais depuis que j'ai neuf ans partie d'une...association appelée les Loups Noirs, d'où le tatouage sur mon épaule. Ça a été mon refuge après le massacre de mon village, et l'endroit où j'ai appris à me battre, à me camoufler, bref, des tas de choses, beaucoup plus que ce que j'aurais appris si jamais rien n'était arrivé. Là-bas, il y avait une femme, la guérisseuse, même si elle savait aussi se battre. Elle a été comme un mère pour moi, qui étais complètement étranger à ce difficile milieu où on se fait une place à coups de couteau, manière de parler. Lissia était très attentionnée, et très sage... Malheureusement, elle a péri des lames ennemies neuf mois plus tard...pour me défendre..."

C'était ce qu'il appelait une explication rapide. Il n'avait pas donné de détails...

"Bref, tout ça pour ne dire qu'une chose. Si tu veux rester avec moi, je n'ai aucune objection. Tu es la bienvenue. Mais il faudra que je t'explique en partie ce qui m'amène ici, parce que sinon tu risques de..."

Il bâilla, chose qu'il faisait rarement, mais ses nombreuses blessures avaient besoin d'être complètement rétablies, et il n'y avait pas meilleur moment pour la regénération que le sommeil.

"J'ignore si c'est pareil pour toi, mais je commence à être fatigué..."

Il entendit son ventre gargouiller, assez faiblement, mais tout de même assez pour qu'il ne puisse pas l'ignorer.

"J'ai faim, aussi...mais ça devra attendre à demain matin..."

"On jurerait entendre Lissia..."

A ces mots, elle fronça les sourcils. Qui était cette Lissia et était-elle une bonne référence? En tout cas il avait sourit, ce ne pouvait pas être mauvais... Elle attendait. Il lui raconta alors son histoire, lui parla de celle qui s'était occupé de lui, durant le temps qu'elle avait vécue. Ca lui rappelait le gamin qu'elle avait prit sous son aile lorsque les plus grands de sa bande l'avait ramené. Il n'avait que 5 ans, mais était déjà assez débrouillard. Mais on pouvait fanfaronner, on avait toujours besoin de douceur, Kime le savait.

"Bref, tout ça pour ne dire qu'une chose. Si tu veux rester avec moi, je n'ai aucune objection. Tu es la bienvenue. Mais il faudra que je t'explique en partie ce qui m'amène ici, parce que sinon tu risques de..."

Il se mit à bâiller. La nuit était déjà bien avancée et ses blessures avaient dû l'épuiser. Elle ne posa pas de questions sur ce qu'elle risquait, ce n'était pas le plus urgent.

- Tu devrais dormir quelques heures, tes blessures n'en guériront que plus vite. Je vais monter la garde. Si jamais l'autre à l'impudence de revenir, je te réveillerais...

Elle lui désigna la lit du menton et s'installa dans un coin de la chambre, sur la chaise.

- Tu devrais dormir quelques heures, tes blessures n'en guériront que plus vite. Je vais monter la garde. Si jamais l'autre à l'impudence de revenir, je te réveillerais...

Il hocha la tête, sachant qu'il était évident qu'il était fatigué. Il faisait confiance à Brume Obscure, et si elle disait qu'elle allait monter la garde, elle allait le faire. Toutefois, il ne voulait pas tout de suite aller dormir. Il lui restait quelque chose à faire.

"Je ne refuserais jamais une telle offre, surtout dans mon état, mais toutefois, il me reste encore quelques petites choses à faire. Et il y a quelque chose que je veux absolument récupérer..."

Il sortit dans le couloir, où il vit que l'aubergiste s'affairait déjà à nettoyer et à ranger. Toutefois, elle n'osait pas s'approcher de l'épée à lame bleutée, qui brillait toujours faiblement, comme si elle lançait un appel. La femme était pourtant très près de l'arme, mais elle lui tournait le dos, trop préoccupée par le lavage de son plancher. Lorsque le métamorphe ramassa l'arme, et qu'elle entendit son pied se poser sur le sol juste derrière elle, l'aubergiste sursauta et se retourna vivement.

"Du calme, ce n'est que moi... Je m'en occupe, va dormir..."

Avec sa magie, il souleva et réduisit à néant tout ce qui ne devait pas être sur le plancher, et renforça le tout d'une parfaite illusion de propreté. Il voulait simplement que la pauvre femme aille se coucher, se reposer. Elle partit, et il attendit un moment, voulant s'assurer qu'elle allait réellement se coucher. Il cessa d'utiliser sa magie, et l'endroit reprit son aspect normal, comme avant la bataille...excepté un petit trou dans le plancher, un trou complètement noir, l'endroit où s'était engouffrée toute la saleté qu'il y avait sur le plancher. Un insecte nocturne arriva alors en volant, et se posa tout près du trou, avant de marcher pour s'en rapprocher. Une petite langue d'ombre sortit de l'orifice et happa le coléoptère nocturne, grossissant un peu. Sanosaki, quant à lui, retourna dans la chambre, et ne se fit pas prier pour se coucher...

La jeune fille attendit que Sano revienne se coucher et s'endorme, avant de sortir un vieil ouvrage de son sac. Elle avait fini par l'user à force de le lire. C'était le seul livre qu'elle possédait. Elle se mit à lire, jetant de temps en temps un coup d'oeil au métamorphe. Elle regarda le soleil se lever par la fenêtre, avant de se recoiffer d'un geste rapide. Elle avait noué ses longs cheveux en une tresse étroite. Etre toujours à l'aise dans ses mouvements. Puis elle attendit qu'il se réveilla. Elle avait faim, son ventre grondait, mais elle pourrait se passer d'un nouveau repas. De toute façon, elle n'avait pas assez d'argent. Elle esquissa un sourire à la pensée d'exercer ce pourquoi elle était faite: le vol.

Ce n'était pas nouveau pour Sanosaki. Même s'il dormait, il entendait ce qui se passait autour de lui, mais il n'y portait que très peu attention. Il savait la jeune femme encore là, il entendait son souffle et sentait son odeur. Il était plutôt aux prises avec un rêve déplaisant. Après quelques heures de sommeil, il finit par se réveiller, tout de même complètement rétabli, pour voir Brume Obscure qui l'attendait. Elle s'était recoiffée, ayant noué ses cheveux en une longue tresse. Il se leva, et alla jeter un coup d'oeil par la fenêtre. Le soleil l'aveugla momentanément, et il plaça sa main en visière sur son visage pour continuer de regarder. Il y avait déjà de l'activité dans les rues, des marchands hurlaient à qui voulait bien les entendre que leurs produits étaient les meilleurs, et quelques musiciens tentaient de se payer un repas avec leur prestation, toutefois moyenne. Il écouta pendant un moment la musique, et la voix de l'homme, qui faussait parfois, mais appréciait tout de même. Il sortit de sa bourse une pièce d'or, et, d'un geste précis, l'envoya dans le chapeau que l'individu avait posé par terre. Il se tourna ensuite vers Brume Obscure, tout en recoiffant un peu ses longs cheveux noirs, mais laissant encore caché son oeil gauche.

"Quelle heure est-il?"

Il laissa un petit soupir.

"Je mangerais bien quelque chose. Tu viens?"

Tout en parlant, il enfilait son long manteau noir qui, sans le sembler, était très lourd, presque autant que celui qui le portait, mais Sanosaki n'était vraiment pas très pesant...

Kime attendait patiemment qu'il ouvre les yeux pour l'abandonner se chercher quelque chose à manger. Enfin, il se réveilla. Il posa les yeux sur elle, avant d'aller voir par la fenêtre. Il observa la scène de la rue, des musiciens jouaient un petit air depuis quelques minutes. Il lança une pièce d'or. Le regard de Brume Obscure ne put s'empêcher de fixer la bourse de son compagnon de route.

"Quelle heure est-il?"

La voix de l'homme rompant le silence fit légèrement frémir la jeune fille.

- Il doit être pas loin de 10h je pense.

Il ajouta qu'il avait faim et qu'il voulait aller manger quelque chose. Allait-elle l'accompagner? Elle le jugea rapidement. Il fallait qu'elle trouve de l'argent... Très rapidement, où bien ça allait devenir un problème. Elle se contenta d'acquiescer. Elle verrait bien en route. Elle avait repéré un petit boulanger non loin de là. Il ferait tout à fait l'affaire... Pour commencer...

Ainsi, il était aux alentours de dix heures... Sanosaki s'apprêtait à sortir, lorsqu'il vit la jeune femme hésiter. Il se doutait bien qu'elle n'avait peut-être pas pensé qu'il n'avait aucun problème à payer pour elle aussi, puisqu'il n'avait rien mentionné à ce sujet. Il tenta de voir ce qu'elle fixait. Elle fixait un boulanger, et le métamorphe se doutait bien qu'elle songeait à lui voler quelque chose.

"Tu veux le voler?"

Il haussa les épaules, signifiant qu'il n'avait aucune objection. Après tout, il n'était pas un ange, ni un infini bienfaiteur, bien qu'il avait déjà réalisé quelques bonnes actions, mais également les pires crimes, et il était chez lui reconnu pour ses méthodes de torture qui arrachaient des aveux à n'importe quelle victime, peu importe son niveau de tolérance...Il leur arrachait souvent les aveux...en même temps que les doigts...au début des séances de tortures. Tueur de sang-froid, sa plus grande difficulté avait toujours été les femmes. Certaines lui tournaient autour, d'autres l'ignoraient complètement, et il préfétait les secondes aux premières. Mais il restait toujours très poli avec elles, dans la mesure où elles le respectaient. Il n'y comprenait simplement rien. C'était tout. Mais un de ses passe-temps préférés avait été de voler, et il considérait cela comme mineur face à ce qu'il avait déjà fait dans le passé.

"Tu y tiens vraiment?"

Un sourire amusé étirait ses lèvres.

"Allons-y. Je veux te voir à l'oeuvre..."

Il ouvrit la porte, et l'invita à sortir.

Kime le fixa un instant surprise. Il ne semblait pas réprouver le fait qu'elle ait envie de voler. Il semblait même l'encourager.

"Tu y tiens vraiment?"

- Y tenir? Non... Cela devient une nécessité. Je n'ai pas autant d'argent que toi.

Elle laissa passer un silence.

- Et puis de toute façon, je ne tiens pas à ce que tu m'observes, je n'ais pas à te démontrer quoique ce soit.

Sa voix s'était faite plus froide, involontairement. Protection bâti à la hâte. Ne pas se laisser influencer.

- Alors? On y va? Comptes tu garder cette chambre encore quelques temps?

Elle passa son sac en bandoulière, ses armes glissées sous ses vêtements, cachées. Elle ouvrit la porte, se glissant dehors, commençant à dévaler les escaliers. La taverne n'était pas pleine, quelques clients barvadant autour d'un verre.

Une nécessité...Il faillit bien rire à ces mots. D'accord, il savait se montrer aimable et courtois avec les femmes, mais cela ne voulait pas dire qu'il en devenait gentil et un citoyen modèle...il n'était même pas un citoyen, de toute façon... Et elle ne voulait pas qu'il l'observe...

*Tant pis. Je ferai autre chose en attendant...*

Il la suivit donc Brume Obscure, et ils descendirent à la taverne, qui n'était pas pleine. Immédiatement, il pressentit une présence qu'il connaissait, mais elle ne luis semblait pas être un danger et il décida de ne rien en faire. Il se dirigea donc vers la porte de sortie, devant laquelle il s'arrêta.

"Tu ne veux pas que je t'observe? Ça va, je m'occuperai à faire autre chose, en attendant... Je crois bien que j'ai trouvé une bonne distraction..."

Un sourire un peu sadique étira ses lèvres, alors qu'il ouvrit la porte.

"Très bien, dans ce cas, on va se séparer. On se rejoint ici dans...une heure, d'accord?"

Sur ces mots, il sortit de l'endroit, et s'enfonça dans la petite rue parsemée de commerçants...

Brume Obscure haussa un sourcil lorsqu'en ouvrant la porte, il se tourna vers elle avec un léger sourire aux lèvres.

"Tu ne veux pas que je t'observe? Ça va, je m'occuperai à faire autre chose, en attendant... Je crois bien que j'ai trouvé une bonne distraction..."

Il lui proposa donc de se séparer et de se retrouver là dans une heure. Une heure? Elle aurait largement le temps de faire ce qu'elle avait à faire.
Elle s'éloigna de son côté, se dirigeant doucement, mais sûrement vers le boulanger. D'un oeil rapide, elle jugea de ce qu'elle pourrait prendre ou non. Elle était tout prêt maintenant. Le boulanger tourna le dos pour sortir des pains de son fourneau et sans une hésitation elle en profita pour s'emparer d'un pain sur le présentoir. Ombre parmi les ombres, seul un oeil exercé pouvait la repérer. Une fois son butin acquis elle s'éloigna.

Croquant dans le pain encore tiède, elle observa les lieux, repérant quelques boutiques dans lequel elle pourrait venir faire un tour prochainement. Il faisait bon à cette heure de la journée. L'heure passa rapidement et elle revint sur ses pas pour rejoindre la taverne où ils avaient passés la nuit.

À peine s'était-il éloigné dans une petite ruelle qu'il se sentait déjà observé. Cela faisait en fait un moment qu'il se savait observé, et suivi. Il s'était donc volontairement isolé, ayant reconnu une odeur dans la taverne, et sachant que l'individu allait le suivre. Au milieu de la ruelle à moitié sombre dans laquelle il s'était engrouffré sans hésiter, il s'arrêta, un sourire aux lèvres.

"Eh, bien, je ne pensais pas que vous sauriez me retrouver... Mais je dois avouer que c'est plutôt digne de ton flair, Ayashi, car il est aussi aiguisé que le mien..."

Une voix derrière lui lui répondit, la voix du jeune homme dont Sanosaki avait ressenti la présence dans la taverne.

"Je suis content de te revoir en un morceau, Sano, et je ne suis pas le seul qui le sera..."

Le métamorphe se tourna vers l'adolescent, et l'examina sommairement, des pointes de ses cheveux vert foncé jusqu'à ses orteils aux ongles noirs et pointus, car le jeune garou se promenait nu pieds. Puis, certain qu'il s'agissait vraiment de celui qu'il connaissait, il s'approcha et lui fit une accolade amicale, et en profita pour pincer le bout de ses deux longues oreilles de loup. L'autre s'exclama tout en riant, mais le métamorphe restait sérieux.

"Où sont les autres, Ayashi? Et qu'est-il arrivé pour que vous ayez décidé de venir ici? Je ressens les présences de plusieurs autres, juste à la sortie de la ville...
-Je voudrais bien t'expliquer, mais ne serait-il pas préférable qu'on en parle ailleurs? On a recontré Renn en route, ainsi que, tu ne me croiras probablement pas, Karfla, eh oui, il est revenu à la vie, qui était blessé, alors il s'est enfui. Tout ça pour dire que cette ville n'est pas un endroit sauf. Et puis, on a repéré un endroit qui contient des centaines de dédales de couloirs, et plein de salles! Tu viens?"

Même s'il était désireux d'entendre ce qui s'était passé, Sanosaki hésitait. Mais il prit tout de même rapidement une décision.

"Je veux bien venir. Toutefois, je dois faire quelque chose avant qu'on parte. On retourne à la taverne."

Ils partirent donc rapidement en direction de l'endroit en question, et y entrèrent. Cherchant la jeune femme du regard, Sanosaki ne la voyait nulle part. Elle devait être sortie. Après tout, il n'était pas encore l'heure... Ne désirant pas la chercher, car sachant qu'elle reviendrait ici, le métamorphe s'approcha du bar, où s'affairait l'aubergiste.

"Bonjour, que puis-je pour vous?
-J'aimerais que tu transmette un message à la jeune femme qui était avec moi.
-Bien sûr. Je l'interpellerai dès qu'elle reviendra ici. Que dois-je lui dire?
-Que si elle me cherche, je suis parti à...
-La Crypte aux mille lieux. C'est ainsi que les gens du coin l'appellent.
-C'est là que je serai si elle me cherche.
-Votre message se rendra à destination! Puis-je autre chose pour vous servir?
-Non, ça ira.
-Bonne journée, dans ce cas!"

L'aubergiste s'inclina, et les deux jeunes hommes, l'adolescent encore plus grand que Sanosaki, sortirent de l'endroit. Une fois presque hors de la ville, ils s'arrêtèrent, et le jeune garou lança un regard amusé à son confrère.

"Dis donc, tu as vraiment un don pour attirer les femmes...Celle-là, tu l'as sous ton joug, en tout cas...
-Ferme-la avec ça, veux-tu, sinon je devrai t'en prier avec mon amabilité habituelle, tu sais, celle que j'emploie avec les intrus...
-Oui, m'sieur!"

Quelques rires provenant de l'autre côté de la muraille retentirent, des rires familiers qu'il aimait bien. Il avait retrouvé sa patrie. Certains auraient dit que c'était plutôt ce qu'il en restait, mais il avait devant lui tous ceux qu'il avait voulu voir épargnés...

Anya revint lentement vers la taverne, à l'heure dite. Sano n'était pas là, elle l'attendit devant le bâtiment, s'adossant au mur afin de profiter encore un peu du soleil. Puis ne le voyant toujours pas arriver, elle passa le nez par la porte. Il était peut-être rentré. L'aubergiste se précipita alors vers elle et lui délivra le message de Sano.

"- Si vous cherchez votre ami, il m'a dit de vous prévenir qu'il se rendrait dans La crypte aux milles lieux."

Kime acquiesça d'un léger signe de tête. Le message avait été transmit, c'était le plus important.

- Pouvez vous m'indiquer la route la plus rapide pour s'y rendre?

Elle lui expliqua la route de manière approximative.

"- Puis je vous être encore utile, ou je peux retourner travailler?"

Kime la remercia puis s'éloigna rapidement dans la destination indiquée.

(Suite Ici)

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